UN GUIDE DE VOYAGE EN 1877.
Vers la fin du 19ème siècle, apparaissent des guides de voyage pour les voyageurs désirant se rendre en Hego-Alde, dans les provinces Basques du Sud.
VUE GENERALE D'AZPEITIA GUIPUSCOA D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet, M. L. Capistou, en 1877 :
"Province du Guipuzcoa.
... Itinéraire.
Lasarte. — Usurbil. — Orio. — Zaraus. — Aya. — Guetaria.— Cestona. — Azpeitia. — Zumaya. — Deva. — Motrico.
"Azpeitia.
Cette importante localité est située au pied du mont Itzarraiz, à la jonction de l'Urrestilla et de l'Urola. Elle est le chef-lieu d'un partido judiciaire et le centre d'un grand commerce. Sa population actuelle est d'environ 6 400 habitants.
FLEUVE URUMEA LOYOLA GUIPUSCOA D'ANTAN |
La fondation de cette ville fut ordonnée par le roi Ferdinand IV, suivant un document daté à Séville le 20 février 1310.
Jusqu'au XVe siècle elle ne fut désignée que sous le nom de Salvatierra de Iraurgui. Les quartiers de Aratcerreca, Elociaga, Nuarbe, Urrestiila, Loyola et Odria lui ayant été adjoints, elle prit le nom de Azpeitia.
Entre les monuments les plus remarquables de cette ville, ceux qui méritent une mention spéciale sont l'église paroissiale, placée sous le vocable de saint Sébastien, la chapelle de la Soledad, qui lui est attenante, la maison de ville et la Casa Misericordia.
Il existe aussi de vieux édifices, dignes de l'attention des visiteurs, dans le voisinage de l'église paroissiale.
Cette église, dont l'architecture ne saurait être exactement définie, tient du gothique et du roman à la fois. La tradition prétend qu'elle fut construite par les Templiers et qu'elle devint propriété de la couronne de Castille par concession papale, après l'extinction de l'ordre.
EGLISE PAROISSIALE AZPEITIA GUIPUSCOA D'ANTAN |
Plus tard, elle fut échangée par la maison de Guevarra contre un domaine en Alava, et passa ainsi comme héritage aux mains des seigneurs de Loyola. La ville d'Azpeitia la revendiqua en 1568, et, après un long procès rempli d'incidents, obtint, en 1579, un arrêt royal qui lui donna, sinon la propriété immobilière, du moins l'usufruit du temple.
Le portail de l'église d'Azpeitia, tout entier en jaspe et granit, fut construit d'après les dessins de l'architecte Ventura Rodriguez.
Dans l'intérieur de l'édifice on remarque diverses chapelles privées, richement ornementées ; dans l'une d'elles est le sépulcre de D. Martin Zurbano, évêque de Tuy. Le maître-autel est surchargé de sculptures d'un goût douteux. On montre aux visiteurs les fonts baptismaux où Ignace de Loyola reçut le baptême.
ORATOIRE FAMILLE ST IGNACE DE LOYOLA AZPEITIA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Dans la chapelle de la Soledad on voit une image en argent représentant saint Ignace et aussi un magnifique mausolée en marbre, dans lequel repose Don Nicolas Saenz de Elola, fondateur de la chapelle.
A demi-heure d'Azpeitia, sur la route qui conduit à Azcoitia, au centre d'un immense cirque naturel dont les gradins monstrueux sont couverts d'arbres séculaires, se dresse un monument unique, une masse de granit, que couronne un dôme gigantesque : c'est le monastère de Loyola.
MAISON SAINTE DE LOYOLA GUIPUSCOA D'ANTAN |
Quoique inachevé et écrasé par le voisinage des montagnes, cet édifice, vu à distance, est d'un aspect grandiose. Sa construction, ou pour mieux dire le commencement de son édification, date de 1682. C'est, dit la chronique, sur les instances du R. P. Nithard, que la mère de Charles II, Anne d'Autriche, fit élever à l'endroit même où naquit Ignacio de Loyola, le monastère et le collège que l'on ne put achever à cause d'un interdit royal signé par Charles III.
Dans l'enceinte est enclavée la casa solar de Loyola. Cette demeure fut transmise par héritage à la famille des marquis d'Alcanices y Oropesa, de qui Anne d'Autriche l'acheta en 1681, sous les conditions suivantes :
1° Dans la façade de l'édifice projeté, au-dessous des armes royales, une inscription indiquerait que la cession de la casa solar et de l'immeuble était un acte volontaire ;
2° Sur les parois du monument il serait placé des inscriptions semblables ;
3° Pour maintenir intégrale la maison de Loyola, aucune œuvre ne serait faite qui pût détruire ou modifier sa structure ;
4° Dans cette maison il serait réservé une habitation décente pour les marquis, dont ils pourraient jouir à leur convenance ;
5° Dans l'église il serait édifié, pour eux et leurs descendants, la meilleure chapelle, avec leurs armes, où ils auraient droit d'être ensevelis ;
6° Tous les terrains dépendants de Loyola seraient évalués et remplacés par d'autres au profit du majorat ;
7° Toutes ces conditions expresses seraient garanties par un acte signé de la main du roi.
CASA SOLAR DE LOYOLA GUIPUSCOA D'ANTAN |
Les travaux furent commencés dès 1684, sous la direction de Carlos Fontana, élève de Herrera, et continués avec lenteur par ses successeurs, jusqu'en 1766, avec les deniers de la Compagnie de Jésus, ou à l'aide de dons volontaires, qui venaient de tous les points du globe.
A vol d'oiseau, le monastère représente un aigle aux ailes déployées. La chapelle et le péristyle figurent la tête de l'oiseau impérial ; les deux ailes s'étendent dans les bâtiments du couvent et du séminaire ; celle de gauche n'est pas achevée : les ronces et la mousse ont envahi ses murailles, le corps est simulé par les cloîtres et d'autres bâtiments, la queue s'étale dans les jardins.
C'était une singulière manie que celle de construire d'après une donnée symbolique plus ou moins puérile, et de suivre un canevas tracé par la fantaisie, bien plus que par l'art ou les besoins. C'est Philippe Il qui mit de mode une telle excentricité, lorsqu'il exigea de Juan Bautista l'édification de l'Escurial sur la forme d'un gril immense, en exécution du vœu qu'il fit à saint Laurent, le jour de la bataille de Saint-Quentin, comme réparation d'une insulte faite à ce saint en canonnant une église placée sous sa protection dans laquelle les Français s'étaient fortifiés.
De loin, je le répète, le monastère de Loyola produit un effet grandiose ; de près, l'on constate que l'œil a été victime d'une certaine illusion.
La chapelle, entièrement construite en marbre, depuis, les assises jusqu'au sommet de la coupole, qui atteint la hauteur de 57 mètres, est de forme ronde, comme le Panthéon.
Son péristyle, d'une richesse sculpturale indéfinissable et auquel conduit un escalier magistral, en marbre de couleur, dont les rampes sont gardées par les lions héraldiques de l'Espagne, est orné de colonnes corinthiennes, qui soutiennent un fronton demi-circulaire, amas de moulures, d'enlacements, fouillés, ciselés, mis en relief par les burins des plus grands artistes du XVIIIe siècle. Au centre, dominant l'entrée principale, le blason royal de Castille et Leon s'appuie sur les colonnes d'Hercule, enlacées dans la bande du plus ultra des rois catholiques. Les entre-deux sont ornés des statues de saint Ignace, saint François-Xavier, saint François de Borja, saint Stanislas de Koska et saint Louis de Gonzague, tous de la Compagnie de Jésus.
L'intérieur du temple est splendide, mais de mauvais goût. Le maître-autel, tout en marbre jaune et rose, incrusté de bronze et de malachite, représente une valeur artistique considérable ; mais il est trop chargé, trop surmené, trop boursouflé par la main du sculpteur. Les retables des autels secondaires sont d'un style plus sévère et plus modéré ; la voûte est décorée de fresques aussi riches que ridicules ; les jubés qui flanquent les piliers, en avant du maître-autel et près de l'entrée, sont dignes de figurer dans une pagode : ils sont en fer ouvré, couverts d'une couche de peinture verte et ornés d'enjolivures en métal doré.
Les mosaïques du parvis sont fort belles. Les statues distribuées autour du temple et placées dans des niches, de chaque côté des autels, ont une expression singulière, pour ainsi dire vivante. Les sculpteurs espagnols ont, d'ailleurs, poussé jusqu'aux dernières limites le réalisme et la couleur dans leurs travaux d'église.
L'art froid et concis des sculpteurs français ne pouvait convenir dans les sanctuaires de l'Inquisition ; il fallait, pour frapper les esprits, des statues coloriées, revêtues d'habits véritables, ayant toutes les apparences de la vie.
On sort meurtri du sanctuaire de Loyola ; le cerveau est comme enserré dans cette masse de marbre, polie et froide comme un glacier, qui vous écrase de tout son poids.
La maison où naquit Ignace de Loyola a sa façade dans une petite cour garnie d'arceaux, qui sépare la chapelle du collège. C'est une construction en briques rouges et pierre, ornée de pignons latéraux, élevée seulement d'un étage au-dessus du sol.
MAISON DE ST IGNACE DE LOYOLA GUIPUSCOA D'ANTAN |
Pour les besoins de l'ordre et pour accomplir les conditions du contrat qui les liait, les fondateurs aménagèrent l'intérieur de l'immeuble et y ajustèrent les deux étages actuels, qui sont bas de cerveau et disproportionnés à leur surface.
Au-dessus de la porte d'entrée on peut lire la suivante inscription, gravée en lettres d'or sur marbre noir : Casa solar de Loyola. Aqui nacio S. Ignacio en 1491. Aqui visitado por S. Pedro y la S. S. Virgen, se entrego à Dios en 1521.
Les armes de la famille Loyola sont sculptées sur un carré de pierre, au-dessus de cette inscription. Elles représentent deux chiens ou deux loups se disputant le contenu d'un vase suspendu à une chaîne. Un bel escalier en chêne ciré conduit au premier étage de la maison, entièrement garni de confessionnaux et de petites chapelles. Les murs sont ornés de vieilles peintures de certain mérite ; les plafonds sont formés de caissons et de moulures d'une grande richesse. Au second étage existe une spacieuse chapelle avec trois autels incrustés d'argent par le célèbre ciseleur Daniel Gutierez, à l'endroit même où, dit-on, saint Pierre et la Vierge apparurent au chevalier Ignacio de Loyola, convalescent des blessures qu'il avait reçues au siège de Pampelune. Les meubles et les objets contenus dans cet étage ont une grande valeur artistique et historique.
BLASON FAMILLE LOYOLA |
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