L'AFFAIRE DES AVORTEMENTS DE BIARRITZ EN 1911.
Avant le 17 janvier 1975 et depuis 1810, l'avortement en France était criminalisé et défini selon les époques de délit ou de crime. Sous le régime de Vichy, en 1942, l'avortement était considéré comme un crime contre l'Etat français et passible de la peine de mort.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Petit Parisien, le 28 mai 1911 :
"Les avortements de Biarritz.
Audition des témoins.
Pau, 27 mai.
Aujourd'hui se sont poursuivis, devant la cour d'assises des Basses-Pyrénées, les débats de l'affaire des avortements de Biarritz.
Nous avons dit, hier, que, sur la proposition de l'avocat général, la cour d'assises avait prononcé le huis-clos, ce procès étant de nature, alléguait-elle, à être préjudiciable à l'ordre et aux bonnes mœurs.
Après l'interrogatoire des douze accusés, qui s'était terminé hier soir sans jeter un jour nouveau sur cette triste affaire, le président des assises, M. Correch, conseiller à la cour d'appel, a procédé à l'audition des témoins.
BAINS PORT-VIEUX BIARRITZ 1911 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le docteur Lavergne, entendu le premier, donna des soins parallèlement avec le docteur Long-Savigny, à Mme Ménard, à Biarritz. Comme aujourd'hui elle est décédée, il ne veut rien dire de ce qu'il a constaté et, malgré l'insistance de l'avocat général Sens-Olive, il se retranche derrière le secret professionnel.
Il est alors procédé à l'ouverture des caisses renfermant les pièces à conviction. Celles-ci se compostent d'une infinité d'instruments de chirurgie. Le docteur Long-Savigny croit devoir faire cette remarque aux jurés :
- Je tiens à faire observer, dit-il, que ces pièces sont d'ordre purement médical et non, comme on pourrait le croire, des instruments destinés à provoquer des avortements.
M. Averous, commissaire de police de Biarritz, vient ensuite faire part des résultats généraux de l'enquête à laquelle il fut chargé de procéder par le parquet de Bayonne. Puis on entend, par ordre chronologique, les personnes appelées à déposer sur chacun des faits retenus par l'accusation. Sur le fait Lucie Dabadie, veuve Dain, la cour recueille les témoignages de Mmes Joannoteguy, Goazir, et Plassous, qui tendent à démontrer que l'accusée était, en 1903, en état de grossesse et que cette grossesse disparut subitement. La veuve Dain aurait même fait l'aveu, à Mme Plassous. des manœuvres dont elle avait été l'objet. La veuve Dain accuse la femme Plassous d'exercer contre elle une vengeance. Celle-ci proteste.
EGLISE ST CHARLES BIARRITZ 1911 PAYS BASQUE D'ANTAN |
M. Moussempes, tuilier, qui employait Dain, le mari de l'accusée, et considérait celui-ci comme un ami, émet cet avis que Dain était un homme droit, honnête, incapable de donner à sa femme un mauvais conseil. Le malheureux ne put d'ailleurs surmonter le désespoir que lui causa l'arrestation de sa femme. Il se suicida en absorbant du poison. La veuve Dain est prise, à ces souvenirs, d'une violente crise de larmes.
Sur le fait Marthe Labegueyrie, la cour entend d'abord, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, le mari de cette accusée, qui fut un instant impliqué dans l'affaire, puis relaxé, son innocence étant manifeste. Sa femme prenait des médicaments et il ne sut que plus tard qu'elle était allée trouver le docteur Long-Savigny. Me Claverie a reçu les confidences de la femme Labegueyrie, au sujet de ses projets d'avortement. Elle lui a toujours déclaré qu'elle agissait à l'insu de son mari. Divers témoins déposent sur ce même sujet et dans le même sens. Elle était allée dans l'intervalle consulter le docteur Long-Savigny.
Le docteur Garat, qui eut mission d'examiner la plupart des accusées et sera appelé à déposer sur le cas particulier de chacune, est entendu sur le fait Labegueyrie. Sa conclusion est que cette femme avait avorté depuis peu quand il la vit et qu'elle n'avait pu se faire avorter elle-même, ce qui provoque une longue discussion scientifique.
Une suspension est prononcée.
PLAGE BIARRITZ 1911 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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