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mardi 5 juillet 2022

UN PROJET DE CANAL DES PYRÉNÉES DE BAYONNE À TOULOUSE EN 1840 (deuxième partie)

 

UN PROJET DE CANAL DES PYRÉNÉES DE BAYONNE À TOULOUSE EN 1840.


Dès 1832, un projet de canal existe entre Bayonne et Toulouse.



pays basque autrefois livre canal pyrénées
LIVRE CANAL DES PYRENEES
PAR LOUIS GALABERT


Voici ce que rapporta La Gazette du Languedoc, à ce sujet, le 6 janvier 1840 :



"Canal des Pyrénées.



... Nous avons montré que les critiques relatives au pas sage des bâtiments de mer, destinés à naviguer sur le Canal des Pyrénées, et sur celui de Languedoc, n’étaient pas fondées, puisque même, dans l'état le moins favorable, le plus désespéré de l’Adour, des bâtiments, calant sept pieds, pourront toujours franchir cette barre, et que nos vaisseaux de cabotage n’en calent ordinairement que cinq. Mais voici quelque chose qui, en apparence, parait bien plus sérieux ; il faut remarquer cependant que ce n’est, à vrai dire, qu’une dispute de mots. M. Colomez , ingénieur, dont nous ne contesterons pas le mérite réel, et qui a été employé par M. Galabert dans les études du Canal des Pyrénées, ayant conçu plus tard d'autres idées, s'est écrié : "Mais ce canal ne dessert point toute la longue ligne des monts qui nous séparent de l'Espagne. Par conséquent , il ne faut point le nommer le Canal des Pyrénées. Si vous voulez qu’il porte ce nom, faites-le circuler dans toutes les vallées, qu'il baigne tous les chefs-lieux, qu’il touche à toutes les villes importantes." D’abord, et M. Colomez l’a reconnu plus tard, 1e Canal des Pyrénées, qui prend les eaux qui doivent l’alimenter dans l’un des fleuves qui s’échappent de ces montagnes, qui se dessine dans les vallées de deux autres fleuves, sortis de la même chaîne, et qui coupe l'isthme Pyrénéen, ne saurait avoir de dénomination mieux choisie. — D’ailleurs le Canal des Pyrénées, en outre de ses avantages particuliers, a pour objet principal de prolonger le Canal de Languedoc jusqu'à l’Océan, de former une ligne navigable pour les bâtiments de mer, et de compléter la jonction de l’Océan à la Méditerranée, projetée par Riquet ; et M. Colomez a déclaré lui-même, à la chambre, dans la séance du 20 décembre 1831, que, "s'il ne s'agit que d’unir Toulouse à Bayonne par une navigation, on peut y parvenir en se bornant à établir une communication entre la Neste et l’Arros, comme le propose M. Galabert, et que ce projet, qui n'aurait qu'un point de partage, serait plus facile a établir que tout autre, dans ces localités." Après cet aveu solennel, comme il fallait cependant qu'il exposât son contre-projet, M. Colomez voulait, lui, faire passer le canal dans la vallée du Gave de Pau. Nous avons, autrefois, signalé les difficultés d'exécution de ce projet de canal, qui aurait plusieurs points de partage, qui traverserait plusieurs souterrains creusés dans le marbre, et qui ne serait pas assuré d’être alimenté par des eaux assez abondantes. Au reste, M. Colomez a avoué, en faveur de la création du Canal des Pyrénées, que la nature, elle-même, avait "aplani la difficulté que semblait former le contrefort qui sépare la Neste de l’Arros, en creusant un vallon secondaire, l’Avezaguet, qui semble n’être qu'une coupure profonde de ce contrefort, qui ne laisse à percer qu’un souterrain de peu d’étendue, dans un schiste favorable, en apparence, à ce genre de travail." Après avoir ainsi montré qu’il n’y a aucune difficulté physique qui empêche la formation de la ligne navigable de Toulouse à Bayonne, M. Colomez, dissimulant un peu quelques désavantages de son projet, a avoué, cependant, qu'un autre contrefort, placé entre l’Arros et l’Adour, lui présentait un obstacle sérieux que n’offrait point le projet de M. Galabert ; que la largeur de ce contrefort est considérable ; que les points correspondants des deux bassins ne sont pas au même niveau, et que, soit que l’on cherchât à réunir les deux branches de navigation au continent des deux bassins, près de Plaisance, soit que l’on voulût franchir le contrefort à ciel ouvert, en côtoyant les deux penchants opposés, soit enfin que l’on préférât percer un souterrain ; si ces difficultés n’étaient pas insurmontables, elles exigeraient du moins une dépense considérable. C’est pour cela qu'il demandait la création d'un chemin de fer de Toulouse à Bayonne, désirant cependant qu’une enquête fut faite relativement au Canal des Pyrénées. On sait comment le ministre des travaux publics et du commerce répondit à cette dernière demande. Ce fut, d’abord, en prouvant que le Canal des Pyrénées n’était pas dans le cas d’être soumis à cette formalité, car l’article 11 de l’ordonnance du 28 février 1831, qui prescrit des enquêtes pour ces sortes de travaux, porte textuellement : "Les formalités d'enquête ci-dessus déterminées ne seront pas applicables aux projets de canaux déjà remis à l’administration, et qui ont été ou sont en ce moment l'objet d’une instruction particulière." Or, voilà six ans, peut-être huit ans, que l’affaire du Canal des Pyrénées est en instruction, disait M. d’Argout, le 26 décembre 1831. Il est temps que la chambre statue, qu’elle l’adopte ou qu’elle le rejette." On sait que la chambre adopta. Aujourd’hui, par des calomnies, et aussi par des critiques du projet adopté, on voudrait remettre le tout en question. Légalement il n’est plus temps. Mais on désirerait, par-là, amener un ajournement, si le projet de loi est présenté, ajournement qui entraînerait les lenteurs inséparables de l’instruction de ccs sortes d'affaires ; on voudrait enfin briser par le découragement cette entreprise si grande, si noble et si utile. 


