UN CRIME À MENDIONDE EN 1932.
En juin 1932, un fait divers tragique frappe cette paisible ville du Labourd.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 23
novembre 1932 :
"Devant la Cour d’assises des Basses-Pyrénées.
...Ainsi frappé. Uhart ne riposte pas, se bornant à demander à son adversaire de le laisser.
Mais Lousteau ôte sa veste et revient sur lui. C'est alors que lui-même, s’armant de son couteau, frappe, pour se défendre, dit-il, parce qu’il eut peur.
Uhart croit qu’il n’a donné qu’un coup de couteau. Il vit tomber son adversaire et ne se souvient de rien.
Peu après, on l’arrêtait sur la place du village. Il remit aux gendarmes le couteau qu’il avait jeté dans une rigole .
— N’y avait-il pas eu de rixe entre Uhart et Lousteau ?
— De simples discussions, répond l’accusé. Mais je ne me souviens pas si des coups ont été échangés. En tous cas, nous avons depuis bu et mangé avec Lousteau. On était très amis.
— N’avez-vous pas menacé Lousteau de mort ?
—Non, jamais.
VUE GENERALE MENDIONDE PAYS BASQUE D'ANTAN |
L'accusé ne se souvient pas s’il frappa sa victime tombée à terre.
On entend les témoins.
Le docteur de Luzaret, médecin-légiste à Bayonne, qui a fait l’autopsie de Lousteau, a relevé cinq blessures dont trois très profondes, dont chacune pouvait provoquer la mort.
Sur Uhart, il n'a relevé aucune trace d'ecchymoses.
Le témoin estime que Lousteau et Uhart devaient être sensiblement de vigueur égale.
Sur question de Me Delmas, le docteur de Luzaret confirme qu’il ne releva aucune ecchymose, aucun "bleu" sur Uhart.
M. Henri Courrèges, était chef de brigade de gendarmerie à Hasparren au moment du crime. Depuis il a pris sa retraite. Avisé de la rixe, il envoya des gendarmes sur les lieux et s'y rendit lui-même. Après une rapide enquête, il se mit à la recherche de Uhart qu’il découvrit une vingtaine de minutes plus tard. Interrogé, Uhart reconnut sans difficulté les faits. L’arme du crime fut retrouvée à l'endroit même où Uhart s’était caché. Il portait encore des traces de sang.
Le témoin, qui avait eu souvent affaire à Uhart, donne celui-ci comme un mendiant d'habitude. Il envoyait ses enfants rapiner de droite et de gauche.
— L’accusé, demande un juré, a-t-il manifesté des regrets ?
— Il était comme abruti au moment de l’arrestation et ne croyait pas avoir tué Lousteau. Quand il connut la mort de son adversaire, il parut assez abattu.
Huart va être sérieusement jugé par le témoin suivant, son ancienne maîtresse, Marianne Daguerre. Il la quitta après une liaison de plusieurs années et après avoir eu d’elle onze enfants.
Elle s'était alors mise en ménage avec Lousteau, la victime. D’ailleurs, tout ce monde mendiait et buvait de compagnie.
Y a-t-il un vieux ressentiment dans la déposition sévère contre l’inculpé de cette favorite répudiée ?
Selon Marianne Daguerre, Lousteau, le couple Etcheverria et elle-même avaient bu, avant le meurtre, quatre litres de vin. Dans un autre débit, à Mendionde, les deux autres avaient encore consommé du café et du cognac, mais ils n’étaient pas ivres.
Le témoin va se trouver en contradiction avec l’accusé sur l’origine du pugilat. D’après Uhart, Lousteau lui aurait reproché d’avoir abandonné la femme Etcheverria, tandis que, à en croire le témoin, c’est parce que sa maîtresse refusait d'aller chercher du vin, n’ayant pas d’argent, que Uhart l’aurait frappée, ce qui provoqua l'intervention de Lousteau.
Marianne Daguerre a vu Lousteau retirer sa veste, et c’est à ce moment précis que Uhart le frappa. Elle crut qu’il s’agissait d'un simple coup de poing, mais, comme elle tentait de relever Lousteau, tombé le nez à terre, elle toucha du sang.
"Uhart, assure Marianne Daguerre, a frappé Lousteau dans le dos après sa chute." Elle ajoute que les deux hommes s’étaient déjà battus à Hasparren et que Uhart avait déclaré qu’il tuerait Lousteau.
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L'accusé proteste. "Cette femme, dit-il, m’en veut." Mais Marianne couvre Uhart d'un mauvais regard et le traite à plusieurs reprises, à mi-voix et en basque, de criminel, avant de quitter la barre.
M. Planté, facteur-receveur des postes à Mendionde, a eu l’impression que Uhart avait été provoqué et que les deux hommes étaient ivres. Atteint, Lousteau cria : "Aïe !" et tomba. Uhart le frappa à nouveau.
Deux cabaretières de Mendionde viennent faire le total des litres de vin bus dans leurs débits respectifs par les deux couples. En tout, quatre à cinq litres, plus du cognac.
M. Elissagaray a entendu Uhart dire qu'il tuerait Lousteau s’il ne quittait pas le pays. L'accusé se dresse et proteste, disant que le témoin a vécu avec sa fille et qu’il l’a contrainte à mendier.
M. Elissagaray reconnaît en partie ces faits, mais il accuse à son tour le fils de Uhart de lui avoir porté dernièrement un coup de couteau.
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"C’est une autre affaire", déclare le président, qui, sur demande de Me Delmas, fait appeler à la barre le maréchal des logis Courrèges.
Celui-ci confirme une liaison de plusieurs années entre Elissagaray et la fille Uhart. Il fait partie, lui aussi, d’un clan de bohémiens, et la fille Uhart est aujourd’hui décédée.
L'accusé fréquentait chez le couple.
Deux autres témoins fournissent des renseignements de faible intérêt. Enfin, M. Jean Laronde, maire de Méharin, déclare qu’il a vu mendier les femmes et les enfants de la petite tribu, mais pas les autres.
Durant le séjour à Méharin, Uhart et les siens respectèrent les habitants qui, tout de même, se méfiaient un peu d'eux.
Après l’audition des témoins, l'audience est suspendue.
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Réquisitoire et plaidoirie.
Après un examen des diverses dépositions, le substitut Laurens estime que Uhart ne peut bénéficier de l’excuse de provocation, un coup de poing ne justifiant pas cinq coups de couteau portés avec violence.
La responsabilité de Uhart est certaine, comme son intention de meurtre évidente.
L’accusé a été un mauvais citoyen, un mauvais soldat. C’est un de ces indésirables dont il faut débarrasser le sol français en même temps qu'on donnera un exemple aux tribus vagabondes qui inquiètent trop souvent l’habitant des campagnes.
Peu importe ce qu'était la victime et sa faute morale. Il y a eu meurtre sauvage qui réclame un châtiment.
VILLA ERLANDENIA MENDIONDE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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