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mercredi 12 août 2020

LA SAINT IGNACE AU COUVENT DE LOYOLA À AZPEITIA EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN AOÛT 1880


LA SAINT IGNACE EN 1880.


Ignace de Loyola, né en 1491 et mort le 31 juillet 1556, est un prêtre et théologien basque-espagnol, fondateur et premier Supérieur général de la Compagnie de Jésus.


FÊTES DE ST IGNACE LOYOLA AZPEITIA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La France, le 6 août 1880 :



"La  Saint-Ignace au couvent de Loyola. 




Aspeitia, 2 août 1880. 




Pour satisfaire ma curiosité, et aussi pour remplir mes devoirs de correspondant, j’ai quitté Saint-Sébastien samedi matin, dans le but de venir assister aux fêtes qui chaque année sont célébrées, avec plus ou moins de pompe, par la ville d’Aspeitia, en l’honneur de saint Ignace, son glorieux patron. Il suffit de quelques heures à la locomotive pour franchir la distance qui sépare la capitale du Guipuzcoa de la station de Zumarraga, où un service de diligences est établi, desservant toutes les localités comprises entre la voie ferrée et la côte cantabrique. 




De cette station, le voyage se fait au travers d’un pays magnifique. La route serpente dans le fond de la vallée tracée par l’Urola, disputant quelquefois le passage entre deux montagnes à la petite rivière, qui roule tranquillement ses eaux limpides sur les rochers de son lit, et qui semble heureuse de distribuer çà et là, en passant, sa force motrice aux nombreuses fabriques qui la bordent. Des fortes de châtaigniers et de noyers, au sombre feuillage, couvrent les flancs des montagnes comme d’un épais tapis vert, sous lequel bondissent capricieusement les cascades. Des ponts hardis, d’une seule arche, ornés par les siècles d’une cape de lierre, traversent à chaque pas la rivière, pour le service d’un modeste moulin, avec autant de fierté que s’ils donnaient accès à une demeure princière. 



pais vasco 1900
VALLEE DE LOYOLA AZPEITIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

J’allais de compagnie avec mes confrères de la presse espagnole : Bosch y Barrau, de la Publicidad, Figueroa de el Imparcial, Vera de el Dia, juché comme eux sur l’impériale de la diligence, admirant les beautés du paysage, discutant les questions du jour avec ce laisser-aller et cette franchise aux quels le grand air et la liberté prédisposent. 




A onze heures, nous traversions la petite ville d’Azcoitia, l’antique Segontia des Vardules, d’après Donoso Cortès ; patrie d’Idiaquez, qui fut secrétaire de Charles-Quint et du comte de Penaflorida, qui fonda le siècle dernier, la célèbre société commerciale basque. 




Après Azcoitia, la route gravit une petite colline ; puis, à un détour, l’œil découvre le dôme monstrueux du couvent de Loyola, entouré d’un fouillis de clochetons qui ne laissent pas de produire, à distance, un certain effet. Dans le fond de la vallée apparaissent les premières maisons d’Azpeitia et la flèche aiguë de son clocher. 


guipuzcoa antes
VUE GENERALE AZPEITIA LOYOLA
PAYS BASQUE D'ANTAN

En face du couvent, nous mimes pied à terre et, sans perdre un instant, nous allâmes visiter la chapelle, le sanctuaire construit dans l’ancienne maison de Loyola et les cloîtres du noviciat. Ce monument, inachevé, est remarquable à plus d’un titre. Quoique d’un goût douteux, l’ensemble de son architecture produit encore une impression agréable à la vue. La chapelle surtout est d’une richesse incomparable d’ornementation. 


guipuzcoa antes
MAISON DE ST IGNACE DE LOYOLA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Elle est en marbre, depuis les assises jusqu’au couronnement de la coupole, qui atteint la hauteur de cinquante-sept mètres. Son péristyle, en marbre de couleur, est devancé par un escalier magistral, dont les rampes sont gardées par des lions héraldiques. Le fronton est surmonté d’un blason, sur lequel s'étalent les armes d’Espagne. 




L’intérieur de ce temple est véritablement splendide. Le maître-autel, richement paré d’ornements de fête, est tout en marbre jaune, incrusté de bronze et de malachite. Les autels secondaires sont plus sévères et moins exagérés ; la voûte est décorée de fresques, aussi riches que ridicules. Le parvis est formé de mosaïques en marbre noir et blanc, qui contrastent par leur simplicité avec le luxe criard qui les entoure. 




La maison où naquit saint Ignace a sa façade dans une petite cour garnie d’arceaux, qui sépare la chapelle du noviciat. C’est une antique construction en brique rouge semblable dans sa structure à toutes les vieilles maisons du Guipuzcoa. Au-dessus de la porte d’entrée on lit l’inscription suivante : "Maison de Loyola. Ici naquit saint Ignace en 1491. Ici, visité par saint Pierre et par la SS. Vierge, il se voua à Dieu en 1521." 


azpeitia antes
MAISON NATALE DE ST IGNACE DE LOYOLA AZPEITIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les armes de la famille sont plus haut. Elles représentent deux loups se disputant le contenu d’un vase suspendu à une chaîne."




Un escalier en bois conduit au premier étage de la maison, entièrement garni de confessionnaux et de chapelles. Les murs sont recouverts de peintures. Au second étage, se trouve le sanctuaire, richement orné, avec un magnifique autel incrusté d'argent, placé à l'endroit même où, dit-on, saint Pierre et la Vierge apparurent au chevalier de Loyola, convalescent des blessures qu’il avait reçues au siège de Pampelune. Quelques paysans et des dévotes d’Azpeitia étaient agenouillés devant cet autel, lorsque nous sommes entrés. 




