Libellés

vendredi 18 décembre 2020

LES SALINES DE BRISCOUS-BESKOITZE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1837 (première partie)

LES SALINES DE BRISCOUS EN 1837.


Le hameau des Salines a été rattaché à la paroisse de Briscous en 1832. Les Salines ont été longtemps une des principales industries de la région.



pays basque autrefois salines
SALINES D'URT
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce rapporta à ce sujet le journal Le Moniteur industriel, le 5 novembre 1837 :



"Un exemple de plus de l'abus des annonces et des réclames.

Salines de Briscous. 



...En même temps, nous répondions à un article-annonce de l’Actionnaire en faveur des salines de Briscous.



On avait dit dans cet article "que ces salines étaient appelées à jouer dans l’ouest de la France, sur toutes les côtes et dans les relations maritimes avec l’étranger le même rôle que Dieuze remplit dans l’est vis-à-vis de la Prusse, de la Bavière et de la Suisse."



II semblait, à en croire L’Actionnaire, que nos sels marins devaient contenir en abondance des éléments de dissolution, tandis que ceux de Briscous ne contenaient que des éléments de conservation.


pays basque autrefois salines
LES SALINES DE BRISCOUS
PAYS BASQUE D'ANTAN


Nous ne reproduirons pas les observations concluantes que nous avons opposées à cette étrange prétention. Ce n’est pas l’objet dont nous avons à parler aujourd’hui ; nous attendons d’ailleurs un travail qui doit nous être envoyé par des hommes pratiques sur la production et le commerce des sels du département de la Charente Inférieure ; et très probablement ils ne laisseront rien à dire sur cette matière.



Après l’article de l'Actionnaire en faveur de la nouvelle entreprise des salines de Briscous, d’autres ont paru dans le même sens. Nous avions des notions tout à fait contraires et, suivant notre système auquel nous dérogeons rarement, nous censurions par notre silence.



Mais un nouvel article d’un journal quotidien ayant passé toutes les bornes de l’exagération, nous nous sommes décidés à écrire sur les lieux afin de pouvoir démentir plus sûrement des assertions et des calculs que nous ne savons comment qualifier.



La réponse que nous avons reçue est complète : elle en dit plus même que nous n’en voulons publier ; nous en retrancherons ce qui contraste avec la modération de notre journal, et nous tairons les noms.



"Les salines de Briscous étaient connues et exploitées depuis quelques années, lorsque M*** vint les visiter. Après y avoir acheté un assez mauvais petit terrain, il fit construire un atelier qui lui coûta beaucoup d'argent, dans les rapports des autres usines du pays. L'atelier fut à peine construit lorsqu'il s'aperçut que son puits d'eau salée ne pouvait lui fournir que de l'eau douce ; dès lors, il acheta un autre petit morceau de terre à quelques toises de distance, et de l'autre côté du grand chemin, pour y creuser un nouveau puits qu’il dut faire doubler avec de nouvelles tonnes afin d’éviter les sources d’eau douce. Le puits se trouvant ainsi éloigné de ses réservoirs, il fut obligé de construire un manège pour l'extraction de l’eau et de placer des tuyaux à la hauteur de 20 à 25 pieds au-dessus du sol, pour porter l’eau jusque dans sa fabrique. Celle-ci fut à peine construite lorsqu’elle céda et menaça de tomber dans le champ du voisin ; il fallut encore acheter de nouvelle terre pour servir de point d’appui. L’intérieur de la fabrique a toujours été dirigé avec le même défaut d’expérience du travail auquel il se livrait : énormes chaudières, énormes fourneaux sans discernement aucun ; enfin tout, jusqu’à la surveillance, a été le fruit d’une école où M. *** a dû perdre beaucoup d’argent. L’expérience du passé étant venue en aide, le propriétaire a senti la nécessité de se défaire d'une usine, toute construite en planches de pin moitié usées par le temps et par le travail. Au lieu de faire estimer tout le matériel, ce qui eût été plus rationnel, M. *** a décidé que son usine et ses accessoires valaient 180 000 fr. ; quand deux experts honnêtes auraient porté l’évaluation à 14 ou 15 000 fr. La pensée grossissant dans les rapports de l'éloignement de l’objet, il a été facile de donner une valeur hors de toute vraisemblance, et le 14 août 1837, un acte a été passé devant un notaire de Paris. En voici quelques articles : 

"Le capital social est fixé à la somme de 290 000 fr., représenté par 290 actions." 

