LE MUSÉE BASQUE PAR PHILIPPE VEYRIN EN 1924.
Philippe Veyrin, né le 9 janvier 1900 à Lyon (Rhône) et mort le 2 janvier 1962 à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) est un artiste peintre, historien et bascologue français.
MUSEE BASQUE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, le 19 octobre
1924 :
"Le Musée Basque par P. H. Veyrin.
... Plusieurs portraits intéressants pour l’histoire bayonnaise s'y ajoutent : le portrait du Chevalier de Larretéguy, peint au début du XVIIIe siècle pour la Reine Douairière d’Espagne, Marie-Anne de Neubourg qui séjourna à Bayonne pendant trente-deux ans ; le portrait de Bayonne de Caupenne d'Amou, dernière filleule de la Ville ; le portrait de l’amiral Bergeret, etc...
PORTRAIT DU CHEVALIER DE LARRETEGUY |
PORTRAIT DE BAYONNE CAUPENNE D'AMOU |
Une vue du Château de Marracq et des Souvenirs du Siège de 1814 rappellent l'époque du 1er Empire et l’Histoire Militaire de Bayonne. Ça et là, dans la salle : une splendide armoire du XVIIIe siècle, en acajou marqueté ; une balance et des poids anciens provenant de l’Hôtel des Monnaies qui exista longtemps à Bayonne sous l’Ancien Régime ; de multiples vitrines contenant des médailles, jetons de présence, sceaux anciens, documents sur les imprimeurs bayonnais, pièces de serrurerie et de ferronnerie, etc...
Et ce n’est pas tout : en attendant les travaux qui vont bientôt aménager de nouvelles parties de l’immeuble, il a fallu adjoindre dans la salle de la section bayonnaise, les trois sections suivantes, qui seront ultérieurement bien distinctes :
I°—L’Iconographie de Biarritz, —
Ensemble de curieux tableaux et de gravures datant à peine d’un siècle, qui montrent d’une façon saisissante les premières étapes du prodigieux développement de la ville. Au centre du panneau, un portrait en pied de l’Impératrice Eugénie, qui dota d’un destin nouveau et magnifique l’humble bourgade des anciens pêcheurs de baleines.
Il° — Le Carlisme. —
Objets et documents se rapportant à ces luttes historiques dans lesquelles les Basques jouèrent un rôle prépondérant. — Au mur, un portrait du général Gamundi, coiffé de la "boïna" rouge. — Dans une vitrine, des monnaies, billets de banque, papiers officiels, décorations du gouvernement de Don Carlos, etc.
III° — Le Pays Basque vu par les Artistes contemporains. —
Section qui compte déjà plusieurs oeuvres marquantes telles que : "L’improvisateur basque" grande toile décorative du regretté G. Roby ; un beau "Paysan à cheval", de Choquet ; une lumineuse "Vue de Bidart", par Bergès ; enfin cette si émouvante "Procession", de Ramiro Arrué, etc.
TABLEAU IMPROVISATEUR BASQUE DE GABRIEL ROBY MUSEE BASQUE DE BAYONNE |
TABLEAU PROCESSION DE RAMIRO ARRUE MUSEE BASQUE DE BAYONNE |
Jetons maintenant un coup d’œil sur la petite salle attenante et réservée à l’Art Religieux, à l’iconographie de la cathédrale Ste-Marie, ainsi qu’à de précieux documents sur l’évolution des armoiries de Bayonne.
Arrêtons-nous longuement dans cette autre pièce point spacieuse, mais qu’un haut plafond vitré baigne de lumière. C’est le Musée Lapidaire. Là, parmi des verdures sombres qui évoquent la grave beauté des cimetières anciens d’Eskual-Herria, on a groupé les œuvres des tailleurs de pierre du temps jadis, spécimens les plus originaux et les plus caractéristique de l’art basque :
1° Les curieuses stèles discoïdales, qui, rappellent sans doute les sépultures des mystérieux Ibères.
2° Les inscriptions graves, familières ou ironiques, gravées sur les façades des maisons et sur les linteaux ou clefs de voûte des portes.
3° Les cadrans solaires, les fonds de cheminées, les devants de fourneaux en pierre ciselée, etc...
De tous ces objets, le Musée Lapidaire possède déjà des exemplaires remarquables ; il doit en recevoir encore bien d’autres, et l’emplacement actuel ne tardera sans doute pas à devenir insuffisant. Mais la maison Dagourette est assez vaste pour que cette section y puisse acquérir toute l’extension qu’elle comporte.
Au fond du Musée Lapidaire, la vue est attirée par une porte magnifique provenant de la Navarre Espagnole. Presque aussi large que haute, massive, hérissée de clous énormes, garnie de ferronneries étranges et fastueuses, cette porte est une des plus belles pièces du Musée ! Derrière elle, s’ouvrent les reconstitutions d’appartements basques.
Mais avant de parvenir à ceux-ci nous prendrons un autre passage et traverserons trois petites pièces ou ont été reconstitués quelques-uns de ces petits métiers populaires dont certains sont encore bien vivants au Pays Basque, mais dont la plupart disparaissent ou se transforment, absorbés par la grande industrie. Ici le Sandalier et le fabricant de Makhilas, là le Tisserand, plus loin le Chocolatier, montrent leurs ateliers, livrent leurs modestes secrets, racontent l’histoire de générations d’artisans dont les derniers représentants ont travaillé pour le Musée Basque avec les procédés du vieux temps.
Voici enfin une chambre à coucher de paysans Basques. Dans la lueur adoucie qui filtre à travers les petits carreaux verdâtres des fenêtres, elle apparaît émouvante, vraiment, cette pièce toute simple, un peu nue, quelques images pieuses se détachant seules sur la muraille blanche...
Non loin du lit aux courtines d’étoffe ancienne, se trouvent un joli berceau (don du Museo Vasco de San Sébastian) et une amusante chaise d’enfant. Çà et là quelques autres meubles : le traditionnel "kucha" (coffre sculpté), un haut bahut, une armoire dont l’ornementation bien typique se retrouve fréquemment dans la région d’Iholdy d’où elle provient.
Après la chambre, vient la cuisine Basque vaste et pourtant bien garnie de beaux vieux meubles, en chêne ou en cerisier, lustrés par l’âge et admirablement conservés : tables, chaises au dossier raide, pétrin, petit placard, "zizailua" (grand canapé de bois qui borde le foyer), etc. La plus belle pièce est, ici, ce grand vaisselier à quatre portes qui provient d’Hasparren ; il est garni de sa vaisselle originale, partie faïences du pays, partie céramiques de Delft rapportées au XVIIe siècle par les marins basques !
VAISSELIER MUSEE BASQUE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Sur le manteau de la cheminée et autour de l'âtre, se groupent les objets familiers : chandeliers, bassinoires, chaudrons et marmites de cuivre rouge, hauts chenets supportant le "gapora" (écuelle de terre cuite), archaïque tournebroche, pelle à cuire les "talauc" ou galettes de maïs, etc...
A côté, sur l’évier voûté, semblable à l'autel de quelques divinités domestiques, sont posés la cruche d’argile, "ferreta" aux flancs luisants, des pichets de faïence ou de métal.
Aux solives sont pendus, les jambons, saucisses, fromages, cordons d’ail et de piments, qui complètent la physionomie de cet ensemble dont les moindres détails ont été scrupuleusement observés et fidèlement reproduits.
Nous monterons maintenant au deuxième étage, mais non sans nous arrêter auparavant dans la petite pièce qui héberge, trop modestement encore, l’importante section des Jeux de Pelote. Mais on y peut étudier déjà les transformations progressives, qui, des primitifs gants de cuir de l'époque de Perkaïn (fin du XVIIIe siècle), ont abouti aux profonds "chisteras" actuels. Dans cette salle de la Pelote, le grand "pelotari" Chilar est venu lui-même un jour, déposer le gant avec lequel il remporta jadis ses plus beaux triomphes !
GUIDE SOMMAIRE DU MUSEE BASQUE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il n’y a encore que deux salles au deuxième étage du Musée ; la plus grande réunit plusieurs sections fort intéressantes :
L’Iconographie : nombreux tableaux et gravures anciennes relatifs, les uns aux villes, villages et sites de l’Eskual-Herria de jadis, les autres aux Basques célèbres tels que le Maréchal Harispe, les barons de Garro, etc.
Les costumes d’autrefois et d’aujourd’hui : ils sont évoqués aussi par maintes estampes, mais surtout par une grande armoire vitrée où sont étalés des habillements anciens et de cérémonie.
Une autre armoire semblable, contenant aussi des vêtements de deuil, est consacrée plus spécialement aux usages et rites Funéraires.
STELES DISCOÏDALES MUSEE BASQUE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un placard vitré contient de curieux instruments de musique, dont l’usage est malheureusement presque perdu.
Beaucoup de très jolies pièces de faïences, dont l’étude approfondie est encore à faire, constituent la section de la Céramique Basque.
Plusieurs vitrines sont garnies de menus objets d’un grand intérêt au point de vue de l’Etnographie : présents ayant figuré dans des corbeilles de mariage, fuseaux et dévidoirs, colliers de béliers, etc.
A noter aussi l’extraordinaire horloge universelle fabriquée par Eyheramendy de Mauléon, chef d’œuvre singulier d’une petite industrie naguère florissante dans le Pays Basque."
HORLOGE ASTRONOMIQUE D'EYHERAMENDY MUSEE BASQUE DE BAYONNE |
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