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vendredi 17 juin 2022

LES CÔTES DE BISCAYE AU PAYS BASQUE EN 1863 (troisième partie)

 

LES CÔTES DE BISCAYE EN 1863.


La province de Biscaye, en Hego Alde, a environ 150 kilomètres de côtes.



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ABRA DE BILBAO BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal les Annales Hydrographiques, le 1er avril 1863 :



"... Chapitre V (suite)

De la Pointe de Onton à  la Pointe Santurraran.

Variation : 20° 2' N. 0. en 1863. 



La barre. 



Nous venons de décrire l’Abra de Bilbao, nous allons parler de la barre. Elle est mauvaise non seulement parce qu'elle est mobile et peu profonde, mais aussi parce qu’étant exposée aux vents qui battent le plus en côte, la mer du N. O. déferle dessus dans toute sa violence. Néanmoins, un navire forcé par la nécessité de la franchir dans de mauvaises circonstances pourra le faire, pourvu que la marée soit assez haute et le vent portant.



Les bancs de sable mouvants qui occupent tout le fond de l'Abra s'étendent depuis Algorta jusque auprès de Santurce laissant seulement un petit canal en face de ce village et dans la direction du havre, avec de 0m56 à 0m84 d'eau dedans de mer basse dans les grandes marées. Sa position et son brassiage varient à chaque crue du Nervion et à chaque coup de vent du large, de sorte que les pilotes sont forcés de la sonder et de la reconnaître en détail pour savoir par où ils doivent faire passer le navire qu’ils entrent.



Ordinairement la barre est sous la côte Ouest et dans la direction du canal du port, avec des fonds de 4m24 à 4m52 à marée haute dans les grandes marées. Les coups de vent de N.O. font le plus varier sa position et quelquefois même ils l'obstruent complètement.



Il serait inutile de faire connaître les amers qui servent actuellement à entrer dans le port, puisque la barre variant les alignements doivent changer également. Il suffira de prévenir qu'aucun navire calant plus de 2m26 ne doit s’aventurer à passer la barre sans l'assistance d’un pilote, surtout s’il y a de la mer.



Le pilote major se trouve toujours hors de la barre, d’où il fait connaître au capitaine la direction qu'il doit suivre pour entrer dans le port ; et si les circonstances de temps et de mer ne lui permettent pas de sortir, il se place sur la tour des signaux qui est sur la pointe du môle du S. O.



La barre est maintenant (1860) à 4 encablures en dehors des pointes des deux môles qui forment le canal du port, lequel est beau, presque droit et navigable à la voile dans presque toute sa longueur avec un même vent ; il court au S. E. environ jusqu’à la ville de Bilbao.



Moles. 



Le port est presque tout canalisé et le môle du N. E. va sans interruption depuis la mer jusqu’au dernier pont de la ville, soit pendant une longueur de 73 encablures, ce qui donne une grande facilité pour charger et décharger les bâtiments.



Le môle du S. O. s’étend pendant un espace de 5 encablures depuis sa pointe N. O. jusqu'à la petite darse de Portugalete. Il recommence à la pointe de la Venerita, tête ronde qui à marée haute parait à peine hors de l’eau et qui avec le môle du N. E., situé à 127 mètres de distance, forme le commencement du canal intérieur. Ce môle s’interrompt auprès du couvent de San-Nicolas del Desierto ; il reprend en amont du lazaret ; il continue jusqu’aux environs de la digue du Carénage où le bord de la mer parait dans son état naturel, et se dirige dans l’E. vers la ville de Bilbao, en face de laquelle il y a encore un bout de môle qui va jusqu’au pont.



La largeur du canal varie entre 200 mètres et 67 mètres, et sa profondeur diminue continuellement à cause du limon et des galets déposés par le Nervion et ses tributaires. Dans ce moment la sonde donne à marée basse dans les grandes marées, entre Portugalete et le village de Olaviaga, de 1m13 à 5m66, ce qui permet à tout navire qui peut franchir la barre d’aller jusqu’à Olaviaga. Depuis le mouillage qui est devant ce village le havre est plus obstrué de bancs de galets, de vase et de sable, et les barques seules du cabotage peuvent aller jusqu’à Bilbao, où elles restent à sec de mer basse. On trouve dans ce passage quelques puits sans importance dans lesquels on peut rester constamment à flot.





