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jeudi 4 août 2022

LA "GUERRE" DE LA PÊCHE AU PAYS BASQUE EN 1946

LA "GUERRE" DE LA PÊCHE AU PAYS BASQUE EN 1946.


Au cours de l'Histoire, de nombreux conflits de pêche ont opposé les pêcheurs Basques des deux côtés de la frontière.




pais vasco antes pesca justicia
BIDASSOA ET FONTARRABIE 1946
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta le journal Combat, le 2 mars 1946, sous la plume de Paul Bodin :



"Trente-six pêcheurs espagnols venus chercher des sardines dans les eaux françaises attendent à Bayonne leur comparution en Correctionnelle.



De notre envoyé spécial Paul Bodin.



Bayonne, 1er mars (par téléphone).



— La petite ville d’Hendaye, où souffle un vent violent, semble morte. A la gare, tout trafic est suspendu avec l’Espagne voisine, Mais il en va autrement du trafic maritime comme nous avons pu le constater à Bayonne même, où le train m’a amené.



Voici le vaste estuaire de l’Adour. Des nuées de mouettes volent dans l’air clair, au-dessus des barques bleues. Leur troupe criarde tourne autour de la cheminée d’un beau navire où flotte le pavillon rouge-jaune-rouge de l’Espagne franquiste.



Malgré l’ordre formel de la Fédération des Syndicats maritimes, les dockers, à ma grande surprise, sont en train de décharger un bateau espagnol. J’arrive juste à temps pour assister, sur le quai, à une vive discussion entre un représentant du syndicat et les dockers. Les 1 300 tonnes d’huile, de vin, de conserves et de denrées diverses sont destinées à la Suisse. Mais la fermeture vise également le transit, et l’ordre de la Fédération est formel sur ce point.



Renseignements pris auprès de la direction du port, c'est le commandant du port qui a pris la décision de faire décharger le bateau espagnol, le "Duero Cadiz", qui vient, dit-il, de Lisbonne. Les dockers chargent en hâte les wagons, qui vont prendre la direction de Genève.



Durant le dernier mois, le trafic du port de Bayonne s’est presque uniquement effectué en faveur de la Suisse. Sur seize navires de 400 à 1 300 tonnes arrivés en février, six apportaient des marchandises pour la Suisse. Trois bateaux de minerai de zinc seulement sont arrivés d’Espagne pour la France. Les autres venaient d’Angleterre. Un dernier navire espagnol, venant de Santander, est attendu, et le commandant du port assure que les dockers le déchargeront.



La responsabilité de la sardine.



Bien que les dockers m’assurent que des marchandises diverses destinées à la France étaient déchargées à Bayonne, le commandant du port déclare que nous n’y recevions presque rien et que rien non plus n’en était expédié. Avant 1936, le trafic d’Espagne en France par le port de Bayonne n’atteignait d’ailleurs que 600 à 800 tonnes par an.



Non loin du bateau espagnol, dix-huit barques de pêche espagnoles sont amarrées, retenues prisonnières. La marine militaire les a capturées alors qu’elles naviguaient dans les eaux territoriales françaises. Car, explique le commandant du port, la sardine est un poisson migrateur, et les pêcheurs suivent le poisson...



Trente-six hommes d’équipage placés sous la protection du consul d'Espagne attendent, depuis dix-huit jours, qu’on les libère, mais ils doivent d'abord passer en correctionnelle, et cette affaire risque de provoquer de nouveaux incidents, car on accuse ces pêcheurs d’être des franquistes. Les délinquants ripostent en déclarant qu'ils sont nationalistes basques, mais ils restent muets quand on les presse de s’exprimer sur Franco. Ils consentent seulement à dire qu’on trouve de tout en Espagne, mais que la vie y est trop chère pour les ouvriers. Presque tous s'accordent à souligner le renforcement des mesures policières."





Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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