LE NATIONALISME DANS LES PROVINCES BASQUES EN 1904.
Dès la fin du 18ème siècle, l'idée de nationalisme Basque commence à naître, en Pays Basque Sud (Hegoalde).
Voici ce que rapporta La Petite Gironde, le 4 juin 1904, sous la plume de C. Béguin :
"Le Nationalisme dans les Provinces basques.
...IV. J'ai montré dans mes précédents articles le caractère nettement anti-espagnol de la propagande à laquelle se livre le parti nationaliste dans les provinces basques, et plus particulièrement à Bilbao et dans la Biscaye. Un autre des traits de ce parti, c’est d’être profondément clérical. Sa devise, du reste, ainsi conçue : Jaungoikoa eta lagi zarra (Dieu et nos anciennes lois), indique suffisamment que le prosélytisme religieux tient, au moins en apparence, autant de place dans ses préoccupations que la restauration des libertés politiques du peuple basque. Si j’ajoute que ses rangs comprennent en majorité des éléments venus du carlisme et que son succès est dû, dans une très large mesure, à l’appui qu’il a reçu du clergé et des congrégations, principalement de la Compagnie de Jésus, on se rendra compte des tendances ultramontaines qu’il représente.
JAUNGOIKOA TA LAGI ZARA |
Le catholicisme des bizkaïtarras ou nationalistes recherche volontiers les occasions de se manifester et de s'affirmer. Il est, au suprême degré, militant et agressif. Ses manifestations, organisées dans un but plus politique que religieux, présentent parfois des inconvénients assez graves pour l'ordre public, et au mois d’octobre dernier, par exemple, l’une d’elles donna lieu à Bilbao à des collisions sanglantes où il y eut un nombre respectable de morts et de blessés. Une procession dont la destination était un sanctuaire voisin de la ville consacré à la Vierge de Begoña servit en effet de prétexte à une démonstration nationaliste ; il en résulta une bataille rangée entre bizkaïtarras et républicains, aux cris de "Vive la Biscaye libre !" d’une part, et de "Vive l’Espagne !" de l’autre. L'élément ecclésiastique, qui était armé, prit sa large part du combat et se signala par l’ardeur de son zèle homicide ; il n’y a pas là, au reste, de quoi surprendre ceux qui connaissent l’intransigeance combative de ce clergé basque chez lequel sommeillent des ferments de guerre civile toujours prêts à se réveiller.
Le ministère qui préside actuellement aux destinées de l’Espagne a adopté à l’égard des partis anti-espagnols — catalanistes et nationalistes basques — une politique sensiblement différente de celle des gouvernements précédents ; ceux-ci, qu’ils fussent dirigés par M. Canovas ou par M. Sagasta, ne connaissaient d'autre attitude que celle de l’hostilité ouverte et déclarée. Le chef de ce ministère, M. Maura, qui appartient à l’extrême droite conservatrice et cléricale, travaille au contraire à les gagner à sa cause au moyen d’habiles concessions, en vue d'utiliser leur concours dans la lutte contre les idées démocratiques et républicaines. Ce but est de former un bloc — ce mot a eu du succès même au delà de nos frontières — des forces de réaction et d'en opposer la masse aux forces qui agissent en sens contraire. Il n’est pas inutile de rappeler à ce propos que les foyers du séparatisme, c’est-à-dire Barcelone et Bilbao, sont en même temps, à raison du chiffre considérable de leur population ouvrière, des centres de propagande pour les opinions avancées.
ANTONIO MAURA 1904 PRESIDENT DU GOUVERNEMENT ESPAGNOL |
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