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jeudi 21 juillet 2022

LA RÉSIDENCE IMPÉRIALE DE MARRAC À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE (troisième partie)

 

LA RÉSIDENCE IMPÉRIALE DE MARRAC EN 1910.


Le domaine de Marrac se situe sur la commune de Bayonne et comprend les ruines du château construit au 18ème siècle par Marie-Anne de Neubourg, reine d'Espagne en exil.





histoire napoleon bayonne château
LA TOUR DE MARRAC BAYONNE 1901
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin de la Société des Sciences et Arts de Bayonne, le 

1er janvier 1910 :



"Le château Impérial.



Cette étude n'a point la prétention de faire revivre les événements historiques dont le château de Marrac fut le théâtre. Ce passé déjà loin, d 'autres avant nous, Geoffroy de Grandmaison, Alfred Savine, et nos concitoyens Ducéré et Labat ont traité cet intéressant sujet d'histoire locale. Nous voulons simplement reconstituer à l'aide de documents inédits, la résidence impériale avec ses fonctionnaires, ses gens de service, son budget, son ameublement, les réparations, améliorations, embellissements faits au domaine et à-ses annexes.



Le 16 Avril 1808 l'Empereur écrivait à Joséphine restée à Bordeaux : "Je suis arrivé ici bien portant, un peu fatigué par la route qui est triste et bien mauvaise. Je suis bien aise que tu sois restée, car les maisons sont bien mauvaises ici.

Je vais aujourd'hui aller dans une petite maison de campagne, à une demi-heure de la ville. Adieu, mon amie, bonne santé. Napoléon".



Cette maison de campagne était Marrac. L'Empereur ayant désiré en prendre possession, immédiatement, avant même la signature du contrat d'achat, on fut obligé pour rendre le château habitable, de faire quelques acquisitions dans le commerce local et emprunter, meubles, tapis objets de toutes sortes et jusques à des flambeaux, aux habitants notables.



Le 17 Avril, un Dimanche, Napoléon prenait possession des nouveaux appartements et les grands dignitaires s'installaient dans les environs le Maréchal Berthier chez Marsans à St-Forcet ; M. de Champigny à Largenté, Maret, Ministre, Secrétaire d'Etat était descendu à la maison Cabarrus et le grand Maréchal du Palais, Duroc, occupait à St.-Michel le logement qui lui avait été réservé. Les grands officiers et les dignitaires de la suite de L. M. logèrent à St.-Michel et dans certains logements particuliers en ville.



Les gens de service s'installèrent à St.-Michel dans la maison du fermier, et les palefreniers au-dessus des écuries et remises où, au moyen de légères cloisons et quelques ouvertures pratiquées dans les murs, on leur avait aménagé des chambres l'escalier extérieur en bois, donnant accès aux greniers avait été, à cet effet, réparé et consolidé.



Le château exigu, sans style, sans architecture, s'élevait sur un petit mamelon en forme de fer à cheval, au pied duquel se voient encore les ruines d'une fontaine monumentale bien conservée, mais envahie par la broussaille. Une belle avenue, avec portail en fer à pilastres surmontés de- lions en pierre sculptée, conduisait au Palais. Cette avenue était bordée, à gauche, par une allée de peupliers, à droite, par un corps de garde et le logement du concierge.



L'immeuble se composait d'un corps de logis avec deux pavillons en retour sur la façade postérieure.



La construction était simple, sans ornement architectural ; un rez-de-chaussée où se trouvaient les appartements principaux, élevé sur un sous-sol, contenant une grande et une petite cuisine, le four, l'office, la pâtisserie, l'argenterie, la sommellerie, la dépense, etc. et un étage sous combles mansardés, couvert en ardoises et tuiles du pays.



Un perron, à double escalier de 22 marches donnait accès au vestibule partageant l'édifice en deux parties du vestibule on descendait directement dans le parc.



L'aile gauche du château comprenait la salle-à-manger de l'Empereur, un salon, la chambre à coucher, le cabinet de bains, le cabinet de travail.



A droite du château étaient les appartements de l'Impératrice ; salle-à-manger, salon de réception, cabinet-boudoir, chambre à coucher.



Au fond du vestibule, deux escaliers, l'un à droite, l'autre à gauche, montaient à l'étage supérieur ; celui de gauche était placé dans le corridor derrière les appartements de S.- M.



