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dimanche 17 juillet 2022

LES CÔTES DE BISCAYE AU PAYS BASQUE EN 1863 (quatrième partie)

 


LES CÔTES DE BISCAYE EN 1863.


La province de Biscaye, en Hego Alde, a environ 150 kilomètres de côtes.



pais vasco antes vizcaya
ABRA DE BILBAO BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal les Annales Hydrographiques, le 1er avril 1863 :



"... Chapitre V (suite)



"Port de Bilbao



— L’animation est beaucoup plus grande quand on approche de la ville, le port est peuplé des deux côtés ; à l’E. il y a Bilbao neuf et à l’O. le vieux Bilbao. Les deux villes sont entourées de môles avec des promenades et réunies par trois ponts, dont l’un, celui du milieu, est tournant. Dans tout ce trajet le fond est si petit que le port est à sec dans quelques endroits, à l’exception des canaux par lesquels les eaux du Nervion coulent à la mer. Tout le commerce du cabotage se fait entre ces deux premiers ponts où se trouve véritablement le port de Bilbao. Pour laisser passer les bâtiments, on ouvre à toutes les pleines mers le premier pont, celui d’Isabelle II. Les bâtiments entrent et sortent pour leurs opérations commerciales.



pais vasco antes vizcaya nervion
NERVION INDUSTRIE DU FER BILBAO
BISCAYE D'ANTAN



Sur la côte du vieux Bilbao on voit des chantiers de construction, des magasins, des fabriques de différents produits. Les populations des deux villes réunies et des faubourgs s’élèvent à 17 649 habitants, et on y trouve toute espèce de ressources. Bilbao est la capitale de la Biscaye.



pais vasco antes vizcaya carta
CARTE BILBAO ET ENVIRONS BISCAYE 1874
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le Nervion

— Après le pont de San Antonio qui est le plus en amont, on entre dans le lit du Nerva ou du Nervion, nommé aussi Ibaizabal ; il est à sec dans l’été avec des petits canaux dans lesquels coulent le peu d’eau qu’il y a dans cette saison. Dans les hivers pluvieux il sort de son lit et inonde alors une partie de la ville ; les bâtiments sont obligés de doubler les amarres de terre sur lesquelles il faut compter seulement. Ordinairement à chaque crue les bancs sont modifiés et le brassiage change.



Observations.



Nous avons dit que la barre de Bilbao était mauvaise, mais que, néanmoins, on pouvait être forcé de la prendre au risque des plus graves accidents.



Il ne faut pas chercher à aller à Bilbao avec un bâtiment d'un tirant d'eau de plus de 3m 96. Cependant quelques bâtiments calant de 4m 24 à 4m 52 y sont entrés, mais on ne trouve pas toujours réunies des circonstances suffisamment favorables comme grande marée, mer belle et bon vent pour entrer sans accident. En outre, les pilotes de la barre ne se hasardent pas à entrer des bâtiments de plus de 4m 24 de tirant d'eau à cause des dangers auxquels ils sont exposés. Les bâtiments calant de 3m 96 a 4m 24 qui approchent de la barre le troisième ou le quatrième jour après la pleine mer des syzygies sont obligés de se tenir sous voile au large pour atteindre la pleine mer suivante, grande marée, et ils perdent en conséquence onze à douze jours à attendre le moment favorable pour entrer. Si le temps est beau, ils se tiennent près de l'Abra, mais si le mauvais temps survient, ils sont forcés de s’éloigner de la côte, et il peut arriver qu’ils perdent la nouvelle pleine mer favorable et qu'ils soient alors forcés de donner sur la barre à tout risque et dans des circonstances peu propices. 



Il faut qu'il y ait bien peu de mer pour qu’elle ne forme un brisant continu entre Santurce et la pointe Begoña même à mi-marée, et s'il y a un peu de levée la mer brise à mer haute. Les bâtiments ne doivent pas entrer néanmoins dans ces circonstances, à moins qu'ils n'aient le tirant d'eau voulu et le vent bon et bien établi.



pais vasco antes puerto vizcaya
ABRA PORT DE SANTURCE
BISCAYE D'ANTAN



Instructions.



