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lundi 28 décembre 2020

28 DÉCEMBRE 1937 : MORT DE MAURICE RAVEL UN MUSICIEN BASQUE

LA MORT DE MAURICE RAVEL.


Joseph Maurice Ravel est un compositeur Basque né à Ciboure (Basses-Pyrénées) le 7 mars 1875 et mort à Paris le 28 décembre 1937.



pays basque autrefois musicien boléro
MAURICE RAVEL



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Combat, le 10 mars 1938, sous la plume de Jacques 

Armand :



"Dans les premières œuvres de Ravel, l'influence de Debussy est évidente. Mais dès la "Pavane" et les "jeux d'eau" son style se fait plus personnel. Il renonce notamment à l'impressionnisme. Sa musique ne se présente plus comme un ensemble de notations précises, qui, en s’ajoutant les unes aux autres, finissent par produire l’effet désiré. Elle marque au contraire un retour très net vers les constructions classiques.



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PORTRAIT DE MAURICE RAVEL



L'épithète "classique" appliqué à Ravel étonne. Le classicisme est une vertu sévère qui prescrit à l'artiste de retrancher dans ses richesses intérieures tout ce qui n'est pas essentiel, de s’efforcer vers cette simplicité qui, par un curieux paradoxe, exprime plus que l'abondance même. L’apparence prodigieusement diverse des œuvres de Ravel ne doit pas tromper, et nous ne nierons pas qu’il y ait chez lui un amour du son comme tel, une complaisance pour certains accords que seul justifie le plaisir qu’ils lui font éprouver, qu’un génie plus rigoureux n’eut pas manqué de sacrifier aux exigences de son plan. Mais cette multiplicité est le plus souvent commandée par une construction solide qui l’ordonne et la discipline.



La mélodie avec lui reprend son ancienne importance. Elle est à nouveau l'âme de l’œuvre. Ce sont ses ressources qu’on exploite, sa logique qu’on développe, ses aventures qu’on raconte. Dans le Boléro, le thème tout de suite parvenu à sa plus haute perfection, se répété avec complaisance jusqu’à ce que l’esprit en ait pris une entière possession. Dans l’admirable concerto pour la main gauche, il se transforme sans cesse, s’enrichit, atteint une maturité éblouissante et finalement se dépasse. Mais c’est dans la "Forlane" du Tombeau de Couperin que Ravel laisse surprendre la perfection de son art. Il nous intéresse dès le début aux efforts d’un thème modeste, qui se cherche avec patience et rigueur ; nous pressentons que sa réussite sera éclatante ; et au moment où notre désir, exaspéré par l’attente, atteint sa plus haute exigence, nous aboutissons à une phrase furtive, vite disparue, mais dont l’agrément et la pureté passent notre espérance.



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MAURICE RAVEL



Ce classique ne pouvait se désintéresser de la question du rythme. Comme Mozart et Bach, comme Chopin plus tard, il a cherché à le renouveler en puisant dans le répertoire populaire. La danse surtout lui a offert d’utiles secours. Le Boléro, la Pavane, la Valse en sont les meilleurs exemples. Mais pour être plus cachée, l’influence de la danse est encore sensible dans des œuvres d'un caractère tout différent comme l’allègre conclusion du "lever du jour" de Daphnis et Chloé, ou certains moments de "Gaspard de la Nuit". Ravel ne s’en est pas tenu là, et s'est livré à des innovations qui ont souvent déconcerté ses auditeurs, sans qu’on puisse s’expliquer pourquoi. Ils n’ont pas été moins étonnés par l’introduction d’un rythme militaire dans le final du concerto, que les gens du grand siècle quand ils entendirent prononcer distinctement le mot "pisser" dans les "Plaideurs". Alors que leurs doigts de pied ont déjà compris et s’agitent dans leurs souliers, ils se raidissent intérieurement et cherchent dans le répertoire honorable quelque précédent qui leur permette d’accorder leur plaisir et leur dignité. On est tenté de leur dire, comme un des personnages de l’Impromptu de Paris "laissez-vous aller ; ne cherchez pas à comprendre : vous jugerez demain" ; mais un conseil aussi simple a peu de chances d’être apprécié par ceux qui n’ont pas été capables de le trouver eux-mêmes. Il nous faudrait maintenant parler de toute une classe de procédés, beaucoup plus étranges et encore plus mal compris. Certains semblent exprimer un mouvement de pudeur, un réflexe de défense de l’auteur contre l’émotion naissante ; certains autres ont trait à cet humour qui est un des grands charmes de Ravel.



La réussite sonore d’une œuvre n’est pas tout. Elle est au contraire peu de choses, si elle ne crée pas dans l'âme un retentissement fécond, si elle ne réussit, par quelques voies secrètes, à intéresser les facultés silencieuses. Or c’est par là que la musique de Ravel vaut, c’est par là qu’elle acquiert pour nous un prix inestimable.



En sortant d’un concert où l’on donnait du Ravel, nous éprouvons un sentiment qui ressemble beaucoup au bonheur. Mais il y a dans ce bonheur une confiance et une sûreté auxquelles ne nous ont pas habitués ces bonheurs humains, empoisonnée par la crainte de voir se dénouer un jour le concours de circonstances qui les a produits. C'est que Ravel a attiré notre attention sur les richesses du monde contre lesquelles le hasard ne peut rien, sans cet inépuisable réservoir de satisfactions que ce goût pour le malheur qu’il faut bien supposer à l’homme, nous conduit seul à méconnaître.



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MAURICE RAVEL



Il a dit la joie des sens, l’enchantement d’habiter un monde coloré, un monde où les choses et les bêtes mêlent harmonieusement leurs mouvements et leurs formes. Dans le "lever de jour" de Daphnis il nous montre comment l’ordre puissant, monumental des objets inanimés, seule réalité de la nuit, se complique à mesurer que se composent les mouvements de la vie, sans se départir jamais de cette harmonie profonde qui est pour celui qui le constate un sujet d’étonnement et de confiance.



Il a exprimé tout le charme de l’imagination, du rêve, de l’absence humaine. Il s’est efforcé de retrouver l'inspiration de ces conteurs orientaux qui par la seule vertu de leur parole avaient fait exister un monde qui fut longtemps le refuge de populations que la vie traitait durement.



Dans Gaspard de la Nuit, Ma mère l’Oye et Shéhérazade, Ravel essaye son pouvoir magique et nous conduit dans des régions fabuleuses, où notre dépaysement est complet, puisqu’il ne saurait y être question de nous, où les sentiments les plus redoutés, étant sans conséquences de maladies ou de mort réelles, se révèlent subitement agréables.



Mais c’est la création artistique et l’incomparable joie oui l’accompagne, qui ont donné à Ravel l’occasion d’écrire ses pages les plus fortes. Il a consacré le meilleur de son talent à célébrer Cet étonnant pouvoir qu’a l’homme de dépasser sans cesse les limites que semble lui imposer la nature. C’est l’inspiration qui est le sujet du Boléro et de la Valse. La matière qu’elle doit transformer est peu de choses, un simple rythme au début de la valse. Mais dès que passe le souffle créateur les inventions s’accumulent, luttent entre elles, et enfin s’accordent. Il se dégage de la réussite finale une émotion effrayante, un enthousiasme qui dépasse de beaucoup en intensité tous les autres sentiments humains. Il arrive même que le poète s’affole devant le nombre et la valeur des richesses découvertes : il perd alors le contrôle de ses créations et tout finit dans un désordre diabolique.



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MAURICE RAVEL



Cependant Ravel n’a pas exprimé que la joie. Je ne pense pas ici à la mélancolique "Pavane" (la mélancolie étant le luxe suprême des gens heureux), mais au Concerto dont certains moments sont poignants. C’est un cas à peu près unique dans son œuvre, et l’admirable beauté du second mouvement nous fait vivement regretter que Ravel eût emporté dans la tombe le secret musical de sa tristesse.



Ceci nous amène à penser que la joie que nous avons trouvée partout dans son œuvre n’est peut-être pas tout à fait l’image de son âme. Au lieu de chercher comme la génération précédente un soulagement à ses tourments dans la confidence, il a préféré peut-être exalter, par un effort de sa volonté, les raisons impérissables qu’a l’homme d’être heureux. Si c’est la joie que cette musique paraît tout d’abord nous communiquer, c’est au fond son courage qu’elle nous laisse, en secret."



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