LES TERRES AGRICOLES SUR LA CÔTE BASQUE EN 1927.
Sur la Côte Basque, en plein développement touristique, dans les années 1920, on prend conscience de la nécessité de garder des terres agricoles pour nourrir la population locale et les vacanciers.
Voici ce que rapporta à ce sujet La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, le 19 juin 1927,
sous la plume de Paul Louis :
"Des Choux et des Carottes.
Depuis quelque temps les questions agricoles prennent en France l'importance d’un problème difficile autour duquel on discute avec âpreté et souvent avec partialité. Nous ne prendrons point part à ces querelles. Elles ne sauraient nous laisser indifférents et nous permettent d’esquisser sous quel aspect se présentent pour nous des questions primordiales.
On fait tous les efforts pour développer la prospérité de la Côte Basque ; de grands plans voient le jour, les constructions se multiplient, la population augmente, car tout un peuple de travailleurs précède et suit l'afflux des nouveaux résidents. Il est impossible qu’il en soit autrement. Or cette population, il faut la nourrir.
C’est donc la question du ravitaillement qui se pose. Il n'existe qu’un moyen de la résoudre : produire. Toutes les mesures plus ou moins opportunes prises par les municipalités ne sont que des mesures de circonstance, des palliatifs plus ou moins efficaces, tous voués fatalement à l'impuissance et à l’insuccès, si on ne produit pas davantage.
Dans un article consacré aux cités-jardins, on peut remarquer que les organisateurs des cités étrangères ont prévu une ceinture agricole, destinée à l’alimentation de la cité et permettant de l’approvisionner sans avoir recours à des longs transports toujours coûteux.
Or les terrains qui avoisinent nos stations Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye, se prêteraient merveilleusement à la culture maraîchère.
LES HERSAGES DANS LES CHAMPS BIARRITZ AUTREFOIS |
Le climat du Pays Basque est à la fois suffisamment chaud et pluvieux pour que, sans un travail acharné, sans combinaisons d’irrigations et d’arrosage, il soit possible d’y cultiver des primeurs. Dans ces conditions, fertilité du sol, excellence du climat, ces cultures s’annoncent donc comme devant être largement rémunératrices.
Bien plus, sillonné par plusieurs grandes lignes de chemins de fer en relation directe avec les grandes villes Bordeaux, Toulouse, Paris, des jardiniers actifs et intelligents pourraient trouver l'écoulement du surplus de leurs productions.
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Jusqu’à ce jour le paysan basque, aux grandes qualités duquel d’ailleurs nous avons trop souvent rendu un hommage mérité pour ne pas aujourd’hui pouvoir signaler les défauts, s’est montré un agriculteur retardataire et n’a apporté aucune attention aux énormes avantages des jardins potagers. Nul doute que dans ces terres essentiellement fertiles et pouvant convenir selon les points, aux cultures les plus variées, ne donnent entre des mains expertes un rendement très supérieur.
Il est même tout à fait surprenant pour tous ceux qui apportent leur attention aux choses sérieuses qu’aucune tentative de grande envergure n’ait été tentée en ce sens. Comment ! on s’occupe du lotissement de tous les terrains, on élève des chiens de grand prix, des animaux de luxe, et on néglige l’alimentation nécessaire aux agglomérations ?
Que constatons-nous en effet ! Bayonne est un grand centre d’approvisionnement. A Biarritz, les maraîchers sont plus rares et les prix au marché beaucoup plus élevés, ils le sont encore davantage à St-Jean-de-Luz, peut-être encore plus à Hendaye ! Pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas autour de ces dernières villes des jardins susceptibles d’approvisionner les marchés, alors que les terrains propices sont partout ! Il y là une situation paradoxale et qui tend à devenir dangereuse.
MARCHE DEVANT LA HALLE BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Qu’on ne vienne pas nous dire que ces questions de pot-au-feu sont peu intéressantes pour nos hôtes, que ceux-ci en venant sur la Côte Basque se soucient peu de ces histoires de cuisine. Je crois qu’il y a là une erreur.
Evidemment, ce n’est pas à eux qu’il appartient de donner des initiatives sur des questions qu’ils ignorent, qu’ils ne soupçonnent même pas ; mais c’est aux habitants, c’est aux organisateurs de la région qu'il appartient de penser et de prévoir pour eux, afin de leur fournir tout ce dont ils auront besoin.
C’est d’ailleurs, ce qui a été fait à Hendaye où certains terrains à lotir doivent d'après le cahier des charges être consacrés à la culture maraîchère. Cette question, ne laisse point indifférents les organisateurs de cette station, mais leurs projets se heurtent à l’indifférence et à l’inertie générale.
Comme il a été dit bien souvent toutes les branches de l’activité se tiennent et la prospérité économique ne peut que faciliter et accroître la prospérité touristique et climatique. Faut-il citer des exemples ? La région de la Côte d’Azur est certainement très fréquentée par les baigneurs, les touristes et les résidents, est-ce que cela gêne en rien la culture de l'olivier ? Est-ce que l’industrie formidable des parfums chaque année ne fleurit davantage à Grasse ? Est-ce que la richesse créée par ces exploitations, n’est pas profitable aux villes avoisinantes, Cannes, Nice, etc. ?
GRASSE ALPES-MARITIMES AUTREFOIS |
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