LE CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DU CARDINAL LAVIGERIE À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1925 (troisième et dernière partie)
LE CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DU CARDINAL LAVIGERIE EN 1925.
Charles Martial Lavigerie, né le 31 octobre 1825 à Huire, en Saint-Esprit (ancienne commune des Landes), et mort le 26 novembre 1892 à Alger, est nommé archevêque d'Alger en 1867, ministre qu'il conserve en devenant archevêque de Carthage en 1884.
BAYONNE 15 DECEMBRE 1925 CENTENAIRE LAVIGERIE
SOURCE GALLICA.BNF.FR
Voici ce que rapporta à ce sujet, le journal La Petite Gironde, dans son édition du 23 décembre
... N'est-ce pas la pensée qui l'inspirait encore lorsqu’il est intervenu, avec tant d'éclat, dans les affaires politiques de France ? Ceux de mon âge n'ont pas souvenir qu’un discours de chef d'Etat ou de premier ministre ait jamais fait autant de bruit que le toast porté à de braves et pacifiques marins, par lequel le cardinal Lavigerie conseillait aux catholiques d’accepter la forme républicaine des institutions. Je pourrais témoigner que le toast d'Alger et la Marseillaise du ralliement avait secoué, comme un vent brûlant venu des déserts, jusqu’à notre doux et tranquille Béarn. Les âmes les plus neuves et les nerfs les moins surmenés en furent ébranlés même à Pau ; dans un de ces collèges soumis à la tutelle épiscopale, où l'uniforme rigueur de la discipline n'a jamais exclu la diversité future des opinions. En récréation et parfois en classe, il se formait des camps rivaux de partisans et d'adversaires de la doctrine du cardinal. Quand il y avait trop grand bruit, l'homme de science profonde et d'admirable bon sens qui dirigeait la maison, le chanoine Lurde, mort à l'ombre de la cathédrale de Bayonne, venait terminer ces contestes d'écoliers. Il excellait à calmer les esprits, évoquant dans une mise au point vigoureuse la sagesse de l'Eglise et l'imminence du baccalauréat.
BAYONNE 15 DECEMBRE 1925 CENTENAIRE LAVIGERIE
SOURCE GALLICA.BNF.FR
Aujourd’hui que les polémiques. se sont tues, comme il parait aisé d'interpréter l’acte de Lavigerie ! La France est en ce temps-là à peu près le seul pays d'Europe où les controverses sur la forme du gouvernement tiennent une place prépondérante. Et voilà un peuple que, depuis moins de cent ans, on a vu changer huit fois de régime, faire quatre révolutions, user trois dynasties ! Le moment n'est-il pas venu pour lui de chercher son équilibre et son repos ? Des dissensions trop souvent l’affaiblissent, qui sont en vif contraste avec ses qualités d’esprit, avec ses habitudes morales et son respect de la tradition. N'y renoncera-t-il point pour paraître enfin ce qu'il est ?... C'est le conseil que Lavigerie lui adresse. Dans la ville d’Alger, d’où il parle, le drapeau fleurdelisé a protégé les commencements de l'entreprise française dont il demeurera, lui, l'un des plus grands ouvriers. La conquête s’est achevée sous le drapeau tricolore. Mais c'est la même France qui a conquis, défriché, civilisé, fondé. Lorsqu'il adjure ses compatriotes de se réconcilier autour du gouvernement établi, il veut mettre fin à un antagonisme cruel entre la France de l'histoire et les libertés modernes. Celles-ci présument la libre pratique des opinions et des croyances ; elles n'impliquent pas la barbarie intellectuelle qui serait la haine ou le dédain du passé.
BAYONNE 15 DECEMBRE 1925 CENTENAIRE LAVIGERIE
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Peut-être avait-il trop négligé, dans cette circonstance, l'art diplomatique des préparations. La noblesse de ses intentions aurait pourtant dû lui épargner d'injustes critiques...
M Jules Cambon nous redisait, l'autre soir à la Sorbonne, cette parole vraiment sublime prononcée par le cardinal devant des amis qui avaient cru devoir la consoler ou le plaindre : "Oubliez-vous, dit-il, que je suis le serviteur de Dieu qu'on n'a jamais pu enfermer dans un tombeau ?"
BAYONNE 15 DECEMBRE 1925 CENTENAIRE LAVIGERIE
SOURCE GALLICA.BNF.FR
Un grand Français.
Quant on considère les travaux apostoliques de Lavigerie ou qu'on lit ses discours et ses écrits pastoraux, un même mot se propose pour exprimer l'impression qu’on en reçoit : la grandeur. C’est la marque de son œuvre, c’est le style de son personnage et de sa vie.
Les honneurs que la France lui rend sont la preuve qu’il a rencontré une postérité digne de sa mémoire. Pour nous, partant au nom d'hommes d’opinions et de croyances diverses, nous avons honoré en lui un grand Français et un grand évêque, un héros de l'intelligence et un héros de la foi. Nous admirons, et il nous a été donné de louer, le génie scientifique d’un Pasteur, la dignité de vie et le labeur prodigieux d'un Littré, le patriotisme et la ferveur démocratique d'un Michelet et d'un Quinet. Nous nous inclinons aujourd'hui devant une curieuse et noble figure d'Eglise. Celui que nous avons célébré est bien le prêcheur de croisade dont l'image se dresse, hiératique et populaire, aux portes de votre ville. Nous ne l’avons dépouillé ici ni de crosse, ni de sa mitre, ni de sa double croix archiépiscopale. Nous n’avons pas séparé artificieusement sa vie des hautes sources spirituelles d'où elle tira sa force et sa fécondité. Plus que jamais il nous convient de ne répudier ni de ne méconnaître aucun des apports divers dont se compose notre patrimoine moral et notre héritage historique. Le culte des grands hommes ne serait qu'un rite vain et nous ne savions le rendre propre à signifier et affermir à la fois l'unité se la nation. C'est à quoi nous venons de nous efforcer, heureux, au milieu des soucis qui nous oppriment, de trouver un recours sur le sommet de l’humanité, parmi les gloires de la patrie".
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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