SAINTE-ENGRÂCE EN 1921.
La commune de Sainte-Engrâce, en Haute-Soule, compte 851 habitants en 1921.
Voici ce que rapporta à ce sujet la revue Gure Herria, en décembre 1921, sous la plume de l'Abbé
Foix :
"Sainte-Engrace.
... La Chapelle de la Madeleine, agrandie et restaurée par le regretté Chanoine M. Uhart, ancien curé de Tardets, a remplacé, d'après la tradition orale du pays un temple consacré autrefois au culte des faux dieux, durant la domination romaine. Une pierre avec une inscription gravée est le seul vestige de ce culte ; elle a été soigneusement conservée et placée en évidence dans le mur actuel à droite du maître autel.
Voici cette inscription :
INSCRIPTION CHAPELLE DE LA MADELEINE TARDETS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Arnaud d'Oyhenart, l'historien souletin du 17ème siècle, mentionne dans son livre : Notitia utriusque Vasconiae, p. 445, cette inscription sans la traduire ou la commenter, se contentant d'ajouter qu'à son avis elle prouve que la Soule a dépendu de la province d'Auch.
Le savant bénédictin Dom Martin s'en est occupé aussi dans son Histoire des Gaulois. Après avoir reconnu que cette inscription est presque inintelligible, il essaie de la déchiffrer et supposant un point après la syllabe HER, complète ainsi les mots abrégés : FANO HER arum AVSCORR um SE narum Hoc-c E SACRVM Gneius VAL erius VALERIANUS.
Prétendant que le mot HERA est d'origine grecque et signifie souveraine, maîtresse, dame, et par ailleurs soutenant que les druidesses portaient en certains lieux le nom de Sènes ou saintes, Dom Martin nous livre la traduction suivante : Gneius Valère Valérien (a consacré) ce monument au temple des dames druidesses du pays d'Auch.
Cette interprétation est-elle la bonne ? Nous n'oserions nous prononcer et laissons ce soin aux sagaces Oedipes, lecteurs de Gure Herria, qui ont projeté avec succès un peu de lumière sur le texte basque de Rabelais.
En tout état de cause, l'existence de cette inscription en pareil lieu est un vestige incontestable de l'occupation romaine, et peut-être du culte druidique en Soule.
Mais reprenons la route de Sainte-Engrace que nous avons semblé oublier dans cette digression préliminaire.
ROUTE NEUVE ET VIEILLE ROUTE DE STE-ENGRÂCE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Au sortir de Tardets, face à l'embranchement qui conduit à Laguinge, Licq, Sainte-Engrace et Larrau, se dresse une grande scierie mécanique de la Société forestière qui a exploité, durant plusieurs années, les bois de hêtres et de sapins de la Haute-Soule. Primitivement installée à la jonction des eaux, avec des machines venues d'Allemagne en 1910, elle fut transférée à Tardets qui se trouvait mieux situé pour l'expédition des poutres, madriers, planches par le tramway. La Compagnie construisit à grands frais un Decauville qui, paradoxe étrange, était arrivé au vallon que surplombe l'église de Sainte-Engrace, bien avant la route carrossable actuellement en construction. Depuis Tardets, la petite locomotive traînant deux ou trois wagonnets, chargés de matériel et transportant le personnel forestier et son ravitaillement, mettait à peine une heure et demie pour franchir la distance de vingt kilomètres qui la séparent de l'église de Sainte-Engrace. Le voyage s'effectuait deux fois dans la journée, dans les deux sens ; on n'ose songer, sans frémir, à la rapidité vertigineuse avec laquelle ce petit convoi dévalait au retour, au risque d'aller s'abîmer au fon des gouffres que côtoie la petite voie ferrée.
GARE TARDETS SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
En ce moment, usine, scierie, Decauville, chantiers d'exploitation sont au grand repos, la société forestière ayant cessé tout travail par suite du refus du Ministère de la Guerre de prendre livraison d'une énorme quantité de matériaux commandés durant la guerre, et entassés dans les environs de la gare de Mauléon. La concurrence des bois allemands pour la reconstruction des pays dévastés du Nord de la France, est également une cause de la cessation du travail, qui ne reprendra vraisemblablement qu'à l'issue du procès intenté par la Compagnie forestière à l'Etat français.
TRANSPORT DE CHÊNES PAR DCECAUVILLE LOIR-ET-CHER D'ANTAN |
Il est donc inutile, en ce moment, de songer à utiliser pour le voyage de Sainte-Engrace, le petit train Decauville, dont la voie ferrée reste cependant en place.
On peut trouver à Tardets, si on n'a pas d'autos ou de bicyclettes à sa disposition, des voitures qui amènent les touristes jusqu'à la Caserne, à moins qu'on ne préfère voyager à pied et se donner le temps de contempler à loisir un paysage unique en son genre.
NOUVELLE ET VIEILLE ROUTE DE LA CASERNE TARDETS 1957 PAYS BASQUE D'ANTAN |
De Tardets à Sainte-Engrace, les deux premières lieues d'une route carrossable longent et traversent des paysages pleins de charme et de variété ; le chemin remonte en pente douce le val de plus en plus encaissé du Saison qu'il côtoie presque partout.
Le Saison, depuis ses sources dans les gorges des montagnes de Sainte-Engrace et de Larrau, depuis les belles cascades de 40 m. de hauteur qui grondent en tonnerre au-dessus de la Caserne, et celles qui s'élancent avec fracas au dessous de l'antique pont de Licq, est un des cours d'eaux les plus capricieux qui se puissent imaginer, jusqu'aux approches de Mauléon, où il s'encaisse et se resserre emprisonné par les rochers qui l'obligent à suivre son lit primitif.
Dans les beaux jours de l'année, l'eau du Saison est d'une limpidité remarquable ; c'est durant l'été un grand ruisseau qui chante et clapote gaiement. On ne se lasse pas de regarder les miroitements de ses vagues minuscules et d'entendre le joyeux bruissement de son cours sur les galets.
LE SAISON TARDETS SOULE 1906 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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