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lundi 13 juin 2022

UN GUIDE POUR LE VOYAGEUR EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1877 (treizième partie)

 


UN GUIDE DE VOYAGE EN 1877.


Vers la fin du 19ème siècle, apparaissent des guides de voyage pour les voyageurs désirant se rendre en Hego-Alde, dans les  provinces Basques du Sud.







TABLEAU DE GUETARIA
PAR FRANCOIS MAURICE ROGANEAU





Voici ce que rapporta à ce sujet, M. L. Capistou, en 1877 :



"Province du Guipuzcoa.



... Itinéraire.



Lasarte. — Usurbil. — Orio. — Zaraus. — Aya. — Guetaria.— Cestona. — Azpeitia. — Zumaya. — Deva. — Motrico.



Orio : Orio est située à quelques centaines de mètres de l'embouchure de l'Oria. Le roi D. Jaime Ier concéda à cette localité le titre de ville en 1379 et ses successeurs lui donnèrent une grande importance commerciale qu'elle n'a pas conservée, puisqu'elle n'est aujourd'hui habitée que par des familles de pêcheurs. Elle ne possède aucun monument curieux et son aspect, bien que très pittoresque, est néanmoins des plus pauvres.




ORIO GUIPUSCOA 1960




Sa population est de 1 200 habitants. Orio est la patrie de quelques marins illustres.



La route traversait la rivière sur un pont en bois reposant sur cinq piles de pierre ; mais durant la dernière guerre civile, ce pont fut détruit par les carlistes et maintenant les diligences sont passées d'une rive à l'autre au moyen d'un bac. Les piétons profitent d'une passerelle de construction provisoire.



Après la traversée de l'Oria, la route suit une rampe en zigzags de cinq kilomètres environ, passant au pied du mont Zudugarray, et débouche ensuite par une pente rapide dans la plaine de Zaraus, laissant à gauche un chemin vicinal qui conduit au bourg de Aya.



Zaraus.



Zaraus est une jolie petite ville de 2 000 habitants, située au fond d'une spacieuse baie et possédant l'une des plus belles plages de la côte cantabrique. Elle est percée de rues larges et régulières, bordées de maisons bien construites. Ses environs sont peuplés de coquettes villas appartenant à de grandes familles madrilènes qui viennent chaque année dans les provinces du Nord passer la saison des chaleurs.




PLACE PRINCIPALE ET MAIRIE ZARAUTZ
GUIPUSCOA D'ANTAN



L'église paroissiale de Zaraus, placée sous le vocable de N.-D. de l'Assomption, a été restaurée le siècle dernier. Sa construction primitive remontait au 15e siècle. Les autres monuments principaux de la petite ville sont le couvent des Franciscains, celui des religieuses de Santa Clara, le palais de Narros, construit en 1536 et qui est, au point de vue architectural, l'un des plus beaux édifices de la province ; le palais de Madoz, de construction moderne, et celui du Dr Velasco, dans lequel existait, avant la dernière guerre, un riche musée scientifique ainsi que le plus bel aquarium de ces contrées.



Les alentours de Zaraus sont sillonnés de délicieuses promenades.



Cette ville est l'une des plus anciennes du Guipuzcoa. Les rois catholiques lui donnèrent le fuero de Saint-Sébastien en 1237. Son port pouvait, autrefois, recevoir des navires de fort tonnage, et c'est dans son arsenal que fut armé le célèbre navire Victoria, à bord duquel Juan Sebastian El Cano fit le tour du monde (1519-1522). Le port actuel ne sert de refuge qu'à de pauvres barques de pêcheurs.






Dans la plaine de Zaraus fut édifiée une grande fabrique de tissus par M. Madoz, et grâce au développement qui lui a été donné par l'honorable M. Vea-Murguia, actuel propriétaire, presque toute la population de la ville trouve là un travail constant et bien rétribué. Il y a dans Zaraus deux ou trois hôtels confortables.



Aya,



Aya dont on aperçoit le clocher dans un repli de la montagne de Pagoeta, qui sépare les vallées de l'Oria et de l'Urola, est à huit kilomètres de Zaraus. Cette localité est fort antique. Elle est peuplée d'environ 2 500 habitants, en comprenant dans ce chiffre les quartiers détachés de Alzola, Elcano, Laurgain et Urdaneta. C'est la patrie de Marcos de Gorostiola, régent de Naples au 16e siècle. Au début de la dernière guerre, Aya fut le quartier général des premiers cabecillas carlistes.



Guetaria.



Un chemin à moitié détruit par la mer longe la baie et conduit de Zaraus à Guetaria en passant au pied de l'ermitage de Santa Barbara.



Ce chemin, qui avait coûté de fortes sommes pour son établissement, fut laissé sans entretien durant la guerre carliste et même il dut être coupé en certains endroits par les soldats du prétendant. C'était autrefois une voie carrossable, formant corniche sur le flanc de la montagne, à huit ou dix mètres seulement au-dessus du niveau des hautes marées ; elle est aujourd'hui d'un accès impossible.



Au mois de mai dernier, trois excursionnistes français, au nombre desquels était un rédacteur du journal la Gironde, M. D... , s'y aventurèrent sous la conduite d'un guide, pour aller à Guetaria. Ils eurent à surmonter de grandes difficultés dans le trajet, et peu s'en fallut qu'ils ne payassent cher leur témérité : les rochers se dérobaient sous eux ou glissaient sur le plan incliné qui sert de talus à la gauche du chemin, menaçant de les écraser à chaque pas ; ils arrivèrent néanmoins au but de leur voyage, mais après de grands risques et pas mal de fatigue.



Un autre chemin, le seul praticable en ce moment, s'embranche sur la route d'Azpeitia, entre Zaraus et Oïquina, conduisant à Guetaria. Il y a aussi un sentier qui passe entre Santa Barbara et Garatamendi, allant au même point.



Guetaria est une ville forte très ancienne, dont la fondation remonte à l'époque de la domination romaine dans les ports cantabres. Les Basques l'établirent pour y réfugier leurs barques de pêche et les mettre à l'abri de la convoitise des conquérants du monde. Elle fut murée et garnie d'ouvrages de défense par ordre du roi Alphonse VIII de Castille, qui signa, en septembre 1209, une carta-pueblo concédant aux habitants de nombreux privilèges sur la pêche en haute mer et sur l'exploitation des montagnes voisines. La Cronica General, parlant du règne de Alphonse VIII, s'exprime ainsi : "Alors il peupla Castro-de-Urdiales, Guetaria, Laredo, Motrico, San Andres et San Vicente de la Barquera, tout cela sur la côte de la mer."



Le port de Guetaria est situé entre l'île de San Anton et la montagne de Garate. Il est abrité des vents du Nord-Ouest et offre par cela même un mouillage sûr aux navires de faible tonnage. Au sommet de l'île de San Anton existe une petite forteresse construite vers la fin du 16e siècle. Une jetée servant de digue relie cette île à la terre ferme.



L'église paroissiale, placée sous le vocable de San Salvador, est un des rares monuments gothiques des provinces basques. Elle est dans un état déplorable, ayant beaucoup souffert durant les divers bombardements que les carlistes ont infligé à la ville dans la dernière guerre, comme dans celle de sept ans.



pais vasco antes guipuzcoa ayuntamiento iglesia
MAIRIE ET EGLISE GUETARIA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



En 1638, la baie de Guetaria fut le théâtre d'un épisode maritime très important dans l'histoire. La flotte espagnole, sortie des ports de La Corogne et de Vigo, sous le commandement de l'amiral Lope de Hoce, allait au secours de Fontarabie assiégée par Condé et étroitement bloquée du côté de la mer par François de Sourdis, archevêque de Bordeaux et amiral des flottes françaises. Les vents contraires obligèrent Lope de Hoce à se réfugier dans la baie de Guetaria et à y séjourner assez de temps pour permettre à Sourdis de profiter de sa situation précaire. En effet, le 22 août 1638, l'archevêque, se portant vers les côtes de Biscaye avec 18 gros vaisseaux, plusieurs brûlots et des bâtiments légers, attaqua la flotte espagnole. Celle-ci, ne pouvant manœuvrer, fut entièrement détruite, coulée bas ou brûlée ; il ne se sauva qu'un seul navire, le Santiago, qui fut s'échouer dans le port, sous le canon du fort de San Anton. Ce désastre coûta à l'Espagne onze navires de haut bord, huit galions et quelques autres bâtiments de moindre importance.



Le célèbre marin Sébastien El Cano, qui le premier fit le tour du monde, naquit à Guetaria vers 1476. En 1519, lorsque Magellan et Falero préparaient à Séville leur expédition pour la recherche d'un détroit unissant l'Atlantique à la mer des Indes, El Cano se présenta à eux et fut nommé premier maître du navire Concepcion, commandé par le capitaine Gaspar de Quesada.



Le 27 septembre de la même année, la flottille de Magellan quitta le port de San-Lucar-de-Barrameda, se dirigeant vers les Canaries ; après avoir touché à Ténériffe, l'équipage du navire Concepcion se souleva et le commandement en fut confié à El Cano. La navigation continuait pénible et accidentée, lorsqu'en novembre 1521, après avoir découvert le chemin de l'Océan Pacifique, Magellan fut tué dans l'île de Zébu, qui fait partie du groupe des Philippines. Il fut remplacé par le capitaine Espinosa, qui commandait la Victoria, et ce dernier navire passa sous les ordres de El Cano. Après un court séjour aux îles Moluques, la Victoria fit route vers l'Europe, laissant les autres navires de l'expédition en assez mauvais état dans la mer des Indes.



El Cano arriva à San-Lucar-de-Barrameda le 6 juillet 1522, après trois ans de navigation. Il alla d'abord accomplir un vœu à Séville, dans l'église de N.-D. de la Victoire, puis il se rendit à Valladolid, où l'attendait Charles-Quint. L'empereur le reçut bien, lui donna des lettres de noblesse et un écusson formé d'un globe terrestre avec cette devise : Primus circumdedistime.



En juillet 1525, une nouvelle expédition partit d'Espagne pour les Moluques, sous le commandement supérieur du général Loaisa ; El Cano fut choisi comme guide ou pilote de l'escadre. Dans les parages du détroit de Magellan, une violente tempête faillit détruire les navires espagnols, et Loaisa mourut par suite des fatigues, laissant à El Cano le soin de mener à bien l'entreprise. Cinq jours après, Sébastien El Cano succombait à son tour.



Ses compatriotes lui élevèrent une statue en 1800, qui fut détruite durant la première guerre carliste. En 1870, la province en fit édifier une autre, que l'on voit aujourd'hui sur un piédestal dominant les murailles du port.




GUETARIA ENTREE ET STATUE EL CANO
PAYS BASQUE D'ANTAN



Guetaria est aussi la patrie de Don Joaquin Barroeta Aldamar, qui fut diverses fois délégué du Guipuzcoa auprès du gouvernement de Madrid, durant la période de 1845 à 1866.



DON JOAQUIN BARROETA ALDAMAR 1796-1866
PREMIER ADJOINT GENERAL DU GUIPUSCOA
SENATEUR A VIE
MAIRE DE GUETARIA



Aldamar seconda au Sénat, en 1864, l'éminent jurisconsulte basque Don Pedro de Egaña, dans l'admirable défense que celui-ci fit des institutions forales, attaquées d'une façon si déloyale par le sénateur Sanchez Silva.



Barroeta Aldamar mourut à Madrid en octobre 1866.



Guetaria a énormément souffert durant la dernière guerre. Les carlistes l'ont bombardée à deux reprises et ont tenté divers assauts qui furent toujours repoussés par la garnison de la place et par les volontaires.



La population actuelle de cette petite ville ne s'élève pas au-dessus de 1 100 âmes.



Cestona.



Cestona est une petite ville située sur la rive droite de l'Urola, à environ moitié chemin de Zaraus à Azpeitia ; l'on y arrive par une belle route qui suit depuis Oiquina, où s'embranche le chemin de Deva, toutes les sinuosités et les caprices de la rivière. Cestona fait partie de la juridiction d'Azpeitia. C'est une localité de 2 300 habitants, bien bâtie, très propre, et entourée de belles fermes et d'antiques châteaux. Ses environs sont bien cultivés et d'un aspect pittoresque. Des montagnes qui l'avoisinent on tire du marbre, du jaspe et du cristal de roche. Son industrie consiste dans l'exploitation de fonderies et de moulins à farine.



Il existe près de Cestona un important établissement de bains d'eaux thermales placé entre deux montagnes sur la rive gauche de l'Urola. Diverses sources, habilement captées, donnent un débit d'environ cinquante litres d'eau par minute à la température de 33° centigrades. Ces eaux sont purgatives à la dose de trois ou quatre verres et rendent des services efficaces employées en bains, douches et lotions. Elles équivalent, pour leur effet, à celles de Bourbonne-les-Bains, de Saint-Sylvain et de Lucca, dans les affections chroniques.



L'établissement des bains de Cestona, où plus de 200 personnes peuvent être commodément logées, possède tous les agréments désirables. Le service y est fait avec beaucoup de goût et une grande propreté. Durant la saison d'été il vient beaucoup de baigneurs à Cestona, de tous les points de l'Espagne.



Les villages de Aizarna et de Arrona font partie du district de Cestona, ainsi que les quartiers de Lasao et de Alzolaras."



A suivre...



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