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lundi 8 août 2022

BIARRITZ EN LABOURD VILLE-ÉTAPE D'UNE COURSE DE DISTANCE AÉRIENNE AU PAYS BASQUE EN 1913

BIARRITZ VILLE ÉTAPE AÉRIENNE EN 1913.


Dans les années 1910, Biarritz a été, de nombreuses fois, ville-étape pour des courses aériennes.




france aviateur pilote 1910
AVIATEUR MARCEL BRINDEJONC DES MOULINAIS



Voici ce que rapporta à ce sujet Jacques Mortane dans le journal La Vie au Grand Air, le 1er 

novembre 1913 :



"Les étapes d'une course de distance.



La Coupe de Distance Pommery fut fondée en 1910. Une somme de 50 000 francs était offerte aux aviateurs et répartie en six primes semestrielles de 7 500 francs chacune. La première prenait fin le 30 avril 1911, la seconde le 31 octobre 1911, la troisième le 30 avril 1912, la quatrième le 31 octobre 1912, la cinquième le 30 avril 1913, et la dernière le 31 octobre 1913. Chaque vainqueur était le pilote qui, à la date de clôture, avait accompli le plus long voyage en ligne droite entre le lever et le coucher du soleil, à condition que le départ ait été pris en France et que la distance couverte soit supérieure à celle du précédent lauréat. Chacun de ceux-ci recevait, outre 7 500 francs, une réduction de la Coupe Pommery. Le vainqueur définitif, Brindejonc des Moulinais, recevra la Coupe elle-même.



Au début, cette épreuve ne sembla point passionner les pilotes : à cette époque, il est vrai, dans les meetings, ils gagnaient beaucoup plus en risquant moins, et ces 7 500 francs étaient considérés comme un accessoire. La seconde prime fut, en effet, disputée par Védrines au cours de la course Paris-Madrid. Mais, à partir de la troisième, les temps ayant changé, ce sont des luttes fantastiques, des duels homériques. D'ailleurs, d'après le palmarès, le lecteur va se rendre compte des progrès accomplis dans cette lutte de trois ans contre les records ;


1er semestre: 1er Jules Védrines, sur monoplan Morane-Gnome, de Paris à Poitiers (293 kilomètres).

2e semestre : 1er Jules Védrines, sur monoplan Morane-Gnome, de Paris à Angoulême (394 kilomètres).

3e semestre : 1er René Bedel, sur monoplan Morane-Saulnier-Gnome, de Paris à Biarritz (656 kil. 100).

4e semestre : 1er Daucourt, sur monoplan Borel-Gnome, de Valenciennes à Biarritz (852 kil. 300).

5e semestre : 1er Guillaux, sur monoplan Clément-Bayard-Gnome, de Biarritz à Kollum (1 253 kilomètres).

6e semestre : 1er Brindejonc des Moulinais, sur monoplan Morane-Saulnier-Gnome, de Paris à Varsovie (1 390 kilomètres).



Sur 6 primes, 4 furent gagnées par la maison Morane-Saulnier, ce qui est le plus bel éloge qu'on puisse faire de cette firme, étant. donné le critérium de perfection d'appareil constitué par la Coupe de Distance. Un seul pilote a remporté deux primes : Jules Védrines.




france aviateur pilote 1910
AVIATEUR JULES VEDRINES



La première fois, huit aviateurs s'étaient inscrits : Jules Védrines, le premier, le 21 mars 1911, et il accomplissait son vol de Paris à Poitiers, le 28 mars. Edouard Nieuport, Bobba, de Laët, Molla, G. Bresson. Pierre-Marie Bournique et André Beaumont, étaient les autres concurrents. Mais, ou ils ne prirent pas le départ, ou ils ne purent mener à bien leur tentative. Seul, le vol de Bobba, le 22 avril, est à signaler : il se rendait d'Issy-les-Moulineaux à Châtellerault. Quant à Pierre-Marie Bournique, il avait volé de Reims à Hirson, de Laët du Crotoy à Dranouth, sur la frontière Belge, André Beaumont d'Issy-les-Moulineaux à Châtellerault.



La seconde prime était remportée encore par Jules Védrines qui, pratique, profitait de la course Paris-Madrid pour concourir. Il se rendait de Paris à Angoulême sans escale, faisant faire un saut de 101 kilomètres au record de la précédente Coupe. La tentative la plus heureuse qui pouvait lui ravir la victoire, était celle d'André Beaumont, allant de Buc à Avignon dans la même journée. Mais la vitesse moyenne de 50 kilomètres à l'heure, exigée par le règlement, n'ayant pu être respectée à cause des nombreux détours prévus dans la course Paris-Rome, c'était Védrines qui restait détenteur.



Parmi les autres tentatives, citons celle d'Emmanuel Hélen volant de Paris à Château, près d'Orléans.



Nous arrivons alors à la période heureuse de la Coupe de Distance. Elle n'est plus disputée d'une façon accessoire, mais pour elle-même. Cette troisième prime qui se termine le 30 avril 1912, donne lieu à un duel merveilleux entre le regretté René Bedel et Maurice Prévost, qui tous deux luttent toute une journée, traversant la France, et ne se trouvant séparés le soir au crépuscule que par quelques kilomètres.




france aviateur pilote 1910
AVAIATEUR RENE BEDEL


france aviateur pilote 1910
AVIATEUR MAURICE PREVOST



12 concurrents s'inscrivaient. Le vainqueur des deux premières primes était victime d'un terrible accident qui faillit être mortel. Parti de Douai pour Madrid avec un 160-chx., il filait à une allure foudroyante, lorsqu'aux environs d'Epinay, victime d'une panne d'essence, il tombait brutalement sur les rails du chemin de fer.



Le même jour, le dernier de la compétition, René Bedel, quittait Villacoublay, tandis que Prévost, avec un passager, partait de Jarville (près Nancy), tous deux luttaient âprement, se dirigeant vers le sud-ouest.



Le soir, Bedel atterrissait à Biarritz et Prévost aux Sables-d'Olonne, six kilomètres à peine séparaient leurs deux parcours, Bedel gagnait par 656 kil. 100.



Si dans la troisième prime nous faisons un saut de 252 kilomètres, nous passons dans la quatrième de 656 kil. 100 à 852 kil. 500 : bonds prodigieux qui prouvent la valeur des pilotes et des appareils. Biarritz semble être la cible des concurrents : Daucourt triomphe, partant de Valenciennes et atterrissant à Biarritz. C'est la dernière prime où le vainqueur terminera sa randonnée en France. Désormais, notre pays sera trop petit pour ces envols merveilleux.



Pas moins de 24 départs seront pris pour la troisième prime. Ce sont dans l'ordre ceux de : Brindejonc des Moulinais, de Villacoublay à Attendorn, (Allemagne) ; Audemars, de Paris à Essen ; Frantz, de Chartres à Mons ; Brindejonc des Moulinais, de Villacoublay à Rude (Belgique) ; Guillaux, de Biarritz à Coutras ; Bathiat, de Calais à Contés-les-Bains, dépassant les 800 kilomètres ; Astley et miss Davies, de Paris à Bonn ; Baron Pasquier, d'Etampes à Fontainebleau ; Guillaux, de Bordeaux à Saint-Ay, près Orléans ; Frantz, de Chartres à Poitiers ; Guillaux, de Calais à Vendôme ; Cavelier, de Calais à Juvisy ; Guillaux, de Calais à Paris ; Janoir, de Calais à Contés-les-Bains, comme Bathiat ; Daucourt, de Valenciennes à Biarritz, ce qui lui vaut la victoire avec 852 kil. 500, mais ce qui ne décourage pas ses rivaux qui continuent : Brindejonc vole de Calais à Beauvais, Molla, de Calais à Saint-Pol, Bunard et Senouque, de Calais à Bordeaux, Bathiat, de Calais à Boulogne, Audemars, de Biarritz à Château-l'Evêque, Brindejonc est arrêté par le brouillard, Gilbert également, puis, dans un nouvel essai, celui-ci se rend de Valenciennes à Issy et Brindejonc de Villacoublay à Mézières.



Maintenant, les parcours vont dépasser 1 000 kilomètres ! La cinquième prime revient à Guillaux. Deux pilotes arrivent à totaliser quatre chiffres : Eugène Gilbert avec 1 050 kilomètres et Guillaux avec 1 253. C'est au cours de son vol pour la Coupe que Gilbert fait un vol de 825 kilomètres, sans escale, de Paris à Vittoria (Espagne), sur son monoplan Morane-Saulnier. Il convient de signaler également le raid de Daucourt qui, le premier, se rend en une journée de Paris à Berlin. Des performances splendides sont accomplies, ainsi que le démontre la liste suivante :


1er Guillaux, de Biarritz à Kollum (1 253 kil.).



france aviateur pilote 1910
AVIATEUR MAURICE GUILLAUX


2e Eugène Gilbert, de Paris à Medina del Campo (1 050 kil.). 


france aviateur pilote 1910
AVIATEUR EUGENE GILBERT


3e Daucourt, de Paris à Berlin (950 kil.).



france aviateur pilote 1910
AVIATEUR PIERRE DAUCOURT


4e Schemel, de Paris à Cologne (761 kil.).

5e Audemars, de Paris à Hanovre (700 kil.).


france aviateur pilote 1910
AVIATEUR EDMOND AUDEMARS


6e Eugène Gilbert, d'Ambérieu à Doullens (620 kil.). 

7e Brindejonc des Moulinais, de Paris à Munster (600 kil.).

7e Jules Védrines, de Lyon à Rouen (600 kil.).

9e Audemars, de Paris à Dusseldorff (500 kil.).

10e Legagneux, de Paris à Barbezieux (480 kil.)



france aviateur pilote 1910
AVIATEUR GEORGES LEGAGNEUX


11e Letort, de Paris à Maestricht (350 kil.).

11e Janoir, de Biarritz à Poitiers (350 kil.).

13e Letort, de Valenciennes à Péronne (120 kil.).

14e Grazzioli, de Paris à Amiens (110 kil.).



Le triomphe de Brindejonc.



Nous arrivons alors à la sixième et dernière prime. On se souvient des merveilleux exploits de Brindejonc des Moulinais, volant de Paris à Varsovie, dans la tempête. Le classement s'établissait ainsi :


1er Brindejonc des Moulinais, de Paris à Varsovie (1 390 kil.).

2e Guillaux, de Biarritz à Brockel et non Brakel (1 370 kil.).

3e Augustin Séguin, de Biarritz à Felsmore, au nord de Brême (1 350 kil.). 



france aviateur course 1910
AVIATEUR AUGUSTIN SEGUIN


4e Eugène Gilbert, de Paris à Cacérès (1 300 kil.).

5e Guillaux, de Paris à Almeida (Espagne 1 200 kil.).

6e Letort, de Paris à Berlin sans escale (deux fois, 950 kil.) et Augustin Séguin, de Paris à Berlin sans escale (950 kil.).



On conviendra que la Coupe ne pouvait être plus glorieusement terminée.



Ces sept voyages ne sont-ils pas admirables ?



Sur six appareils vainqueurs, nous retrouvons quatre fois le Morane-Saulnier, qui, depuis plus de deux ans, glane tant de lauriers mondiaux. C'est la consécration officielle de ce que tout le monde sait sur les qualités de cet appareil merveilleux. Et sur six primes, cinq ont été remportées par le moteur Gnôme, qui prouve, une fois de plus, la valeur de la fabrication française que l'Europe nous envie. Rien ne peut être comparé à ce glorieux moteur qui partout triomphe et marque sa supériorité ; qu'il s agisse d'épreuves de longue distance, d'altitude, de durée ou de vitesse.




aviation aérodrome 1910
AERODROME MORANE-SAULNIER



Comme la traversée de la Méditerranée de Garros, le voyage Paris-Varsovie de Brindejonc des Moulinais passera à la postérité. Et tous deux furent réussis sur Morane-Saulnier, munis d'un moteur Gnôme. De telles constatations prouvent le génie de nos constructeurs et la hardiesse de nos pilotes."







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