Libellés

dimanche 24 juillet 2022

LA PROPRIÉTÉ DU HELDER À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1902 (première partie)

LE HELDER À BIARRITZ EN 1902.


La propriété du Helder à Biarritz est mis en vente en 1902, et la ville de Biarritz souhaite l'acquérir.




HÔTEL DU PARC ET DU HELDER BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 24 

janvier 1902 :



"Toujours le Helder.



Nous croyions cette question enterrée, après la volte-face de Mme Catelain, qui après avoir formellement promis à la Ville la vente de sa propriété, avait, en cours de négociations, rompu avec une audacieuse désinvolture, montrant combien les propriétaires de l’ancien Casino et du parc Bourguignon se moquaient de la Ville à laquelle ils sont redevables des fortunes gagnées.



Mais certains confrères, notamment le Courrier de Biarritz, continuent à épiloguer sur cette affaire, à vouloir y chercher des responsabilités, à réclamer la reprise à tout prix des négociations.



Nous sommes absolument d’accord avec le Courrier pour trouver que le ridicule prétexte invoqué par Mme Catelain pour rompre "à cause de certains articles de journaux" est un trompe l’œil inacceptable. Mais nous ne croyons pas que personne aujourd’hui ait le droit de soupçonner des dessous déloyaux du côté de la municipalité et de demander "si c’est la proposition ou l’acceptation qui a été sérieuse ou si ce n’est ni l’une ni l’autre." 



Dans l’affaire du Helder, en effet, la municipalité — que nous savons parfaitement blâmer quand elle a tort, quand, par exemple, elle se met à la remorque des congrégations et autres Dominicains — s’est mise par sa franchise au dessus de tout soupçon, si bien que le Maire, dédaigneux de toute autre défense, a pu se contenter de livrer au public intégralement la correspondance échangée entre lui et Mme Catelain ou son avoué. 



Tout autre commentaire est inutile. 



Il est de toute évidence, à la lecture de cette correspondance, que la proposition de Mme Catelain a été accueillie avec enthousiasme, suivie avec intérêt et persévérance et que même la tardive énonciation des servitudes imposées n’a pu empêcher le Maire et les conseillers de descendre de concessions en complaisances pour arriver à une bonne conclusion. 



Il est de toute évidence que Mme Boulant s’est engagée formellement à vendre et que le Maire et le Conseil se sont nettement prononcés pour l’achat comme il résulte des deux lettres suivantes et du télégramme suivant : 


"A Monsieur Moureu, maire de Biarritz

Bellecour, 25 août 1901. 


Monsieur le Maire, 

Je m’engage à vendre à la ville de Biarritz la propriété du Helder au prix principal de trois cent soixante mille francs, plus les frais et loyaux coûts de l’adjudication prononcée à mon profit en l’audience des criées du Tribunal de la Seine, le 20 juillet dernier. 

Pour la bonne règle, je prie la Ville de me faire savoir si nous sommes d’accord sur ces diverses conditions.

Voila déjà un moment (le texte de la copie porte moment, mais c’est probablement mois qu’il faut lire) que je dois vous écrire, mais je me suis trouvée un peu souffrante, ce qui explique mon retard. 

Veuillez, agréer, Monsieur le Maire, l’expression de toute ma considération et de mes sentiments bien distingués.  

Signé : L. Catelain."

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

CAFE RESTAURANT DU HELDER BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


"A Madame Catelain, Bellecour. 

Biarritz, le 3 septembre 1901. 


Madame, 

J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre en date du 25 août dernier, par laquelle vous prenez l'engagement de  vendre à la ville de Biarritz la propriété connue sous le nom du Helder, moyennant le prix de trois cent soixante mille francs, plus les frais. 

Je vous remercie d’avoir bien voulu mettre à la disposition de la Ville cette propriété qui constitue pour notre cher Biarritz une grande amélioration. 

Je suis convaincu que le Conseil municipal en entier partagera la manière de voir de l’administration, qui désire fermement acquérir ce beau parc et ses immeubles. 

