LES ORIGINES DU CIDRE.
Dès l'Antiquité, la culture des pommiers à cidre a existé au Pays Basque, et en particulier en Biscaye.
Voici ce que rapporta à ce sujet Le Petit Journal illustré, le 15 septembre 1929, sous la plume de
Claude Francueil :
"Le cidre et ses origines.
Quand on parle de cidre, on ne manque jamais d’évoquer les grasses prairies de Normandie où s’alignent de longues files de pommiers, semblables, au printemps, avec leurs fleurs roses et blanches, à des bouquets de mariées et dont les fruits, à l’automne, ressemblent à de petites lanternes rouges et jaunes suspendues dans la verdure des feuillages. On discute aussi parfois, il est vrai, sur la valeur de ce cidre normand comparé au cidre breton, au cidre de la Sarthe et à celui de la Picardie. En tout cas, on admet comme une vérité d’évidence que le pommier est un arbre réservé aux provinces se trouvant au nord de la Loire.
BRASSAGE DES POMMES NORMANDIE D'ANTAN |
Or il n’en est rien, bien au contraire, et, comme nous allons le voir, les pommiers de Normandie ont une origine toute méridionale.
Jusqu’au douzième siècle, en effet, le cidre était inconnu des Normands. Ceux-ci ne buvaient que de la cervoise, c’est-à-dire de la bière, et le premier témoignage relatif au jus de la pomme date du commencement du douzième siècle ; c’est un certain Raoul Tortaire qui raconte avoir goûté, à Bayeux, de cette boisson nouvelle et, pour comble, l’avoir trouvée exécrable.
LE CIDRE SORT DE LA POMME |
Qui venait de l’importer ? Un certain Marin-Onfroy, seigneur de Saint-Laurent-sur-Mer et de Véret. Ce brave gentilhomme de Basse-Normandie voyageait, à la fin du onzième siècle, en Biscaye et dans le pays basque. Or, dans ces régions, le pommier prospérait depuis des siècles. Il y prospère d’ailleurs encore et les Basques, qu’ils soient de France ou d’Espagne, ont toujours l’habitude d'aller se rafraîchir dans des "cidreries" où se déguste un breuvage comparable à celui de la vallée d’Auge. Marin-Onfroy, le premier des Normands ayant goûté au cidre, le trouva excellent. Aussi, quand il revint dans son pays, eut-il soin de mettre dans l'arçon de sa selle des pépins empruntés à la pomme des Basques et, sitôt son retour, de les planter et d’en faire planter autour de lui. Le succès fut complet et rapide. Cent ans plus tard, la Normandie était couverte de pommiers.
Quant aux pommiers de Bretagne, leur origine est identique. L’illustre Bertrand du Guesclin, allant guerroyer en Castille, eut l’occasion d'apprécier le cidre que l’on buvait sur les deux versants des Pyrénées et, à son retour au pays natal, il fit comme le chevalier Marin-Onfroy, il rapporta des pépins de pomme basque. Le succès ne fut pas moindre. Seulement ceci se passa deux cents ans après l’introduction des pommiers en Normandie. Ces derniers ont donc l’avantage de la priorité.
Hélas ! les buveurs "bretons ne songent plus à celui à qui ils doivent leur plaisir, pas plus que les buveurs normands ne songent à Marin-Onfroy. Celui-ci cependant a eu l’avantage de laisser son nom à une race de pommes, toujours en honneur en Normandie, de même qu’on y apprécie encore aujourd’hui une autre race dont l’origine est la même, la pomme de "Biscait", qui est évidemment la pomme de Biscaye.
IL FAUT GARDER UNE POIRE POUR LA SOIF |
Nombreuses sont d’ailleurs les diverses espèces utilisées pour le cidre et M. Georges Dubosc, l’érudit Normand, a pris le soin de rechercher l’origine de chacune d’elles. On ne saurait les citer toutes. Voici pourtant la pomme de Monsieur, importée de Navarre par un seigneur des environs de Valognes nommé Guillaume Dursus ; la pomme de Barbarie ou Barberiot et l'Epicé, aujourd’hui disparue, qui, au seizième siècle, fit les délices de François Ier lors d'un voyage de ce roi en Normandie. Ont disparues de même la pomme de Richard, que le duc Richard 1er aurait, découverte au cours d’une chasse dans les bois sauvages, la pomme de Roger, la pomme de Bosquet, le Passebon et la Vilaine.
En revanche, il existe toujours la Bédane, ou Bédan qui est une pomme douce ; le Blanc-Dureau que cite déjà Rabelais dans son "Pantaguel" ; l’Amer-doux ; l'Ameret ; la Douce-Evêque, dont le nom est une déformation de Douce-aux-vêpes ou Douce-aux-guêpes ; le Doux-Véret, qui eut son origine sur l’un des domaines appartenant à Marin-Onfroy ; la Germain, dont le nom provient aussi d’une déformation puisqu'elle était à l’origine la pomme de permaine ; le Gros-Doux, le Fréquin, le Muscadet qu'a chanté le poète Olivier Basselin en disant : Il vaut mieux près du feu boire la muscadelle Qu’aller sur le rempart faire la sentinelle.
POMME MARIN ONFROY |
Enfin voici l'Ozenne, la Peau-de-vache, le Rouget, la Belle-Normande, spéciale au pays de Caux, qui est une des plus anciennes. Toutes ont leurs qualités propres, leurs vertus particulières et les amateurs de cidre savent dans quelles proportions il faut mélanger les unes avec les autres pour obtenir un "pur-jus qualiteux".
POMME PEAU DE VACHE |
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