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samedi 9 juillet 2022

LES FORTIFICATIONS EN PAYS BASQUE SUD EN 1886

LES FORTIFICATIONS EN PAYS BASQUE SUD EN 1886.


A la fin des années 1900, non loin de la frontière franco-espagnole, il existe de nombreuses fortifications en Guipuscoa et en Navarre.




pais vasco antes guipuzcoa castillo armada
BATTERIE DES DAMES SAINT-SEBASTIEN
GUIPUSCOA D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Temps, le 20 août 1886 :



"Lettres d'Espagne.

(de notre correspondant particulier).

Irun, frontière espagnole, 16 août.


Singularités de la frontière - Le jeu dans le pays basque - Les fortifications espagnoles en Guipuzcoa, Navarre, Aragon - L'armée dans le nord de l'Espagne ; impressions militaires.



Cette frontière est intéressante à étudier à plus d'un point de vue. La nature elle-même offre un contraste frappant sur les deux rives de la Bidassoa. La rive française est plus riante avec ses maisons blanches, ses champs bien cultivés, ses villas coquettes, ses collines peu élevées et son village d'Hendaye, où tout respire l'aisance. En face la rive espagnole offre un véritable amphithéâtre de sierras sauvages qui se dressent sombres et nues derrière un premier plan de collines boisées au pied desquelles on aperçoit Irun avec sa vieille église, ses fabriques, ses vastes dépôts internationaux, puis à droite, au pied de l'ermitage de Nuestra-Señora de Guadalupe, la vieille forteresse de Fontarabie, avec ses admirables ruines couvertes de lierre qui grimpe sur les brèches faites par le canon des Condé et des Villeroi au siècle du grand roi.



pais vasco antes guipuzcoa castillo
RUINES FORT FONTARRABIE
GUIPUSCOA D'ANTAN



C'est dommage que tout auprès de ce site pittoresque on ait adossé aux remparts de Fontarabie une maison de jeu où la roulette et le trente-et-quarante sont tolérés par les autorités espagnoles. On joue d'ailleurs un peu partout dans le nord de l'Espagne, car les gens qui reviennent de la course de taureaux de Saint-Sébastien maudissent moins les prix exorbitants qu'on leur inflige dans la capitale du Guipuzcoa que les casinos où ils ont laissé sur le tapis vert le contenu de leur bourse. Le préfet de Saint-Sébastien est moins sévère pour les jeux de hasard prohibés par la loi que ne l'était ce pauvre comte de Xiquena, ancien gouverneur de Madrid, aujourd'hui rétabli de sa grave blessure et en villégiature à Biarritz.



Deux guerres civiles avaient appris aux gouvernements de Madrid ce qu'il en coûte de ne pas garder suffisamment sa frontière dans la région pyrénéenne, où les mille sentiers de la montagne permettent aux contrebandiers de défier, même en temps de paix, la vigilance des douaniers des deux pays. C'est ce qui avait fait mettre sur le tapis, après la dernière lutte, tant de projets de routes militaires pour faciliter la surveillance dans l'ancien territoire carliste. On eût facilement réalisé ces projets avec une partie des sommes considérables que le génie a dépensé à fortifier Pampelune, Saint-Sébastien et d'autres points qui commandent les principales voies menant des Pyrénées vers l'intérieur de l'Espagne.



San Marcos, dans une position presque inexpugnable, est un fort construit depuis la guerre carliste pour battre tous les alentours de Saint-Sébastien. Ce fort commande toutes les routes des vallées autour d'Irun, Renteria, Oyarzun, la vallée de l'Urumea et la Bidassoa. On parle de construire sur les croupes du mont Jaizquibel, près du cap Figuier, un autre fort dont les feux prendraient en enfilade toute la vallée de la Bidassoa jusqu'à Béhobie et Biriatou. On vient d'achever, ou à peu près, un petit chemin de fer minier qui part d'Irun, longe la Bidassoa jusqu'à Endarlaza, au pied des mines, dans une vallée ravissante, entre des sierras boisées. Cette ligne sera prolongée, dit-on, jusqu'à Vera, ancien quartier général des carlistes, et de là à Pampelune, par le val de Bastan. Cette ligne, appelée minière, pourrait être fort utile à un moment donné pour aider à la surveillance des frontières, et pour refouler et localiser tout soulèvement carliste, si toutefois elle était elle-même surveillée par des colonnes volantes, car rien n'est plus facile que de détruire une voie ferrée dans ces gorges sauvages.


pais vasco antes navarra puente frontera
PONT D'ENDARLAZA VERA DE BIDASOA
NAVARRE D'ANTAN



Le génie militaire a conservé les anciennes fortifications militaires de Pampelune et a bâti un fort détaché à San Cristobal, qui couvrira les approches de la capitale de la Navarre comme San Marcos celles de Saint-Sébastien. D'autres hauteurs autour de Pampelune vont aussi être fortifiées. Plus loin, dans les passages de la frontière en , vers Valcarlos, et en Aragon sur plusieurs points, on a commencé des travaux importants de fortification. Tout ce qu'on a fait semble se rattacher pourtant au système général de défenses de la frontière plutôt qu'au dessein de servir de base à une armée appelée à réprimer une insurrection carliste au nord de l'Ebre. Dans l'intérieur des provinces basques et de la Navarre on n'a pas fait de fortifications, et on a concentré dans les grandes villes les troupes que le maréchal Quesada garda si longtemps dans les villages et les positions stratégiques. C'est à Bilbao, à Saint-Sébastien, à Irun, à Pampelune, à Vitoria, qu'on conserve des forces assez considérables plus au midi, il y a des garnisons nombreuses à Logroño, à Burgos et à Saragosse. Le nord de l'Espagne ne constitue plus une armée et un commandement indépendants ; les garnisons relèvent des capitaines généraux de leurs districts respectifs. Le capitaine général des provinces basques, Biscaye, Alava, Guipuzcoa, est un Basque lui-même, vétéran de la dernière guerre, le général Loma, en résidence à Vitoria. Récemment il a déclaré au gouvernement que rarement les provinces avaient été plus calmes, la récolte meilleure, les populations plus absorbées par leurs intérêts matériels.



Les régiments, dans le nord de l'Espagne, mènent une vie active ; souvent on leur fait faire des marches, des manœuvres de brigade. Il y a à Vitoria, à Burgos, à Logroño, des cours pour les officiers, et des professeurs puisés dans le corps d'état-major dirigent ces cours, établis par le maréchal Quesada, qui fit si longtemps, même après la guerre, de l'armée du Nord une véritable école d'instruction, dont sont sortis les officiers les plus distingués de l'armée espagnole. Parmi les régiments dans le nord de l'Espagne, on observe que les effectifs sont, comme à Madrid, assez faibles, 80 à 100 hommes par compagnie, quatre compagnies par bataillon ; 80 à 95 cavaliers dans chacun des quatre escadrons des régiments de cavalerie. La vie des officiers en province est, comme en d'autres pays, très paisible ; ils se réunissent au café et dans les casinos toujours hospitaliers des grandes et petites villes. Autour du "domino"et du "tresillo", on peut facilement se convaincre que les officiers de tout grade suivent avec un vif intérêt les questions de réorganisation militaire et les projets des ministres de la guerre. Là on a pu constater que le fameux projet de transfert au Trésor, pour les besoins du budget, du capital et des excédents de revenu des caisses de l'armée, a été fort mal vu des militaires. Ils craignent que le Trésor n'agisse vis-à-vis des caisses à peu près comme il le fit avec les caisses civiles et les "Monte Pio" civils et religieux qu'il s'appropria, trouvant plus tard mille prétextes pour ne pas exécuter les obligations contractées. 



Il est à observer que les militaires expriment en province, plus ouvertement qu'à Madrid, leurs sympathies pour les généraux Salamanca et Lopez Dominguez. Il est à remarquer aussi qu'ils envisagent avec moins de pessimisme que les ministres et les autorités à Madrid les agissements révolutionnaires. Ils semblent croire que si le gouvernement donnait à l'armée pour ministre de la guerre un homme qui fût vraiment libéral, qui exécutât des réformes sérieuses comme celles que préconisent les généraux Bermudez Reina et Lopez Dominguez, on n'aurait pas grand'chose à redouter des efforts faits par les partis avancés pour séduire des officiers en demi-solde, des officiers de la réserve ou les sergents un peu exaltés.



Dans l'armée, on croit que M. Sagasta devrait s'efforcer d'empêcher la révolution de gagner petit à petit un état-major politique, et surtout militaire, qui lui fait tout à fait défaut pour le moment. La régence peut encore compter sur le concours de tous les généraux qui ont quelque prestige dans l'armée ; or, sans ces généraux, aucun mouvement ne saurait être sérieux et ne dépasserait les limites d'une échauffourée de sergents et de bas officiers."





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