LE CHRIST DE LEZO EN 1924.
La sculpture du Christ de Lezo, image d'un Christ crucifié, sans barbe, du 10ème siècle, dans un style byzantin, possède, selon les experts, une grande valeur artistique.
CHRIST DE LEZO GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce sont les légendes qui ont surgi autour de Christ, qui ont attiré les dévots et qui ont permis la
construction de l'Eglise de Lezo, au 16ème siècle.
EGLISE DE LEZO GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN
PAYS BASQUE D'ANTAN
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Figaro, dans son édition du 4
septembre 1924 :
"A travers les revues.
Lieux d'élection du pays basque.
M. Jean d'Elbée nous parle, avec amour, dans la Revue Hebdomadaire, de deux lieux d'élection
du pays basque : Sare en France, Lezo en Espagne. Sur Lezo et son Christ, il écrit notamment
ces pages vivantes :
A Renteria, où l'on quitte le tramway de Saint-Sébastien, le pèlerinage s'annonce déjà par des marchandes de cierges ; elles jalonnent la route et leur présence commence à créer l'atmosphère voulue dans l'âme du pèlerin. Il n'est pas rare qu'à vos côtés un marin basque, tut bronzé, marche pieds nus, dans la poussière et sur les cailloux du chemin, en accomplissement d'un voeu fait en mer "à l'heure du danger". Et aussi de solennels et antiques landaus fermés vous dépassent ; derrière les glaces, on entrevoit de ces nobles dames d'Espagne, infiniment graves et pieuses dans leurs noirs atours, et qui vont se mettre aux pieds du Santo Cristo, pour la neuvaine classique.
Chaque maison de la petite ville est un chef d'ouvre de grâce avec ses toits surplombants aux poutres sculptées, la nudité des façades qui fait ressortir encore la somptuosité des grands écussons ; et toujours, à travers les grilles des balcons, l'éclat rouge des géraniums, si délicieusement banal, mais qui semble la vibration même de l'été. La place du sanctuaire est aussi irrégulière et asymétrique qu'une acropole grecque, toute grouillante d'enfants crieurs, hardis et bruns comme de petits Maures ; elle offre la plus émouvante perfection de style dans une atmosphère où un puissant mysticisme et un goût non moins fort de la vie se disputent les coeurs.
Dès cette petite ville, pourtant simplement basque et si proche de la frontière française, il y a déjà un souffle oriental. Oui, l'on est en Espagne... Soit dit sans comparer au trouble Orient le très catholique royaume, où le plus sévère réalisme l'emporta toujours sur le gongorisme, où l'on découvre son vrai caractère bien plus sur les espaces nus des façades que dans leurs ornements romantiques, et davantage dans le désert des Castilles, totalement dépourvu d'agréments hors le soleil sur des rochers, que dans les palmiers d'Andalousie où grimpent des rosiers.
Cédant à l'on ne sait quelle tentation du mal, on se sent fatigué parfois de la mesure française, et il faut alors aller consacrer quelque temps à cette voisine, avec ses étrangetés, mais pleine de surprises, et surtout qui ne songea jamais à imiter personne. Voyez Gréco qui n'adopta son genre, dit-on, que pour faire oublier qu'il avait été l'élève du Titien ! Nos génies semblent des élèves appliqués à côté de ces libres hidalgos, gentilshommes ou moines, où s'inspirèrent Corneille, Molière, et qui ne devaient tout qu'à leur Espagne.
Pour Cervantès, Salamanque était au moins d'égal d'Athènes et de Rome ; en admettant qu'il comparât, car, chez lui, quelle influence de ces deux villes ? Ce génie s'en moque bien ! Et cependant, il faut être raisonnable, il faut, si l'on peut dire, "rentrer à la maison "; il faut en revenir aux pierres de touche : sur le fantastique Escurial la perfection de Versailles emporte l'universel suffrage.
Une brochure que l'on vend dans la sacristie de la basilique, avec des médailles et des images saintes, nous renseigne sur l'origine du "Santo Cristo de Lezo". L'auteur de ces pages a voulu rester anonyme comme les touchants artistes des siècles qu'il relate, et comme eux, il orne sa prose de fleurs ajourées et entrelacées, où l'on reconnaît cette préciosité qui se détache de façon si inattendue sur le fond solide de la langue castillane.
CHRIST DE LEZO GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
"Le Saint Christ de Lezo, nous dit-il, apparut au sein de l'Euskarie à la façon de ces eaux médicinales et salutaires qui soulagent et guérissent les impuretés corporelles de l'homme et répandent partout le bien-être et la joie, sans que l'on sache ni depuis quel temps elles datent dans la nature, ni depuis quand on les connaît, ni d'où elles reçoivent les admirables vertus qu'elles possèdent, ni quel fut le premier qui expérimenta leur efficacité et leurs pouvoirs ; ou encore, comme ces fontaines ou sources de grâces et de miséricorde sans limites, que la main miséricordieuse de Dieu a ouvertes dans le monde surnaturel, sans nous révéler le temps, l'occasion, les circonstances précises et certaines de leur origine et de leur antiquité..."
Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de nombreuses versions plus ou moins historiques touchant cette origine : au contraire, cette incertitude a favorisé les diverses traditions qui circulent sur ce sujet à Lezo et aux environs.
L'une d'elles affirme que la miraculeuse effigie fut découverte par deux sœurs qui ramassaient des algues et des coquillages sur le rivage de la mer. Une autre nous as sure qu'une jeune fille de Landarreta, un jour qu'elle contemplait la mer de la fenêtre de sa maison, remarqua un coffre ou une arche flottante qui se rapprochait de la rive du bras de mer qui baigne Lezo. Mue par la curiosité d'un événement aussi extraordinaire, elle courut à la rive, ouvrit l'arche et ne fut pas peu surprise d'y découvrir le Crucifix qui devait inspirer tant de vénération au peuple basque.
VUE GENERALE DE LEZO GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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