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mardi 7 juillet 2020

LE MARQUIS DE LA FAYETTE À PASAJES - PASAIA EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE AUTREFOIS


LA FAYETTE À PASAJES LE 26 AVRIL 1777.


C'est du Guipuscoa que le Marquis de La Fayette partit, en avril 1777, pour aider l'indépendance américaine.




pays basque autrefois pasajes
LA FAYETTE AU DEPART DE PASAJES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Gaulois, dans son édition du 17 septembre 1927, 

sous la plume d'Ange Galdemar :



"Les origines de la sympathie américaine.



Le cent cinquantième anniversaire du départ de La Fayette.



Quelque vive que soit la bienveillance qu'aient éprouvée, dans la dernière moitié du dix-huitième siècle, les Français à l'égard de ce peuple de race saxonne qui luttait pour son indépendance à travers de graves difficultés et de quelque façon qu'ils l'aient montrée, c'est La Fayette qui, le premier, l'a manifestée vraiment avec éclat. C'est le coup d'audace de ce jeune homme de vingt ans parti de tout élan avec une poignée de camarades et malgré les obstacles vers la terre en mal de libération, c'est cette résolution hardie si grosse de conséquences qui a fini par rayonner comme de juste et, en amenant des résultats de la plus haute importance, a uni les Etats-Unis à la France par des liens historiques et, espérons-le, indissolubles. 

La grande sympathie américaine date de là. 

Et quand, il y a dix ans, le général Pershing, arrivant à Paris en sa qualité de commandant en chef des forces expéditionnaires, se rendit, avant de prendre part à la guerre mondiale, à la tombe de La Fayette pour la saluer au nom de ses camarades, il accomplissait un acte symbolique. 



la fayette pershing
PERSHING SUR LA TOMBE DE LAFAYETTE 4 JUILLET 1917

"Nous voici !", se contenta-t-il de dire. 

Ce simple mot, tout en rappelant que l'Amérique était toujours prête à se joindre aux soldats du droit et de la liberté, évoquait en même temps le passé et marquait la dette de reconnaissance. Cent quarante ans s'étaient écoulés depuis le jour où le jeune La Fayette avait quitté les côtes de la vieille Europe pour celles de ce nouveau continent où il allait aider à accomplir, sur un de ses territoires les plus importants, un acte d'une signification considérable. Les Américains se souvenaient et le témoignaient. 

Or, ils reviennent aujourd'hui, dix ans après la grande guerre heureusement terminée, cette guerre où ils prirent une part si active et si brillante. Ils reviennent pour revoir la terre où reposent leurs morts et ces champs de bataille, arrosés de leur sang, où fleurit la victoire. Et il arrive que La Fayette est associé à cette date de leur retour parmi nous, car cette année est le cent cinquantième anniversaire du départ du jeune héros français pour ces parages où la gloire l'attendait. 

Le souvenir prête une sorte d'auréole aux manifestations appelées à se produire pendant la visite de la Légion américaine et semble fait pour resserrer une fois de plus les liens qui unissent les deux peuples.




J'ai eu l'occasion de voir l'endroit précis d'où la Victoire, le navire qui emportait La Fayette et sa fortune, partit au printemps de 1777. C'est à la sortie du goulet de Los Pasajes, sur la côte d'Espagne, le petit port pittoresque situé tout près de Saint-Sébastien, où Victor Hugo fit, dans la suite, un assez long séjour, qu'il a raconté de façon charmante. La petite population basque, qui vit sur ses bords, occupée aux travaux de la terre et de la mer, ne se doute pas que dans ce décor grandiose et coloré se déroula, il y a cent cinquante ans, un acte aventureux et en même temps réfléchi, qui allait aider à l'indépendance américaine. Elle poursuit sa vie insouciante et facile, sous le plus beau ciel et dans le plus magnifique paysage, indifférente au passé, à la gloire, ne voyant que le présent, songeant peut être, quand elle en a le temps, à l'avenir, mais goûtant surtout l'heure qui fuit et qui s'offre d'ailleurs d'autant plus douce sur ce rivage qu'elle s'écoule devant la nappe d'eau la plus bleue du monde. Et elle a raison, sans doute. Mais il n'est pas moins certain que ce petit port tient aujourd'hui à l'histoire. 

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NAVIRE LA VICTOIRE DE LA FAYETTE

La Victoire, au nom prédestiné, y était venue de Bordeaux, pour attendre que ses papiers fussent prêts, ne voulant pas rester plus longtemps dans les eaux françaises, devant les difficultés que rencontrait La Fayette, dont le départ projeté était combattu en haut lieu. Celui-ci s'était embarqué en grand secret. Mais, aussitôt qu'il eut touché terre dans le port espagnol, il se trouva, en présence de deux officiers venus en toute hâte de Versailles, porteurs d'une lettre de cachet qui lui intimait l'ordre de renoncer à son projet. Car le gouvernement s'opposait fortement à ce départ, qui risquait d'irriter l'Angleterre, puissance avec laquelle la France entretenait ouvertement des relations d'amitié. Et La Fayette dut regagner Bordeaux par voie de terre dans le désir de s'expliquer, quitte à pousser jusqu'à Paris afin d'aplanir les obstacles et d'obtenir la levée de l'interdiction. 

Le curieux de l'incident, c'est que l'idée de ce départ pour l'Amérique était venue au jeune officier français quelque temps auparavant, à Metz, au cours d'un dîner qui avait eu lieu chez son chef, le comte de Broglie, où La Fayette avait entendu le propre frère du roi d'Angleterre, le duc de Gloucester, s'exprimer en termes assez sévères sur la façon dont le ministère anglais d'alors traitait les affaires des colonies américaines. La population de ces colonies semblait opprimée. De nature enthousiaste, le jeune officier français s'échauffa et résolut, une fois à Paris, de prendre des renseignements. 

Ces renseignements furent tels qu'ils entraînèrent le jeune homme à épouser la cause des prétendus "insurgents ", qui, tous comptes faits, lui apparurent comme un peuple aspirant purement et simplement à son indépendance. La Fayette, avide d'aventures, d'idées extrêmement libérales et dans le désir sans doute de se faire un nom, résolut de partir pour le Nouveau-Monde et de se joindre à eux. Mais il n'avait pas plus tôt fait part de son projet qu'il se trouva l'objet d'une désapprobation catégorique du ministère et comprit sagement qu'il lui fallait user de diplomatie et de tact. 

C'est ainsi que, se rappelant avoir été invité par son oncle pair alliance le marquis de Noailles, ambassadeur de France à Londres, à venir lui faire visite dans cette ville, le jeune homme, tout à son idée, s'empressa de profiter de cette invitation pour donner le change et détourner les soupçons. Et, une fois à Londres, La Fayette ne se borna pas à se laisser présenter au Roi, mais, fréquentant la belle société, alla danser chez le ministre des colonies américaines. Un homme qui prenait plaisir à des distractions de cette sorte ne pouvait vraiment ourdir des projets subversifs. Seulement, quand il fut invité à visiter les ports anglais, il sut trouver des échappatoires. Et quand la politesse s'accentua par une invitation à se rendre au port de Portsmouth, où l'on procédait justement à l'armement d'un navire à destination de l'Amérique, l'officier estima que le moment était venu pour lui de rentrer en France. 

Cependant, en France, les obstacles se présentèrent de nouveau et, comme le jeune homme persistait dans son idée, ces obstacles ne firent que s'accroître. Dans sa propre famille, le projet de départ fut considéré comme une "pure folie". Seule sa femme, bien qu'elle fût déjà mère d'une fille qui avait à peine un an, sut résister à la clameur. Mais si les gens bien pensants et les personnages de la politique faisaient grise mine au hardi officier, la société en général ne trouvait pas moins son idée courageuse et partant d'un cœur généreux. On l'applaudissait en secret et on lui souhaitait bonne chance. La Fayette le sentait bien. Et c'est fort de cette confiance tacite qu'il vint à s'aboucher avec des armateurs de Bordeaux et affréta ce navire sur lequel il s'était embarqué dans le plus grand mystère et qui allait le conduire vers la terre promise.




Or, pour le moment, le navire ancré à Los Pasajes, dans les eaux espagnoles, se trouvait, avec sa cargaison à destination des Antilles, privé de la présence de son affréteur et dans la plus cruelle des attentes. La Fayette, parti pour Bordeaux, alla aussitôt arrivé trouver le commandant de la place pour lui donner des explications et tenter d'obtenir la suspension de la lettre de cachet. Mais l'effort demeura vain. Et l'ordre lui fut réitéré de partir pour Marseille, d'où il se rendrait en Italie rejoindre les siens. Le jeune homme, de guerre fasse, consentit à ce changement d'itinéraire et fit mine de se rendre à la nouvelle destination qui lui était assignée. Il partit donc en chaise de poste, mais il n'était pas plutôt en route qu'il bifurqua et prit la direction de Saint-Sébastien, se déguisant en postillon. 

Des mésaventures l'attendaient.

A Saint-Jean-de-Luz, il fut reconnu par une servante d'auberge qui l'avait vu à son précédent passage et ne put réprimer un cri de surprise en constatant que le bel officier qui lui avait souri quelques jours auparavant avait changé d'habits et se présentait en conducteur de chevaux. Mais La Fayette, qui ne perdait pas l'esprit pour si peu, lui fit un signe qu'elle comprit. Elle se dit qu'elle se trouvait certainement en présence d'un jeune homme dans l'embarras et vint à penser qu'il était poursuivi peut-être, vu sa bonne mine, pour quelque aventure d'amour. La brave fille n'eut plus qu'une idée : celle de se dévouer. Et c'est ainsi que les gens qui arrivaient à la poursuite du fuyard furent dirigés par l'aimable servante sur une fausse piste. Dégagé de cette façon de tout souci, le jeune officier arriva sans encombre à Los Pasajes et put enfin s'embarquer sur le navire qui attendait toujours son affréteur. 

Deux jours après, la Victoire appareillait et prenait la mer. La Fayette se croyait enfin libre et, le regard vers l'océan, pensait déjà à ce nouveau continent où il allait jouer une si périlleuse partie. Mais il n'était pas au bout de ses peines. La Victoire partait à destination des Antilles. Une fois en pleine mer, La Fayette se dévoila et donna l'ordre au capitaine de se diriger sur les Etats-Unis. Celui-ci refusa, déclarant que, s'il était surpris, il serait fait prisonnier et perdrait ainsi sa cargaison. La Fayette insista et, devant, la persistance du capitaine à ne pas changer de route, comprit que c'était, en définitive, la cargaison qui était en jeu. Il promit une forte indemnité en cas de mésaventure. Et cette promesse arrangea les choses comme par enchantement. 

Toutes les difficultés étaient aplanies. La Victoire filait vers sa nouvelle destination. La Fayette allait, conscient de sa force, les yeux sur son étoile, vainqueur de tous les obstacles qui avaient surgi sous ses pas, vers cette terre lointaine, dont il désirait la libération et qu'il était appelé à unir, dans la suite, à la France par les liens imprescriptibles de la gratitude... 

La venue de la Légion américaine sur la terre française apporte à ce cent cinquantième anniversaire une commémoration imprévue et touchante."



(Source : http://donostiando.blogspot.com/2017/04/el-embarque-de-la-fayette-en-pasajes.html)






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