LA SAINT IGNACE EN 1880.
Ignace de Loyola, né en 1491 et mort le 31 juillet 1556, est un prêtre et théologien basque-espagnol, fondateur et premier Supérieur général de la Compagnie de Jésus.
FÊTES DE ST IGNACE LOYOLA AZPEITIA GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La France, le 6 août 1880 :
"La Saint-Ignace au couvent de Loyola.
Aspeitia, 2 août 1880.
Pour satisfaire ma curiosité, et aussi pour remplir mes devoirs de correspondant, j’ai quitté Saint-Sébastien samedi matin, dans le but de venir assister aux fêtes qui chaque année sont célébrées, avec plus ou moins de pompe, par la ville d’Aspeitia, en l’honneur de saint Ignace, son glorieux patron. Il suffit de quelques heures à la locomotive pour franchir la distance qui sépare la capitale du Guipuzcoa de la station de Zumarraga, où un service de diligences est établi, desservant toutes les localités comprises entre la voie ferrée et la côte cantabrique.
De cette station, le voyage se fait au travers d’un pays magnifique. La route serpente dans le fond de la vallée tracée par l’Urola, disputant quelquefois le passage entre deux montagnes à la petite rivière, qui roule tranquillement ses eaux limpides sur les rochers de son lit, et qui semble heureuse de distribuer çà et là, en passant, sa force motrice aux nombreuses fabriques qui la bordent. Des fortes de châtaigniers et de noyers, au sombre feuillage, couvrent les flancs des montagnes comme d’un épais tapis vert, sous lequel bondissent capricieusement les cascades. Des ponts hardis, d’une seule arche, ornés par les siècles d’une cape de lierre, traversent à chaque pas la rivière, pour le service d’un modeste moulin, avec autant de fierté que s’ils donnaient accès à une demeure princière.
VALLEE DE LOYOLA AZPEITIA PAYS BASQUE D'ANTAN |
J’allais de compagnie avec mes confrères de la presse espagnole : Bosch y Barrau, de la Publicidad, Figueroa de el Imparcial, Vera de el Dia, juché comme eux sur l’impériale de la diligence, admirant les beautés du paysage, discutant les questions du jour avec ce laisser-aller et cette franchise aux quels le grand air et la liberté prédisposent.
A onze heures, nous traversions la petite ville d’Azcoitia, l’antique Segontia des Vardules, d’après Donoso Cortès ; patrie d’Idiaquez, qui fut secrétaire de Charles-Quint et du comte de Penaflorida, qui fonda le siècle dernier, la célèbre société commerciale basque.
Après Azcoitia, la route gravit une petite colline ; puis, à un détour, l’œil découvre le dôme monstrueux du couvent de Loyola, entouré d’un fouillis de clochetons qui ne laissent pas de produire, à distance, un certain effet. Dans le fond de la vallée apparaissent les premières maisons d’Azpeitia et la flèche aiguë de son clocher.
VUE GENERALE AZPEITIA LOYOLA PAYS BASQUE D'ANTAN |
En face du couvent, nous mimes pied à terre et, sans perdre un instant, nous allâmes visiter la chapelle, le sanctuaire construit dans l’ancienne maison de Loyola et les cloîtres du noviciat. Ce monument, inachevé, est remarquable à plus d’un titre. Quoique d’un goût douteux, l’ensemble de son architecture produit encore une impression agréable à la vue. La chapelle surtout est d’une richesse incomparable d’ornementation.
MAISON DE ST IGNACE DE LOYOLA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Elle est en marbre, depuis les assises jusqu’au couronnement de la coupole, qui atteint la hauteur de cinquante-sept mètres. Son péristyle, en marbre de couleur, est devancé par un escalier magistral, dont les rampes sont gardées par des lions héraldiques. Le fronton est surmonté d’un blason, sur lequel s'étalent les armes d’Espagne.
L’intérieur de ce temple est véritablement splendide. Le maître-autel, richement paré d’ornements de fête, est tout en marbre jaune, incrusté de bronze et de malachite. Les autels secondaires sont plus sévères et moins exagérés ; la voûte est décorée de fresques, aussi riches que ridicules. Le parvis est formé de mosaïques en marbre noir et blanc, qui contrastent par leur simplicité avec le luxe criard qui les entoure.
La maison où naquit saint Ignace a sa façade dans une petite cour garnie d’arceaux, qui sépare la chapelle du noviciat. C’est une antique construction en brique rouge semblable dans sa structure à toutes les vieilles maisons du Guipuzcoa. Au-dessus de la porte d’entrée on lit l’inscription suivante : "Maison de Loyola. Ici naquit saint Ignace en 1491. Ici, visité par saint Pierre et par la SS. Vierge, il se voua à Dieu en 1521."
MAISON NATALE DE ST IGNACE DE LOYOLA AZPEITIA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les armes de la famille sont plus haut. Elles représentent deux loups se disputant le contenu d’un vase suspendu à une chaîne."
Un escalier en bois conduit au premier étage de la maison, entièrement garni de confessionnaux et de chapelles. Les murs sont recouverts de peintures. Au second étage, se trouve le sanctuaire, richement orné, avec un magnifique autel incrusté d'argent, placé à l'endroit même où, dit-on, saint Pierre et la Vierge apparurent au chevalier de Loyola, convalescent des blessures qu’il avait reçues au siège de Pampelune. Quelques paysans et des dévotes d’Azpeitia étaient agenouillés devant cet autel, lorsque nous sommes entrés.
Les sculptures sur bois qui décorent le plafond du sanctuaire, sont faites avec habileté. Elles représentent des scènes de la vie de saint Ignace et sont l’œuvre du Portugais Jacinto de Vieyra. C’est là que fut conçu le projet qui servit de base fondamentale à la compagnie de Jésus.
A peine avons-nous eu le temps de jeter un coup d’œil dans l’intérieur du noviciat. C’était du reste l’heure des offices, et les pères avaient beaucoup à faire pour les préparatifs de la fête du lendemain. Nous avons pu constater cependant que l’assistance était nombreuse.
Le monastère de Loyola fut construit vers la fin du dix-septième siècle. Anne d’Autriche acheta en 1681 au marquis d’Alcanice y Oropera la demeure de Loyola et décida qu’un monument grandiose serait construit au même endroit à la mémoire du célèbre fondateur de l’ordre des jésuites. Les travaux furent commencés en 1684, sous la direction de Carlos Fontana, élève de Herrera, qui avait bâti l’Escurial. En 1766, un décret de Charles III ayant expulsé les membres de la Compagnie du territoire espagnol, le monastère resta inachevé. L’aile gauche du monument est en ruine et il est douteux que jamais les jésuites soient assez puissants dans ce pays pour entreprendre sa restauration.
ST IGNACE DE LOYOLA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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