UNE CHRONIQUE FÉMINISTE EN 1907.
Le 13 juillet 1907, en France, les femmes mariées obtiennent le droit de disposer librement de leur salaire.
LA FEMME MARIEE ET LES CHARGES DU MENAGE 1907 |
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans
son édition du 16 février 1907, sous la plume d'A. André :
"Chroniquette féministe.
La France en retard. — Un code à changer. L’éternelle mineure ! — Un petit progrès pour Gretchen et Dorothée. Un tribunal de la Haye pour conflits conjugaux. — Code de la femme.
Quand la République célébra le centenaire du napoléonien Code Civil de 1804, la cérémonie ressembla à ces fêtes chevrotantes où l'on a coutume de saluer de braves vieux venus au monde un siècle auparavant. Généralement, les intéressants vieillards, tirés pour un jour de la somnolence où ils se prolongeaient, s’éteignent peu après. Le Code Civil a paru bien vieux à son centenaire ! Et il se pourrait qu’il ne guérisse pas de cette grandiose solennité.
LE CENTENAIRE DU CODE CIVIL 1904 |
Aussitôt après on a en effet condamné à la disparition cet enfant caduc des Cambacérès et des Portalis. Une officielle commission fut chargée d’aviser aux meilleurs moyens de l'"achever" proprement. Elle doit travailler encore...
...Cependant qu’un comité libre dit "de réforme du mariage" — avocats et romanciers — proposait au public par des communiqués à la presse, et au parlement par une proposition de loi, l’élargissement de l'antique institution fixée dans les cadres trop étroits par les juristes de l’empereur.
Le féminisme français applaudit à ces bonnes intentions et espère que ces messieurs les codificateurs de 1907.... et années suivantes rédigeront la charte d’affranchissement de la femme mariée.
1907 LE LIBRE SALAIRE DE LA FEMME |
Pauvre femme mariée ! Serve attachée à une glèbe, il est temps, qu’elle le demande ou non, de lui rendre son droit de libre individu. Toutes les fois qu’un contrat spécial n’intervient pas, elle est par le fait même de son mariage, mineure et incapable. Son mari est le "chef" de la communauté des biens, comme il est le chef de la famille. — puisque la femme a promis "obéissance".
Certes, la loi laisse à la femme le choix d’autres régimes : elle permet de réduire la communauté aux acquêts, elle permet la séparation... des biens, le régime dotal. Ces contrats, les époux peuvent les discuter. Mais ils doivent les faire par devant notaire, et payer.
Sinon, c’est la communauté légale et la royauté à peu près absolue du mari.
Pourquoi la loi resserre-t-elle encore les liens qui enlèvent à la femme l’initiative et la liberté ?
Les féministes allemands et suisses ont obtenu une amélioration notable. Les législations d’Allemagne et de Suisse laissent à la femme mariée la capacité : elle peut ester en justice, administrer ses biens, choisir un métier. Toutes les affaires qui lui sont personnelles sont réglées par elle, le mari peut seulement faire intervenir la justice.
On laisse à l'homme la direction des affaires communes, mais avec des restrictions qui sembleraient révolutionnaires à nos lois françaises : la femme n’est même pas obligée de suivre son mari au-delà de la frontière !
L’opinion de Bebel : donner la direction des affaires conjugales à celui qui apporte le plus dans la communauté ne fut pas admise à la Diète d'empire. Elle n’eût été qu’une solution imparfaite.
Ce que nous demandons ?
1907 PATRONS DE LA MODE ILLUSTREE |
Que le régime légal soit la séparation des biens. Que toute liberté soit laissée aux époux pour signer et transformer ces actes d’association que sont les contrats. Qu’ils soient bien, toujours, deux individus, deux personnalités ; que la loi ne les oblige jamais à plus de confiance qu’ils n’en veulent avoir l’un dans l’autre !
— "Et s’il y a désaccord ?"
C’est bien simple. Quand le désaccord se produit entre deux associés, ils prennent un arbitre. Que les époux fussent de même. S’il s’agit de l’administration de la fortune, un ami de la famille, voire le juge de paix, peuvent décider.
La question se pose-t-elle pour l’éducation des enfants ? pour le choix d'une école ? L’arbitre décidera entre les deux écoles proposées, si elles appartiennent toutes deux à l'enseignement privé ; si l’un des deux époux préfère l’enseignement public, l’enfant sera mis à l’école publique.
1907 LA MODE ILLUSTREE |
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