BAYONNE-LUCHON À VÉLO EN 1927.
Le Pays Basque, avec son relief accidenté, dans les Pyrénées, a souvent été parcouru par les cyclotouristes, dont la fédération française a été créée en 1923.
Voici ce que rapporta à ce sujet la revue hebdomadaire La Pédale, le 10 août 1927 :
"Bayonne-Luchon.
Le 13 juillet, nous nous trouvons trois cyclotouristes réunis à Bayonne pour effectuer le parcours Bayonne-Luchon. Nous devons cette rencontre à La Pédale qui, par sa rubrique "On demande" voulut bien nous mettre en relations.
Après une journée consacrée à la visite de Bayonne et de Biarritz, le 14 juillet, à 6 h. 30 du matin, nous quittons les rives de l’Adour et évitant la route N° 10 nous gagnons Biarritz en suivant la côte. La perle de la côte basque encore endormie est traversée à 6 h. 50 et, par la N° 10, fortement ondulée, mais pittoresque, splendide panorama sur la mer et la montagne, nous nous dirigeons vers St-Jean-de-Luz (23 km.). Dans cette localité tout en fête, nous éprouvons le besoin de nous ravitailler.
A 8 h. 30, nous disons un dernier adieu à la riante côte basque et traversant par un passage à niveau la voie ferrée d’Irun, la petite caravane se dirige vers Ascain et la frontière espagnole. La route GC 22 excellente remonte le cours paresseux de la Nivelle, aussi c’est sans grand effort qu’à travers cette campagne prospère et verdoyante nous atteignons Ascain (29 km.), parfait village basque, où Loti écrivit son chef-d’œuvre : "Ramuntcho".
Nous visitons la curieuse petite église : trois étages de tribunes à balustrades en bois tourné, derrière lesquelles la lumière entre parcimonieusement, faisant régner une sorte d’ombre mystérieuse.
INTERIEUR EGLISE ASCAIN PAYS BASQUE D'ANTAN |
Gomme à regret nous nous arrachons à notre contemplation et par une longue montée de 6 à 8 % (IC 106), nous nous dirigeons vers Sare. La route est très mauvaise et rend notre effort plus pénible. Par une longue descente en lacets nous arrivons dans cette localité chantée elle aussi par Loti. Continuant la G. C. 20 pour prendre ensuite I C 105 et la dép. 20, à travers d’exquis sous-bois, c’est l’arrivée à Dancharinéa (frontière franco-espagnole). Laissant nos montures et nos musettes à la garde d’un obligeant douanier français, nous pénétrons en territoire espagnol. Achat inévitable de cartes postales qui, avec l’affranchissement, nous coûtent plus de 2 fr. (français) pièce. Il est plus de 11 heures et nous voulons déjeuner à Cambo. Nous traversons successivement : Aïnhoa, dernier village français avant la frontière, Espelette, si joliment perché sur un monticule, véritable musée de maisons basques, et au sortir duquel il faut savoir se retourner pour goûter l’arrangement de ses blanches maisons. Enfin, sous une nef de platanes, la route s’engouffre dans Cambo (60 km.), véritable nid de verdure où plane encore et la gloire fulgurante d’Edmond Rostand, et le culte de sa mort prématurée.
Repas copieux et succulent à l’Hôtel Moderne, mais léger coup de fusil.
HÔTEL-RESTAURANT MODERNE CAMBO-LES-BAINS PAYS BASQUE D'ANTAN |
A 14 heures, sous une chaleur accablante, nous nous remettons en route. Après une forte montée au sortir de Cambo la Nle 132 traverse Itxassou, petit et archaïque village basque et son pont jeté sur la Nive. Puis, tout au long de la Nive qui descend devant nous, entre des prairies et des collines de plus en plus hautes qui font pressentir la grande chaîne, la route au sol médiocre passe à Louhossoa, Bidarray, Eyarce. La vallée s’élargit, puis se resserre, dominée par les pics de Jarra et d’Arradoy. La route fraîchement goudronnée nous fait mettre pied à terre, tandis que le couloir dans lequel nous roulons fait place à une plaine prospère, au fond de laquelle on aperçoit St-Jean-Pied-de-Port, capitale militaire de l’ancienne Basse-Navarre où nous faisons notre entrée à 17 heures (102 km.).
Après force pérégrinations quant au choix d’un hôtel, nous descendons à l’Hôtel de France. Repas et chambres médiocres, note élevée.
HÔTEL DE FRANCE ST-JEAN-PIED-DE-PORT PAYS BASQUE D'ANTAN |
2* journée : 15 juillet.
— A 8 h. 30, un peu tard, après une nuit d’insomnie, un orchestre ne cessa de déverser des flots d’harmonie jusqu’à une heure très avancée, nous nous élançons sur la Nle 133. La route excellente emprunte la vallée du Laurhibar, jusqu’à St-Jean-le-Vieux, long bourg étroit. Nous passons successivement à Lacarre, situé au sommet d’une forte montée, Mongelos, Larceveau (16 km.). Quittant la Nle 133 pour prendre la dép. 2, nous atteignons après de nombreuses montagnes russes, St-Just-Ibarre, où commence sur 7 km. de longueur, la montée du col d’Osquich, Avec nos braquets un peu trop grands et mal choisis, nous sommes vite mis à l’ouvrage. Ce sont des pentes sauvages, désertiques, où ne poussent que des chênes rares et rabougris, survolés par quelques buses ou autres oiseaux de proie. Un brouillard humide nous glace, et nous empêche de jouir de la vue splendide que l’on possède sur le Béarn et le pays landais. Une descente beaucoup plus rapide que la montée : Musculdy, Ordiarp, Garindein, villages pauvres, sont traversés en bolides. Une vision rapide sur le château de Mauléon haut perché, et à 11 heures nous faisons notre entrée dans la capitale de la Soule (42 km.). Déjeuner, Hôtel Saubidet, que nous recommandons tout spécialement aux cyclotouristes. Visite de la ville, légère sieste, tant la chaleur est accablante, et à 16 h. 45, par la dép. 8, nous mettons le cap sur Gotein et son église "style trinitaire", Menditte, Saugis, Trois-Villes et enfin Tardets, où nous devons faire étape. Cette partie de route est excellente, mais un peu trop souvent coupée par la voie d’un tramway à vapeur. Parcours réduit aujourd’hui (58 km.), mais de nouvelles difficultés nous attendent. Visite du long bourg de Tardets, envoi de cartes postales. Notre choix se fixe sur l’hôtel Bellevue que nous recommandons lui aussi, tout spécialement : cuisine soignée, prix raisonnable.
HÔTEL BELLEVUE TARDETS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Du haut de la terrasse où nous dînons, nous jouissons d’une vue splendide sur la chaîne des Pyrénées et les nombreux bras que forme le gave de Saison.
3* journée : 16 juillet
— Levés de bonne heure, nous constatons avec mauvaise humeur qu’il a plu toute la nuit et qu’il pleut encore. Marius et Pierre ne sont pas munis de garde-boue ; mais qu’importe ! Courageusement, sous la pluie fine qui fort heureusement diminue d’intensité, nous reprenons connaissance de la dép. 8 quittée hier. A Montory, premier village que nous traversons, la pluie cesse enfin, mais nous sommes déjà couverts de boue. A travers une verte forêt de chênes et de châtaigniers, nous montons le court mais sévère col de Capixe (320 m.), et nous dévalons dans le Barétous. Ici, nous sommes en Béarn, et les villages changent d’aspect."
ARAMITS VALLEE DE BARETOUS BEARN D'ANTAN |
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