Les sculptures sur bois qui décorent le plafond du sanctuaire, sont faites avec habileté. Elles représentent des scènes de la vie de saint Ignace et sont l’œuvre du Portugais Jacinto de Vieyra. C’est là que fut conçu le projet qui servit de base fondamentale à la compagnie de Jésus. 




A peine avons-nous eu le temps de jeter un coup d’œil dans l’intérieur du noviciat. C’était du reste l’heure des offices, et les pères avaient beaucoup à faire pour les préparatifs de la fête du lendemain. Nous avons pu constater cependant que l’assistance était nombreuse. 




Le monastère de Loyola fut construit vers la fin du dix-septième siècle. Anne d’Autriche acheta en 1681 au marquis d’Alcanice y Oropera la demeure de Loyola et décida qu’un monument grandiose serait construit au même endroit à la mémoire du célèbre fondateur de l’ordre des jésuites. Les travaux furent commencés en 1684, sous la direction de Carlos Fontana, élève de Herrera, qui avait bâti l’Escurial. En 1766, un décret de Charles III ayant expulsé les membres de la Compagnie du territoire espagnol, le monastère resta inachevé. L’aile gauche du monument est en ruine et il est douteux que jamais les jésuites soient assez puissants dans ce pays pour entreprendre sa restauration. 

pais vasco antes
ST IGNACE DE LOYOLA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Azpeitia célébrait dimanche sa fête patronale. L’archevêque de Séville, venu aux bains de Cestona pour refaire sa santé, présidait aux cérémonies religieuses assisté de l’évêque de Vitoria ; grande animation dans la petite ville aux rues étroites et tortueuses, dans lesquelles la foule se pressait parée de ses habits de circonstance. Les hôtels et les posadas, regorgeaient de monde, et c’est après avoir usé d une grande insistance que mes compagnons de voyage et moi avons pu obtenir à déjeuner. 




Les courses de taureaux inévitables et les feux d’artifices traditionnels ont agrémenté l’après-midi et la soirée. Ne sachant où trouver un abri pour la nuit, nous décidâmes d’aller demander l’hospitalité à l’établissement des bains de Cestona, situé à quelques kilomètres d’Azpeitia ; mais nous n’avions pas été les seuls à avoir cette pensée, et lors que nous nous présentâmes au directeur, nous apprîmes avec stupéfaction qu’il ne restait pas une seule chambre disponible. Fort heureusement, l’idée vint à un de mes compagnons d’infortune de décliner nos qualités. Cela suffit pour tout arranger. "Des journalistes ! s’écria l’honorable maître d’hôtel ; mais que ne le disait-on plus tôt ! Vite, faites préparer des appartements pour ces messieurs, et qu’on les conduise en attendant à la salle du restaurant." Et aussitôt toute la domesticité se mit en quatre pour exécuter les ordres péremptoires du patron, un bien digne homme, auquel nous avons, à l’unanimité, voté après souper les plus sincères remerciements. 




Mgr Lluch, archevêque de Séville, et ses chanoines dodus, n’étaient pas mieux considérés, samedi soir, à l’établissement des bains de Cestona, que quatre journalistes poudreux, rendus de fatigue, qui n’avaient pas même un abri. Cela démontre la toute puissance exercée par la presse sur l’opinion publique. 




A un excellent repas succéda naturellement une nuit agréable, et dimanche matin, après nous être confondus en témoignages de gratitude vis-à-vis du directeur des bains, nous sommes revenus au monastère de Loyola, où, depuis le point du jour, la foule s’était amassée. 




La cérémonie religieuse commença à neuf heures. L’évêque de Vitoria officiait seul, Mgr Lluch ayant refusé catégoriquement de venir au monastère, pour des raisons que l’on ne disait pas. L’intérieur de la chapelle regorgeait de curieux, car on ne saurait donner un autre qualificatif à ceux qui se pressaient dans son enceinte pour mieux voir ou mieux entendre. Au dehors, les paysans jouaient à la paume ou déjeunaient sur l'herbe à l’ombre des marronniers. Les marchands d’objets religieux parcouraient les groupes, vendant des médailles, des rosaires ou des biographies de saint Ignace, imprimées à Rome par les soins de la Propagande. 




Partout on entendait parler français ; c’est qu’il était venu de la frontière, beaucoup de légitimistes et de cléricaux qui s’attendaient à une manifestation imposante, en l’honneur des expulsés du 30 juin. L'indifférence la plus absolue a contrecarré leurs espérances. 




La procession a été belle comme étalage d’oripeaux et l’on a pu admirer le maintien résigné de cent et quelques jésuites, en surplis blanc, qui escortaient la statue en argent de saint Ignace ; mais l’enthousiasme a fait absolument défaut. Cette année, les fêtes d'Azpeitia, sur lesquelles beaucoup d'agitateurs tablaient, n’ont été qu'une vulgaire assemblée de campagne, une sorte de foire de village, où tout le monde va pour se divertir et rire. Les courses de taureaux et la partie de paume l’ont emporté sur la procession, malgré le bruit des cloches battant le rappel sacré à toute volée. 



Hier soir, feu d'artifice, bals publics et réjouissances en tous genres. 




Le vénérable saint Ignace de Loyola doit être bien satisfait aujourd'hui des témoignages d’adhésion à ses doctrines, qu’il a pu recevoir durant ces deux jours ; mais je n’hésite pas à déclarer que sa satisfaction ne saurait égaler celle des maîtres d’hôtel et des cafetiers d’Azpeitia."



(Source : WIKIPEDIA)





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