Libellés

vendredi 5 août 2022

UN PROJET DE CANAL DES PYRÉNÉES DE BAYONNE À TOULOUSE EN 1840 (troisième partie)

 

UN PROJET DE CANAL DES PYRÉNÉES DE BAYONNE À TOULOUSE EN 1840.


Dès 1832, un projet de canal existe entre Bayonne et Toulouse.



pays basque autrefois livre canal pyrénées
LIVRE CANAL DES PYRENEES
PAR LOUIS GALABERT


Voici ce que rapporta La Gazette du Languedoc, à ce sujet, le 10 janvier 1840 :



"Toulouse, 10 Janvier.


Canal des Pyrénées. (Suite et fin.) 



Nous avons montré dans les articles précédents que tous les moyens étaient bons pour nos ennemis, et que la fin les rend indulgents sur les moyens. Comme les adversaires du Canal des Pyrénées ont senti que de vagues critiques, que des objections sans portée près des hommes instruits, ne leur feraient pas atteindre le but proposé, ils ont eu recours à l’art du constructeur pour attaquer ce canal, dont la création contredit toutes les vues, tous les projets des hommes qui s'opposent à une entreprise favorisée par les vœux des populations du sud-ouest et du sud de la France. Mais. il faut l'avouer, les observations publiées contre le projet des ingénieurs des Ponts-et-Chaussées, employés autrefois par M. Galabert, ce projet, que l’on attaque avec acharnement, n’est pas même connu, dans son ensemble et ses détails, par ceux qui se sont fait ses adversaires.



On s'élève, d’abord, contre les dimensions du Canal des Pyrénées, même alors que l'on suppose que M. Galabert les a réduites à celles du Canal du Midi. Dans un canal de cette nature, les dimensions devraient, dit-on, être plus petites ; oubliant ou feignant d'ignorer qu'il s’agit d’un canal destiné aux bâtiments de Mer. Ce silence affecté à ce sujet, on se garde bien de le rompre, car il serait trop aventureux de s'élever contre l'unique moyen de joindre réellement l’Océan à la Méditerranée. Celte pensée est trop nationale, trop grande, pour qu’on ose l’attaquer de front.



On se trompe, et à dessein apparemment, sur le nombre des écluses. On le fixe à 387, et si l’on avait la moindre connaissance des plans fournis par MM. Colomès et de Surville, et sanctionnés par une loi, on saurait que, pour racheter les pentes sur les deux versants, il ne doit être construit,

1° Sur le versant oriental, ou de Toulouse, que 131 écluses. 

2° Sur le versant occidental, ou de l'Adour, que 153 écluses et 4 demi-écluses. 

En tout, 274 écluses. 



haute-garonne écluses canal autrefois
31 ECLUSE DE MONTESQUIEU-LAURAGAIS
HAUTE-GARONNE D'ANTAN



La différence entre les calculs des adversaires du Canal et ses créateurs, est donc de 113 écluses. Différence énorme, et que nous avions besoin de faire connaître à nos lecteurs, afin de les mettre à même d’apprécier avec quelle bonne foi on attaque un projet sanctionné par une loi, qui ne peut plus, comme on l'a vu, être soumis à une enquête, et qui, n’étant qu’une entreprise particulière, sort physiquement et moralement du domaine des hommes intéressés à le faire échouer. 



Le Journal politique affirme que le nombre d'écluses à construire sur le versant oriental, ou de Toulouse, est de 109 ; et nous, qui avons sous les yeux les plans, les coupes et les profils du terrain, ainsi que le tracé exact de la ligne navigable, nous affirmons que le versant oriental n'a que 121 écluses, ainsi disposées : 

De la sortie du canal souterrain avant d’atteindre Saint-Paul 23 écluses. 

De Saint-Paul jusqu’à Cier 17 

De Cier au delà de la Barthe-lnard 15 

De la Barthe-lnard au delà de Bouchalot.... 5 

De Bouchalot à Sainl-Martory 9 

De Saint Martory, en amont de Saint-Cizy.... 13 

De Saint-Martory à Saint-Elix 12 

De Saint-Elix à Muret 15 

De Muret à Toulouse 12 

Total 121



haute-garonne autrefois canal écluses
CANAL DU MIDI 31 LAUDOT
HAUTE-GARONNE D'ANTAN



