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dimanche 12 juillet 2020

UN CRIME HORRIBLE À CIBOURE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN MARS 1930 (cinquième et dernière partie)


UN CRIME À CIBOURE EN MARS 1930.



En 1930, plusieurs faits divers sordides marquent les habitant(e)s de Ciboure.


pays basque autrefois faits divers
ENTREE DU PORT CIBOURE 1921
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta la presse locale, dans La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays 

basque, le 28 novembre 1930 :



"...L’horrible crime de Ciboure.


Les Criminels de Ciboure condamnés aux Travaux forcés à perpétuité. Le Verdict a été rendu ce matin à 2 h. 35


(De notre envoyé spécial) L’audience d'hier après-midi.




La deuxième audience de la journée est ouverte à 14 heures 15 pour entendre la suite des témoignages. 




Mme Raintot, restauratrice à Ciboure, a assisté à une scène de jalousie provoquée par la femme Liron qui menaça de frapper deux femmes avec un couteau, parce qu’elles se trouvaient avec Gomez. 




M. Larramendy Adrien, employé de commerce à Bayonne, a reçu la commande du sommier neuf, mais il ne put prendre les mesures car l’inculpée ne le laissa pas pénétrer chez elle. 




La petite Andrea Martinez qui parle avec volubilité, a remarqué dans la chambre de Gomez des traces de sang. Elle en fit la remarque et l’inculpée les enleva avec son mouchoir.




Elle a vu Jesusa se rendre chez Silva et revenir avec des provisions. 




L’inculpée dément les déclarations de la jeune Andréa, mais celle-ci les maintient. 




Mme Lucie Labro, tricoteuse, voisine des époux Gomez, a entendu, la nuit du crime, vers 9 heures et demie, des personnes qui montaient et descendaient l’escalier, et la lumière n’était pas allumée. 




"A 11 heures, dit-elle, j’ai entendu un chien hurler, alors que j’étais couchée. Le lendemain, Jesusa m’a demandé de lui allonger un jupon. Je ne connais pas leurs différends, car j’étais très peu à la maison." 




Mme Joffrin, journalière à Ciboure, a vu le lundi Gomez partir pour Bayonne et deux jours après, l’inculpée lui a dit qu’il n’était pas revenu. Elle a entendu plusieurs disputes, mais pas le jour du crime. 




Quant à Silva, elle déclare que c’est un ouvrier paisible et tranquille. 




Mme Billotte employait depuis dix mois l’inculpée comme femme de ménage et en était satisfaite. La veille du crime, elle l’avait prévenue qu’elle ne viendrait pas le lendemain.




"J’avais remarqué, dit-elle, son attitude anormale que je mettais sur le compte de sa grossesse. Elle avait un caractère renfermé, indifférent, mais pas violent. Lorsque j’ai vu Silva arrêté, je lui ai demandé ce qu’il avait fait. Je n’en sais rien, me répondit-elle, et elle ne paraissait pas émue." 




L’inculpée. — Je ne me rappelle pas ce fait. Je n’ai pas travaillé le lundi parce que j’avais du travail chez moi. 




Mme Ithurria, a la salle de son restaurant située sous la chambre des époux Gomez. Le plafond était tout taché. Elle a entendu des disputes entre eux, mais bien avant le crime.




M. Martinez Anton, marin, à qui l'inculpée voulait louer la chambre de Gomez, a arrangé la baraque et n’a pas vu des taches de sang. 




M. Bientout Joseph, marin, ami de Gomez, déclare qu’un jour, Jesusa l’a interpellé en disant que tous les Portugais étaient pareils et qu’il ne verrait plus Gomez. 




Jesusa nie avoir tenu ces propos et accuse le témoin d’avoir entraîné Gomez avec des femmes et de lui avoir emprunté de l’argent. 




Mme Silberio habite la même maison et recevait chez elle Gomez et une de ses amies que l’inculpée soupçonnait d’être la maîtresse de son amant. Un jour, elle monta chez elle et lui déclara que si Gomez ne lui rendait pas les 150 francs qu’il avait emporté, elle le ferait disparaître. 




La femme Liron dément ces propos. 




M. Urioguerra était fâché avec Gomez qui lui a dérobé 7 100 francs et il était, de ce fait, en procès avec lui. 




"La femme Liron, devant Silva, m’a dit qu’elle allait le faire disparaître". 




L’inculpée. — "J’étais folle, quand j’ai dit cela."




Quant à Silva, le témoin déclare qu’il est homme très paisible et qu’il n'a jamais entendu parler contre lui. 




"Gomez ne travaillait pas beaucoup, n’était pas vaillant, et j’ai entendu dire qu’il dépensait son argent avec des femmes." 




Mme Escalona a soigné l’inculpée quand elle accoucha au mois d’octobre d’un enfant mort cinq jours après. Elle a entendu de violentes disputes et, à son avis, tous deux avaient tort. 




Les autres témoins ne savent pas grand chose. Ils n’ont entendu que quelques disputes. 



M. l’avocat général lit une lettre d’un témoin absent habitant Biarritz qui a occupé la femme Liron et a été obligé de la renvoyer pour vol. Gomez avait promis de lui prêter 10 000 francs pour faire des aménagements chez lui. 




D’autres dépositions faites à l’instruction sont lues. 




Me Magescas. — Nous n’avons pas d’argent, nous, pour faire venir des témoins à décharge. 




Les renseignements du juge de paix de Saint-Jean-de-Luz sont excellents pour Silva. 




Demande du neuvième juré. — Je voudrais faire préciser un fait. Les deux inculpés avaient-ils bu, le soir du crime ? 




Silva. — Oui. J’ai bu du vin et j’ai vu Jesusa mettre quelque chose dedans, et deux ou trois minutes après, j’avais la tête malade. 




L’audience est levée à 18 h. 15 pour être reprises à 20 heures.




Réquisitoire, plaidoiries et verdict.




M. Andréis prononce son réquisitoire à la reprise de l’audience et demande au jury une condamnation exemplaire. 




Me Delmas demande l’indulgence pour sa cliente Jesusa Liron. 




Me Magescas prononce ensuite une plaidoirie remarquable en faveur de Silva, et demande pour lui le bénéfice des circonstances atténuantes dans une large mesure. 




Les réponses du Jury.




A 1 h. 10, le jury se retire pour délibérer. 

Six questions lui sont soumises : deux pour Silva, quatre pour la femme Liron. 

Après 1 heure de délibération, il rentre en séance. 

Première question : Silva est-il coupable d’avoir volontairement donné la mort ? 

— Oui, à la majorité. 

Deuxième question : Y a-t-il préméditation ? 

— Oui, à la majorité. 

Troisième question : La femme Liron est-elle coupable d’avoir provoqué le crime par promesses ? 

— Oui, à la majorité. 

Quatrième question : A-t-elle donné des instructions ? 

— Oui, à la majorité. 

Cinquième question : A-t-elle procuré l’arme ? 

— Non. 

Sixième question : A-t-elle aidé ou assisté au crime ? 

— Oui, à la majorité. 

A la majorité, les circonstances atténuantes sont accordées à Silva et à la femme Liron. 

M. l’avocat général demande l’application des articles 295, 296, 297, 302, 59, 60, 463, 36, 55 du Gode Pénal et 368 du code d’instruction criminelle. 

Me Magescas. — Le jury a marqué une bienveillance. J’espère que la cour suivra le jury. 

Me Delmas s’associe aux paroles de son confrère. 

Silva déclare : "Si cette femme ne m’avait pas fait boire, je n’aurais pas fait cela ; je regrette beaucoup mon acte."

La femme Liron n’a rien à ajouter. 

Le verdict

Après une suspension d’audience, la cour prononce les condamnations suivantes : 

Miguel Silva, convaincu d’assassinat avec préméditation, est condamné aux travaux forcés à perpétuité. 

La femme Jesusa Liron, convaincue de complicité d’assassinat, est condamnée aux travaux forcés à perpétuité. 

La foule s’écoule dans le calme, et aucun cri hostile n’est proféré."









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