Néanmoins, ma lettre ne saurait constituer un engagement ferme jusqu’au moment où le Conseil municipal, appelé à se prononcer officiellement en séance publique, aura délibéré et émis un vote de principe sur cette acquisition.  

Il y aura lieu, je crois, à ce moment-là, de vous demander une promesse de vente sur papier timbré et pour une durée que nous déterminerons afin de nous permettre de remplir les formalités d’emprunt. 

Soyez assurée. Madame, que je mettrai toutes diligences à mener à bonne fin la solution de cette affaire que je serais heureux de traiter. 

Prochainement, je réunirai le Conseil municipal et vous ferai part immédiatement de la décision qu’il aura prise. 

Veuillez agréer, Madame, l’expression de mes sentiments les plus distingués. 

Le Maire, signé : F. Moureu."

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Télégramme recommandé

"Biarritz, 23 octobre 1901. 

Madame Catelain, château de Bellecour, par Nogent-sur-Vernisson (Loiret). 

Madame, j’ai hâte de vous annoncer que le Conseil municipal a voté hier l’acquisition du Helder aux conditions stipulées dans votre lettre du 25 août 1901. Lettre suit.

Moureu, maire."


---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



Remarquons que Mme Catelain, pas plus dans cette lettre d’engagement que dans toutes les communications qui ont précédé, ne parle des servitudes ni du cahier des charges qui interviendront plus tard. Or ce n’est pas que les vendeurs n’aient eu l’idée de spécifier les conditions de la vente puis qu'ils font intervenir dans le texte de leur lettre "les frais et loyaux coûts d'adjudication" ; ils auraient pu tout aussi bien spécifier "aux conditions de tel cahier des charges". 



La maison — qui n’est pas au coin du quai — mais au coin de la place Beilevue avait sans doute ses raisons. 



Il fallait amadouer la Ville et la mairie, par des offres alléchantes afin de se concilier quelques bonnes grâces pour l’exploitation de la saison d’été et l’on espérait bien qu’au déballage des servitudes, le Conseil municipal se hâterait de rompre et de laisser MM. Boulant et consorts battre monnaie avec leur Helder. 



Mais — ô surprise imprévue ! — même en présence de l’énormité des servitudes imposées, le Maire tient bon et manifeste l’intention d’acquérir quand même le Helder, en se contentant de solliciter de légers adoucissements à certaines restrictions excessives, comme en témoigne cette lettre du 5 décembre : 


"A Monsieur Demoreuil, avoué, 24, rue de la Grande-Batelière, Paris. 

Monsieur, 


J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 25 novembre qui m’a été remise le 1er de ce mois par M. Boulant. J’en ai aussitôt donné communication à la commission des finances qui a pris acte du tempérament que Madame Catelain est disposée à opposer aux clauses des servitudes qui avaient fait l’objet de ma lettre du 19 novembre.  


La Commission estime qu’il y a lieu de demander au Conseil municipal d’approuver le projet d’acquisition de la propriété du Helder, l’acte de vente étant modifié dans le sens indiqué dans votre dernière lettre. Mais pour cela, et afin que l’assemblée communale puisse valablement délibérer, il convient de modifier le texte de la promesse de vente qui était jointe à votre lettre du 12 novembre dernier. Après avoir pris l’avis de M. le Préfet, j’ai, en effet, acquis la certitude que la pièce, telle que vous l’aviez établie, n’était pas susceptible de l’approbation administrative. Elle comporte deux opérations distinctes : 1°, l’engagement par Mme Catelain de céder à la Ville la propriété du Helder à certaines conditions ; 2°, l'autorisation pour la Ville d’entrer en possession provisoire de cette propriété. 


Ces deux opérations, devant donner lieu à des formalités différentes, doivent faire l’objet de deux déclarations distinctes. Par la première, Madame Catelain dira qu’elle s’engage à céder à la ville de Biarritz la propriété du Helder pour le prix global de 367 760 fr. 85, aux conditions suivantes : (celles indiquées dans votre lettre du 25 novembre). Par la seconde, Mme Catelain déclarera louer à la ville de Biarritz, à partir du 1er janvier prochain, la propriété du Helder, pour le prix annuel de 14 700 fr. 


