LA BARRE DE BAYONNE EN 1863.
Pendant des siècles, la barre de l'Adour a été très dangereuse pour les bateaux entrant ou sortant du port de Bayonne.
Voici ce que rapporta à ce sujet Les Annales Hydrographiques, le 1er octobre 1863 :
"Barre de Bayonne.
Instructions sur la barre de Bayonne.
... Recommandations diverses.
Avis pour éviter les coups de mer en approchant de la barre.
Le bourrelet de la barre étant lié avec les pointes de l'embouchure et faisant une saillie très prononcée vers le large, les navires doivent soigneusement éviter de ranger la côte dans le voisinage de la barre. Il faut toujours venir chercher l’ouvert de la rivière, sans s’approcher des coups de mer, tant qu’il y a risque de les prendre en travers.
Avis pour le cas où le courant de flot ne se fait pas sentir.
La rivière de Bayonne est sujette à des soubermes ou crues d’eau considérables, qui refoulent le flot et l'empêchent de se faire sentir à son entrée. Le courant, dans ces circonstances, porte toujours en dehors, ce qu’on peut reconnaître par les eaux de la rivière qui se font remarquer à 1 lieue au large et même au delà. On ne doit pas s’exposer alors à entrer dans la rivière, parce que le courant qui porte en dehors augmenterait la difficulté de franchir la barre. Cependant, si le vent est violent et que les signaux du mât d’approche n’interdisent pas l’entrée, on pourra s’y risquer ; mais il faut faire le plus de voile possible pour fuir les coups de mer de la barre qui sont alors très dangereux. Il est nécessaire, dans une pareille circonstance, de se tenir prêt à entrer au moins une heure et demie avant la pleine mer.
Avis pour les navires qui entrent par un gros temps ou vent arrière.
En général, lorsqu’on se trouve serré par un gros temps et que la mer est forte sur la côte, il faut franchir la barre avec toute la voile que le bâtiment peut porter. Si l’on entre vent arrière, on conservera les focs hauts et bordés à plat contre les étais. Cette précaution est indispensable, car, si la lame force le bâtiment à venir sur l’un des deux bords, il est nécessaire, dans un passage aussi resserré, que les focs puissent sur-le-champ l’aider à se remettre en roule.
Avis aux chasse-marées.
Les chasse-marées doivent toujours avoir un hunier prêt a être hissé, quand le signal les appelle à la barre, afin d'acquérir pins de vitesse et de mieux franchir le bourrelet. Ils doivent, au contraire, se débarrasser à temps du tape-cul et du taille-vent, voiles qui, souvent, ont compromis ces navires sur la barre. Ils devront aussi frapper un faux-bras sur la misaine pour l'empêcher de battre le mât et de déventer dans le creux des lames.
TABLEAU CHASSE-MAREE A L'ANCRE (ROUEN) CLAUDE MONET |
Avis de se munir d'une instruction et d’une longue-vue.
Les capitaines qui fréquentent le port de Bayonne, on qui sont dans le cas d'y relâcher, devront toujours être munis de la présente instruction. Une longue-vue leur sera aussi indispensable pour reconnaître les signaux détaillés ci-dessus. En outre des dangers qu’il y aurait à ne pas connaître ces signaux, ils doivent songer encore que les rapports de pilotage ne peuvent manquer de désigner ceux d'entre eux qui, à défaut de cette connaissance, manoeuvreraient de manière à compromettre leur bâtiment.
Mouillages et ports de relâche.
Port du Passage.
PASAJES GUIPUSCOA 1852 ALBUM DES 2 FRONTIERES FEILLET |
Dans un gros temps, les bâtiments qui ne peuvent pas franchir la barre de Bayonne doivent, si le vent le permet, aller relâcher dans l'excellent port du Passage, en Espagne, où ils sont sûrs de trouver des pilotes et tous les secours nécessaires. Quand les capitaines le réclament, le pilote-major de la barre a soin d'envoyer au Passage des pilotes et des instructions pour conduire les navires à Bayonne. Avec cette précaution, on ne risque jamais de retourner au port de relâche après en être sorti.
Port du Socoa.
SOCOA GRAVURE DE FERDINAND CORREGES |
Si la mer n’est pas trop grosse, les bâtiments qui n’auront pas pu donner dans l’Adour pourront aller relâcher au Socoa, petit port de marée, très sûr, en dedans de la pointe Ouest de la baie de Saint-Jean de Luz ; mais ils doivent auparavant consulter le chiffre de leur tirant d’eau, la force des marées et les instructions qui suivent.
Route pour se rendre au port du Socoa.
La baie de Saint-Jean de Luz est signalée au loin par la tour du fanal, placée sur la pointe Ouest de celte baie. La tour est peinte en blanc avec une bande verticale noire. La baie a 6 encablures de profondeur et à peu près autant d’ouverture, depuis la pointe de Sainte-Barbe jusqu’au fort du Socoa. Presque au milieu de cette ligne est le banc de roches d’Arta, sur lequel la mer brise souvent, quoiqu’il y reste 6m 50 d’eau de basse mer. Ce banc se trouve dans l’alignement du clocher de Saint-Jean de Luz avec la montagne Eshaure, et de la tour du fort du Socoa avec la première maison qui se trouve près d’elle. Il y a passage entre ce danger et le fort du Socoa, au tiers de la largeur de la baie, à partir du Socoa ; on laisse ainsi la roche à bâbord, en entrant. Il faut, du reste, éviter, autant que possible, de se présenter à l’entrée avant moitié flot, bien que les chaloupes de pilotes puissent sortir au quart flot, et même tout à fait de basse mer dans les petites marées.
L’heure de la pleine mer est la même que sur la barre de Bayonne.
Brassiage de morte eau.
Dans les marées de quadrature, ou mortes eaux, il ne reste que 0m 50 d’eau dans le havre du Socoa ; si la mer est belle alors, un bâtiment tirant 2m 80 pourra entrer au plein de l’eau, et s’il y a grosse mer et forte brise de l'O. au N. O., on y logera des calaisons de 3m 20.
Brassiage de vive eau.
Dans les marées de syzygie ou vives eaux, le port assèche jusqu’en dehors de la jetée du N. ; avec belle mer, il pourra entrer un bâtiment calant 3m 80, et il en entrera de 4m 20 si la mer est forte et les vents violents entre l’O. et le N. O.
Signaux.
Un mât-pilote est placé sur la batterie Nord du Socoa. Les signaux qui y sont faits ont la même signification qu’à l’embouchure de l’Adour. Ce mât-pilote servira à conduire les bâtiments du large au mouillage de la baie et de la baie dans le port. On emploiera pour demander, envoyer ou refuser la chaloupe les mêmes signaux qu'à l’entrée de l’Adour, pour le remorqueur.
Il existe deux corps-morts de mouillage et un d'évitage dans la partie Ouest de la rade. Les bâtiments qui ne peuvent entrer dans le port ont avantage à saisir ces corps-morts. Un quatrième, dit d'appareillage, est placé entre les premiers et l'entrée du port ; il est très utile pour se haler ou appareiller.
Ordinairement, des embarcations vont à la rencontre des bâtiments pour les diriger vers le mouillage.
Dans le cas contraire, le mouillage serait indiqué par l’ailette au repos, comme il a été dit plus haut pour l'entrée de l’Adour.
PLANCHE B 3EME CATEGORIE |
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