Libellés

samedi 11 juillet 2020

LE RÉGIME DE VICHY ET LA LANGUE BASQUE EN 1942


VICHY ET LA LANGUE BASQUE EN 1942.


Le gouvernement de Vichy, dès juin 1940, a comme devise : "Travail, Famille, Patrie", se substituant à celle de la République : "Liberté, Egalité, Fraternité". 



histoire de france vichy
AFFICHE DE LA REVOLUTION NATIONALE



La Révolution nationale veut construire un homme nouveau, un homme travailleur, un 

bon ouvrier et un bon père de famille. Et cela passe par l'éducation des enfants à l'école.



En conséquence, entre juin 1940 et août 1944, pour appliquer cette politique, vont se 

succéder six ministres de l'Education nationale : Albert Rivaud, Emile Mireaux, Georges 

Ripert, Jacques Chevalier, Jérôme Carcopino et Abel Bonnard.



Le gouvernement de Vichy veut ainsi faire enseigner aux élèves l'histoire de leur pays 

local ("leur petite patrie"). 



histoire de france vichy
GOUVERNEMENT DE VICHY JUILLET 1940


L'enseignement de l’Histoire va subir de multiples modifications. 




Désormais, l’Histoire est centrée sur les grandes figures du passé : Jeanne d'Arc, Vercingétorix, 

Du Guesclin, et les gloires nationales : la prise du pouvoir par le Maréchal est ajoutée aux 

manuels scolaires. 


histoire de france
VERCINGETORIX

histoire de france
JEANNE D'ARC


La Révolution française doit être enseignée de manière à la minimiser voir la ridiculiser. 

La réorientation historique passe aussi par l’enseignement de l’histoire locale pour renforcer 

l’amour du pays. 




Le Ministre de l'Education nationale Georges Ripert, explique aux instituteurs qu’ils doivent 

faire connaître aux élèves "le rôle joué par leur ville ou leur province, leur montrer le château

ou l’abbaye qui a dominé la vie locale", leur faire ainsi découvrir "les lieux où les faits 

historiques se sont passés", ce qui les incitera à aimer "leur coin de terre." 




Une question sur l’histoire locale sera posée au certificat d’études. 




L’Action française conseille des livres pour cet enseignement de l’histoire locale : Histoire 

générale de Languedoc du bénédictin Dom Vaissete, L’Apport de la Normandie dans la 

communauté française de M. Deck. 


vichy education nationale
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC DE DOM VAISSETE



Le 5 mars 1942, le Ministre de l'Education nationale Jérôme Carcopino promulgue une 

circulaire publiée au Journal Officiel du 28 mars 1942 qui précise le contenu de ces nouveaux 

enseignements pour l’école primaire. 



vichy education nationale
JERÔME CARCOPINO

Tout comme l’enseignement de l’Histoire, celui de la géographie se doit de compléter cet 

ancrage au terroir. 




Les "monographies locales" symbolisent toutes les caractéristiques d’une géographie orientée 

vers ses traditions : travail sur le passé local, communal ou régional –sur la "modestie des 

petits villages de France" - recherche patiente et minutieuse de toute trace des habitudes et 

coutumes de ses habitants, leur façon de vivre. Ces monographies seront établies par les 

instituteurs, ils deviennent ainsi "les greffiers de la mémoire populaire". 

A l’école primaire, l’étude de la géographie locale tend à développer un tourisme culturel actif 

comme l’explique La méthode Deffontaines. Cette méthode prévoit l’étude et l’observation du 

milieu (sol, relief, climat, type d’habitation, peuplement…). 




Ce désir d’ancrer les élèves à leur passé et à leur terre natale va aussi se traduire par 

l’enseignement des dialectes locaux. 

Une circulaire du 9 octobre 1941 promulguée par Georges Ripert, secrétaire d’Etat à 

l’Instruction publique signale aux maîtres "l’utilité que peuvent représenter pour eux l’étude 

du dialecte local et l’intérêt pour les élèves de connaître les noms des grands écrivains et poètes 

de la région et la beauté de leur œuvre."

Le gouvernement de Vichy va ainsi à l’encontre de la campagne "anti-patois" menée par 

l’école républicaine depuis la Révolution

Jérôme Carcopino encourage les instituteurs par un arrêté du 24 décembre 1941 à "organiser 

dans les locaux scolaires, en dehors des heures de classe, des cours facultatifs de langues 

dialectales (occitane, basque, bretonne, flamande, provençale, langue d’oc…), dont la durée ne 

devra pas excéder une heure et demie par semaine." 

De nombreux manuels de grammaire sont réédités (exemple : Gramatica Occitana de Josèp

Salvat). 

histoire occitanie occupation
GRAMATICA OCCITANA DE JOSEP SALVAT



Pour améliorer la mise en œuvre de cet enseignement des dialectes locaux, Louis Adolphe 

Terracher, secrétaire général à l’Instruction primaire, met en place une enquête par une 

circulaire ministérielle du 13 mars 1942, pour établir une liste des instituteurs ou institutrices 

intéressés par cet enseignement. 




Un arrêté du 18 juin 1942 stipule le montant de l’indemnité que recevront les instituteurs pour 

cet enseignement. 

Cependant, cet élan est rapidement freiné : peu d’instituteurs se manifestent 

pour enseigner les dialectes locaux, notamment en raison de leur méconnaissance. 

L’enseignement des dialectes locaux disparaît à la Libération mais réapparaîtra dans les écoles 

à partir des années 1970.


Voici ce que rapporta à ce sujet la presse nationale, en particulier :

  • Paris Soir, le 30 décembre 1941 :



"Les instituteurs peuvent enseigner le basque, le breton et le flamand.


Vichy, 29 Décembre.


Un article publié au "Journal officiel"  autorise les instituteurs et institutrices à organiser dans les locaux scolaires, en dehors des heures de classe, des cours facultatifs de dialectes (basque, breton et flamand) dont la durée ne devra pas excéder une heure et demie par semaine."



  • Le Cri du peuple de Paris, le 30 décembre 1941 :

"Le Régionalisme à l'école.

On sait qu’un récent arrêté de M. Jérôme Carcopino, secrétaire d’Etat à l’Education nationale, fait désormais sa part au régionalisme sur les bancs de l’école. Nous avons demandé quelques précisions à ce sujet aux services universitaires chargés de l’application de cette réforme

Si l’idée de l’introduction des langues régionales n’est pas neuve, elle fut, dès le début de 1941, reprise avec l’annonce d’une nouvelle organisation territoriale tenant compte des provinces.

A vrai dire, il ne s’agira pas d’un enseignement officiel, mais les maîtres auront la faculté, en dehors des heures normales, de consacrer une heure et demie par semaine à des cours spéciaux. On peut a-tendre beaucoup des sociétés régionalistes et les trésors musicaux de notre folklore en seront revigorés, car les premiers efforts porteront sur l’étude des chants d'origine locale. Le chant dialectal sera même admis aux examens officiels. Cette réforme se complète par l'histoire et la géographie des provinces qui figureront dorénavant dans les épreuves écrites.

Ce dernier changement aura ses conséquences à Paris, mais on n'ignore pas que les sociétés provinciales y sont nombreuses et puissantes, notamment les Girondins, les Provençaux, les Auvergnats, les Bretons, les Basques et les Béarnais. On prête à certaines d'entre elles l'intention de prendre contact avec les directions secondaire et primaire pour que les petits Parisiens originaires de nos provinces reçoivent leur part de cette réforme. Ainsi la vie à la capitale laisserait en eux, plus intacts, l’amour et la connaissance de leurs petites patries.

Nombreux sont les professeurs et instituteurs qui attendent avec curiosité les résultats immédiats de cette institution. Certains estiment que l'étude d'une langue comme le provençal facilitera l'étude du latin et celle de l’italien. Attendons les réactions qui ne manqueront pas de se produire avec la rentrée des classes, après le Jour de l'An."




(Source : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01064051/document)



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 600 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire