LA RÉSIDENCE IMPÉRIALE DE MARRAC EN 1910.
Le domaine de Marrac se situe sur la commune de Bayonne et comprend les ruines du château construit au 18ème siècle par Marie-Anne de Neubourg, reine d'Espagne en exil.
Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin de la Société des Sciences et Arts de Bayonne, le
1er janvier 1910 :
"Le château Impérial.
... Mais l'architecte faisait remarquer que cette porte et les trois marches qu'il faudrait pratiquer pour communiquer avec le parterre détruirait la régularité de cette partie du bâtiment par rapport à l'autre aile que de plus, la croisée en question, condamnée antérieurement pour y placer une armoire, avait été ouverte sur l'ordre de S. M. pour jouir du jardin situé au Midi, de sa chambre et pour qu'elle ait plus de soleil et de gaité.
Ce projet n'a pas été exécuté ; seule la cloison et sa porte de communication sont nettement accusées sur le plan de l'immeuble que possède le service du Génie à Bayonne. Le montant des réparations ordonnées par l'Empereur ou le Grand Maréchal s'élevaient à la somme de 117 586 frs., suivant devis dressé par St-Martin :
Maçonnerie 20 720,00
Charpente 35 760,00
Serrurerie 6 543,00
Menuiserie 31 887,00
Plâtrerie 5 989,00
Peinture et Vitrerie 6040,90
Ferblantier 4 988,00
Tapissier et colleur 2 253,00
Doreur 190,00
Fournisseur de plaques 769,00
Chemin 2446,00
Total : Frs 117 586,00
Ces travaux de réparations ne furent point entièrement exécutés, soit que le Grand Maréchal ou l'Intendant Général eussent estimé le prix de quelques unes trop élevé, soit que l'urgence de quelques autres ne fut pas bien justifiée.
La dépense réduite de moitié, s'éleva à 60 000 fr. environ.
Les appartements se trouvant à peu près en état, il s'agissait de les meubler. Le Grand Maréchal annonçant à l'adjudant du Palais un très prochain envoi de meubles :
"Saint-Cloud 26 Août 1808.
J'étais très inquiet mon Général, de ne pas recevoir de réponse à la lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire, le 11 de ce mois, lorsque j'ai reçu votre lettre du 21.
J'approuve que vous ayez fait le corps de garde en maçonnerie au lieu de le faire en planches.
Le garde-meuble va vous envoyer des lustres, demi-lustres, des tapis el quelques gros meubles. Voyez d'employer cela de la manière la plus avantageuse. Vous ferez couper les tapis suivant les dimensions des pièces où vous voudrez en placer. Vous en ferez préparer un pour le grand vestibule que l'on ne placera pas et que l'on gardera dans le garde-meuble. L'architecte el le concierge doivent consulter M. Sénéschal, valet de chambre de l'Empereur, parce qu'il est fait aux usages de S. M. et qu'il pourra les guider.
Je vous renouvelle, etc.
Duc de Frioul."
PORTRAIT DE MICHEL DUROC DUC DE FRIOUL 1805 PAR ANTOINE-JEAN GROS |
Parmi les objets expédiés par le garde-meuble se trouvaient plusieurs tentes et le lit de l'Empereur.
LIT DE CAMPAGNE DE NAPOLEON 1ER |
Le duc de Frioul invitait le général Sol à les faire monter pour voir s'il n'y manquait pas quelque chose et à faire toutes les réparations nécessaires ; les valets de pied devaient, ensuite les ranger avec ordre, en les mettant dans différents sacs étiquetés afin de s'y reconnaître : "Vous pouvez faire réparer et compléter la tente qui est à Bayonne, écrit le Maréchal Duroc, le 16 Septembre mais il ne faut pas faire de lit puisqu'il y en a deux à Bordeaux. Cette tente m'a paru très grande et par conséquent incommode. Si l'on peut la diminuer un peu, surtout pour la hauteur, il n'y aurait pas de mal Je suis surpris qu'elle soit revenue seule, car il devait y en avoir deux. Je vous prie de vous en informer auprès de M. Jardin. Demandez-lui si les cantines, les bâts pour les portes sont en bon état."
La tente dont il est ici question, était la tente de campagne de l'Empereur.
TENTE DE CAMPAGNE DE NAPOLEON 1ER |
Cette tente, dit le baron Fain, dans ses mémoires était en coutil rayé blanc et bleu ; bordée d'une frange en laine rouge, et était composée de deux toiles, formant deux pièces, pour le logement personnel de l'Empereur. La première pièce était le cabinet, meublé d'une petite table à écrire, d'un fauteuil en maroquin rouge pour 1'Empereur et de deux tabourets pour le secrétaire et l'aide de camp de service ; la table et les sièges étaient sur pliants. La seconde pièce servait de chambre à coucher, on y dressait un petit lit en fer à fond sanglé ; des rideaux de soie d'un gros vert enveloppaient comme une grande barcelonnette. Le tapis à pied de la calèche, servait de descente de lit, et le nécessaire de voyage complétait l'ameublement. L'enveloppe de l'édifice était double, c'est-à-dire que la tente se composait d'une toile extérieure qui se tendait sur des piquets et d'une seconde en dessous qui formait la cloison intérieure. L'intervalle entre ces deux toiles devenait un espèce de corridor de service où se tenaient le valet de chambre et le Mameluck et où l'on retirait pendant le jour, les porte-manteaux, les matelas et les enveloppes de l'équipage des tentes.
MAMELUK |
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