Le désir de la Commission est que la durée de la location, comme celle de la validité de la promesse de vente, ait une durée de deux ans à partir du 1er janvier prochain. La Commission pense également qu’il y a lieu d’assigner une limite aux servitudes du cahier des charges, et elle compte que Mme Catelain ne verra aucune difficulté à fixer à 40 ans, à compter à partir de la signature de l’acte, le délai après lequel disparaîtraient les servitudes grevant la propriété.


Veuillez agréer, Monsieur, etc... 

Signé : Moureu, maire."


-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


A cette lettre Mme Catelain répondait, le 17 décembre, par le retrait pur et simple de ses engagements. 



M. Moureu revient alors à la charge et envoie le télégramme et la lettre qui suivent : 


Télégramme

"Catelain, 20, rue Le Pelletier, Paris.  

Suis interprète de presque totalité de mes administrés pour exprimer espoir que vous ne vous laisserez pas influencer par polémiques de journaux qui ne sont que manifestations individuelles et que vous voudrez bien revenir sur la détermination indiquée dans votre lettre du 17. Vous écrirai demain.

 Moureu, Maire." 


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


"Biarritz, le 20 décembre 1901.


Madame,  



J’ai l’honneur de vous confirmer le télégramme que je vous al envoyé hier à la suite de votre lettre du 17 courant. J’ai donné communication de cette lettre à la Commission des finances que j’avais réunie à cet effet ; elle m’a chargé de faire auprès de vous une démarche qui, je l’espère, sera favorablement accueillie. Il nous parait impossible que vous mainteniez la détermination que vous nous avez fait connaître et que les raisons invoquées par vous ne sauraient justifier. 


Les polémiques auxquelles vous faites allusion ne sont, ainsi que j’ai déjà eu l’honneur de le dire, que des manifestations individuelles ne reflétant nullement l’opinion de la grande majorité de la population.  


L’accord est complet entre la ville de Biarritz et vous sur les conditions de l’acquisition du Helder. Le prix de cette acquisition a été déjà approuvé par le Conseil municipal. La Commission des finances, qui avait à examiner les autres conditions de l’achat, a accepté l’insertion à l’acte de vente des clauses de servitudes telles qu’elles sont indiquées dans la lettre de Me Demoreuil Indiquant bien qu’il ne pouvait y avoir là, de la part de la Ville, une cause de sérieuse difficulté. 


Nous avions donc le droit de considérer l’affaire comme définitivement résolue, et il nous parait impossible qu’il n’en soit pas ainsi. Vous voudrez bien reconnaître que les craintes qui vous ont été inspirées par quelques articles de journaux ne sont pas justifiées puisque les termes de l’acte de vente doivent précisément vous garantir contre le danger que vous paraissez redouter.  


J’espère donc, Madame, que vous voudrez bien convenir qu’il n’existe aucune raison de priver la Ville du bénéfice des dispositions bienveillantes que vous lui avez témoignées et c’est ce que vous devez en répondant à notre lettre du 5 décembre. 


Veuillez agréer, Madame, etc.  

Signé : Moureu, maire."


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Et par une dernière lettre du 26 décembre Mme Catelain affirme que sa détermination est bien réfléchie et définitive. 



Que veut donc le Courrier après cela.


Que le Maire de Biarritz, oublieux de toute dignité, se jette aux genoux de Mme Catelain pour obtenir qu’elle reveuille bien vendre le Helder à la Ville ? 



Nous estimons que la vérité apparaît assez claire pour que toute discussion soit désormais inutile.



Le Maire et le Conseil ont fait au moins tout ce qu’ils devaient faire pour doter la Ville de la propriété du Helder et ils y seraient parvenus s'ils avaient trouvé en présence d'eux des vendeurs ayant autant de parole et de bonne foi qu’ils avaient de sincérité et de bonne volonté."



A suivre...








Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 600 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire