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samedi 30 novembre 2024

LE MUSÉE BASQUE DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE ET LE PAVILLON "3B" À PARIS EN OCTOBRE 1937 (deuxième et dernière partie)

 

SUR LES RIVES DE L'ADOUR ET DE LA SEINE EN OCTOBRE 1937.


En 1937, le Pays Basque est représenté au Musée Basque et de l'Histoire de Bayonne mais aussi à l'Exposition universelle de Paris



pays basque béarn bigorre exposition paris
PAVILLON PAYS BASQUE-BEARN-BIGORRE
PARIS 1937




Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien A la Page, le 14 octobre 1937, sous la plume de Michel 

Guy :


"... Sur les rives de la Seine.




exposition pays basque bigorre béarn paris
EXPOSITION INTERNTIONALE DES ARTS ET TECHNIQUES
PARIS 25 MAI-25 NOVEMBRE 1937



Ceux qui n'ont pas eu l'occasion d'admirer l'ordonnance du musée bayonnais installé dans la vieille maison connue depuis 300 ans sous le nom de Maison Dagourette et qui fut successivement couvent, hôpital, entrepôts, auront pu, à 800 kilomètres de là, sur les bords de la Seine, admirer le doux sourire du pays basque que se reflétant dans les eaux de la Seine.



Ce pavillon possède comme un reflet de la joie lumineuse qui éclaire les 3 provinces basques. Pour être moins claire que celles de la Nive ou de l'Adour, l'eau de Seine n'en fut pas moins enrichie du doux sourire pyrénéen.



exposition pays basque bigorre béarn paris
PAVILLON PAYS BASQUE-BEARN-BIGORRE
PARIS 1937



Je cède la plume à une jeune et charmante Basquaise, Mlle Vannier, qui a contribué pour une part dans l'organisation de certaines sections du pavillon basque, un de deux qui ont remporté le plus de succès au centre régional :

"Le pavillon Pays Basque-Béarn-Bigorre, dresse, au bord de la Seine, sa façade claire, son clocher et son fronton que domine un large balcon : Sur ce balcon ouvre la salle des Fêtes, destinée aux manifestations régionalistes : les Parisiens ont pu goûter la saveur des jeux, des danses et des chants de ces provinces maritimes et montagnardes. La grande semaine de pelote s'y est déroulée avec un succès inégalé. Les groupements locaux ont envoyé tour à tour leurs meilleurs représentants pour y interpréter leur musique traditionnelle et leur théâtre où persiste la tradition médiévale.



Une grande toile de Bordes, harmonieuse et colorée, orne la salle des Fêtes, évoquant les danses qui se déroulent des bords de l'océan aux vallées hautes de la Bigorre. La salle de tourisme décorée par Louis Decrept semble destinée, non seulement à attirer l'étranger dans les paysages qu'elle représente, mais encore à les lui expliquer et à l'admettre au préalable à cet "état de grâce" sans lequel bien des joies lui demeureraient étrangères, car il ne suffit pas de saisir au vol une vision superficielle pour comprendre ce pays, il faut l'aimer comme il le mérite, et pour cela pénétrer sa profonde harmonie, son âme complexe.



exposition pays basque bigorre béarn paris
PAVILLON PAYS BASQUE-BEARN-BIGORRE
PARIS 1937



De plain-pied, sur le fronton, cette salle déroule par une heureuse conception décorative, en scènes alternées, les divertissements internationaux, des visiteurs éphémères et les travaux rustiques ou les jeux rituels transmis par les générations : Voici Saint-Jean-de-Luz, Biarritz et Pau, la natation, la chasse, l'équitation ; les champs de neige de Barèges et de la vallée d'Ossau avec leurs skieur, et voici les "quilles de neuf" qui groupent en Béarn leurs champions aux lourdes carrures, aux silhouettes malicieusement stylisées. Au Pays Basque, la pelote claque entre les murs du trinquet ; les pêcheurs de la côte ont suspendu leurs filets parmi les baigneurs. Bayonne, Salies, Orthez, Oloron, sont évoqués par un détail typique qui résume leur charme provincial. Lourdes et Bétharram élèvent leurs clochers dans un cirque de prières ; sous leur capulet, les femmes de la Bigorre se réunissent à la sortie de la messe autour de la fontaine, tandis que le berger conduit son troupeau vers les hauts pâturages... Des collines basques descend le bouvier ramenant son char, l'aiguillon aux épaules ; dans les cimetières fleuris, les stèles discoïdales et les croix découpées sculptées de motifs symboliques entourent les églises trinitaires ; la petite chapelle de Sainte-Engrace abrite modestement ses trésors de sculpture romane ; par les sentiers de montagne descendent les danseurs de Soule, de Basse-Navarre et du Labourd dans leurs costumes éclatants pour exécuter aux fêtes patronales le saut basque ou la danse des épées.



exposition pays basque bigorre béarn paris
PAVILLON PAYS BASQUE-BEARN-BIGORRE
PARIS 1937



L'âme profonde de ces races et de ces paysages, la poésie de leur intimité sont ainsi esquissées en quelques tableaux caractéristiques dont il faut pénétrer le sens symbolique. C'est aussi à cette sympathie compréhensive que tendent les artistes dont les oeuvres sont exposées alentour : le puissant bas-relief de Puiforcat, les céramiques de Cazaux, les mosaïques et les vitraux de Jean Lesquibe. A tant d'attraits s'ajouteront, pour les gourmets, les séductions gastronomiques offertes dans des boutiques spirituellement décorées par Cardenal."



Le pavillon de l'Exposition est éphémère. Bientôt nous ne le verrons plus. Par contre, le musée basque aura toujours porte ouverte pour accueillir le visiteur.



Que toutes les provinces de France prennent modèle sur l'oeuvre du commandant Boissel ; que toutes les vieilles capitales imitent l'initiative de Bayonne !





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mercredi 30 octobre 2024

LE MUSÉE BASQUE ET DE L'HISTOIRE DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE ET LE PAVILLON "3B" À PARIS EN OCTOBRE 1937 (première partie)

SUR LES RIVES DE L'ADOUR ET DE LA SEINE EN OCTOBRE 1937.


En 1937, le Pays Basque est représenté au Musée Basque et de l'Histoire de Bayonne mais aussi à l'Exposition universelle de Paris.




pays basque autrefois musee histoire bayonne labourd
MUSEE BASQUE ET DE L'HISTOIRE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien A la Page, le 14 octobre 1937, sous la plume de Michel 

Guy :



"La Seine et l'Adour : deux miroirs qui reflètent le sourire basque.



Le touriste qui veut saisir l'âme d'un pays ne dispose souvent pas du temps nécessaire ni de la culture suffisante pour arriver à ses fins. Ignorant les coins cachés où s'exprime davantage le caractère particulier, il longe les routes et les chemins, frôlant souvent sans les voir les monuments que masquent les rideaux de verdure. Etrange à la province qu'il fouille, il ne peut sans difficultés se mêler à la société, aux gens qui gardent jalousement le dépôt précieux de la tradition.



A notre époque tourmentée, agitée, pressée, on n'a pas le temps de tout voir, de tout entendre... et surtout pas le temps de tout réunir, de tout méditer. La voiture file trop vite sur les routes, brûlant les signaux de l'existence qui se déroule en bordure.



Et puis, peu à peu, disparaissent ces traditions, ces caractères particuliers qui établissaient les distinctions entre les provinces ! Il n'y a plus que le vin dont les crus gardent leurs bouquets distinctifs. Le terroir fiche le camp ! On unifie tout. Il faut être un fin fureteur, presque un détective, pour découvrir derrière une colline, au fond d'un chemin creux, la chapelle, la ferme, le hameau... il faut être sur place pour saisir comme au vol une cérémonie, une fête, qui n'ont lieu qu'à certains jours de l'année...



Le commandant Boissel réunissait toutes ces conditions. Il aime son pays basque, il y vit et il le connaît. Que de fois, sac au dos, il est parti vers les grèves de l'Océan ou vers la montagne par les sentiers sinueux illustrant sur place les richesses déjà acquises par de longues études.



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PORTRAIT DU COMMANDANT BOISSEL
MUSEE BASQUE ET DE L'HISTOIRE DE BAYONNE



C'est pour faire bénéficier tous les compatriotes de sa petite patrie, c'est aussi pour enseigner tous ceux qui courent à la recherche d'une France qui disparaît chaque jour, qu'en 1922 il décida de faire partager le fruit de son travail.



C'est peut-être aussi pour sauver du déluge unificateur dans cette arche de pierre les précieux témoignages des siècles passés.



Sur les rives de l'Adour.



M. Garmendia, secrétaire, en l'absence du commandant Boissel retenu à Paris pour l'Exposition, fait les honneurs du musée de Bayonne.



La première salle présente une vue d'ensemble du pays basque français, donnée par des estampes, des costumes, quelques objets familiers.



La deuxième salle présente une évocation schématique du pays basque espagnol qui possède à San-Sebastian, à Pamplona, à Bilbao, de remarquables musées régionaux. Cette salle, enrichie des dons annoncés par les Exomas Disputaciones de la Navarre et des "Provincias vascongadas", Alava, Guipuzcoa, Biscaye, devient un témoignage permanent des liens qui unissent tous les Basques, ainsi qu'une invitation au voyage dans une magnifique région au passé glorieux, à l'avenir plein de promesses.



pais vasco antes fueros provincias vascongadas
PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ensuite, un intérieur basque : on y voit comment peuvent travailler, dans l'atelier familial ou sur le seuil de leur maison, le fabricant de makhilas, le chocolatier, le tisserand, le sandalier, le sabotier. On pénètre dans la chambre à coucher, dans la cuisine et ses dépendances. Tout cela est présenté avec simplicité, naïveté parfois, car les plus humbles collaborations ont été sollicitées, mais avec une scrupuleuse exactitude. Pas de poupées, pas de mannequins. Ce vide, on l'a souvent remarqué, est singulièrement évocateur. Absences d'un moment. Le maître ne va-t-il point rentrer de son travail ? L'Etchekoandre ne va-t-elle pas apparaître devant la grande cheminée pour préparer le repas, et la servante n'a-t-elle pas déposé, il n'y a qu'un instant, sur le bord de l'évier, la cruche remplie à la fontaine ?



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TISSERAND
MUSEE BASQUE ET DE L'HISTOIRE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Descendons maintenant. Nous quittons la maison des vivants pour celle des morts, hilherria, un de ces petits cimetières qui, tout autour des églises basques, apparaissent comme des jardins où parmi les buis et les fleurs rustiques jaillit de place en place une belle stèle discoïdale à l'ornementation symbolique, vieille de plusieurs siècles. Puis l'émouvante chapelle, bénite en 1930 par Mgr l'évêque de Bayonne et que les offrandes spontanées des visiteurs permettent d'entretenir. Enfin, l'auberge du pêcheur avec, dans le fond, la barque tirée à terre et le tonneau de cidre ; rendez-vous, à certains jours de fête, d'une foule élégante et joyeuse.



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AUBERGE DU PÊCHEUR
MUSEE BASQUE ET DE L'HISTOIRE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Face à la chapelle s'ouvre sur le cimetière la grange-étable, l'escaratza, si vraie, elle aussi, qu'on a vu des moutons dans son parc et dans ses stalles des boeufs couleur de froment et le petit cheval de la carriole de Ramuntcho. Remisées dans un coin, les pompes des villages et la vieille calèche du notaire ou du châtelain.



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ESKARATZA
MUSEE BASQUE ET DE L'HISTOIRE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Nous prenons au fond de la remise cet escalier, et nous changeons de climat. Les souffles de la mer amie des Basques se font sentir. Voici les pêcheurs de baleine, les morutiers de Terre-Neuve, les émigrants "aux Amériques" ; voici le bateau d'Elcano qui, le premier, fit le tour du monde, et la magnifique carte où l'on peut suivre les navigations audacieuses des marins de la Cantabrie.



Après cette envolée vers le large, revenons sur la terre basque. Salle du mobilier et salle des châteaux contiennent des types de meubles et de faïences aujourd'hui très rares, et des souvenirs précieux des vieilles familles de la région.



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VAISSELIER CUISINE
MUSEE BASQUE ET DE L'HISTOIRE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Nous montons et nous nous trouvons au milieu des divertissements basques : la chasse à la palombe et ses manoeuvres précises qui, dans la splendeur de l'automne, dirige le vol migrateur vers le filet tendu sur la montagne, parmi les fougères jaunissantes ; la pelote, avec tous les modèles de gants, quelques chisteras célèbres, un petit fronton. La danse, assemblage pittoresque de costumes et d'images ; la musique et le théâtre, ces instruments primitifs, ces pastorales si ressemblantes encore à nos mystères du moyen âge, même lorsqu'elles ont pour sujet, comme la plus récente, "Guillaume II ou la campagne de France".




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ACTEURS DE LA PASTORALE GUILLAUME II
BARCUS 1929
MUSEE BASQUE ET DE L'HISTOIRE DE BAYONNE


Comme vous le voyez, le musée de Bayonne ne ressemble pas à ces autres musées de province, peu nombreux d'ailleurs, où des archéologues, plus soucieux des découvertes préhistoriques, ont aligné des pierres, des ferrures, des mannequins qui ne parlent ni aux yeux ni au coeur.



Le but du commandant Boissel fut selon sa propre expression, de "donner à tout instant une image aussi exacte et aussi complète que possible de Bayonne et du pays basque, dans le passé et dans le présent". Pas besoin de guide ni de de gardiens, les murs n'ont là pas d'oreilles, mais une buche. Ils parlent clairement et — ce qui importe surtout — agréablement. Quand on a passé une heure ou deux dans ce musée, on en sort sans cette fatigue cérébrale inhérente à toute visite de musée. On le quitte à regret, aspirant encore le parfum des rideaux amidonnés, avec des souvenirs précis sur toutes et chacune des salles visitées ; gardant sur les coutumes et les moeurs évoquées des idées nettes.



Avouons que c'est un véritable tour de force dont tout le mérite revient au commandant Boissel, et un pertinent exemple que nous proposons à tous ceux qui dans leurs provinces veulent garder impérissable le souvenir des temps perdus.



Sur les rives de la Seine (à suivre...)






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mardi 19 décembre 2023

LA RÉOUVERTURE DU MUSÉE BASQUE À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1940

LA RÉOUVERTURE DU MUSÉE BASQUE EN 1940.


Après sa fermeture, le 4 septembre 1939, le Musée Basque et de l'histoire de Bayonne est transformé en Foyer du soldat en avril 1940.




pays basque autrefois musée labourd tradition
MUSEE BASQUE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Jour, le 28 avril 1940 :



"On a dansé le fandango et servi 50 000 chocolats.

Quand le vieux musée du pays Basque accueille nos soldats.

(De notre envoyé spécial André Aumont).


Bayonne, 27 avril. 



Tous les Parisiens ont vu, à un moment quelconque de leurs voyages, ce délicieux musée Basque, qui est, dans la rose et claire ville de Bayonne, le chef-d'œuvre de tous les musées de nos provinces...



C’est le 4 septembre que le musée ferma, parce qu'il était impossible désormais d’attendre des touristes ; et que parler du mouvement touristique en France devient de plus en plus difficile. Mais il faut ne pas connaître les Basques, ni les Béarnais, ni les habitants de Bayonne en général pour croire qu'ils allaient se décourager. Ainsi ont-ils ouvert aux Français armés la vieille maison, le bel ancien couvent du quai Galuperie...



Et nous voulons vous en parler parce que c’est un bel exemple de débrouille et d'audace ainsi que d'intelligence, mis au service de la France.



Tout d’abord, il fallait ranger tous les objets du musée, les livres rares, les faïences ; et il fallut en faire l'inventaire, car on ne peut pas mettre un musée en piles, n'importe comment. Comme il était peu probable qu'il fût bombardé, — et l'on voit là un bon sens charmant exempt d’exagération méridionale — les protections contre le feu du ciel ne furent pas aussi nécessaires que pour les vitraux de la trop belle cathédrale de Chartres, par exemple. Mais enfin, civils et militaires se changèrent avec énergie de mettre en ordre les trésors du musée, qu'il avait fallu tant de patience et d’amour pour accumuler, puis les réserves de la Société des sciences, des lettres et des arts.



Et tout le monde se mit au travail.



Il fallut même d’abord déranger le Syndicat de reboisement du pays Basque, mais chacun était décidé à aider son voisin. Ainsi sera sauvé pour l'avenir ce musée Basque, une merveille qu'il ne faut pas négliger, une oeuvre vivante, agissante et qui a maintenu la plus tenace, la plus ardente de nos races françaises dans le respect de son admirable passé. 



pays basque autrefois musée labourd tradition
AFFICHE MUSEE BASQUE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Dans ce décor inattendu...



Restait à créer le Foyer du soldat dans ce décor inattendu, entre les chisteras, les toiles à bœufs, les outils rustiques.




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FOYER DU SOLDAT MUSEE BASQUE 1940
PAYS BASQUE D'ANTAN



Mme la Maréchale Pétain elle-même, de Biarritz, y apporta son concours. Et quinze jours après, la fanfare des chasseurs pyrénéens se faisait entendre sur le quai des Corsaires. La Sidi-Brahim, qui éveille d’un chant de défi brutal et fier les routes du front résonnait au bord de ce quai où règne une lumière unique dans sa limpidité.


chant algérie guerre
SIDI-BRAHIM ou  LE CHANT DES CHASSEURS



Le fandango.



Puis, les fanfaristes dansèrent, et, comme ils étaient pyrénéens, ils dansèrent un fandango. Le Foyer était fondé. Vous serez peut-être dans l’admiration de savoir que le nombre des entrées a dépassé 95 000 depuis lors — et que si un premier chocolat a été servi aux invités à l’occasion de la soirée, il a été suivi de 47 000 autres chocolats depuis cette époque, sans compter 62 000 consommations. Le Basque, qui aime tant boire à la gourde en l’élevant au-dessus de ses lèvres, est, au Foyer basque bien chez lui.



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BUVEUR AU CHAHAKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Et les autres Français y apprennent à le connaître.



Le cadre du musée est à peine changé. La cuisine existait déjà, parce qu’il y avait une chocolaterie. La bibliothèque a plus de 1 000 volumes. La pièce jadis consacrée au pays Basque français est maintenant une salle de lecture, et il faut connaître les Bayonnais pour savoir qu’on n'y trouve point de sottises.



J’ai toujours été dans l’admiration de Bayonne, l’une des villes les plus intelligentes de France ; on y trouve quantité de cerveaux qui ne seraient pas déplacés à Paris ; que dis-je ? qui sont très supérieurs aux Parisiens par le goût de la méditation, parce qu’ils ont le temps de lire, et qu’ils vous entretiennent de lectures à l’énoncé desquelles un Parisien est stupéfait.



Trop de gens à Paris parcourent un quotidien, puis confondent les âneries de la radio avec une berceuse ou un bruit de fond. 


pays basque autrefois musée labourd tradition
AFFICHE MUSEE BASQUE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Conférences et chocolat.



Des conférences, pour combattre la propagande ennemie, des distractions, des chocolats et des repas réconfortants — la tasse de thé coûte 40 centimes, le café 60, le chocolat 75 avec une tranche de pain — tout cela, ainsi que la feuille de papier à écrire et son enveloppe offertes au soldat pour 10 centimes, est apporté par les femmes du pays Basque, dont vous connaissez la dignité tranquille. Entièrement bénévoles, elles arborent un voile, une blouse bleu de lin, ainsi qu'un tablier blanc aux armes du pays Basque français.



Eh bien ! Je trouve cela très joli. Et le fait même que des visages bruns et coloniaux se mêlent, dans la vieille chocolaterie, aux rudes visages paysans des montagnes coiffées de nuages, cela me prouve sans doute que la France est une.



pays basque autrefois musée labourd tradition
AFFICHE MUSEE BASQUE DE BAYONNE
ILLUST RAOUL SERRES



Cela prouve aussi que, grâce au commandant Boissel et à ceux qui l’entourent, on trouve à Bayonne une de ces petites Frances, essentielles, ardentes, vivantes, différentes — dont la réunion fait un grand pays."



(Source : L'histoire du musée (musee-basque.com))









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dimanche 13 août 2023

LE DÉCÈS DE JOSEPH NOGARET HISTORIEN DU PAYS BASQUE EN OCTOBRE 1934

LE DÉCÈS DE JOSEPH NOGARET EN 1934.


Joseph Nogaret, né en 1862 et mort le 1er octobre 1934 à Bayonne (Basses-Pyrénées) a été un historien du Pays Basque et un des fondateurs et collaborateurs du Musée Basque et de la Tradition Bayonnaise.




pays basque autrefois historien chemin fer musée
JOSEPH NOGARET 



Voici ce que rapporta à son sujet le Bulletin du Musée Basque N°7 de 1934 :


"Discours prononcés aux obsèques de M. J. Nogaret le 3 octobre 1934.


M. Viala, Directeur des V.F.D.M., Vice-Président du Syndicat d'Initiatives.



La disparition soudaine de Joseph Nogaret vient de plonger dans la désolation une grande partie de la population bayonnaise. Mais il en est, parmi ceux qui le pleurent aujourd'hui, qui ressentent plus profondément cette perte irréparable.



Ce sont ceux qui l'ont accompagné ou suivi dans sa carrière à la Compagnie du Midi et au nom desquels j'ai le pieux devoir de rendre à sa mémoire un suprême témoignage de reconnaissance et d'affection. Ce sont aussi ses collègues du Syndicat d'Initiatives de Bayonne et du Pays Basque, auquel il apportait depuis plusieurs mois son expérience, son activité et son amour de la petite patrie.



Joseph Nogaret avait fait au Lycée de Bayonne de brillantes études classiques, dont témoignaient assez sa vaste érudition, la distinction de son esprit et cette prodigieuse facilité de s'assimiler les sujets les plus variés dans l'ordre littéraire, historique et scientifique.



Après avoir terminé ses études de droit à la Faculté de Bordeaux, il était entré à la Compagnie des Chemins de fer du Midi en qualité d'intérimaire de l'exploitation. Successivement chef de gare à La Réole, Morcenx, Carcassonne, il avait été rapidement promu, jeune encore, inspecteur à Bordeaux.



pays basque autrefois train publicité affiche midi orléans
AFFICHE COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER D'ORLEANS ET DU MIDI
PAYS BASQUE D'ANTAN



Un magnifique avenir s'ouvrait devant lui ; il était justement apprécié de ses chefs et pouvait prétendre à de plus hautes fonctions lorsque devint vacant le poste d'inspecteur à Bayonne. Alors la voix du pays natal résonna plus fort dans son âme que la voix de l'ambition même la plus légitime.



Joseph Nogaret obtint aisément le poste qu'il désirait, et c'est là qu'il dirigea pendant de longues années l'exploitation des chemins de fer sur une section particulièrement difficile.



Ayant eu l'inestimable honneur de servir sous ses ordres, j'ai pu, mieux que d'autres, apprécier le tact avec lequel il remplissait sa tâche. Son souci de tempérer la rigueur des règlements, de rendre plus paternelle son autorité, son exquise amabilité, la variété de son savoir, la noblesse de ses sentiments, tout concourait dans sa personne à créer et maintenir entre lui et ses agents un courant de mutuelle estime, où se reconnaît l'ascendant du vrai chef.



A cet amour du Pays Basque pour lequel il avait volontairement renoncé aux agréables perspectives d'une brillante carrière, Joseph Nogaret put donner libre cours quand vint sonner pour lui l'heure de la retraite.



Et c'est alors que, pour son expérience des chemins de fer et des questions touristiques, il fut appelé en 1923 à faire partie du Conseil d'administration du Syndicat d'Initiatives.



Il y a quelques mois, la confiance unanime de ses collègues le portait à la présidence de nos assemblées. A ces nouvelles fonctions, Joseph Nogaret apportait, comme dans tous les domaines, son activité silencieuse, son intégrité native, la rectitude de son jugement.



Il voulait, dans notre déjà vieil organisme, rénover et innover ; ses initiatives, qui révélaient en lui une intelligente compréhension des difficultés du moment, avaient déjà produit de magnifiques résultats.



La mort, hélas ! ne lui a pas permis de donner toute sa mesure, et sa disparition laisse notre syndicat dans le plus cruel désarroi.



En nous efforçant de continuer son oeuvre, nous honorerons dignement sa mémoire. Nous conserverons pieusement le souvenir de cet homme de bien qui jamais ne transigea avec sa conscience et dont on peut dire comme Bossuet : "La droiture de son caractère a été l'honneur de sa vie."



M. Le Commandant Boissel, Directeur du Musée Basque.



Appelé à parler le dernier devant ce cercueil, j'évoquerai surtout les dernières années de la vie qui vient se terminer. Année remplies et fructueuses entre toutes où, par un magnifique effort de volonté, un changement d'orientation inattendu, toute l'expérience acquise au cours d'une longue carrière, tous les livres lus, tous les voyages accomplis, toutes les observations enregistrées furent mis au service d'une activité nouvelle.



pays basque autrefois historien musée trains
LIVRE DE JOSEPH NOGARET 1926
SAINT-JEAN-DE-LUZ, DES ORIGINES A NOS JOURS



La période où Joseph Nogaret devait donner sa pleine mesure s'ouvrit précisément pour lui à cette heure de la retraite qui entraîne chez tant d'autres comme un ralentissement dans le rythme de la vie. Ce fut l'entrée dans une deuxième existence libre, laborieuse, désintéressée, rayonnante, féconde. A cette existence j'ai été intimement mêlé et les vieilles relations se sont vite transformées en une amitié solide, respectueuse aussi. Car, on l'a déjà dit, mais on ne saurait trop le répéter, nul ne pouvait approcher Joseph Nogaret sans le respecter. De la simplicité de ses manières, de la courtoise parfaite de son accueil, de l'égalité de son humeur, de la solidité d'une érudition toujours prête à se communiquer, de la rectitude de son jugement, de toutes ses façons d'être, se dégageait une impression inoubliable de grandeur d'âme, de sérénité, de noblesse. Je suis venu vers lui au moment où il était question de fonder le Musée basque, voici treize ans déjà. Je lui demandais son concours ; il me le promettait sans hésitation et si nous avons atteint le but que nous nous étions fixé, c'est à lui que nous le devons pour une grande part. Ce concours, il nous l'a continué jusqu'à la dernière minute. Il y a quelques jours à peine, étendu sur ce lit d'où il ne devait plus se relever, il me parlait encore avec entrain, avec gaîté des projets qui nous restaient à réaliser.



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MUSEE BASQUE ET DE LA TRADITION BAYONNAISE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Il se plaisait dans ce cadre d'art et d'étude, dans l'intimité de ce petit groupe si amicalement uni, où le travail en commun est une véritable joie, où la jeunesse qu'il aimait est toujours la bienvenue. Comment ne pas évoquer son souvenir, parmi ces livres, dans la cellule blanchie à la chaux qui fut au début tout le Musée Basque et qui en est restée le centre, le foyer ? Il se sentait chez lui dans cette humble pièce où se sont tenues tant de réunions, ébauchés tant de projets, où tant d'idées ont été remuées. On l'y trouvait, classant des documents, écrivant, causant, donnant audience avec une bonne grâce inlassable à tous ceux qui sollicitaient de lui un renseignement, un conseil. Il venait y travailler quotidiennement ; c'est là qu'il a rédigé pour notre Bulletin ces études excellentes qui ont tant contribué à son succès, depuis l'article initial du premier fascicule, si souvent consulté encore, jusqu'à l'article qui est sous presse et dont il a corrigé les épreuves. Mais n'eut-il rien produit que sa présence seule eût été pour nous comme une garantie de sérieux, de compétence, de probité intellectuelle. Entre temps, il rendait des services analogues à la Société des Sciences, Lettres et Arts. Il était l'un de ses conseillers les plus écoutés, un de ses collaborateurs les plus appréciés et, bien près de sa mort, il lui annonçait encore des communications que d'autres, hélas ! devront lire à sa place...



pays basque autrefois musée labourd bayonne tradition
MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Joseph Nogaret n'était d'ailleurs pas qu'un homme de bibliothèque. Robuste, l'oeil vif, la taille haute et droite, il était aussi un homme de plein air et, autant que dans sa cellule du Musée Basque, il se plaisait dans sa gentilhommière du Béarn où il travaillait souvent de ses mains. Il aimait nos montagnes, en connaissait tous les sommets et allait quelquefois faire des retraites au fond de leurs vallées. Nous l'avons vu il y a moins d'un mois à Roncevaux et nous nous souvenons du plaisir si complet qu'il y avait pris à rencontrer des esprits d'élite dans le plus admirable des paysages. Cette dernière et émouvante journée restera pour nous comme un symbole de ce qu'il aimait.



musée basque pays labourd bayonne tradition
MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


De tout ce qui a été dit par ceux qui ont parlé avant moi, de tout ce que je viens d'exprimer bien imparfaitement, bien incomplètement,  il résulte certes que nous avons subi une perte irréparable et que nous devons nous incliner avec une profonde sympathie devant ceux qui, unis à lui par les liens du sang, perdent plus encore ; en particulier devant cette soeur si dévouée qui avait lié son sort au sien, et qui, par un échange parfait, recevait de lui autant qu'elle lui donnait. Mais il résulte également que nous ne devons pas simplement déplorer ici une mort, que nous devons encore, que nous devons surtout, célébrer, exalter, continuer une vie. Car, même sur cette terre, la mort ne détruit pas tout. Une aussi noble, une aussi belle existence ne se termine pas avec elle. Du point de l'espace où celle-ci s'est déroulée s'étendent comme des ondes invisibles et bienfaisantes qui iront s'élargissant sans perdre de leur puissance. C'est le retentissement indéfini de certains actes, la vertu incomparable de l'exemple. Parmi ceux qui m'entendent, certains déjà avancés dans la vie, se diront avec moi, avec lui, qu'il faut travailler, se rendre utile jusqu'au bout, ne pas hésiter à entreprendre sans se demander si le temps vous sera donné d'achever. Mais il y a aussi des jeunes ; ils représentent l'avenir. Devant ceux-là, Joseph Nogaret ne voudrait pas qu'on prétende que sa perte est irréparable et qu'il ne sera pas remplacé... Il souhaiterait, au contraire, que parmi ceux qui vont nous succéder, certains fassent comme il a fait, tentent de faire mieux encore. Je crois fermement qu'il en sera ainsi. Les uns parce qu'ils ont connu Joseph Nogaret, les autres par ce mystérieux retentissement dont je viens de parler suivront ce guide si digne d'admiration et notre ami aura atteint de la sorte le plus bel idéal que nous puissions sans doute, nous proposer ici bas ; exercer ce pouvoir unique qui nous a été donné de "faire le bien", de créer du bien et laisser ainsi derrière nous des oeuvres qui nous survivent, parce que le bien que nous avons fait ne meurt pas..."



(Source : Bulletin du Musée Basque N° 7 1934)





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vendredi 26 août 2022

LE MUSÉE BASQUE ET HENRI GODBARGE EN 1924 (troisième et dernière partie)

 

LE MUSÉE BASQUE PAR HENRI GODBARGE EN 1924.


La devise du musée est : "Hemen sartzen dena bere etxean da", "celui qui entre ici est chez lui."




pays basque autrefois musée labourd
MUSEE BASQUE - BAIONA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, le 26 octobre 

1924 :



"Opinions.


La Meilleure Organisation d’un Musée Basque.



On a lu l’intéressante étude sur le Musée Basque de Bayonne que notre excellent confrère M. P. H Veyrin a bien voulu écrire pour les lecteurs de la Côte Basque et dont nous publions, plus loin, la conclusion.



Notre ami M. H. Godbarge, architecte et peintre au talent plus spécialement consacré à l'art basque, nous adresse quelques observations que nous publions avec d’autant plus de plaisir qu'elles témoignent du grand souci de perfection et de meilleure organisation.


Très intéressant l'article de M. P. H. Veyrin paru dans votre journal, toujours très informé sur les questions locales, à l’ordre du jour. Cet article, vraisemblablement très documenté, permet de comprendre les idées directrices des organisateurs principaux sinon instigateurs du Musée qui a dû être désigné "Musée Basque" tout court, puis Musée de la tradition Bayonnaise, puis avoir comme titre les deux appellations, et, qui, en définitive est appelé "Musée Basque", alors qu’en réalité il est surtout Musée Régional et aussi bien et plus Bayonnais que Basque. Evidemment, il y a eu, dès le début effort de quelques personnalités pour réunir beaucoup de choses en peu de temps, afin d’éviter ce vide angoissant d’une création discutée. Mais cet effort a-t-il été dirigé selon des méthodes rationnelles comme on essaie de nous le faire croire ? Nullement. Monsieur Veyrin dit que l’idée maîtresse poursuivie était de "donner à tout instant une image aussi exacte et aussi complète que possible du pays basque et de Bayonne". "Il faut légitimer les deux titres dans le présent. J’avoue très bénévolement que cette définition ne me plaît en aucune façon et qu’elle ne répond pas du tout à l’idée que chacun de nous peut se former, à priori, avant visite, d’un Musée intitulé "Musée Basque". Un musée local installé dans un vieil immeuble, aux salles assez exigües et obscures, semble devoir être plutôt une sorte de synthèse des productions artistiques présentes ou passées que l’image complète d’un pays très vaste ”. Cette définition qui m’a surpris, m’aide toutefois à comprendre la sorte d’impression indéfinissable de malaise que j’éprouve chaque fois que j’entre dans le dit "Musée Basque". Ce musée se compose de tellement de choses diverses, appartenant à tous les âges, ayant été entre les mains de toutes les personnes, en toutes provinces basques et à toutes époques choses qui ont été acceptées et groupées sans sélection et sans classement qu'en vérité la sensation dominante du visiteur éduqué est celle d'un pêle-mêle confus malgré le soin et la propreté apportées dans l’arrangement général. Il peut être comparé à une vaste maison provinciale ou des générations successives de propriétaires auraient accumulé, au hasard des rencontres, pendant le cours de voyages sous des latitudes diverses, à des siècles d'intervalle, au petit caprice d’hommes du monde superficiels, la commode Louis XV provinciale rapprochée du bahut de la province de Guipuzcoa, l’armoire béarnaise contigüe au vaisselier du Labourd, la cheminée Louis XVI gasconne aux lignes déformées dans la pièce où le lit Louis XIII plus ou moins pur tient la première toutes choses recueillies avec ferveur, à des sources multiples et collectionnées avec passion mais sans une science raisonnée et sûre de connaisseur que choquent notamment les hérésies archéologiques.



pays basque autrefois musée guide
GUIDE SOMMAIRE DU MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Dans ce "Musée Basque", trois divisions principales, paraît-il ?

Bayonne ; 2" Les Sept Provinces Basques ; 3° L’expansion basque.



J’avoue ne pas aimer l’ordre de cette nomenclature. Je préférerais l’énumération suivante : 1° Les Sept Provinces Basques ; 2° L’expansion basque ; 3° Bayonne, subsidiairement et non l’inverse. Il ne faut pas oublier qu’on ne parle plus que d’un Musée Basque ; donc il doit être basque avant tout, car c’est cela qui est intéressant.



Le programme ci-dessus tracé, dit M.Veyrin, c’est-à-dire : "Essai de représentation de l’image complète de pays aussi vastes", on pouvait poursuivre la réalisation, comme on l’a fait, au Musée Pyrénéen de Lourdes, en procédant par synthèse. — Ah ! que n’a-t-on pas fait comme à Lourdes pour la section béarnaise ! — Car, n’en déplaise à M. Veyrin, ce Musée, cependant très récent, offre un attrait saisissant et fort remarquable aussi bien au visiteur instruit qu’au simple passant qui vient se distraire. Et les objets fort heureusement caractéristiques "qu’il renferme ne sont nullement groupés quelque peu arbitrairement". Toujours d’après la même version, cette vision trop artistique aurait paraît-il été "incomplète". Un musée où il y a une vision "trop artistique" ! Justes Dieux ?... Elle aurait aussi manqué de "précision documentaire". Ah, en vérité, charmant. Il paraît que c’est la section béarnaise du Musée de Lourdes qui manque de la "précision documentaire" que possède en surabondance le "Musée Basque" pour tout ce qui est objet vraiment basque. Combien les choses paraissent différentes, vues sous des angles différents... Je finirai par croire qu’il n'y a plus éducation de l’œil, qu’il n’y a plus de science archéologique, que l’expérience est chose négligeable... Mais en vérité où est-elle dans ce Musée, la documentation basque aussi simple, aussi élémentaire soit-elle faite par province, dans tous ordres d’idées ?...


musée bigorre hautes-pyrénées
65 MUSEE PYRENEEN DE LOURDES SALLE BASQUE
HAUTES-PYRENEES D'ANTAN


Suffit-il de regarder superficiellement la douzaine d’objets caractéristiques qu’il renferme pour être renseigné à tout jamais, à la fois sur l’art basque et sur le pays basque ? De grâce, M. Veyrin, visitez lentement, sans idée préconçue, et le Musée de Lourdes et le Musée de Bayonne et comparez. Nous parlerons ensuite d’œuvre à la fois "artistique et scientifique".



bigorre hautes-pyrenees musee
MUSEE PYRENEEN CHATEAU-FORT DE LOURDES
HAUTES-PYRENEES D'ANTAN



Mais, au reste, il me semble que vous vous doutez un peu de l’idée que l’on peut avoir sur semblable Musée basque car, vous déclarez qu’il contient surtout des objets "qui participent intimement à la vie des Basques”. C'est bien là, je crois, ce qui nous divise. C'est bien là ce qui créée la confusion. Que m'importe à moi, qu’un brave fermier enrichi, en revenant d’Amérique, au début du XIXe siècle, habitué à des armoires ne trouvant pas à sa convenance le rustique bahut de ses ancêtres, l'ait troqué à son retour, au pays natal, contre une armoire béarnaise de date plus ou moins récente, ou bien contre une commode Louis XV façonnée on ne sait où, par on ne sait qui, et qu’il ait, par des choix analogues, composé un intérieur où pendant de longues années, il a vécu la vie d’un basque aisé avec les objets qui "participaient intimement à sa vie".



Que m’importe à moi tous ces dons disparates issus de semblables milieux qui encombrent le "Musée Basque", sous prétexte que ces dons proviennent de vieilles familles du pays ! Ne devraient-ils pas être triés, sélectionnés. Certains artistes (et non des moindres) avaient préconisé cette méthode pour éviter l'encombrement monotone. Mais ils n’ont plus été convoqués ; mais ils n’ont pas participé à cette organisation puisqu’aussi bien il n’était plus fait appel régulièrement à leur concours. Cependant ces compétences n’auraient-elles pas été d’un secours précieux dans le choix et la formation de ces collections, grâce à leur science archéologique, grâce à leur sens artistique affiné, toutes choses qui ne s’improvisent, ni ne s’acquièrent en quelques cachets. Et quel aveu dans ces quelques mots ! "On n’a pas hésité à introduire certains meubles et objets qui pour exister en Béarn et dans les Landes, n’en sont pas moins éventuels dans tous les intérieurs basques."



Allons donc ! Quoi ! Pour la représentation d'une simple cuisine de paysans basques obligation est faite de recruter des objets d’un caractère très différent comme ceux qui proviennent des Landes ou du Béarn, alors que des cuisines, en Guipuzcoa, en Biscaya et même simplement en Labourd sont fort pittoresques, présentent un ensemble parfait d’intimité rustique. Avec une douce patience, une légère activité et aussi un brin de science architecturale il suffisait de reproduire, sans presque rien changer, l’une de ces cuisines, en admettant, toutefois, qu’à cause des lieux, l’artiste organisateur aurait pu être maître de la composition, mais que défense formelle lui aurait été faite de ne pas respecter aussi bien la chronologie des objets qu’il aurait groupés que l’esprit, que l’essence des choses dont les traits caractéristiques d’ambiance locale auraient créé toute l'harmonie que recherchent trop, sans la trouver, des amateurs superficiels.



pays basque autrefois musée cuisine
CUISINE MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il ne semble guère, en visitant le Musée Basque que nous puissions nous rendre compte de cette vérité essentielle que malgré un certain air de parenté ethnique fort divers, fort différents, étaient les objets destinés au même usage, dans l’une ou l’autre des Sept Provinces. Examinez une métairie en Labourd et une autre en Basse-Navarre et vous apprécierez les changements apportés dans les détails de l’une et l’autre architecture. Combien différents aussi sont les meubles du Labourd comparés à ceux du Guipuzcoa et cependant quel air de famille les rend dissemblables de tous autres, ou que ce soit, en France comme à l’étranger. Où est la classification documentaire qui permettrait au "Musée Basque" de saisir ces distinctions comme elle permettrait de goûter les physionomies particulières de ces diverses provinces. Croyez-vous, Monsieur Veyrin, que compris ainsi le Musée aurait offert au grand public dont vous semblez rechercher les suffrages "un aspect rebutant et ennuyeux ?"



Ah, oui, mais création récente, diront certains, pour tout expliquer et pour tout excuser. Raison de plus répliquerai-je. Au lieu d’un pêle-mêle aussi artistique soit-il, dans des pièces insuffisamment éclairées et relativement exiguës, la distinction ainsi établie de pièces caractéristiques sélectionnées et cataloguées par province basque, complétées, au besoin, par des dessins, par des photos, offrirait infiniment plus d’attrait, serait d’une précision documentaire beaucoup plus scientifique, fournirait des groupements artistiques très sûrs et enchanterait tous ceux qui viennent retrouver et goûter là, paisiblement et délicatement, dans ces salles patinées par les ans, non la complexion cacophonique mais l’attrait suprême, mais l’essence même de choses locales ou récentes ou vétustes."






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