L’article 11 porte : "M. *** apporte à la société, pour sa part de commandite, etc., etc., la fabrique de sel, etc., etc. dont la valeur est reconnue par le gérant s’élever à cent quatre-vingt mille fr. 180 des actions ci-dessus-formées sont attribuées à M. ***."



Vient ensuite la grande considération, celle d’exploiter un puits à Briscous, comme si l'ordonnance du 13 février 1835 n’avait pas été rendue pour tous ceux qui se livrent à l’exploitation du sel à Briscous. 



L’art. 14 du contrat porte : "Tous les ans il sera fait un inventaire de l’actif et du passif pour constater la situation des affaires de la société, etc. etc." 


Art.15. "Tous les fonds inactifs seront versés en compte courant entre les mains d’un ou plusieurs banquiers avec intérêt au profit de la société." 


Art. 17 "Déduction faite des dépenses, sur les recettes, il sera fait sur les bénéfices : 

1° un prélèvement égal à 5 p. 0|0 du capital versé par les actionnaires, comme représentant l’intérêt de leurs fonds ; 

2° et sur le surplus un autre prélèvement de 15 p. 0|0 pour constituer un fonds d’accroissement du capital social, et cela jusqu’à ce que le fonds d’accroissement s'élève à 50 000 fr. 

Les bénéfices restant disponibles après ce prélèvement seront repartis, savoir : 

25 p. 0|0 au gérant, et les 75 p. 0|0 entre les actionnaires." 



Art. 36. "La société sera définitivement constituée aussitôt que 230 actions auront été soumissionnées, y compris celles représentant l’apport de M. *** et le cautionnement du Gérant, etc., etc." 



Vient ensuite un deuxième contrat, passé par le même notaire les 19, 25 et 26 août 1837, qui déclare la société constituée conformément à l’art. 36 du premier contrat.



"Observations. 


Le capital social est de 290 000 fr sur lequel il faut distraire la mise de M***, puisqu’elle consiste en planches et chaudières ; reste donc un capital de 110 000 fr. sur lequel il faudra prélever encore au moins 10 000 fr. pour la réparation de la fabrique. Comment peut-on concevoir qu’un capital de 100 000 fr. puisse procurer quelques bénéfices quand on doit payer l’intérêt de 5 p. 0|0 sur 290 000 fr ? J’avoue qu'après m’être beaucoup occupé de salines, je ne comprends rien à la manière d’opérer de M.***; je n’y vois qu'une planche de salut pour lui, et je l'en félicite ; il fait bien de se retirer.



2° Jamais navires danois ni norvégiens ne sont venus dans le port de Bayonne pour charger les sels de Briscous. Le droit se paie sur l’eau et par anticipation, ce qui empêche toute exploitation ;



3° Il est impossible d’évaluer le maximum des salines de Briscous, parce qu’on peut pousser les produits à l’infini, si l’on possède des capitaux suffisants pour acquitter les droits ;



4° Enfin, je ne puis m’en rapporter au journal qui dit que l’on peut gagner 2 fr. à 2 fr. 50 cent, par quintal de sel (ou 50 mil.) ; cela dépend du plus ou moins d’expérience du fabricant ; mais je crains bien que ce que ce journal annonce comme bénéfice ne soit perte réelle pour la fabrique en question.



La création d'une usine ordinaire pour la fabrication de trente à quarante quintaux par jour n’exige qu’un capital de 12 à 15 000 fr., plus les fonds nécessaires pour l’impôt."



Ces renseignements puisés à la source sont tellement positifs, que, sans y rien ajouter de ce que nous savions d’ailleurs, nous nous bornerons à en faire sortir les conclusions suivantes :



Que tous les honnêtes gens doivent s’unir pour aider par leur influence à une prompte réforme dans les affaires livrées à la publicité ; qu’il est temps de prendre au sérieux et de suivre de près toutes ces annonces audacieuses qui se reproduisent sous toutes les formes pour enflammer la cupidité des hommes crédules. (Nous avons une provision de faits non moins graves que celui dont nous venons de parler), et enfin qu’il est bien à désirer que MM. les notaires n’attendent pas la loi que nous avons sollicitée pour se montrer moins faciles à faire des actes pareils à ceux que nous avons signalés dans notre dernière feuille."



A suivre... 





(Source : https://www.briscous.fr/decouvrez-briscous/historique-et-patrimoine)



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 600 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire