DÉCOUVERTE D'UN DÉPÔT D'ARMES À OLHETTE URRUGNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN FÉVRIER 1938 (deuxième et dernière partie)
DÉCOUVERTE D'UN DÉPÔT D'ARMES À URRUGNE EN 1938.
Pendant la guerre civile espagnole, le Pays Basque Nord a souvent servi de base arrière aux combattants des deux camps, et en particulier aux franquistes.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Ce Soir, dans son édition du 16 février 1938 :
"Les affaires du complot.
...Dans le pays basque, il ne manquera pas de provoquer une véritable explosion de colère contre les criminels qui continuent leur travail clandestin.
Jamais encore on n'est arrivé à prendre Diharce en flagrant délit. Il est la charnière de toute l'entreprise, l'homme le plus important de cette contrebande.
Il négocie avec l'Espagne, avec le contrebandier Borda, un Français qui réside sur le territoire espagnol, et il passe les commandes.
De l'autre côté, il est en relations avec le centre de Bordeaux du C.S.A.R. (Comité secret d'action révolutionnaire) qui lui passe les commandes.
Quant au financier de l'affaire Thiomo, il s'appelle de son vrai nom Suspereguy.
Par lui, on touche à une importante personnalité du pays basque, c'est-à-dire la centrale basque du C.S.A.R.
La cachette dans la neige.
— Je vais vous donner la preuve que je dis toute la vérité, ajouta le contrebandier Suzanne. Venez avec moi, je vais vous conduire à l'endroit où je prenais mes ballots. On y trouvera des mitraillettes et des munitions, ce sont les ballots du quatrième voyage que j'ai refusé de faire.
Nous partîmes. Tout au long de la route, les gros moutons blancs cherchaient dans la neige et sous les arbres blancs aux branches lourdes une nourriture avare.
A moins de trois cents mètres du village d'Olhette, Suzanne s'arrêta devant une barrière qui fermait une prairie. Il quitta la route et entra dans le champ.
Barbaza et moi nous le suivons.
Il prend un petit chemin étroit, tracé au long d'une pente, il s'immobilise devant un fourré épais, recouvert de neige. D'un geste, sans prononcer un mot, il arrache les branches qui cachent un énorme tronc d'arbre scié.
Le tronc immense était évidé à l'intérieur.
L'homme en tire un sac. Ce sac contenait une dizaine de boîtes de munitions dont le couvercle orange, à étiquette verte, portait cette inscription : "50 cartuchos para pistola automatica. 0,8, parabellum, cal 9 m/m."
BOÎTE DE CARTOUCHES 9 MM
Les balles que nous retirâmes étaient allemandes et portaient l'inscription suivante : "D. W. M. K. K. 480 C."
C'est la munition prévue pour la mitraillette allemande Schmesser 9 m/m. tirant 32 coups.
MITRAILLETTE SCHMESSER MP40
Les paquets d'armes qui accompagnaient ces munitions avaient disparu.
Notre contrebandier en fut très étonné. Quelqu'un était venu les chercher tout récemment. A l'intérieur du tronc, par terre, traînaient des morceaux de papier paraffiné qui avaient enveloppé les armes.
Nous ne pouvions pas nous faire inculper de détention de munitions de guerre. La police fut avisée de notre découverte et quelques heures plus tard l'inspecteur Boé, du commissariat d'Hendaye, arrivait sur les lieux et saisissait un stock de balles.
Conséquences d'une découverte.
L'enquête que nous avons menée à la suite de cette découverte permet de fixer la façon dont le C.S.A.R. se ravitaillait en Espagne nationaliste et ce sont les secrets de cette enquête que je vous livre : les armes et munitions allemandes sont apportées au port espagnol de Pasajes en caisses de 100 kilos.
Ces caisses sont ensuite envoyées à Vera, en Navarre, au pied des Pyrénées où les armes sont placées dans des caissettes de 25 kilos déjà munies de bretelles. Toutes les armes déposées à Vera sont placées sous l'autorité du commandant militaire de la région qui est assisté d'un officier allemand.
Les caissettes sont ensuite montées par les requêtes et les phalangistes à la Venta de Mehaïne, à 800 mètres d'altitude, juste derrière la Rhune. Des porteurs isolés les transportent de l'autre côté des Pyrénées en France et les déposent dans des cachettes semblables à celle que nous avons découverte hier.
Là, les contrebandiers, sous la direction de Diharce, venaient prendre leurs ballots et les portaient à Saint-Jean-de-Luz, chez la sœur de Diharce.
Les armes étaient alors stockées à nouveau et transférées à Bordeaux par camions.
Bordeaux les répartissait en trois centres principaux : Paris, Angers et Pau.
Actuellement, de nouveaux stocks d'armes sont entreposés à Vera et dans des tranchées à la frontière.
Diharce, ces jours derniers, était encore en relation avec ceux qui disposent de ces armes et munitions sur le territoire espagnol.
L'aveu du contrebandier et notre découverte jettent donc une lumière nouvelle sur la contrebande des armes au pays basque.
— Dans les Pyrénées il y a des centaines de ces cachettes, m'a dit le contrebandier Suzanne. Beaucoup sont encore pleines d'armes !
Il n'y a désormais plus qu'un seul moyen d'épurer le pays basque de ces dépôts d'armes : c'est de faire opérer par des forces coordonnées de larges battues qui fouilleraient tous les ravins, les fourrés, les rochers et les puits éboulés des mines de fer abandonnées de la région.
De très grandes quantités de munitions peuvent ainsi être récupérées."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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