LA MAISON BASQUE.
Dans la société basque des années 1900, la maison ce n'est pas que des murs appartenant à une famille, c'est bien plus que cela.
FERME BASQUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La maison (Etxea en Basque), en particulier la ferme, ce sont les murs, les animaux, les outils
et également une tombe à l'église.
C'est en grande partie pour cette raison que le Basque ne vendait pas sa maison (transmission
seulement à un ou plusieurs héritiers) car cela aurait été considéré presque comme un sacrilège.
Ce n'est que vers le milieu du 20ème siècle que cette tradition a commencé à changer.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son
édition du 18 avril 1921, sous la plume d'Henri Godbarge :
"La maison de ville (Suite).
Viollet-le-Duc l'a bien démontré : un style n’a pas une unité absolue. Le style gothique pour l'archéologue expérimenté a des caractéristiques particulières suivant qu'il appartient à telle ou telle province de France, suivant qu’il est Bourguignon ou qu'il est de l’Île de France. Et cependant encore que bien régionalisé, ainsi, il est manifeste qu’il appartient à une des trois époques bien tranchées, XIlle, XlVe ou XVe siècles.
RUE POCALETTE CIBOURE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un simple voyage entre les deux petites villes de Ciboure et de Fontarabie, cependant si voisines, permet d’analyser les différences architectoniques, d’un côté ou de l'autre de la Bidassoa, que l’on discerne des maisons édifiées à la même époque. A Fontarabie et dans les environs, le motif sculptural qui orne très souvent le dessus des portes est très fouillé, les armoiries de pierres très ciselées, les consoles de bois superposées très multipliées, très longues et très sculptées, les moulures et les ornements d'une richesse exubérante. Visiblement le Basque Espagnol subit l'influence de l’Espagnol ; quand la matière, en bois ou pierre, celle de Fontarabie très tendre, permet cette ciselure, sorte d'orfèvrerie en bois ou en pierre. Mais malgré cela, il y a de l’équilibre chez lui du calme et de la santé ; ces enjolivements ne sont pas des plaquages, des masques, de la dentelle de pierre de façades comme en ont certaines maisons espagnoles qui, elles, ont subi l'influence musulmane, car ils n’existent que sur des organes essentiels de la construction. Ils ornent la pièce maîtresse, la sablière qui relie et soutient, la console qui porte, le chevron qui soutient l’auvent, préservateur à la fois de la pluie trop abondante et du trop grand soleil. A côté de ces taches décoratives surchargées de sculptures, de grands murs blancs, tout nus, font contrastes et reposent l'œil, rendant évident cet équilibre ce composition et de pensée même sous l’empire d'influences étrangères, qui appartient en propre au Basque. Et par là s'affirment les qualités dominantes de cette population euskarienne, robuste, pratique et attachée aux maisons des ancêtres. Aussi cette architecture a un attrait tout particulier pour l’artiste moderne parce qu’elle est faite d’une sorte d'antithèse pétrifiée, d’une part, le calme reposant et sa grande simplicité de nécessaire construction, de l'autre, la partie enrichie par l’ornementation, travaillée, fouillée en notes précieuses sur les organes de la structure.
CALLE SAN PEDRO FONTARRABIE GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Et tout ceci est bien particulier au pays. Malgré leur diversité toutes ces maisons de ville ou Françaises ou Espagnoles ont bien l’air de famille qui les apparente. Elles sont bien sorties de mains basquaises ; elles en portent l’empreinte ; elles ont été caressées, moulées, par elles, façonnées par les mêmes primitifs outils toujours les mêmes. Un œil professionnel ne s’y trompe pas, comme le portraitiste découvre dans les physionomies diverses d'une même famille les tares communes, les ressemblances d'une consanguinité.
CALLE MAYOR FONTARRABIE GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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