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vendredi 5 janvier 2018

LES GOUFFRES DE LA SOULE AU PAYS BASQUE EN NOVEMBRE 1926


LES GOUFFRES EN SOULE AU PAYS BASQUE EN 1926.


Le Pays Basque a sur son territoire de nombreux gouffres, tant au Nord qu'au Sud.

pays basque autrefois
STALACTIQUES DE CACOUETA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce qu'on pouvait lire dans La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son 

édition du 4 novembre 1926 :



"Nous lisons dans le "Sud-Ouest Economique":





Le Pays Basque comprend trois parties distinctes : l’admirable Côte d’argent basque, qui va de l'embouchure de l’Adour à Hendaye, et même à Saint-Sébastien ; le pays de moyenne altitude, vallées de la Nivelle (Saint-Pé, Ascain et Sare), vallée des Nives (Ustaritz, Cambo, Itsasou, Pas-de-Roland, Bidarray, Ossès, Saint-Jean-Pied-De-Port, Arnéguy et Valcarlos, Saint-Etienne-de-Baïgorry et les Aldudes), vallées de la Joyeuse (Hasparren), du Lihoury et de la Bidouze et l'arrière-pays montagneux et sauvage, qui comprend : derrière Saint-Jean-Pied-de-Port, la pittoresque vallée de la Nive, de Béhérobie, vers Estérençuby, et les gorges du Lauhibar, après Béhorléguy ; enfin et surtout, la haute-vallée du Saison, de l'Olhado et de l'Ulaytça, qui recèlent les beautés naturelles extraordinaires que bien peu de touristes connaissent.




Si les Gorges de Kakoueta et les formidables Crevasses d'Olçarté étaient en Suisse ou en Allemagne au lieu d'être au fond de la calme province souletine, c'est par centaines de mille que les touristes les visiteraient chaque année. Une puissante société financière se serait constituée pour en faciliter la visite à tous et, grâce aux bénéfices légitimes qu'elle retirerait d'un droit d'entrée judicieusement fixé, non seulement le capital engagé pour l'aménagement serait vite récupéré, mais encore la société disposerait d'un revenu annuel suffisant pour entretenir en bon état les rampes, les passerelles en fer, les bateaux légers et pour payer les guides qui rendraient cette visite agréable et facile.





On arrive aisément à Licq-Atherey en auto, soit par la N. 133 qui quitte la Nationale 117 (Bayonne-Pau). On peut aussi quitter la N. 117 à Puyoo et gagner Salies par le G.C. 36 qui, en ce moment (1926), est en meilleur état que la N. 133 et passe à Salies-de-Béarn soit en remontant la vallée du gave d'Oloron, de Peyrehorade à Sauveterre, par le G.C. 25. A partir de Sauveterre, on remonte la vallée de Saison (gave de Mauléon) par le G.C. 14, la D. 11 et la D. 8 jusqu'à Tardets, puis par le G.C. 13 jusqu'à Licq-Atherey...





En passant à Mauléon, nous consacrerons quelques instants à la visite de cette pittoresque capitale de la Soule, qui n'est même plus sous-préfecture. Nous admirerons son vieux château (le Fort). Il ressemble à s'y méprendre, sous son épais revêtement de lierre, à l'Arche de Noé, échouée sur un Mont Ararat basque depuis le délug e; le bel Hôtel Maylie d'Andurain, spécimen précieux de l'architecture du XVIème siècle ; le vieux pont et l'église.



avant pays basque
CHÂTEAU D'ANDURAIN MAULEON - MAULE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Tardets nous arrêtera aussi quelques minutes par ses curieuses constructions à balcons en bois qui surplombent la ligne de chemin de fer.





Puis nous entrerons par Laguinge et Athérey dans la haute montagne, et nous trouverons à Licq un succulent déjeuner avec truites du gave et "piperade" locale ainsi qu'une vue délicieuse sur les montagnes environnantes et sur la chute pittoresque du vieux moulin transformé en usine électrique.







Je conseillerais volontiers, même aux automobilistes, qui peuvent arriver avec leur voiture jusqu'à l'entrée des Crevasses d'Holçarte et jusqu'à deux kilomètres des Gorges de Kakoueta, de ne pas essayer de faire les deux excursions, qui seraient trop fatigantes dans une même demi-journée. Le plan le plus pratique est de visiter Holçarte, que tout le monde peut voir en deux heures et demie, dans l'après-midi, de revenir coucher à Licq, et de consacrer trois heures et demie ou quatre heures à la promenade de Kakoueta, plus difficile pour les femmes et les enfants dans la matinée du lendemain.



pays basque 1900
HÔTEL DES TOURISTES LICQ ATHEREY - LIGI ATEREI
PAYS BASQUE D'ANTAN


Holçarte, que l'on atteint en suivant le G.C.13 (jusqu'à l'usine électrique de la Compagnie du Midi) et le chemin encaissé et pittoresque qui conduit jusqu'au pied de la côte de Larrau (9 kilomètres en tout), est un canon tellement sauvage que seuls les explorateurs aussi hardis et aussi bien outillés que MM. Martel, Fournier, Rudaux, Maréchal, E. et H. Reymond, Veisse, Bourgeade, de Coupey de la Forêt, ont pu, en 1908 et 1909, en explorer une faible partie, avec des bateaux et des échelles de corde. C'est disent les explorateurs , un long couloir d'eau de 10 kilomètres 400 d'étendue et de 300 mètres d'encaissement entre des murailles perpendiculaires qui, en un point, ne sont écartées que de 3 mètres. A l'amont, sur un parcours de 700 mètres, plusieurs cascades de 40 à 50 mètres de hauteur ont pu être tournées et descendues ; à l'aval, on a remonté 3 100 mètres, le tout à grands renforts de cordages, d'échelles, de bateaux démontables et surtout d'énergie. Une lacune de 6 600 mètres subsiste, en raison d'une sortie de caverne où une autre cascade a défié l'escalade des barques ; et les explorateurs ont dû reculer devant l'infranchissable...


C'est dire que les simples touristes comme nous ne peuvent songer à tenter l'exploration. Nous devons nous contenter de franchir le gave de Larrau sur un petit pont rustique, près de l'auberge plus rustique encore, qui n'offre aucune ressource. Nous traverserons l'Olhado sur un deuxième pont, qui conduit aux installations en ruines de la Société Forestière de Tardets. Nous tournerons le pied de la montagne et, profitant du sentier très praticable et très pittoresque tracé par la Société nous suivrons le fond du fond, encore très "civilisé".


Au bout de vingt minutes environ, le chemin deviendra plus rude. Pavé de gros cailloux du gave, comme l'enfer de bonnes intentions, il commence l'ascension de la montagne, offrant à chaque instant des échappées merveilleuses sur les rochers abrupts de la crevasse qui s’enfonce de plus en plus à notre droite. Après trois quarts d’heure de marche et de détours, nous arriverons au Pont suspendu que la Compagnie forestière a jeté hardiment sur l'abîme, à 300 mètres au dessus du torrent. Fragile tissu de fils entrelacés, il nous permet, si nous n’avons pas le vertige, de jouir pleinement d’un spectacle merveilleux. 




pays basque autrefois
PONT SUSPENDU GORGES D'HOLCARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN





pays basque autrefois
PASSERELLE HOLCARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Entre les deux parois verticales de calcaire, dont la blancheur éclatante n'est troublée que par la tache sombre, la verdure qui s'insinue dans toutes les fissures, la crevasse s'entr'ouvre, effrayante et sinistre. Tout au fond, là-bas, sous nos pieds, bruit faiblement le gave emprisonné et presque invisible. La crevasse se partage ici en deux branches qui se dirigent vers le sud et vers l'ouest; elles sont aussi sauvages l'une que l'autre. Le spectacle est de toute beauté. Le petit chemin constituait par delà le pont suspendu (dont l'accès est d'ailleurs interdit) pour l'exploitation forestière, qui est aujourd'hui abandonnée. Je l'ai suivi jusqu'au bout (une demi-heure de marche), mais bien inutilement, car il n'y a plus rien à voir, pour de simples touristes, qu'une magnifique forêt. Il n'en est évidemment pas de même pour de hardis pyrénéistes. Car je connais d'intrépides Anglo-Saxons qui , tous les ans, explorent à fond une partie de la région, cordes et pioches en main comme M. Martel et ses compagnons. Le retour à Licq en voiture est un enchantement.



L'excursion de Kakoueta est un peu plus compliquée que celle d'Holçarté, il faut, je l'ai dit, se munir de cartes d'entrée à Licq, à l'hôtel tout proche. Puis se rendre en auto, en voiture ou à bicyclette jusqu'à la Caserne des Douanes (7 kilomètres), en prenant la route de Sainte-Engrâce, qui se détache sur la gauche de celle de Larrau à l'usine électrique (2 kilomètres de Licq). Là, tout le monde met pied à terre, car la nouvelle route dont la construction est momentanément suspendue, de la Caserne à Sainte-Engrâce, n'est praticable que ni pour les voitures, ni même pour les cyclistes. Au bout d'un kilomètre et demi environ, on arrive au barrage de l'usine électrique, derrière lequel le gave forme, entre les falaises calcaires un lac tranquille et bleu laiteux. Cinq cent mètres plus loin (2 kilomètres en tout depuis la Caserne), on aperçoit sur la droite dans le fond du ravin, quelques maisons éparses, et sur l'autre rive l'entrée des gorges. Il faut descendre par le sentier à pic et s'adresser à la dernière maison (pancarte) près du torrent. C'est là qu'habite le guide, possesseur de la clef des grilles. On traverse avec lui le torrent, à sec en été sur des blocs de pierre : on remonte par un sentier encore plus raide la pente opposée et, au bout de dix minutes, on atteint en redescendant encore, l'entrée des gorges et le pont de l'ancien moulin si pittoresque.



pays basque avant
MOULIN ET GORGES DE CACOUETA
PAYS BASQUE D'ANTAN





pays basque autrefois
CACOUETA
PAYS BASQUE D'ANTAN

A partir de ce point, on est récompensé de sa peine. Pendant une heure et demie, en effet, sautant de roc en roc, franchissant le gave écumant des passerelles rustiques que M. Bouchet entretient à grands frais et que les sauvages visiteurs démolissent sans cesse, en se glissant sur d'étroits rebords aux flancs du rocher, on parcourt de magnifiques gorges qui rappellent à s'y méprendre celles de l'Areuse à Neufchâtel, en Suisse. Etranglé entre des parois distantes de 8 à 10 mètres et hautes de cent cinquante à 200 mètres, le pittoresque couloir change à chaque minute d'aspect. L'éclairage, par un beau soleil, est féérique. On va de surprise en surprise. Au bout d'une heure de marche et d'escalades, on atteint la superbe cascade, qui tombe à pic du rocher. Une demi-heure plus tard, ce sont les grottes qui forment l'extrémité de cette fantastique fissure. On les atteint par des échelles. Le retour, par le même chemin, présente autant de charmes que l'aller. Et c'est les yeux remplis de visions éblouissantes que l'on revient au colossal rocher, en forme de proue de navire, qui marque la fin de la superbe randonnée.


pays basque 1900
CASCADE GORGES DE CACOUETA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Pour rendre cette merveilleuse promenade vraiment accessible à tous, il faudra organiser un service régulier de Licq à Kakoueta, terminer la nouvelle route de Sainte-Engrâce, prévoir un service de barques qui pourrait partir du barrage de l'usine électrique, remplacer les installations en bois par de solides passerelles et rampes en fer, creuser parfois le rocher pour rendre le sentier plus praticable, etc..., fermer le tout par de solides grilles que les maraudeurs ne pourront plus démolir, afin qu'un droit d'entrée raisonnable, dégressif pour les familles nombreuses, permette de couvrir les frais considérables de cette installation. Mais nous ne pouvons songer demander à M. Bouchet de faire seul un pareil effort. Un syndicat puissant ou une grande compagnie - celle du Midi par exemple - pourrait mener à bien, avec son concours, une pareille tâche. Elle est digne de tenter l'intelligente initiative des amis de la nature et les fervents de notre merveilleux Pays Basque."








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