pays basque autrefois canal pyrénées
PROJET CANAL DES PYRENEES 1830
PAR LOUIS GALABERT

En attendant, comme on cherche à la présenter comme impossible, on s’attache à lui enlever ce qui est indispensable à l’existence d’un canal, l’eau qui doit l’alimenter. 



En jetant les yeux sur une carte de l’ancien Nébouzan, on voit sortir des bases du plateau de Pinas, une foule de cours d’eau qui rayonnent en quelque sorte d’un centre commun ; la Noue, la Louge, la Save, la Seguourde, la Gimone, le Gers, la Baïse, y prennent naissance, ou surgissent de ses contreforts. La Baise a été canalisée jusqu'à Condom, jusqu'à Nérac ; un ancien projet, conçu par M. d’Etigny, tendait à canaliser aussi le Gers. Mais ce célèbre intendant de la Guienne y renonça bientôt en considérant que pour amener les eaux de la Neste dans le Gers, il fallait se livrer à des dépenses énormes pour n'obtenir aucun résultat : car, quel serait le mouvement commercial à établir entre Auch et Lannemezan ou Pinas ? Le transport de quelques vins de l’Astarac, en échange de quelques planches, de quelques bois de construction ; mouvement qui existe d’ailleurs, et auquel on ne saurait donner une plus grande vélocité. Mais comme il fallait s’opposer à tout prix à l’exécution du Canal des Pyrénées, on veut presser la canalisation de la Baïse, et lui donner une partie des eaux de la Neste ; on reprend le projet, abandonné depuis plus de soixante-dix années, de canaliser le Gers. Enfin, par tous ces efforts, on espère qu’une enquête dira que la réalisation du projet de M. Galabert est impossible, car les exigences du département du Gers empêchent de lui donner les eaux nécessaires à l’alimentation de son canal.



pays basque autrefois canal pyrénées
PROJET CANAL DES PYRENEES 1830
PAR LOUIS GALABERT


 A ces moyens qui tendent hautement à la non exécution du Canal des Pyrénées on en a joint deux autres. On se rappelle avec quelle outrecuidance un journal annonça qu’il fallait renoncer à ce canal : qu'à ce prix, mais seulement à ce prix, on en aurait un autre qu'ou pourrait peut-être conduire jusqu’à Montréjeau. C’était, comme nous l’avons dit dans le temps, une prolongation du canal latéral, un moyen d’alimenter celui-ci, condamné, par le voisinage d’un fleuve navigable, à ne jouir d’aucune prospérité, à n’avoir aucun revenu, aucun moyen d’entretien tiré de ses propres ressources. On sait quelle fut l'indignation produite par cette annonce : rappeler un tel projet aujourd'hui, c'est renouveler cette indignation, si marquée, des populations menacées dans ce qu’elles considèrent, avec raison, comme le plus puissant élément de leur prospérité future.


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PROJET CANAL DES PYRENEES 1830
PAR LOUIS GALABERT

Un autre canal a été proposé : il devait être d’abord d'irrigation simplement ; mais on a voulu qu’il fût aussi de petite navigation ; et le projet de création de ce cours d'eau a eu des prôneurs chaleureux ; mais ce qui devait en empêcher l'exécution, c’était le défaut de fonds suffisants pour une telle entreprise, purement agricole. On oubliait d’ailleurs, ou plutôt l’on feignait d'ignorer, que le Canal des Pyrénées devait être aussi un canal d'irrigation : on avait l’air de ne plus savoir que dans tous les prospectus de cette grande opération d’art, on avait compté, au nombre de ses plus précieux avantages, celui de jeter des eaux dans notre vaste plaine, brûlée par les ardeurs de l'été, et qui, déjà riche et féconde, verrait doubler la masse de ses productions, à l'aide des eaux que le Canal des Pyrénées déverserait, de plus en plus sur les campagnes, à mesure qu’il s’approcherait de Toulouse et de sa jonction avec le Canal du Midi."



A suivre...




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