LE MAKILA EN 1933.
Le Makila (ou Makhila) est l'outil (l'instrument) inséparable du Basque, lorsqu'il se rend aux foires et aux marchés en ce début de 20ème Siècle.
Voici ce que rapporta à ce sujet Le Petit Journal, dans son édition du 20 septembre 1933, sous la
plume de J. Saignac :
"Le "Makhila" insigne traditionnel de la dignité basque.
(De notre correspondant particulier)
Bayonne, 19 Sept.
— Le makhila est le bâton traditionnel du Basque.
MAKILA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Qu'il se rende au marché ou à une partie de pelote, tout bon Basque ne sort qu'avec son compagnon fidèle, s'appuyant sur le pommeau de corne ou de métal, ou le portant suspendu à son poignet par une dragonne en cuir tressé et terminée par une petite olive.
C'est un excellent soutien pour la marche et, au besoin, une arme défensive redoutable, aiguillon ou massue.
Le makhila, le vrai makhila se fait en bois de néflier, arbuste qui abonde aux flancs des Pyrénées, et est exécuté par des ouvriers spécialisés dans ce genre de travail.
MAKILA PAYS BASQUE D'ANTAN |
La sélection des tiges susceptibles d'être transformées en makhilas se fait deux ou trois ans avant qu'on ne les coupe. Une main experte y pratique, dès lors, des piqûres au couteau, d'où résulteront les fines arabesques qui donnent au makhila un cachet spécial. Elles continuent à être l'objet de soins particuliers sur l'arbre même. Une fois coupées, elles subissent diverses opérations sans lesquelles on ne saurait obtenir la belle couleur acajou qui les caractérise.
A l'une des extrémités de la tige, l'ouvrier adapte un aiguillon d'acier, qui s'engage et se visse dans une poignée de cuivre, parfois recouverte d'une tresse de cuir ; à l'autre, il emboîte une douille métallique — cuivre, maillechort, argent — qui se termine par une petite pique triangulaire.
Le makhila manquerait d'une chose essentielle et n'aurait aucune valeur aux yeux d'un Basque, si, entre la douille et la pique, n'était intercalé un sou, un sou aussi vieux que possible.
C'est sur la douille qu'on grave quelque sentence ou proverbe basque — à moins qu'on ne se contente d'y faire figurer le nom et l'adresse du fabricant.
MAKILA PAYS BASQUE D'ANTAN |
La valeur d'un makhila dépend sans doute des métaux dont il est orné, mais surtout de la qualité du bois, ainsi que de la finesse et de l'originalité des garnitures et des dessins qui y sont gravés.
L'industrie du makhila a bien toujours son centre au pays basque ; elle a des représentants réputés dans la Soule, dans la Basse-Navarre et dans le Labourd ; mais, sans se dépayser — puisque Bayonne est la capitale du Labourd — elle a pu s'implanter dans cette dernière ville, où deux maisons importantes lui ont assuré la faveur nouvelle des Basques.
A côté du makhila traditionnel et authentique, on a créé des makhilas de fantaisie, cannes légères et élégantes, très à la mode, mais qui n'ont de commun avec le vrai makhila, qu'un aspect extérieur approximatif.
MAKILA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ajoutons que, de tout temps, le makhila a figuré parmi les plus hautes récompenses décernées dans les concours de poésie et de pelote au pays basque, et qu'il constitue souvent un témoignage du respect, de la reconnaissance ou de l'admiration dont son propriétaire est justement l'objet.
C'est ainsi que des "makhilas d'honneur" ont été spécialement préparés, travaillés, et gravés à l'intention de certains personnages illustres, à qui le pays basque en a fait hommage, personnages parmi lesquels le roi Edouard VII, la reine Wilhelmine, le maréchal Foch, Clemenceau, le cardinal Verdier et bien d'autres, d'un prestige à peu près égal."
EDOUARD VII ET SON MAKILA |
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