— Le capitaine qui fait route pour la barre de Bilbao en venant de l'O. et un gros temps de cette partie doit atterrir sous Castro-Urdiales et attendre dans ses environs le moment favorable pour entrer dans l’Abra. Il faut calculer exactement l’heure de la pleine mer sur la barre pour la franchir en temps opportun, et ne pas oublier que si l’on se trompe dans son calcul il peut en résulter de graves accidents ; ainsi de grands bâtiments, qui se sont présentés quelquefois avec un mauvais temps pour entrer au moment de la basse mer, ont été obligés de rester à l’ancre pour attendre la pleine mer et se sont exposés ainsi à être jetés à la côte.



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PORT DE CASTRO URDIALES
CANTABRIE D'ANTAN



Lorsque le temps est beau, il n’y a aucun inconvénient à entrer à toutes les heures dans l’Abra et à mouiller en face de los Nogales, ou plus près de la barre par 13m 5 à 15m 26 d’eau, soit pour attendre le jour ou l’heure de la pleine mer.



Comme les coups de vent les plus dangereux sont ceux du N. au S. O. par l'O. il faut toujours, surtout en hiver, atterrir sous Santander ou Santoña, autant pour s’assurer l’un de ces ports en cas de mauvais temps et y attendre le moment favorable pour aller prendre la barre, que pour ne pas être souventé dans le cas où l’on serait forcé de rester à la cape. En outre, on rencontrera probablement près de l’un de ces ports quelque pilote de la barre, car il y en a presque toujours sur cette partie de la côte attendant les bâtiments qui se dirigent sur Bilbao.



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BAIE DE SANTOÑA 
CANTABRIE D'ANTAN



Il ne sera pas prudent d’entrer dans l’Abra avec un mauvais temps du large et un grand bâtiment sans avoir un pilote à bord pour conduire le navire. Mais si, ne connaissant pas les dangers de la barre ou parce qu’il n’a pas trouvé de pilote au large, un capitaine donnait dans l’Abra au moment des basses eaux et avec un vent traversier, il ne lui resterait d’autre ressource que d’entrer en forçant de voile ou de mouiller une ancre en filant beaucoup de chaîne et en mettant en bas le plus de bois possible afin de mieux étaler. Le mouillage de Nogales sera dans ce cas le plus sûr, autant pour la bonne tenue du fond que parce qu’il est assez loin de la barre pour que l’on puisse laisser tomber une seconde ancre dans le cas où l’on chasserait. On sera bien mouillé à 1/2 mille de la côte par 25 à 27 mètres de fond, sable, en relevant la pointe de la Galea par le cap Villano.



Si le bâtiment est d’un faible tirant d’eau, et s’il entre avec un coup de vent dans un moment favorable pour donner sur la barre, il veillera avec attention les signaux que l'on fera à terre. Il mettra dehors toute la voile possible, afin de ne pas être exposé à recevoir de coup de mer. Il tiendra hissés et bien bordés au milieu les focs pour compenser les embardées qui pourraient être provoquées par les coups de mer, et il prendra toutes les précautions d’usage lorsqu’on est exposé à recevoir la lame à bord et à perdre des hommes. Il devra enfin se disposer à recevoir deux ou trois coups de mer qui lui couvriront quelquefois tout le pont.



Pendant un fort coup de vent du large, la mer commence à briser dans la direction de la pointe de la Galea avec la cale de Ciervana, auquel cas le bâtiment entrant dans l’Abra commencera à recevoir les brisants longtemps avant d’être rendu à la barre ; cependant il arrivera sur cette dernière avec une mer plus amortie et l’entrée offrira moins de dangers. A cause des mauvaises conditions de la barre, un capitaine ne devra donc jamais s’aventurer dans l’Abra avec des mauvais temps du large, parce qu’une fois engolfé il ne pourrait plus sortir, vu l’impossibilité de gagner au vent avec une grosse mer et des bordées courtes.



Les bateaux d’un tirant d’eau de 2m 26 à 2m 83 ont un excellent port de relâche, lorsqu’il fait mauvais temps, dans la crique et dans le port de Castro-Urdiales, où ils peuvent attendre le moment favorable pour prendre la barre, et où ils trouvent aussi des pilotes. Ceux d’un tirant d’eau plus grand peuvent aller à Santoña, d’où l’on vient vent arrière à l’Abra et où l’on peut aussi prendre un pilote. Le port de Santander est encore plus sûr pour les grands bâtiments. Il sera prudent d’y relâcher si on le peut lorsqu’avec un coup de vent de N. O. on viendra de l’O. pour aller à Bilbao.



On passe la barre avec tous les vents, excepté ceux du S. E. au S. S. O. qui viennent de la terre. Les vents de S. soufflent surtout en octobre et en novembre, et ils sont très forts dans l’embouchure de l’Abra ; ils donnent lieu à des rafales violentes qui tombent des collines de la côte Ouest et qui empêchent de porter de la toile.



Si l'on voulait louvoyer avec ces vents pour approcher de la barre, il faudrait laisser courir sur la côte Est et virer de bord de manière à atteindre le milieu de l’Abra, pour éviter les tourbillons de vent. Entre la pointe de la Galea et l'îlot Villano, le vent de S. est plus maniable.



Les marées de 2 à 5 heures du soir seront bonnes pour un bâtiment d’un grand tirant d’eau, et on devra passer la barre une demi-heure ou une heure avant la pleine mer. Il n’y aura pas d’inconvénient à donner dessus, s’il y avait encore une heure de jusant, pourvu que l’on ait un vent assez frais pour dominer le courant.



On devra sortir du port avant le fin du flot, et il faudra appareiller avec les pleines mers de cinq à sept heures du matin, pour utiliser les vents de terre qui ne manquent presque jamais, à moins qu’il ne souffle un coup de vent du large. Il ne faudra jamais tenter de sortir avec le flot ou avec de la mer sur la barre.



Pilotes



— Il y a 40 pilotes brevetés, répartis entre Portugalete, Santurce et Algorta. Ils n’ont pas de tour ; le premier venu pilote le navire ; quand ceux de Portugalete ne peuvent pas sortir à cause du mauvais état de la barre, ceux de Santurce sortent, et si ces derniers ne peuvent pas aller, ce sont ceux d’Algorta qui font le service.



Si le temps est tellement mauvais que les pilotes ne puissent sortir d’aucun endroit, et s’ils ont aperçu un grand bâtiment en dehors de l’Abra, ils vont par terre à Castro-Urdiales et avec un des meilleurs bateaux de ce pays ils viennent à la rencontre du bâtiment.



Lorsque le temps est beau, les pilotes vont en mer attendre les navires ; ils se tiennent sous Castro-Urdiales ou Sonavia et aussi sous le cap Quejo. Il conviendra donc que tout grand bâtiment qui viendra de l’O. pour aller à Bilbao manoeuvre de manière à s’approcher de l’un de ces points, afin de se procurer un pilote ; il ne devra jamais se présenter devant l’Abra, surtout en hiver, sans avoir un de ces derniers à bord, autant pour qu'il entre le navire dans le moment favorable que pour qu'il puisse le conduire dans un des ports qui sont sous le vent, dans le cas où il ne pourrait pas passer sur la barre.



Il est très rare que les pilotes aillent attendre les bâtiments sous la côte Est de Bilbao, parce qu’aucun capitaine, alors même qu’il viendrait du N. E., n’atterrit sur le cap Machicaco, à moins qu’il ne vente du N. E. avec un très beau temps ; tous en général viennent atterrir dans l’O. de la pointe de Lucero, pour être toujours au vent de l’Abra avec les vents et les courants de N. O.



Signaux



— Il y a un pilote major dont l’emploi est uniquement de diriger l'entrée des bâtiments ; il habite Santurce, afin de pouvoir sortir à toutes les heures. Il se place dans son bateau et avec un pavillon rouge en dehors du canal de la barre. Si l’état de la mer ne lui permet pas de sortir, il monte sur la petite tour qui est à la pointe Nord du môle, d'où il fait des signaux au navire qui entre avec le pavillon rouge. Il y a toujours sur cette tour un atalayero, lorsque le pilote major est en dehors de la barre, pour répéter les signaux que l’on fait, afin qu’on puisse les voir mieux a bord du bâtiment qui entre.



On répète également les mêmes signaux avec un pavillon blanc sur les ruines du premier château, dont la position a été donnée."




A suivre... 












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