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jeudi 11 janvier 2018

LES BASQUES EN AMÉRIQUE DU NORD ET DU SUD EN AVRIL 1928


LES BASQUES EN AMÉRIQUE DU NORD ET DU SUD EN AVRIL 1928.


Parmi les Basques ayant émigré en Amérique du Nord et du Sud, nombreux sont ceux qui ont réussi, dans les affaires ou en politique.

Voici ce qu'en rapporte la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition 

du 26 avril 1928 :

"Les Basques en Amérique dans le Sud et le Nord.

A propos de l’élection du Dr Irigoyen en Argentine. M. J. Passicot et le Musée Basque. — Relations à cultiver. — Les Basques en Californie.


Pendant que nous bataillons en France pendant huit jours pour l’élection des députés, en République Argentine on vote depuis plusieurs semaines pour l’élection du Président. Tout indique que celui-ci sera le Dr Irigoyen, qui occupa ce poste et dont la famille, ainsi que son nom l’indique assez, est originaire du Pays Basque. Il a d’ailleurs pour la France, ainsi que ses concitoyens, une amitié très vive. N’en avons-nous pas eu l’écho lorsque, récemment, M. Gallardo, ministre des affaires étrangères de la République Argentine a visité Bayonne et Biarritz?

 

pays basque avant
DOCTEUR HIPOLITO IRIGOYEN
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les Basques, depuis de longues années, on le sait, se sont transportés en Amérique du Sud. Ils se sont installés à La Plata, au Chili, au Pérou, au Brésil, au Mexique. Parfois ces "Américains" reviennent au Pays Basque, soit définitivement, soit pour y passer quelques mois. 


Mais il n’y a pas qu’en Amérique du Sud que les Basques aient émigré. Il y en a aussi en Amérique du Nord, bien qu’en moins grand nombre. 


Par une singulière coïncidence, le dernier Bulletin du Musée Basque et Gure Herria, qui vient de paraître, oublient deux études également attachantes sur les Basques en Amérique. 


L’abbé Jean Lamarque, qui nous parle de M. Jean-Pierre Passicot, l’un des bienfaiteurs du Musée Basque de Bayonne, nous rappelle que : "L’Argentine qu’il nous faudrait faire si nous avions une prédilection pour nos émigrants. Les Basques en particuliers — de l’un et l’autre versant des Pyrénées — se sont en si grand nombre transportés sur le territoire de l’hospitalière république, qu’ils y ont occupé, dès son origine, et continuent à y tenir plus que jamais, les rangs les plus enviables. Finances, haut commerce, carrières libérales, politique, contiennent, dans leurs annuaires, tant de noms basques que c'est l’histoire même de la République Argentine qu’il nous faudrait faire si nous voulions retracer avec fidélité le rôle de nos compatriotes." 


PAYS BASQUE AUTREFOIS
PASSICOT JEAN-PIERRE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Pour nous en tenir à sa seule actualité, rappelons que Buenos-Ayres ne compte pas moins de 20 sociétés ou œuvres françaises, depuis la puissante Société Philanthropique et de Bienfaisance Française du Rio de la Plata, bientôt centenaire (1832) et rassemblant, aujourd’hui, 8 000 sociétaires, jusqu’à la Chambre de Commence française (2 000 sociétaires), en passant par les Comités politiques et patriotiques, les groupements plus récents d'Anciens Combattants, les œuvres scolaires et sportives, les œuvres d'Assistance, les œuvres de presse (Courrier de la Plata), etc... 


Quant à M. Passicot lui-même, on ne saurait lui dénier sa qualité de Basque, puisqu’il est né à Bidart. Et l’abbé Lamarque dit de lui : 

"La bonté de M. Jean-Pierre Passicot à l’égard de ses compatriotes basques s’est maintes fois manifestée. Rappelons seulement qu’en 1921 il prit à Buenos-Ayres l’initiative d’une souscription en faveur des familles basques des victimes de la guerre et vint lui-même distribuer, aux maires des diverses communes, le demi-million qu’il avait recueilli.  


Il n'est peut-être pas mauvais, à ce propos, de relater ici un trait que M. Passicot tint à citer lui-même au cours de l'allocution vibrante qu’il prononça à Saint-Jean-de-Vieux où se réunit, en septembre dernier, l’Assemblée annuelle de l'Eskualtzaleen-Biltzarra."  


Lorsque le Centre Basque-Français eut pris l’initiative de la souscription dont nous venons de parler, une circulaire fut envoyée aux maires de toutes les communes basques pour leur demander de faire connaître les familles les plus dignes d’intérêt... Or deux seulement répondirent à cette offre généreuse...  


Nombreux sont les "Vieux-Basques" qui, même nés en Amérique du Sud, ne veulent pas oublier l’Eskualduna! Nous leur devons être reconnaissants de ce souvenir et travailler, de notre côté, à rendre plus solide les liens qui nous unissent à l’Amérique du Sud. Question de sentiment, d’abord, et aussi question d'intérêt bien compris, relativement à notre commerce, à notre marine et à notre industrie.


Mais, ainsi que nous le disions tout à l’heure, les Basques sont allés, également, dans l'Amérique du Nord. Et c’est, dans Gure Herria, Mme Agnès Rouget de l’Isle qui nous en parle. Elle cite, notamment, le cas de Bastamchury, qui possède un des plus grands "ranches" de la Californie. Elle lui rendit visite : 

"Les temps étaient durs, écrit-elle, mais ils (M. Bastamchury et sa famille) n’avaient pas perdu le bel esprit religieux des Basques, d’ailleurs n’étaient-ils pas tout l’un pour l’autre et que leur importait d’être si loin de chez eux. Des enfants vinrent ensuite bénir leur union." 


Le troupeau de moutons s’accrut, nécessitant un pâturage plus étendu; ils furent obligés d’acheter du terrain, payant l’acre un prix infime. Faisant ensuite l’inventaire de leurs possessions ils découvrirent qu’ils avaient 5 000 acres de terrain et qu’ils possédaient un des plus riches troupeaux de moutons. 


Il y a dans la Californie du Sud de redoutables sécheresses qui font mourir les bestiaux par milliers; en outre les moutons détruisent les pâturages, car ils tuent les plantes en leur mangeant les racines; aussi les bergers commençaient à conduire leurs troupeaux vers le Nord, à la recherche de nouveaux pâturages. 


Avec cette admirable prévision et cette prompte intuition si caractéristique de la race euskarienne, M. Bastamchury planta des citronniers sur 5 000 acres qui sont aujourd’hui à l'apogée de leur production. 


On évalue le Bastamchury-Ranch à 15 000 000 de dollars et pour ajouter encore à leur prospérité on a découvert du pétrole sur leur terre et des puits ont été creusés dans toutes les directions. 


Lorsque je visitais l’immense maison d’emballage, je vis que les embranchements de trois différents chemins de fer y aboutissaient, transportant les fruits vers les villes de l’Est et de l’Ouest. 


Plus tard j’eus le plaisir de rencontrer en Californie d'autres Basques, quelques-uns étaient riches, tous étaient dans la prospérité et n’avaient pas l’intention de retourner vivre dans leur pays natal.


Et l’auteur ajoute encore : "Dans d’autres cités de l'Ouest où les Basques sont disséminés, j’appris que les banques acceptent les chèques de n’importe quel Basque n'ayant pour seule référence que sa nationalité. Maintenant, une grave question se pose : Est-ce que ce peuple, vestige d’une ancienne et noble race, va se laisser engloutir par le vent d’iniquité qui souffle aujourd’hui sur le monde et le dévaste? Ou va-t-il se tenir à distance dans l’Avenir comme dans le Passé, restant une sorte de levain qui fera fermenter les nouvelles générations jaillissant de l’incendie éteint, revivifiant, grâce à leur moral austère et à leur haut idéal, l’étincelle de vertu et de bonté qui gît dans tout cœur humain. Espérons que l’appât du monde extérieur ne tentera pas ces descendants d’une race qui restera toujours comme un vivant symbole contemplé par l’Humanité de la même manière qu’ils vénèrent eux-mêmes leur emblème de Liberté et d'Eternité... le chêne de Guernica." 


Espérons, en effet, avec Mme Rouget de l’Isle, dont l’article en anglais a été traduit par Mlles Jeanne et Wande Laparra, qu’ils conserveront même au milieu de la civilisation trépidante du Nord-Amérique, toutes les belles qualités de leur race."



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