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OLAVEAGA BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le havre



Lorsqu’on a franchi la barre, on entre en passant entre les deux pointes du môle qui forment l'entrée du canal. Le môle du S. O., qui avance le plus en mer, est aussi celui auprès duquel il y a le plus de fond et le plus sain. De la pointe du môle du N. E. s’avance vers le N. O. une chaîne de rochers jetés sans doute à la mer pour le prolonger.



Signaux



Sur l'extrémité du môle du S. O. ou voit une tour ronde et blanche sur laquelle le pilote major de la barre ou son remplaçant fait des signaux de convention, avec un pavillon rouge pendant le jour et une lanterne pendant la nuit, pour guider les bâtiments qui entrent dans le port.



Sur ce môle et également sur celui qui est en face il y a des canons enfoncés verticalement et des piliers en pierre sur lesquels s'amarrent les bâtiments pour faciliter leur entrée dans le port en se halant.



La ville de Portugalete. 



Les deux môles courent parallèlement dans le S. 40°E. jusqu’à la ville de Portugalete, qui est située sur la rive S.O. à 4 encablures de l'entrée du canal et dont la face se développe vers le havre. Elle compte 1 194 habitants ; elle est au pied du Mont San Roque ; son église paroissiale, qui est très remarquable, est située sur une hauteur et on la voit aussitôt qu’on entre dans l'Abra.



Le mouillage de Portugalete est dans l’endroit nommé Bajo de Solar ; c'est là que s’arrêtent momentanément les bâtiments pour prendre la libre pratique et pour expédier les papiers de bord et aussi pour attendre la marée. On trouve de 2m83 à 3m39 d'eau à marée basse dans les grandes marée en face des maisons du môle, et le fond y est de bonne tenue. Les bâtiments plus grands mouillent entre la pointe de la Venerita et le môle du N.E., et les plus petits en face des maisons, avec une ancre au large et une amarre à terre.




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MÔLE DE PORTUGALETE BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le mouillage de Portugalete est très mauvais en hiver surtout aux environs de la pleine mer, parce qu’il y entre un fort ressac qui fatigue beaucoup les navires. Dans ce cas ceux qui sont mouillés en face de la ville lèvent l’ancre et se réfugient dans le canal de Sestao.



Le canal de Sestao traverse le grand banc de sable et de vase situé entre la côte de Portugalete et le môle de la Venerita et va se perdre de là dans l’intérieur et dans le port de Bilbao. Les petites barques restent à flot dedans à mer basse, et si elles touchent elles ne fatiguent pas, parce que tout le fond est mou. Les bateaux de pêche de Portugalete abandonnent aussi leur petite darse quand il fait mauvais temps et entrent dans ce canal. Le village de Sestao est sur une hauteur et au côté Sud du canal ; il contient 235 habitants.



On doit établir deux bouées d’amarrage avec des corps-morts au mouillage de Portugalete.



On donne le nom de pointe de la Venerita à l’extrémité du môle qui prolonge la côte Sud du havre et dont la tête est en face de Portugalete. Ce môle est presque parallèle à celui qui est en face et il découvre à peine dans les grandes marées à mer haute. Dans ces moments, on ne distingue que sa tête qui parait comme une tourelle ronde et laisse voir les piliers qui sont dessus de loin en loin pour amarrer les bâtiments.



On peut dire que c’est à la pointe do la Venerita que commence le canal du havre de Bilbao. Son embouchure a 127 mètres de largeur avec des fonds de 2m 83 à 4m24, et c’est l'endroit où les grands bâtiments qui sont en partance attendent la marée favorable pour sortir. Le canal se rétrécit à mesure qu’on entre dans le havre et à 9 encablures de la pointe de la Venerita, sur le môle du N. E., on arrive à un pont d'une arche par lequel on entre dans la rivière Udondo qui est dans la partie Est du port. Les gabares qui transportent des pierres de taille, du bois à brûler, des bois de construction, etc., pénètrent à marée haute dans cette rivière en passant sous ce pont.



Le canal est sain jusqu’au pont de Udondo, avec un brassage de 1m13 à 5 mètres à mer basse. Il n’y a qu’une étroite basse de sable qui s’étend au large des deux môles ; mais lorsqu’on a dépassé la rivière Udondo, un banc qui tient au môle du N. E. s’avance vers le S. et vient s’endenter avec un banc de roches nommé le Fraile.



Le Fraile est au milieu du canal, et il est balisé avec un poteau en bois terminé par un ballon en caillebotis peint en bandes blanches et rouges. Pour éviter le banc il faut accoster le môle du S. O., auprès duquel il y a le plus grand fond.



On doit placer des bouées-balises dans la partie Sud du Fraile pour signaler ses accores.



En face du banc ci-dessus et du môle du S. O. commence un grand banc de sable qui s’avance dans le N. E. et se termine à la pointe Ouest de la rivière Galindo. Ce banc augmente tous les jours et il faut accoster le môle du N.E., auprès duquel il y a le plus de fond. On le nomme plage de Aspe, sans doute parce qu’il est en face de la montagne de ce nom qui est sur le côté Est du havre.



Le mont Aspe. 



Au pied des escarpements du mont Aspe se trouve le môle du N. E. sur lequel passe le chemin de communication entre Bilbao et les maisons qui sont sur la plage de Guecho. Les côtés du havre sont d’une hauteur moyenne dans cet endroit, leur aspect est agréable ; ils sont peuplés et les monts qui les dominent sont couverts de jardins. Le mont Aspe seul est aride et escarpé.



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PLAGE DE ARRIGUNAGA GETXO
BISCAYE D'ANTAN



Le môle du S. O. finit en face de cette montagne, et à son extrémité commence le mur du jardin du couvent de San Nicolas, qui est sur une hauteur de la côte Ouest et entouré d’arbres. Les bancs de sable qui bordent les deux côtés du port découvrent à mer basse et laissent entre eux un canal étroit avec 1m98 à 2m83 de fond.



Lorsqu’on a passé le banc de Aspe il est nécessaire de venir vers la côte Ouest pour éviter un banc qui s’avance du côté opposé et qui s'approche de l’embouchure de la rivière Galindo. Cette rivière ou mieux ce canal serpente au milieu d’une grande plaine qui s’étend au loin. Un pont avec trois arches jeté sur l’embouchure de la Galindo, facilite le passage des piétons et en même temps l’entrée des gabares qui vont charger le minerai de fer que l’on tire des mines de Triano.





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MINES TRIANO BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il y a une grande fonderie de fer auprès du pont et dans la partie Sud de la rivière. Les caboteurs qui portent du charbon de terre pour la fabrique ou qui vont charger ses produits ou le minerai mouillent en face du mur du couvent et à l’embouchure de la Galindo. 



La côte Ouest du havre dans cet endroit est couverte de jardins. Les collines environnantes et la hauteur de Torrontegui sont couvertes de roubles et de châtaigniers, tandis que la côte en face est aride et accidentée. Un banc de sable, sur l'accore duquel il y a 1m13 à 2m83 d’eau à marée basse, entoure la côte Ouest.



A 6 encablures 1/2 de l’embouchure de la Galindo on trouve les ruines du petit fort de Luchana, et en face du fort ou sur la côte opposée le célèbre pont de Luchana avec trois arches. Ce pont conduit dans le canal de Asua qui s’enfonce dans l’E. jusqu’en amont du village de ce nom ; les gabares de toutes dimensions vont à Asua à marée haute pour prendre des chargements de pierre, de bois à brûler, etc.



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LUCHANA BILBAO
PAYS BASQUE D'ANTAN



Une falaise élevée, aride et rougeâtre, dérivée de la montagne de Banderas, vient s’appuyer sur l’angle saillant que le môle du N. E. forme un peu en amont du pont de Luchana, et les escarpements arrivent jusqu’au môle. Celle falaise se nomme mont de Cabras.  



La rivière Salcedon ou Cadàgua coule sur la rive Ouest en face de l'angle saillant dont nous venons de parler. Les gabares la remontent jusqu’au pont suspendu qui est à 7 encablures plus en dedans.



Le havre forme une rentrée très prononcée au pied du mont de Cabras, puis il se dirige au S. S. O., direction qu’il suit pendant un espace de 5 encablures jusqu’au lazaret de Zorroza, édifice construit dans la direction de la côte Ouest. Les maisons groupées autour de cet édifice, les grandes plaines qui sont des deux côtés du port et couvertes de jardins, les collines riantes et les montagnes en amphithéâtre qui livrent passage au Salcedon forment un beau panorama dans cette partie du port. Les bâtiments en quarantaine mouillent en face de cet édifice.



Le mont Banderas à sommet arrondi et aux contours gracieux reste à gauche quand on entre dans le port. Sur son versant Sud on voit de grands jardins, des maisons, des champs et des vignes qui vont jusqu’au village de Olaviaga.



Lorsqu’on voit cette montagne du N. O. elle a une forme conique, et elle descend vers la côte en ondulations qui vont se terminer à la falaise nommée mont de Cabras. Sur son sommet il y a un fort et une vigie qui répète les signaux que l’on fait à Portugalete pour indiquer les mouvements des bâtiments. Dans ce moment il y a une maison de ferme dessus. La hauteur de la montagne est de 225 mètres.



Le canal est étroit dans cet endroit et ses deux bords sont pittoresques. Les môles sont bordés par des basses de sable vasard qui découvrent à marée basse et qui laissent entre elles un canal assez étroit avec des fonds de 1m69 à 2m83 d’eau. Le môle du S. O reparaît à petite distance du lazaret et court parallèlement à celui du N. E. jusqu’auprès du bassin de Carénage avec quelques sinuosités vers le S. 30° E.



A 4 encablures en amont du lazaret commence le village de Olaviaga qui augmente de jour en jour. Il s’étend sur l’une et sur l'autre rive en dedans des môles et à une distance de 6 encablures ; il contient 883 habitants.



Partout dans cet endroit les grands navires s’amarrent en rang le long du môle du S. O. avec l’avant en dedans. Le môle du N. E. reste libre pour mouvement des embarcations ; il y a de 1m69 à 2m83 de fond à marée basse partout à ce mouillage, dans lequel on est très commodément.



Des magasins d’objets d’armement, des provisions de bouche, et enfin tout ce dont un navire peut avoir besoin se trouve réuni à Olaviaga. Des bateaux couverts transportent les marchandises des navires jusqu'à Bilbao et vice versa ; en outre les communications par terre sont faciles. 



Le havre est beau dans cet endroit ; la côte N.E. est la plus peuplée, et la plaine qui s'étend jusqu’au pied du mont de Banderas est couverte de jardins, de plantations et de maisons de plaisance. La cote opposée est plus élevée. 



Le bassin de carénage des grands navires est sur la côte Sud, à l'extrémité Est des maisons de Olaviaga, et sur la côte en face on voit des chantiers de construction.



Après Olaviaga le port se dirige dans l'E., et lorsqu’on a dépasse le bassin, le fond diminue considérablement à cause du dénivellement naturel du canal. Un banc de galets nommé plage de San Antonio qui découvre complètement à mer basse, se trouve à 3 encablures en amont du bassin. Il part de la côte Sud et s'avance en pointe vers la côte opposée, de manière à former à marée basse un canal très étroit dans lequel il n'y a que 0m28 d eau ; il faut accoster le môle du N. E. pour franchir ce passage, après quoi on trouve une plus grande largeur et un plus grand brassiage. 



Le port continue à courir à l'E., bordé par une grande plaine dans le S., avec des champs et des maisons, et au N. par des collines à contours gracieux, coupées par des vallons cultivés.



A 6 encablures du banc San Antonio et sur la côte Nord commence une allée d’arbres nommée promenade de la Salve, et dans les environs de laquelle il y a un puits avec 2m83 à 3m39 d’eau à marée basse. Le port forme un coude dans cet endroit ; il se dirige ensuite au S. E., ce qui permet de voir la ville de Bilbao qui parait entre les arbres. En face de la promenade ou sur la côte Sud il y a des chantiers de construction, des magasins et des maisons.



Le môle du N. E., qui borde la côte Nord du port sans interruption depuis son embouchure, est le chemin ordinaire des piétons et des charrettes, et c'est par lui que la ville communique avec le village de Olaviaga. Sur le sommet de son tablier des hommes et des bêtes halent ensemble les navires qui remontent la rivière.



La côte Sud est plus déserte. Le môle fait défaut depuis Olaviaga, les collines descendent jusqu’à la mer, l’eau et les terres cultivées forment sa limite."




A suivre...



(Source : ::: Euskonews & Media ::: Gaiak ::: L’alimentation des mineurs de Triano (Biscaye): Cantines et magasins obligatoires, 1882-1899)







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