Celui de droite, avait son entrée dans le vestibule ; il était éclairé par une croisée de vitrage et avait montée au 2e étage et descente aux cuisines. Une porte placée au~dessous du perron conduisait dans les sous-sols. La grande cuisine qui se trouvait dans cette partie du bâtiment avait été provisoirement transformée pour loger les gardiens du portefeuille (Landoire et Haugel). Un cabinet de bains pour l'Impératrice avait été aménagé dans la grande pièce servant de dépense. Sept lanternes en fer blanc, de forme triangulaire, éclairaient cette partie fort sombre de l'immeuble.



Toutes les fenêtres du sous-sol étaient grillées de barreaux de fer, les trois pièces du midi étaient munies de volets en bois. L'étage mansardé comprenait sept chambres ou cabinets communiquant entre eux par un corridor central. A ces mansardes logeaient M. de Méneval, secrétaire de l'Empereur, Mme de Montmorency, dame d'honneur de l'Impératrice, des femmes de chambre, des valets de chambre et chefs de bouche. Plus tard, deux cloisons en briques, élevées dans la partie correspondant au-dessus du vestibule avaient donné trois nouvelles pièces. 



Sur la façade postérieure du château, un escalier de trois marches conduisait dans un joli jardin ; un autre escalier donnait accès au parc.



Les allées, avenues, cours et bâtiments étaient éclairés par douze lanternes à double lumière, supportées par des poteaux en bois munis de cordes et poulies pour la manœuvre ; les lanternes du perron étaient à quatre lumières. Pour rendre les communications plus faciles entre Marrac et St.-Michel on avait réparé deux chemins, l'un d'une longueur de 199 mètres, allant du Palais à St.-Michel et l'autre allant de St.-Michel à une ruelle aboutissant au chemin de Lavignotte.



Pendant le séjour de l'Empereur, Marrac avait été érigé à la 3e classe des domaines impériaux et un personnel spécial attaché à la garde et à la conservation des bâtiments. Le général Sol-Beauclair, Commandant d'armes à Bayonne, était nommé adjudant du Palais et l'architecte St.-Martin, conservateur. De Fontainebleau, arrivèrent pour faire le service un concierge, Bernard Lamaison ; un portier, Dubuisson un frotteur, Valentin.



Après le départ de la Cour, un petit service de chambre, d'appartement et d'écurie avait été détaché à Marrac ; il se composait de deux valets de chambre, Sénéchal et Famin ; de trois valets de pied, Parfondevaux, Esnoc et Desprez.



Le petit service d'écurie placé sous les ordres de Jardin père, piqueur, comprenait : le palefrenier Defrance, des écuries impériales, Carpige, palefrenier du duc de Frioul et Nicolas au service du Major Général. Nansouty le premier écuyer, était aussi resté à Bayonne, (indice certain d'un retour prochain de l'Empereur).



Le 4 Août il écrivait à l'adjudant du Palais :

"J'ai l'honneur de vous prévenir, Général, qu'il doit arriver, dans huit ou dix jours, peut-être plus tôt, peut-être plus tard, trente et quelques chevaux de selle de S. M. Je vous prie de vouloir bien les faire partir de Bayonne, le lendemain de leur arrivée, pour Vittoria où ils devront se rendre en 3 jours. Il arrivera plus tard trente-six mulets à qui (?) je vous prie de donner la même destination, et plus tard il arrivera cent chevaux que je vous prie de diriger sur le même point.

Nansouty."



L'Empereur n'avait pas trouvé au château de Marrac le luxe et le confort de Fontainebleau, St-Cloud ou La Malmaison. Avant de quitter Bayonne il avait donné des ordres pour réparer et- améliorer les appartements dont les boiseries tombaient de vétusté ; les vieilles tentures et tapisseries défraîchies donnaient aux locaux un aspect peu digne des hôtes augustes qui devaient y habiter.



De Nantes, le 11 Août 1808, le Grand Maréchal invitait le Général Sol à faire exécuter ces réparations sans perte de temps : "Il est probable, Mon Général, ce que S. M. la Reine d'Espagne se rendra à Marrac vers la fin du mois de Septembre, avec une suite nombreuse pour y passer la belle saison. Il faudra donc faire au château toutes les réparations nécessaires. Je vous envoie la note de celles que S. M. veut bien autoriser, donnez-là à l'architecte et dites lui d'y travailler avec la plus grande activité. Je vous prie aussi de me rendre compte du point où en sont les travaux.

Mandez-moi avant la fin du mois, quels sont les gros meubles, comme tapis, lustres etc. qui vous sont nécessaires afin que je vous les fasse envoyer de Paris et qu'ils partent avant le 1er Septembre.

Je vous renouvelle...

Duc de Frioul.

Grand Maréchal du Palais."





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MICHEL DUROC
GRAND MARECHAL DU PALAIS



Il lui adressait en même temps, la note des travaux à faire pour mettre Marrac et St.-Michel en état d'être habités plus convenablement qu'ils n'ont été, surtout pendant la mauvaise saison.

Il est nécessaire, disait le Grand Maréchal, que les réparations soient terminées, au plus tard, à la fin du mois de septembre et ces travaux ne doivent pas comprendre tous ceux qui doivent être faits pour l'exécution du projet sur lequel S. M. a donné une note et dont l'architecte a dû s'occuper. avec M. Famin, il faut : 

1° arranger et restaurer tout le premier étage en lui conservant sa distribution actuelle, et en plaçant des doubles croisées à chacun des appartements de L. M. mettre le moins possible de peinture à l'huile afin d'éviter l'odeur, (l'Empereur avait horreur des mauvaises odeurs, de l'odeur de renfermé ; l'odeur de la peinture le rendait malade.

Il faut cependant laver celle qui existe, en placer une nouvelle si on espère pouvoir terminer avant la fin du mois d'Août. Arranger les portes, fenêtres et serrures afin que tout joigne bien ;


2° En montant au second, supprimer toutes les boiseries qui sont dans les corridors et dans les escaliers ainsi que cela a été convenu, pour les remplacer par du plâtre blanchi ;


3° Arranger et restaurer tous les appartements du second de la manière la plus convenable en plaçant du papier ou, cela est nécessaire ; faire bien fermer toutes les portes et les croisées, faire la cloison dans la grande pièce au-dessus du vestibule ;


4° Arranger toutes les cheminées et y placer des chapeaux de manière à ce que le vent ne pénètre pas dans les appartements .


5° Faire au rez-de-chaussée quelques petites réparations ;


6° Faire à St.-Michel celles nécessaires pour le mettre en état ;


7° Réparer les écuries et greniers de St.-Michel comme cela avait été demandé par l'Architecte pour y loger du monde ;


8° Tracer et ferrer avec du gravier, les deux chemins qui traversent la prairie et qui vont de Marrac à Saint-Michel et au portail Saint-Michel (côté de la Nive).


9° Faire faire quelques réverbères et poteaux de plus s'il est nécessaire d'en placer encore ;


10° Construire un corps de garde en planche, mais peu élevé pour ne pas gêner la vue du château et le placer derrière le logement du portier, en bas du fer à cheval il faut que ce corps de garde puisse contenir 50 hommes ;


11° Au fur-et-à-mesure qu'il y aura des pièces arrangées, les meubler avec les meubles que l'on a soit au château, soit dans le garde-meuble ;


12° On placera des tapis dans les appartements du premier qu'ont habités L. L. M. M. et des lustres dans les salons.



Cette note prouve que Marrac n'était point un séjour des plus agréables et qu'il y avait beaucoup à faire pour le rendre habitable.



Le Château n'avait pas de salle d'hydrothérapie, or, "le bain chaud était pour lui (Napoléon) une passion. Il restait souvent une heure entière, lâchant continuellement le robinet d'eau chaude et élevant la température au point que la pièce était entièrement pleine d'eau et qu'on était obligé d'ouvrir la porte. Le bain outre qu'il était agréable, dit Frédéric Masson, était nécessaire à Napoléon qui, depuis son enfance était incommodé par une constipation opiniâtre".



Pour satisfaire à ce besoin d'hygiène, la chambre à coucher de l'Empereur avait été divisée en deux parties par une légère cloison de 0m 14 d'épr, bâtie en briques à plat, sur bain de mortier et enduite de plâtre de chaque côté. Plus tard, en 1809, à la demande de Famin, le valet de chambre, l'Intendant Général, Comte Daru, avait donné des ordres pour améliorer ce cabinet, et Faget de Baure écrivait à ce sujet, à St-Martin, l'Architecte du Palais, pour lui donner les explications et indications nécessaires : "derrière le chevet du lit de S. M. il fallait ouvrir une porte de communication entre la chambre à coucher et le cabinet de bains ; la croisée de ce cabinet transformée en porte à vitres devait permettre à l'Empereur de se rendre directement au jardin".



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PORTRAIT DU COMTE DARU
PAR ANTOINE-JEAN GROS
Par Antoine-Jean Gros — Catalogue Joconde : entrée 000PE008398, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=13211703



A suivre...




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