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dimanche 5 juin 2022

UN PROJET DE CANAL DES PYRÉNÉES DE BAYONNE À TOULOUSE EN 1840 (première partie)

UN PROJET DE CANAL DES PYRÉNÉES DE BAYONNE À TOULOUSE EN 1840.


Dès 1832, un projet de canal existe entre Bayonne et Toulouse. Cependant, ce canal ne verra jamais le jour...




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LIVRE CANAL DES PYRENEES
PAR LOUIS GALABERT




Voici ce que rapporta la presse régionale à ce sujet, dans plusieurs éditions :



  • La Gazette du Languedoc, le 28 janvier 1832 :

"Les travaux du canal des Pyrénées, qui fera communiquer les villes de Bayonne et de Toulouse, sont sur le point de commencer. On attend de grands résultats de ce canal, qui doit faciliter aux bâtiments de 100 à 200 tonneaux les communications entre la Méditerranée et l’Océan, et éviter ainsi au commerce le tour de l'Espagne et le passage du détroit de Gibraltar, toujours si pénible et si onéreux. Le canal doit avoir 22 mètres de large, et 3 de profondeur. Sa longueur totale, depuis Toulouse jusqu’au confluent du Gave et de l’Adour, sera de 339 kilomètres. Les pentes des versants se trouvèrent rachetées par 274 écluses de 3 mètres et demi de chute, et le passage de chaque sas devra s’opérer en cinq minutes. Plusieurs barrages seront nécessaires pour traverser la Garonne et l’Adour, et il faudra excaver un canal souterrain de 4 kilomètres. M. Galabert, concessionnaire de l'entreprise, en évalue la dépense à 40 millions, et les revenus à cinq millions six-cent quarante mille francs."




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PROJET CANAL DES PYRENEES 1830
PAR LOUIS GALABERT



  • La Gazette du Languedoc, le 2 janvier 1840 :

"Le Canal des Pyrénées. 



Les populations du Sud-Ouest du royaume demandent, avec instance, la création du canal qui doit réellement opérer la jonction des deux mers, scinder l’isthme pyrénéen, et ouvrir une route aux bâtiments de cabotage de tout le littoral de la Méditerranée et des côtes de l’Espagne, de la France, et de l’Allemagne, baignées par l’Océan. De nouvelles pétitions, relatives à cette création, si désirée, viennent d’être déposées sur le bureau de la chambre des députés, et M. le duc d’Orléans, lui-même, a fait connaître à M. le ministre des travaux publics les vœux formés à ce sujet par les habitants des départements qu’il a parcourus. Qui ne croirait, d’après cela, que l’exécution de ce canal ne doit faire naître aucune difficulté réelle ? Néanmoins, c’est dans la ville qui doit le plus profiter de la réalisation du projet de cette grande voie de communication, qu’une opposition systématique se montre à découvert, qu’elle attaque l’idée principale, qu’elle critique les détails, qu’elle répand des doutes sur l’opportunité de cette création, sur ses avantages, sur sa possibilité même. Cette opposition a pour but, en réalité, non de faire changer l’opinion, elle ne saurait s’en flatter, mais de montrer qu’au centre même de la ligne du canal projeté, tout le monde ne croit pas à l’urgente nécessité de l’ouverture de ce canal, et pour montrer aussi qu’on a conçu d’autres projets plus avantageux, mieux tracés, et que l’on doit, dans l’intérêt général, opposer au projet déjà sanctionné par le comité même des ponts-et-chaussées, par la commission mixte, et enfin par une loi solennellement discutée, et rendue au commencement de l'année 1832. On espère encore assurer de l'importance à cette opposition, en lui donnant, pour organe, une feuille qui passe pour recevoir les communications de l’autorité. Cette marche est adroite, sans doute, et l’on remarquera que c’est par pure politesse que nous lui donnons cette épithète, qui pourrait être remplacée par une autre et plus sévère et plus vraie. On laisse croire, en effet, aux lecteurs étonnés que cette opposition part de très haut, qu'elle cache une pensée profonde, qu’en un mot, elle décèle la résolution, définitivement arrêtée, de rejeter le projet du Canal des Pyrénées, tel qu’il a été conçu, et tel que les populations du Sud-Ouest de la France désirent ardemment qu’il soit exécuté. Mais, peut-être, ce but n’a-t-il pas été aussi bien atteint qu’on l’espérait d’abord. Personne n'ignore qu’un loyal député de Toulouse, M. le colonel Espinasse, a demandé à M. le ministre des travaux publics s'il connaissait ces articles qui ont jeté l’alarme, et nous dirons même un profond mécontentement dans tous les cœurs, et M. le ministre a déclaré qu’il était étranger à leur pensée, à leur rédaction, à leur publication. Sans doute, parmi ceux qui travaillent sous lui, tous ne pourraient pas affirmer la même chose ; sans doute, les misérables intrigues ourdies à ce sujet se poursuivent, et l’œuvre de déception continue, par le journal même qui a, le premier, et contre le sentiment unanime de la presse de Toulouse et de tout le Midi de la France, arboré la bannière hostile à l'idée aussi grande qu’utile de terminer enfin le beau travail de Riquet, la jonction réelle des deux mers. 




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PROJET CANAL DES PYRENEES 1830
PAR LOUIS GALABERT



On le sait : d’abord on a déclaré que le Canal des Pyrénées ne s’exécuterait pas ; on a ajouté que l'on pourrait bien, cependant, tracer un canal de Montréjeau jusqu’à Toulouse, mais que c’était tout ce que l’on ferait à présent ; et qu’opposer de la résistance à celte idée, et lui préférer le projet Galabert, c’était encourir l’indignation du pouvoir, c'était le moyen assuré de ne rien obtenir ; enfin qu’il fallait opter entre ce canal de petite navigation et le canal Galabert ; et que si l’on s’attachait à ce dernier, on n’aurait rien, absolument rien. Ces menaces insolites, ces prescriptions étranges, ces volontés despotiques, ont révolté tous les hommes honnêtes, tous les cœurs animés par l'amour du pays ; et ce sont ces annonces perfides, ces menaces outrecuidantes dont M. le ministre des travaux publics a repoussé la responsabilité, et que, pour son compte, il a démenties. Les objections et les contreprojets ne manquent pas sans doute aujourd'hui ; mais il y en avait aussi à l'époque où la loi été rendue, et la chambre les a repoussés parce qu’elle a reconnu, qu’en principe, alors qu’un projet de cette nature a été soumis à de sérieuses études, lorsque le comité des Ponts-et-Chaussées trouve qu’il est exécutable, lorsque la commission mixte, après avoir fait ses réserves dans l'intérêt de la défense militaire de Toulouse, approuve ce projet avec éloge, lorsque les chambres de commerce, les conseils-généraux, les populations entières en demandent l’exécution prompte et entière, toute objection s'évanouit, tout contre-projet devient inutile. 



Examinons, une à une, les principales objections ; nous nous occuperons ensuite des projets nouveaux. "Vous voulez, a-t-on dit, dès les premiers temps, et on le répète encore, vous voulez, à l'aide du Canal des Pyrénées, faire passer les navires d’une mer à une autre ; mais, voyez ! la barre de l’Adour empêche les vaisseaux de pénétrer dans cette rivière. Ils ne pourront donc pas remonter jusqu’au bec du Gave, jusqu’an point où votre canal débouche dans l’Adour."



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PROJET CANAL DES PYRENEES 1830
PAR LOUIS GALABERT



A cette prétention, on a répondu par des faits, et naguère la France Méridionale a publié un excellent rapport écrit par M. le lieutenant de vaisseau, chargé du soin de faire traverser cette barre, si redoutée par ceux qui ne l'ont point vue. Il résulte de ce rapport que des vaisseaux calant plus de sept pieds, ne trouvent à la haute mer aucune difficulté pour franchir ce passage, que des travaux vont d’ailleurs améliorer. En compulsant le journal d’entrée et de sortie des navires à Bayonne, on y voit des bâtiments calant 16 pieds 7 pouces, entrer et sortir avec facilité ; on voit les corvettes la Comète, la Perle et la Dordogne, ayant une calaison de plus de 14 pieds, en faire autant, et si l'on fait attention que les bâtiments de cent à cent vingt tonneaux, les seuls qui pourront entrer dans le Canal des Pyrénées et dans le Canal du Midi, ne caleront pas plus de cinq pieds, on se convaincra que la barre de l’Adour n'opposera aucun obstacle réel à la communication des deux mers. Qu’il nous soit permis de rapporter ici les propres expressions de M. le lieutenant de vaisseau, Pilote-Major de la barre de l’Adour. Cet officier, après avoir donné des détails sur l’entrée et la sortie des vaisseaux du port de Bayonne, ajoute: "Je n’ai parlé jusqu’ici que de bâtiments d'une forte calaison. S’il est vrai de dire à leur égard qu’avec les simples moyens que nous possédons (en 1834) pour faire marcher le service des arrivages et des départs, ces derniers n’éprouvent d’autres retards que ceux occasionnés par les grosses mers, les vents violents et contraires, lesquels sont toujours favorables aux entrées, ces mouvements deviennent encore plus faciles pour les bâtiments dont la calaison ne dépasserait pas sept pieds comme seraient ceux destinés à naviguer sur le canal. Ajoutez que ceux-ci auront de plus l'avantage inappréciable d’être constamment protégés dans ces deux mouvements d'entrée et de sortie par la remorque des bâtiments à vapeur stationnés au bas de la rivière de l’Adour et au port de Socoa. Je ne crains pas d’avancer ici qu’avec de tels auxiliaires la navigation à l’embouchure de l’Adour sera non seulement praticable, mais qu’elle offrira des sûretés que nous n’avons pas eues jusqu’à ce jour. J'affirme, en outre, et c'est par là que je terminerai, que le fleuve de l’Adour sera toujours assez puissant pour maintenir, à travers les bancs de sable, une coupure, qui permette constamment aux bâtiments de sept pieds de calaison, d'entrer et de sortir toutes les fois que la violence de la mer n'y mettra pas obstacle." Dans cette exposition, si claire, de ce qu’est aujourd’hui la barre de l'Adour, et de ce que le fleuve pourrait devenir dans les suppositions les plus défavorables, il n’est échappé qu’une erreur au Pilote-Major, c'est d’avoir donné sept pieds de calaison aux bâtiments qui doivent naviguer sur le canal ; c’est cinq pieds qu'il fallait dire, et on voit alors combien sont faibles, niaises et ridicules les objections tirées de l’impossibilité prétendue de faire passer aux bâtiments de mer cette barre de l’Adour, sur les sables de laquelle la malveillance avait écrit son absurde nec plus ultra."


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PROJET CANAL DES PYRENEES 1830
PAR LOUIS GALABERT



A suivre...



(Source : Canal des Pyrénées - Louis Galabert (canaldumidi.com)





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