LA SOULE EN 1881.
La Soule est la plus petite des 7 provinces du Pays Basque. Située dans les Pyrénées-Atlantiques, elle est peuplée d'environ 15 000 habitants et a pour capitale Mauléon-Licharre (Maule).
Voici ce que rapporta Paul Perret dans son livre "les Pyrénées françaises" en 1881 :
"Le pays de la Soule.
...Vous lirez dans presque tous les guides que ce château du "Mauvais Lion" est une ruine. Ce n'est pas exact. Sur les anciennes assises, de nouveaux bâtiments paraissent s'être élevés sans cesse. Le dernier est encore debout, bien qu'abandonné ; c'est une construction Louis XIV. Mauléon fut une lieutenance du gouvernement de Guyenne et de Gascogne, et le lieutenant fit là sa demeure.
Cette lieutenance a été une charge vraiment héréditaire dans la famille de Trois-Villes. