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dimanche 21 août 2022

LA RÉSIDENCE IMPÉRIALE DE MARRAC À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE (quatrième partie)

 

LA RÉSIDENCE IMPÉRIALE DE MARRAC EN 1910.


Le domaine de Marrac se situe sur la commune de Bayonne et comprend les ruines du château construit au 18ème siècle par Marie-Anne de Neubourg, reine d'Espagne en exil.





pays basque autrefois labourd château
LA TOUR DE MARRAC BAYONNE 1901
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin de la Société des Sciences et Arts de Bayonne, le 

1er janvier 1910 :


"Le château Impérial.



... Mais l'architecte faisait remarquer que cette porte et les trois marches qu'il faudrait pratiquer pour communiquer avec le parterre détruirait la régularité de cette partie du bâtiment par rapport à l'autre aile que de plus, la croisée en question, condamnée antérieurement pour y placer une armoire, avait été ouverte sur l'ordre de S. M. pour jouir du jardin situé au Midi, de sa chambre et pour qu'elle ait plus de soleil et de gaité.



Ce projet n'a pas été exécuté ; seule la cloison et sa porte de communication sont nettement accusées sur le plan de l'immeuble que possède le service du Génie à Bayonne. Le montant des réparations ordonnées par l'Empereur ou le Grand Maréchal s'élevaient à la somme de 117 586 frs., suivant devis dressé par St-Martin :


Maçonnerie 20 720,00

Charpente 35 760,00

Serrurerie 6 543,00

Menuiserie 31 887,00

Plâtrerie 5 989,00

Peinture et Vitrerie 6040,90

Ferblantier 4 988,00

Tapissier et colleur 2 253,00

Doreur 190,00

Fournisseur de plaques 769,00

Chemin 2446,00

Total : Frs 117 586,00



Ces travaux de réparations ne furent point entièrement exécutés, soit que le Grand Maréchal ou l'Intendant Général eussent estimé le prix de quelques unes trop élevé, soit que l'urgence de quelques autres ne fut pas bien justifiée.



La dépense réduite de moitié, s'éleva à 60 000 fr. environ.



Les appartements se trouvant à peu près en état, il s'agissait de les meubler. Le Grand Maréchal annonçant à l'adjudant du Palais un très prochain envoi de meubles :


"Saint-Cloud 26 Août 1808.


J'étais très inquiet mon Général, de ne pas recevoir de réponse à la lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire, le 11 de ce mois, lorsque j'ai reçu votre lettre du 21.


J'approuve que vous ayez fait le corps de garde en maçonnerie au lieu de le faire en planches.


Le garde-meuble va vous envoyer des lustres, demi-lustres, des tapis el quelques gros meubles. Voyez d'employer cela de la manière la plus avantageuse. Vous ferez couper les tapis suivant les dimensions des pièces où vous voudrez en placer. Vous en ferez préparer un pour le grand vestibule que l'on ne placera pas et que l'on gardera dans le garde-meuble. L'architecte el le concierge doivent consulter M. Sénéschal, valet de chambre de l'Empereur, parce qu'il est fait aux usages de S. M. et qu'il pourra les guider.


Je vous renouvelle, etc. 


Duc de Frioul."


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PORTRAIT DE MICHEL DUROC
DUC DE FRIOUL 1805
PAR ANTOINE-JEAN GROS


Parmi les objets expédiés par le garde-meuble se trouvaient plusieurs tentes et le lit de l'Empereur.



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LIT DE CAMPAGNE DE NAPOLEON 1ER


Le duc de Frioul invitait le général Sol à les faire monter pour voir s'il n'y manquait pas quelque chose et à faire toutes les réparations nécessaires ; les valets de pied devaient, ensuite les ranger avec ordre, en les mettant dans différents sacs étiquetés afin de s'y reconnaître : "Vous pouvez faire réparer et compléter la tente qui est à Bayonne, écrit le Maréchal Duroc, le 16 Septembre mais il ne faut pas faire de lit puisqu'il y en a deux à Bordeaux. Cette tente m'a paru très grande et par conséquent incommode. Si l'on peut la diminuer un peu, surtout pour la hauteur, il n'y aurait pas de mal Je suis surpris qu'elle soit revenue seule, car il devait y en avoir deux. Je vous prie de vous en informer auprès de M. Jardin. Demandez-lui si les cantines, les bâts pour les portes sont en bon état."





La tente dont il est ici question, était la tente de campagne de l'Empereur.




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TENTE DE CAMPAGNE DE NAPOLEON 1ER



Cette tente, dit le baron Fain, dans ses mémoires était en coutil rayé blanc et bleu ; bordée d'une frange en laine rouge, et était composée de deux toiles, formant deux pièces, pour le logement personnel de l'Empereur. La première pièce était le cabinet, meublé d'une petite table à écrire, d'un fauteuil en maroquin rouge pour 1'Empereur et de deux tabourets pour le secrétaire et l'aide de camp de service ; la table et les sièges étaient sur pliants. La seconde pièce servait de chambre à coucher, on y dressait un petit lit en fer à fond sanglé ; des rideaux de soie d'un gros vert enveloppaient comme une grande barcelonnette. Le tapis à pied de la calèche, servait de descente de lit, et le nécessaire de voyage complétait l'ameublement. L'enveloppe de l'édifice était double, c'est-à-dire que la tente se composait d'une toile extérieure qui se tendait sur des piquets et d'une seconde en dessous qui formait la cloison intérieure. L'intervalle entre ces deux toiles devenait un espèce de corridor de service où se tenaient le valet de chambre et le Mameluck et où l'on retirait pendant le jour, les porte-manteaux, les matelas et les enveloppes de l'équipage des tentes.



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MAMELUK





La nuit, quand l'Empereur s'était jeté sur son lit, on entrait des coussins dans la première pièce ; l'aide de camp et le secrétaire appelaient cela leur lit. 




Qu'on nous pardonne cette disgression ; elle était nécessaire pour détruire une autre légende ayant cours dans le pays.



Ducéré prétend, en effet, que, le 11 Juin 1808, une tente élégante avait été dressée, sur la plage de Biarritz et que Napoléon prit un bain de mer ! La description qu'il fait de cette tente se rapporte exactement à celle envoyée par le Préfet de Tarbes, le 9 septembre 1808, deux mois après le départ de l'Empereur ; et la tente de Marrac était une tente de campagne peu propre à usage de bains de mer.



Du reste, l'Empereur n'a jamais pris de bains froids ; sa constitution et la température à l'époque de son séjour à Bayonne, n'étaient rien moins que peu favorables aux bains de mer.



L'ameublement du château se poursuivait : "Vous avez dû recevoir du Préfet de Tarbes, écrivait encore le Grand Maréchal à l'adjudant du Palais le 26 Septembre, plusieurs parties d'ameublement qui appartiennent à S. M. et qui doivent servir pour l'Impératrice à Bayonne. Vous pourrez employer tout ce qui pourra être utile pour l'ameublement de Marrac et St-Michel et laisser le reste dans les magasins".



Par l'intermédiaire de Mérillon aîné d'Ossun, entrepreneur de roulage, le Préfet des Hautes Pyrénées avait fait expédier des meubles et des effets destinés au château. Ces meubles d'une valeur de 3 331 fr., consistaient en : une tenture de crépon avec draperies de rideaux de fenêtres ; six fauteuils ; une tenture de crépons ornements de soie bleue et aurore, avec draperies ; une bergère forme panier, les pieds en acajou, le reste du bois recouvert en étoffe bleu avec galons d'or fin ; un canapé, genre rococo, en noyer ; une chaise à porteur, blanc et or ; deux fauteuils mécaniques, couverts en maroquin vert à carreaux ; deux cheminées à la Désormeaux, avec leurs accessoires ; deux cassolettes. Parmi ces meubles se trouvaient une belle garniture de lit et une superbe tenture de chambre en crêpe de Bagnères que le tapissier Daubian, de Tarbes, devait poser et adapter aux appartements de Marrac. Le Préfet donnait avis de l'arrivée prochaine du tapissier et des meubles et recommandait au Général Sol, de ne laisser ouvrir les caisses qu'en présence de Daubian.



En bon administrateur habile à soutenir les intérêts de ses administrés, le Préfet recommandait chaleureusement cet industriel au Gouverneur du Palais :


Bureau Particulier.


Tarbes, le 9 Septembre 1808.


Le Préfet des Hautes-Pyrénées, Officier de la Légion d'Honneur à Monsieur le Général Dessolles, gouverneur du Château Impérial de Marrac à Bayonne.


Monsieur le Gouverneur,


Cette lettre vous sera remise par M. Daubian, tapissier à Tarbes, que j'ai eu l'honneur de vous annoncer. Je vous prie, Monsieur le Gouverneur, de lui faciliter les moyens d'exposer convenablement l'ouvrage de son industrie et celle du pays que j'administre. Je serai personnellement reconnaissant des bontés que vous aurez pour lui.


Agréez, Monsieur le Gouverneur, une nouvelle assurance de la parfaite considération avec laquelle


J'ai l'honneur de vous saluer.

J. P. Chazal."



Dans le trajet de Tarbes à Bayonne, ces divers objets, mal emballés avaient été défraichis, détériorés, tachés. Le concierge en rendait compte en ces termes :


Saint-Michel, 23 Septembre 1808.


Le Concierge de Marrac à Monsieur le Général Sol, adjudant du Palais.


J'ai l'honneur de vous prévenir que les caisses renfermant les effets envoyés par le Préfet des Hautes-Pyrénées ont été ouvertes et que tous les objets qui y étaient renfermés sont dans un état pitoyable par le peu de soin que l'on a eu de ne pas les couvrir comme on aurait dû le faire ; l'eau pluviale est entrée dans les caisses au point que plusieurs pièces blanches se trouvent tachées de bleu ; d'autres sont souillées de moisissures, et enfin il y en a qui ne sont tachées que par l'eau qui a croupi ; j'espère que ces dernières taches disparaîtront en les lavant.


La porcelaine était mal emballée, plusieurs pièces sont froissées au point que la dorure est endommagée mais c'est peu de chose, il ne s'est trouvé que deux pièces cassées. La chaise à porteur ne peut servir sans être repeinte ; ceux qui l'ont emballée ont eu la maladresse de la couvrir avec une toile qui avait été peinte à la chaux ; la pluie a fait détacher la chaux sur la peinture de sorte que ce caustique a rongé la peinture et la dorure et l'a mis hors de service.


Le tapissier envoyé par le Préfet des Hautes-Pyrénées n'a point trouvé de chambre propre à monter son lit de crépon, ni les autres meubles bien qu'il ait vu le château de St.-Michel, il m'a paru décidé à placer ces objets dans la salle-à-manger de Sa Majesté.


Vous verrez, Monsieur le Général, si cela vous convient, pour moi, cela paraît ridicule.


J'ai l'honneur etc.


Bd. Lamaison."




A suivre...




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