LA RÉVOLUTION FRANÇAISE ET LE PAYS BASQUE.
La Révolution française a fait disparaître les institutions particulières du Pays Basque Nord.
8 FEVRIER 1790 CREATION DES BASSES-PYRENEES |
Le Pays basque Nord, formé du Labourd, de la Soule ainsi que de la Basse-Navarre a été englobé avec le Béarn dans le département des Basses-Pyrénées en février 1790 et c'est une province que la Révolution a déjà ruinée dans ses espoirs d'autonomie.
Un an auparavant, leurs députés aux États généraux, dont les frères Dominique et Dominique Joseph Garat, munis de mandats impératifs pour défendre leurs privilèges ancestraux, se sont retrouvés à contre-courant des idées libérales et égalitaires.
Les trois petites provinces, et surtout la Basse-Navarre, ont, tout d'abord, réagi violemment. Puis, la tendance à l'uniformisation a fini par s'imposer et les institutions particulières ont disparu.
Aussi, le Pays basque affiche à l'égard de la Révolution une attitude plus que réservée. Dans ces conditions, sa froideur persistante va finir par attirer sur lui des soupçons de Contre-révolution et provoquer le début de l'émigration basque.
Le Pays basque, qui voit son autonomie s'amoindrir depuis le début de la révolution, va trouver dans son clergé un élément de résistance où une réaction identitaire va se mêler à la défense du dogme catholique.
Quant à la population, déçue dans ses espérances, elle oppose une force d'inertie à chaque nouvelle directive gouvernementale.
Mais les événements révolutionnaires s'enchaînant rapidement, le contexte de guerre généralisée va entraîner la dictature de guerre et la Terreur et transformer toutes les frontières françaises en régions sensibles. Devenu zone stratégique en raison du conflit armé avec l'Espagne, le Pays basque est pris dans la tourmente et inscrit alors les plus forts de ses mouvements d'émigration dans la deuxième grande vague de départs. Ils vont concerner, en premier lieu et comme il le laissait prévoir, son clergé puis sa frange populaire.
LA REVOLUTION FRANCAISE |
Cette résistance trouve son origine dans les attaques que l'Église de France va progressivement subir à partir de la fin de l'Ancien régime.
Au début de la Révolution, l'Église va devoir supporter de grands changements. D'abord atteinte en tant que propriétaire, elle va subir ses premières attaques proprement religieuses dés le début de l'année suivante. Le Pape, déjà opposé à la Déclaration des droits de l'Homme, fait alors connaître son hostilité. Mais le véritable conflit éclate avec la Constitution civile du clergé du 12 juillet 1790 qui provoque une grande confusion au sein de l'Église. Puis le décret du 27 novembre 1790 vient obliger tous les membres du clergé à prêter un serment civique, dans un délai de deux mois sous peine de déposition. Un refus entraîne un soupçon d'incivisme et ne fait qu'accentuer le trouble au sein du clergé. Le haut-clergé réagit dans sa grande majorité en quittant la France. Le bas-clergé s'inquiète et la condamnation tardive de la Constitution civile par le Pape ne fera qu'augmenter son désarroi.
VOTE CONSTITUTION CIVILE DU CLERGE 12 JUILLET 1790 |
L'attitude des ecclésiastiques face à l'obligation du serment s'avère très inégale suivant les régions. Avant la condamnation du Pape, le haut-clergé du Pays basque, représenté par de Faye, évêque d'Oloron et député du clergé de Soule ainsi que de Villevielle, évêque de Bayonne et député du clergé de la Basse-Navarre, refusent de prêter serment et quittent l'Assemblée. En ce qui concerne le bas-clergé, les conflits de conscience sont nombreux. Le curé de Saint- Jean-de-Luz, Harismendy, traduit son trouble en ces termes: "Il a été décrété que je suis libre de mes opinions mêmes religieuses... comment pourrait-on me condamner pour mon refus...". À l'instar de ce curé, la quasi-totalité du personnel clérical de la région prêtera le serment restrictif des droits de l'Église, appelé le serment blanc, "zin churria" en basque. Ainsi, la position du clergé basque s'inscrit majoritairement dans le courant réfractaire au serment. Les ecclésiastiques qui opteront pour le serment s'exposeront à de véhémentes critiques de la part des membres réfractaires et aux insultes et expositions vexatoires de la part d'une population basque qui soutient inconditionnellement son clergé. Pour souligner l'importance du courant réfractaire, le directoire de district d'Ustaritz déclare, le 14 octobre 1791, que sur 180 ecclésiastiques, seulement 26 ont prêté le serment. L'évêque de Bayonne, qui, entre temps, a émigré en Espagne, publie une ordonnance dans laquelle il renouvelle sa condamnation du serment et prononce la nullité des nouvelles élections, nominations et confirmations. Il en résulte une plus grande division des esprits et l'aggravation de la situation. Les troubles occasionnés par l'attitude du clergé basque se multiplient, les passions religieuses s'exacerbent et laissent augurer une émigration religieuse massive.
Cette tendance va effectivement se concrétiser rapidement dans les faits. L'Assemblée législative, nouvellement élue, à majorité girondine et athée, s'oriente vers un durcissement à l'égard du clergé réfractaire. Elle le perçoit comme un agent intérieur de la Contre-révolution devant semer le trouble au sein des citoyens et elle prend un nouveau décret à son encontre le 29 novembre 1791, mais qui ne sera pas appliqué en raison du veto du roi. Or, les menaces de guerre se précisent au début de l'année 1792 pour aboutir à la déclaration de guerre le 20 avril 1792. Aussi, l'Assemblée décide-t-elle de franchir un nouveau pas vers la répression religieuse en se décidant pour des mesures de déportation afin d'assurer la paix sociale. Le décret du 27 mai 1792 va donc ordonner la déportation de tous les prêtres non assermentés sur dénonciation de vingt citoyens actifs. Le veto du roi ne pourra qu'y surseoir puisqu'il deviendra exécutoire le 26 août 1792, après la chute de la monarchie le 10 août. Un nouveau serment, dit serment Liberté-Egalité, est exigé et ceux qui refuseront auront quinze jours pour quitter le sol français. Au-delà de ce délai, c'est la déportation.
SERMENT REPUBLICAIN 1792 |
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