Libellés

mercredi 9 mai 2018

LA FRONTIÈRE DES PYRÉNÉES AU PAYS BASQUE EN FÉVRIER 1879


LA FRONTIÈRE DES PYRÉNÉES EN 1879.


La frontière franco-espagnole est la frontière internationale terrestre et maritime séparant les deux pays, de l'Atlantique à la Méditerranée.

pais vasco antes
CARABINERO ESPAGNOL FRONTIERE FRANCO-ESPAGNOLE
PAYS BASQUE D'ANTAN

D'une longueur de 623  kilomètres le long des Pyrénées, la frontière est interrompue par la 

Principauté d'Andorre.



Voici ce que rapporta La Gazette de France, dans son édition du 21 février 1879, sous la plume 

du Comte Alfred de Coëtlogon :


"La Frontière des Pyrénées.


Nous étions tellement habitué, en France, depuis Louis XIV, à répéter après lui : 


"Il n’y a plus de Pyrénées", qu’il peut paraître presque insensé de venir écrire aujourd’hui qu'elles se redressent aussi formidables, plus peut-être que sous Charles-Quint ! 



De ce côté, en effet, notre frontière n'a plus, à cette heure, la force et la valeur qu’elle avait à l’époque du grand roi.



Pour nous en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur l'état militaire des deux versants pyrénéens. 



Les notes que l’on m’envoie ont été scrupuleusement vérifiées ; je puis répondre de leur exactitude, confirmées, en outre, par ma connaissance du pays.



De la pointe du Figuier jusqu'au pont d'Endarlaza, où se trouve son embouchure dans l’Océan, la Bidassoa délimite notre frontière. 



pais vasco antes
PONT D'ENDARLAZA VERA NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le cours de cette rivière est couvert, sur la rive espagnole, par le petit fort d'Endarlaza, parle fort, beaucoup plus important, de Saint-Marcial, si bien placé, par parenthèse, que, revenant, en 1875, du quartier royal de Durango et descendant la Bidassoa pour atteindre un petit village français situé à quelques kilomètres d'Hendaye, notre batelier nous avertit de nous dissimuler le plus possible en passant devant le fort, car parfois les sentinelles avancées tiraient sur les passagers; un prêtre français et plusieurs riverains avaient été ainsi tués ou blessés. 


Après Saint-Martial, des défenses on été récemment exécutées sur le versant oriental du mont Jairquibel, notamment à la Guadeloupe. 




fuenterrabia antes
ND GUADALUPE FONTARRABIE
PAYS BASQUE D'ANTAN

La ville de Fontarabie, située au pied du mont Jairquibel, sur la rive gauche de la Bidassoa, et près de son embouchure, a conservé ses murailles et son vieux château, mis en état de défense pendant la dernière guerre carliste. 



Un petit fortin est établi sur l'îlot Amuco, touchant presque à la pointe du Figuier, et commandant ainsi l’entrée de la Bidassoa.



fuenterrabia antes
CARABINEROS FONTARRABIE - HONDARRIBIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

En face, sur la rive française, il n' y a RIEN ! 



J’aurai bien souvent à répéter ce mot.



Rien sur les sables d'Hendaye ; rien à l'embouchure de la Bidassoa, rien encore à la petite ville d’Hendaye ou se trouve la douane, et pas davantage à Béhobie, si ce n’est quelques vestiges à visibles de la redoute de Louis XIV. 



Toutes ces positions, en outre, sont dominées par les positions de la rive espagnole de la Bidassoa qui, depuis son embouchure jusqu’au pont international de Béhobie, n'est accessible qu’à des embarcations de pêche. 



Enfin, la douane espagnole a échelonné sur la rive gauche une ligne de blockaus ; de notre côté, rien n’a été fait.

 

pais vasco antes
CARABINEROS ESPAGNOLS FRONTIERE FRANCO-ESPAGNOLE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le port du Passage, couvert par les feux de la grande citadelle de Saint-Sébastien et à 5 milles marins de l’embouchure de la Bidassoa, est en tout temps accessible aux vaisseaux du plus haut bord. 


De notre côté, la première station navale est située au nord de la Gironde, à Rochefort ou à l'île d'Aix.



Que demain la France et l’Espagne rentrent dans leur état normal avec leur roi légitime des deux côtés, les deux nations-soeurs peuvent, sans danger, laisser toutes grandes ouvertes les portes des Pyrénées.



De Philippe V jusqu’à la Révolution, il en a été ainsi; mais chaque fois que la Révolution a saisi le pouvoir, les Pyrénées ont refermé leurs portes. 



C'est ce que démontrera même, par les faits matériels, cette inspection de notre carte frontière. 



La route de terre de Béhobie à Saint-Jean-de-Luz, route nationale numéro 10, remonte entre Béhobie et Urrugne jusqu’à la Croix-des-Bouquets. Là on peut retrouver quelques traces d'une redoute dite des Sans-Culottes, défendue en 1793 et prise par les troupes hispano-anglaises en 1813. 


urrugne autrefois
CROIX DES BOUQUETS URRUGNE - URRUNA
PAYS BASQUE D'ANTAN

La montagne de la Rhune sépare la France de l'Espagne entre Olhette, Ascain et Sare, du côté de la France, Vera Alzate et Echalar, du côté de l'Espagne. La borne est placée sur le sommet de la montagne (900 mètres). 



ascain autrefois
SOMMET DE LA RHUNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Du côté de la France, il n’existe plus que des vestiges d'un assez grand nombre de redoutes dont les noms les plus récents nous reportent au premier empire. 



Les ronces et les fougères rendent leurs traces à peine perceptibles La portée des armes modernes a, d'ailleurs, changé la valeur stratégique de la plupart de ces positions. Elles ont joué un rôle dans la bataille du 7 octobre 1813, entre les troupes françaises, commandées par Clauzel, et les troupes hispano-anglaises, sous les ordres de Giron et Colburne. 



La baie de Saint Jean-de-Luz est à peine couverte par le petit port du Socoa, dominé lui-même par les hauteurs voisines de Bordagain et de Sainte-Barbe. 



ciboure autrefois
BORDAGAIN CIBOURE - ZIBURU
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les Espagnols occupèrent Saint-Jean-de-Luz, en 1542, 1558 et 1814, avec les Anglais et les Portugais. 


Au pied du village d’Urrugne, dans la direction de Saint-Jean-de-Luz, au lieu dit Campobaïta, près du château d’Urtubie, s’ouvre un passage, le plus bas de tous dans la direction de Vera, par le col d Ybardain, que rien ne garde du coté de la France. 



Entre Béhobie et Bayonne (32 kilomètres, sur la route n° 810, il n'y a rien. 


Voila ce qui existe sur les deux frontières. Toute oeuvre de défense manque à peu près entre Hendaye et Bayonne. Ma connaissance du pays est loin d’être assez complète dans les détails du terrain pour Pouvoir dire : voici ce qu’il y aurait à faire. 


Une pareille tâche ne saurait être remplie qu'après de minutieuses études, d'ailleurs. que par notre corps du génie, seul compétent pour une œuvre pareille. 


Je me permettrai seulement de signaler à ceux qui doivent, ou qui voudront étudier la zone que je viens de passer en revue, l’importance que pourraient avoir pour compléter la défense de Bayonne les hauteurs de Bordagain, au-dessus de Saint-Jean-de-Luz et du Socoa, celle de Guethary, celle de Bidard, celle de Barroilhet, où dans la villa qui en porte le nom, j’ai reçu une si gracieuse hospitalité de M. Paul Laborde, son excellent propriétaire ; et enfin les hauteurs de Lannes à Anglet qui, fortitiées d'après le nouveau système, pourraient rendre enfin à cette place de guerre, qualifiée, bien à tort, de 1ère classe, l'importance qu'elle devrait avoir maintenant. 



Laissée depuis Vauban dans l'état où elle se trouve encore, Bayonne demande une transformation complète. 



Entre Bayonne et Bordeaux on trouve la ville de Dax, dont les murailles romaines ont été démolies sous Napoléon III. 



Je citerai encore comme simple renseignement, pour la défense de notre grande place sur l’Océan et pour celle de la contrée qu'elle devrait efficacement protéger la position du village d’Arcangues, sur un mamelon, à sept kilomètres de Bayonne, et la petite montagne de Sainte-Barbe au territoire d'Arcangues et d'Ustaritz, qui se dresse comme une taupinière à 160 mètres de hauteur, dominant le pays et que rien ne domine. 



La route de terre de Bayonne à Pampelune par Ustaritz, Espeletta, Ainhoa, jusqu'au pont de Dancharinea, ne présente aucun travail de défense, le terrain en est accidenté. 



ainhoa autrefois
DANCHARIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il en est de même de la route de Cambo, d'Ytassen, de Louhissoa, de Bidarray, d'Osses qui aboutissent à des passages toujours accessibles pour l'Espagne.

 

Il existe à Garris, près de Saint-Jean-Pied-de-Port, les traces d'une redoute de 1814.


Saint-Jean-Pied-de-Port (59 kilomètres de Bayonne), conserve ses murailles d’enceinte et sa citadelle que Vauban appelait son bijou, sa bombonnière


On n’a rien fait pour moderniser le bijou de Vauban.


A droite de Saint-Jean-Pied-de-Port, en regardant la frontière, on trouve, lorsque on passe par Saint-Etienne de Baïgorry, les Aldudes et Urepel, deux cols qui mènent en Espagne. 


urepel autrefois
UREPEL VU DES ALDUDES
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le col de Berdaritz, qui débouche vers Elizondo Espagne), et que rien ne garde de notre côté, est le col de Burdin-Caruch, au-delà d'Urepel, dans la direction de Burgete, où l'on ne retrouve que les vestiges de la redoute carrée et de la redoute de Lindeux. 



La route nationale n° 132 se prolonge au-delà de Saint-Jean-Pied-de-Port jusqu'à Arnéguy, village français de la frontière, et puis à trois kilomètres jusqu'à Val-Carlos, en Espagne ; il n’y a rien entre Saint-Jean-Pied-de Port et Arnéguy qui domine les hauteurs d'Ybaneta et d’Altobiscar.



navarre autrefois
HAUTEURS IBANETA NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Bien en deçà du village d’Arnéguy, près des trois kilomètres à gauche de San-Juan, en regardant la frontière, on peut pénétrer en Espagne par le col d’Orgambide, après avoir passé le village de Saint-Micbel, incendié par les Espagnols en 1814. Ce col n’est pas défendu plus que le col Bardin-Curutcheta-Yrati, entre le col d'Errocate, au-delà de Behorobie, encore plus à l'est au pied du mont Orhy.



pays basque avant
PIC D'ORHY
PAYS BASQUE D'ANTAN

Au-dessus de Larrau se trouve le col de Marinachilona que rien ne défend, si ce n'est la neige qui l’obstrue pendant près de six mois de l’année.


Viennent ensuite les cols de Lapitz et d'Urdaïte entre Tardet et Roncal et le col d Eyharce, entre Sainte-Engrâce et Roncal. Le village français de Saint-Engrace fut brûlé par les Espagnols en 1793. 



sainte engrace autrefois
VUE AERIENNE SAINTE-ENGRÂCE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Toute cette entrée sur la frontière française est dépourvue de travaux de défense. 


Dans l’intérieur du département des Basses-Pyrénées, il n’y a plus que les ruines du château de Bidache appartenant au duc de Grammont. Le gros bourg de Bidache fut pillé par les Espagnols en 1623, et la ville de Navarreinx, autrefois place forte, est aujourd'hui démantelée. Navarreinx est à vingt-quatre kilomètres sud d'Orthez, où se livra, en février 1811, la bataille entre Soult et Wellington. 


Orthez n’a pas de fortifications. 


La vallée de Bareton communique avec l'Espagne par le col de la Pierre-de-Saint-Martin, qui n’est pas défendu; mais la vallée d Aspe, que traverse la route d’Oleron à Jaca, qui communique avec l’Espagne par le col de Somport, est bien défendue par le fort d’Urdos. 



pays basque autrefois
FORT D'URDOS

L’Espagne, de ce côté, vient d'affecter des millions, qu'elle prend on ne sait où, à des travaux de défense depuis l’embouchure de la Bidassoa jusqu’à Jaca. 



Pampelune est transformée, et des forts détachés sont construits sur toute la ligne de la frontière, de manière à en garder tous les passages, et à s’en assurer la possession en toute éventualité. 



Enfin, il est bon de savoir que les corps des miquelets, des douaniers et des gendarmes sont, en Espagne, des troupes immédiatement mobilisables, qui forment l'avant-garde des colonnes d'opération. 


GUIPUZCOA ANTES
MIQUELETES DE GUIPUZCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Quant à nous, nous n'avons de ce côté ni troupes de frontières toujours prêtes, ni fortifications pour arrêter même une première agression. 


De l'autre côté des Pyrénées, tout cela existe aujourd'hui.


Ajoutez à cet état de choses une armée de plus de cent mille hommes qui, l’arme au bras, occupe en ce moment les provinces basques et la Navarre, non pour les garder, grand Dieu ! Dans l’état d'épuisement où les a laissées la dernière guerre, vingt mille hommes de l’armée régulière seraient plus que suffisants pour les maintenir calmes, quand bien même, chose insensée à supposer, ces provinces pourraient être soupçonnées d’avoir la plus légère sympathie pour la République française, dont l'inhabile politique est brutalement intervenue dans la lutte que les Basques soutenaient pour leur vieille constitution et leur antique liberté. 


La République en France, sans y manquer une seule fois, il faut lui rendre cette justice, à l’intérieur comme à l’extérieur, s’est toujours montrée la plus grande ennemie de toutes les libertés. 


Pour résumer en un mot, nous voyons les Pyrénées abaissées par le grand roi, se relever en 1793, fléchir un instant sous le premier empire. 


Son chef, tentant de ressusciter l'oeuvre française, jeta son frère sur le trône de Saint-Ferdinand ; mais outrepassant la mesure il prétendit assujettir l'Espagne. 


Les Pyrénées se redressent à l'instant plus hautes que jamais ! Le conquérant disparaît. 


1823 arrive, et l’on voit une armée française escortée par le peuple espagnol depuis les Pyrénées jusqu’à Cadix !


Cette fois encore, le roi de France a pu dire : Il n'y a plus de Pyrénées ! 


La conclusion est facile à tirer. 


Espérons donc, malgré l'état de choses actuel, que les Pyrénées redeviendront encore, pour la France comme pour l'Espagne, ce qu'elles ont été pendant plusieurs siècles."



 




(Source : WIKIPEDIA)


Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 400 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire