L'ÉDUCATION PHYSIQUE DES FILLES EN 1911.
La création des Ecoles Normales des filles dès 1842, puis la loi Paul Bert d'Août 1879 et les lois Ferry, notamment celle du 28 mars 1882, rendent obligatoires l'enseignement primaire pour les enfants des deux sexes, tout comme ils rendent l'éducation physique obligatoire pour les enfants des deux sexes.
LA FEMME ATHLETE |
Voici ce que rapporta La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 11 juin 1911 :
"Tribune féministe.
Comment élever nos filles. — Education physique.
— Le premier bien, c'est la santé ; et l’heureux équilibre des forces physiques étant la condition essentielle de l'équilibre moral, nous occuperons-nous, dans cet article, de l'éducation physique de nos jeunes filles avant d’aborder leur éducation morale et intellectuelle.
Encore de nos jours, la jeune fille est soumise à une perpétuelle contrainte, soit à la maison, soit au dehors. Elle ne peut sortir, ni s’ébattre librement ; tout jeu bruyant lui est interdit, sous prétexte d’inconvenance, et tandis que le jeune frère caracole, à cheval sur un balai, développant ses poumons, fortifiant ses muscles, en criant et en se remuant comme un possédé, la jeune sœur lit paisiblement dans un coin de l'appartement ou est occupée à un ouvrage féminin plus ou moins absorbant, toujours débilitant.
LES REINES DU HOCKEY 1917 |
Cependant, pour la femme peut-être plus que pour l’homme, la santé est l’élément primordial du bonheur, et tandis qu'une femme chétive donnera naissance à des enfants malingres, une mère vigoureuse et forte donnera à son foyer des enfants robustes qui conserveront et perpétueront la race.
Aussi, point d’éducation douillette, l’exercice libre et plein d’entrain, autant que possible en plein air, doit alterner avec un travail réglé et proportionné aux forces de l’individu.
On s’imagine, à tort, qu'une éducation tout à fait différente de celle des garçons est utile à nos jeunes filles. Ne serait-il pas préférable, cependant, que dès le bas âge, tous les enfants des deux sexes se coudoient sur les mêmes bancs de l’école, s’amusent aux mêmes jeux durant les récréations, écoutent les mêmes principes ? Il faut, à l’un comme à l’autre, le mouvement, la liberté, la vérité ; alors inutile de les séparer dans leurs jeux. De ce contact immédiat, les garçons apprendront peu à peu à discipliner leurs instincts, à respecter la compagne ; ils y gagneront en douceur et en délicatesse, tandis que la fillette y acquerra plus de vigueur, de décision, de confiance en soi.
FEMMES POUR LA FONDATION ALICE MILLIAT |
Combien la vie de nos enfants serait embellie, si au lieu des jeux tranquilles en chambre close où des fillettes réunies déjà s’exercent au bavardage, à la médisance, elles pouvaient s’ébattre au grand air, au milieu des fleurs, de la verdure, du soleil ? Non seulement leur santé y gagnerait, mais leur moral subirait une heureuse et salutaire influence : une âme saine dans un corps sain.
Pourquoi serait-il nécessaire que le garçon se livrât à des jeux bruyants, tandis que la jeune fille devrait s’étioler dans une contrainte perpétuelle ? Laissez libre essor à cette dernière, et permettez-lui, sans regret, non seulement la balle, les grâces, mais encore autorisez de grand cœur la bicyclette, la marche à pied, la gymnastique, la danse.
L’éducation physique de la première enfance, en même temps qu’elle assure la santé et la croissance normale, doit avoir pour but de faire contracter à la jeune fille des habitudes qui lui deviendront indispensables. Il faut que chaque matin, levée tôt, elle se livre à des ablutions rapides mais complètes qui, en tonifiant ses muscles, assureront un fonctionnement régulier à son épiderme délicat et habitueront son corps à une certaine endurance.
ALICE MILLIAT A L'AVIRON PHOTO AGENCE ROL |
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