LES FORTIFICATIONS EN PAYS BASQUE SUD EN 1886.
A la fin des années 1900, non loin de la frontière franco-espagnole, il existe de nombreuses fortifications en Guipuscoa et en Navarre.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Temps, le 20 août 1886 :
"Lettres d'Espagne.
(de notre correspondant particulier).
Irun, frontière espagnole, 16 août.
Singularités de la frontière - Le jeu dans le pays basque - Les fortifications espagnoles en Guipuzcoa, Navarre, Aragon - L'armée dans le nord de l'Espagne ; impressions militaires.
Cette frontière est intéressante à étudier à plus d'un point de vue. La nature elle-même offre un contraste frappant sur les deux rives de la Bidassoa. La rive française est plus riante avec ses maisons blanches, ses champs bien cultivés, ses villas coquettes, ses collines peu élevées et son village d'Hendaye, où tout respire l'aisance. En face la rive espagnole offre un véritable amphithéâtre de sierras sauvages qui se dressent sombres et nues derrière un premier plan de collines boisées au pied desquelles on aperçoit Irun avec sa vieille église, ses fabriques, ses vastes dépôts internationaux, puis à droite, au pied de l'ermitage de Nuestra-Señora de Guadalupe, la vieille forteresse de Fontarabie, avec ses admirables ruines couvertes de lierre qui grimpe sur les brèches faites par le canon des Condé et des Villeroi au siècle du grand roi.
RUINES FORT FONTARRABIE GUIPUSCOA D'ANTAN |
C'est dommage que tout auprès de ce site pittoresque on ait adossé aux remparts de Fontarabie une maison de jeu où la roulette et le trente-et-quarante sont tolérés par les autorités espagnoles. On joue d'ailleurs un peu partout dans le nord de l'Espagne, car les gens qui reviennent de la course de taureaux de Saint-Sébastien maudissent moins les prix exorbitants qu'on leur inflige dans la capitale du Guipuzcoa que les casinos où ils ont laissé sur le tapis vert le contenu de leur bourse. Le préfet de Saint-Sébastien est moins sévère pour les jeux de hasard prohibés par la loi que ne l'était ce pauvre comte de Xiquena, ancien gouverneur de Madrid, aujourd'hui rétabli de sa grave blessure et en villégiature à Biarritz.
Deux guerres civiles avaient appris aux gouvernements de Madrid ce qu'il en coûte de ne pas garder suffisamment sa frontière dans la région pyrénéenne, où les mille sentiers de la montagne permettent aux contrebandiers de défier, même en temps de paix, la vigilance des douaniers des deux pays. C'est ce qui avait fait mettre sur le tapis, après la dernière lutte, tant de projets de routes militaires pour faciliter la surveillance dans l'ancien territoire carliste. On eût facilement réalisé ces projets avec une partie des sommes considérables que le génie a dépensé à fortifier Pampelune, Saint-Sébastien et d'autres points qui commandent les principales voies menant des Pyrénées vers l'intérieur de l'Espagne.
San Marcos, dans une position presque inexpugnable, est un fort construit depuis la guerre carliste pour battre tous les alentours de Saint-Sébastien. Ce fort commande toutes les routes des vallées autour d'Irun, Renteria, Oyarzun, la vallée de l'Urumea et la Bidassoa. On parle de construire sur les croupes du mont Jaizquibel, près du cap Figuier, un autre fort dont les feux prendraient en enfilade toute la vallée de la Bidassoa jusqu'à Béhobie et Biriatou. On vient d'achever, ou à peu près, un petit chemin de fer minier qui part d'Irun, longe la Bidassoa jusqu'à Endarlaza, au pied des mines, dans une vallée ravissante, entre des sierras boisées. Cette ligne sera prolongée, dit-on, jusqu'à Vera, ancien quartier général des carlistes, et de là à Pampelune, par le val de Bastan. Cette ligne, appelée minière, pourrait être fort utile à un moment donné pour aider à la surveillance des frontières, et pour refouler et localiser tout soulèvement carliste, si toutefois elle était elle-même surveillée par des colonnes volantes, car rien n'est plus facile que de détruire une voie ferrée dans ces gorges sauvages.
PONT D'ENDARLAZA VERA DE BIDASOA NAVARRE D'ANTAN |
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