Il est vrai que l'on prétend que la chute de ces écluses a été trouvé trop forte, et que l'on veut la ramener à une moyenne de 2 mètres 50. Mais le Journal Politique et Littéraire nous permettra de ne point accepter les dimensions que ses ingénieurs veulent donner aux chutes de nos écluses. Nous avons, en faveur de notre détermination, des exemples nombreux, et en 1825, comme en 1832, comme en 1838, les ingénieurs des ponts-et-chaussées, qui ont été employés au tracé du canal, ou qui l'ont examiné, ont cru que le maximum de chute adopté par M. Galabert, n’avait aucun inconvénient, et de nombreux exemples militaient d’ailleurs, comme ils militent encore, en faveur de cette fixation. Au reste, il est assez singulier qu’à Toulouse, ville baignée par le Canal du Midi, on feigne d’ignorer que la chute de l’écluse de Marseillette est de trois mètres huit cent cinquante-sept millimètres, et que celle de Négra est de quatre mètres soixante-dix-neuf millimètres. Cependant ces deux écluses sont situées sur le Canal du Midi, et nous invitons ceux qui ne les ont pas vues à consulter l'histoire de ce canal, par le général Andréossy, pages 572 et 579. — La hauteur des écluses du Canal de Briare, selon M. Huerne de Pommeuse, varie, depuis six jusqu’à treize pieds, et il cite aussi l’écluse de Rogni, qui a 7 sas accolés, rachetant une chute de 71 pieds 7 pouces, ce qui fait dix pieds deux pouces huit lignes par sas. L’écluse de Notre-Dame, en a une de treize pieds. Celles du Canal de Monklaud ont, chacune, douze pieds de chute. Lalande, enfin, dans son ouvrage sur les canaux, décrit l’écluse de Boussingues, entre Ypres et Fûmes, dont la chute est de vingt pieds. Il y a bien loin de là à la chute donnée aux écluses du Canal des Pyrénées, qui n’offriront aucun inconvénient. Mais les ingénieurs du Journal Politique ont voulu tout ramener à la moyenne adoptée pour le Canal Latéral, c’est-à-dire à ne donner que 2 mètres 50 centimètres de chute à chaque écluse ; nous ne pouvons expliquer que par cette volonté les erreurs de calcul dans lesquelles ils sont tombés. — Mais comme il faut aujourd'hui user de tous les moyens, on a dû s’attacher à celui-ci, afin d'en tirer cet argument : "qu'il y existe une erreur immense dans le projet ; car il faudrait construire 112 écluses en sus du nombre déterminé dans les dessins des ingénieurs de M. Galabert. Que de là d'ailleurs sort tout naturellement cet argument : le temps employé au passage de chaque écluse est de 6 à 7 minutes, pour les barques de poste ; elles devront traverser 387 écluses ; donc ces travaux d’art retarderont la marche des embarcations de poste de 40 à 45 heures. Pour les bateaux ordinaires, le passage exigeant un quart d'heure, il leur faudra 100 heures pour franchir les écluses"... Mais ce calcul est fautif à dessein. Et d’abord. même en acceptant les calculs du Journal Politique, le nombre d’écluses n’étant que de 274, il en résulte que le trajet à travers celles-ci ne sera, pour les bateaux de poste, que d'un peu plus de 27 heures au lieu de 45 ; et pour les barques marchandes, de 41 heures 19 minutes au lieu de 100. Mais comme nous sommes loin d’adopter la fixation de temps que l'on a si bénévolement accordé pour le passage des bateaux marchands dans les écluses, ne voulant nous même attacher qu’à relever l’erreur relative à ces derniers, nous croyons, avec le plus grand nombre des ingénieurs et des maîtres de bateaux, que ce passage ne doit être que de dix minutes dans chacune d'elles ; ainsi le temps employé à cette partie de la navigation, pour les bâtiments de commerce, ne sera réellement que de 27 heures 50 minutes. 



haute-garonne autrefois écluses canal
ECLUSE DE 31 CASTANET
HAUTE-GARONNE D'ANTAN



Après avoir relevé ces erreurs, qui proviennent de la détermination prise de ne point donner aux écluses les chutes qu'elles doivent avoir sans inconvénient, on avoue cependant que le canal est d'une facile exécution sur le versant oriental, ou vers Toulouse. Mais pour le versant occidental, ou pour celui de Bayonne, on multiplie les difficultés ; on dit qu’il faudra faire des tours de force ; on ne dit pas cependant, et un ingénieur ne pouvait se compromettre à ce point, on ne dit pas que sa construction est impossible. On objecte, et l'on paraît d’abord fondé sur des calculs, que de Montréjeau, dans la vallée de la Garonne, au village de Chelles, dans la vallée de l’Arros, sur une longueur de 55 mille mètres environ, la chute à racheter serait de 432 mètres et nécessiterait l’établissement de 172 écluses. 



Ici nous ne savons si les opérations de MM. Colomez et de Surville sont fautives, bien que confirmées par les nôtres, ou si ce sont celles de nos adversaires, qui , nous aimons à le croire, ont pu errer sur la direction donnée au Canal des Pyrénées. Mais voici les résultats de plusieurs nivellements faits avec soin, qui commencent à la sortie occidentale du souterrain, et qui s’étendent jusque à Tournay, en amont du Mausan. 



De la sortie du canal souterrain à l’Arros, en aval de Tilhouse 164m 54 

De l'Arros en aval de l’Echelle-Dieu 48m 09 

D’en aval de l'Echelle-Dieu à Tournay, en aval du village de Chelles-Dessus 63m 67 

Total 281m 30



Différence entre les calculs des ingénieurs de M. Galabert et ceux du Journal politique 151 mètres."




A suivre...







Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 700 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire