UN ACCIDENT DE TRAIN À SAMES-GUICHE EN 1930.
La gare de Sames-Guiche, mise en service en 1912, et fermée durant la deuxième moitié du 20ème siècle, était située sur la ligne ferroviaire Toulouse-Bayonne.
Voici ce que rapporta à ce sujet la presse locale, dans plusieurs éditions :
- la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 14 mars 1930 :
"Les Régions inondées. Au Béarn - L’accident de Same-Guiche.
La crue des eaux enregistrée au Pays Basque et dans le Béarn est arrêtée. Les eaux ont même recommencé à baisser.
Les dégâts matériels ne sont pas considérables dans l’ensemble.
Mais ce qu’il faut déplorer c’est l’accident de chemin de fer qui s’est produit près de Same-Guiche, accident qui a causé la mort d'un homme et en a blessé un autre très sérieusement.
Nous avons donné hier les premiers renseignements sur cet accident, dans notre première édition, et nous les complétions dans la troisième.
Pour tous nos lecteurs, rappelons les faits :
Le train de marchandises 1 504, parti de Bayonne, gare du Midi, jeudi matin, à 3 h. 13, est tombé dans la plaine inondée à environ 1 500 mètres de la gare de Same, par suite d’un affaissement de la voie ferrée.
GARE DU MIDI BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Moura, le chauffeur de la locomotive a pu être sauvé. Il était resté accroché à un arbre. Il est grièvement brûlé et contusionné, et vient d'être transporté à l'hôpital de Bayonne.
Quant au mécanicien, M. Tausy, demeurant rue Maubec. Il n’a pu être retrouvé et a été certainement noyé..."
VUE GENRALE SAMES PAYS BASQUE D'ANTAN |
- la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 21 mars 1930 :
"Après l'accident de Sames-Guiche.
On retrouve le cadavre du mécanicien. Hier matin, vers dix heures, les ouvriers occupés à sortir de leur fâcheuse position la locomotive et les wagons déraillés au cours de l’accident de Sames-Guiche, ont découvert, à environ cinquante mètres de la locomotive, le corps du malheureux mécanicien Tauzy. Un fourgon est parti aussitôt pour ramener le cadavre. La cérémonie religieuse aura lieu à Bayonne et L’inhumation à Gan, pays d'origine de Tauzy."
BORDS DE BIDOUZE QUARTIER ST JEAN A SAMES PAYS BASQUE D'ANTAN |
- la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 29 mars 1930 :
"Les inondations et l'accident de Sames-Guiche.
Le train enlisé.
Les voies précaires. — Ne conviendrait-il pas d’abandonner le tracé primitif entre Bayonne et Puyoô ?
Il a déjà été dit beaucoup de choses sur les désastres causés par les inondations, dont notre région a eu sa part, relativement moins considérable heureusement, que dans le Midi, et dans la vallée de la Garonne. Nous n'en avons pas moins eu mort d’homme : ce mécanicien de la Compagnie du Chemin de fer du Midi qui a été noyé, quasi enlisé dans les marais de Sames-Guiche, tandis que son chauffeur était blessé à côté de lui. La cause immédiate de cet affreux malheur fut l’Adour qui nous avait habitués à plus de clémence. Mais on a cherché une cause plus lointaine mais qui n’en serait pas moins évidente, dit-on, et établi des responsabilités. Le passage d’une voie ferrée au milieu de marais, sans qu’on lui ait donné des assises assez solides, serait à l'origine de cet événement déplorable. Nous en reparlerons tout à l'heure, en analysant et en résumant aussi les propos tenus et les critiques formulées à cette occasion — auxquels on donne d'ailleurs une contrepartie sous la forme de suggestions tendant à modifier le tracé de la voie.
Mais nous voulions rappeler que ce n'est pas la première fois, si nous nous en tenons à des récits qui sont rapportés par des auteurs dignes de foi, qu'on voit un train s'enliser. On fut témoin d'une catastrophe de ce genre, il y a déjà bien longtemps - c’était, croyons-nous pouvoir dire, au début du transport des voyageurs par chemin de fer à vapeur, dans le Nord. Et c'est avec connaissance de cause que nous employons le mot catastrophe, puisque toujours selon les récits du temps, un train tout entier aurait disparu, entrainant avec lui sous les terrains mouvants, un certain nombre de voyageurs. Du train on ne vit jamais plus rien.
C'est à peu de distance de Douai, sur la ligne de Lille à Paris, dans la direction de la capitale, que le fait se produisit. Il y avait là des terrains qui se sont consolidés depuis et d'eux-mêmes et grâce, aussi, à la main des hommes. Ccs marais qui existent encore en partie sont les marais d’Arieux. D'ailleurs, d’autres catastrophes de chemin de fer, dues à d’autres causes, s'y produisirent par la suite, dont quelques-unes ont laissé dans cette région un souvenir terrible.
LES MARAIS 59 ARIEUX |
A Sames-Guiche, heureusement, l'accident n’a pas revêtu une telle ampleur et une telle horreur. Néanmoins, ainsi que nous le rappelions tout à l’heure, un excellent homme, estimé de ses concitoyens et de ses chefs, y a perdu la vie.
Peut-on prendre des dispositions de nature à éviter, dans l’avenir, de pareils accidents ? Beaucoup assurent que oui.
Après la catastrophe du 13 courant, sur la voie ferrée de Sames-Guiche, l'opinion publique demande aujourd'hui plus fort que jamais la rectification de cette voie.
Le public sait les précautions qu'on a prises à Bayonne pour tracer des ponts et des voies dans le voisinage de la Nive et de l’Adour.
Jamais précautions semblables n'ont été prises pour asseoir, dans les fameux marais de Sames et de Guiche, la voie ferrée. Le sous-sol des barthes meurtrières est aussi boueux que celui du confluent des deux rivières de Bayonne. Pour établir la sécurité dans de tels parages, il faudrait engager des dépenses formidables, pour empêcher que l’accident du 13 par défoncement de la voie, se renouvelle. Il y a des exemples ailleurs, où les Compagnies des voies terrées ont été contraintes d'abandonner les tracés primitifs. Dans ce pays, peuplé et productif, en même temps qu'accidenté, que traverse la ligne de Puyoô-Bayonne, point n’est besoin de passer sur un terrain d’origine géologiquement récente et sans cesse détrempé par les marées quotidiennes.
TRAIN A SAMES-GUICHE 13 MARS 1930 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire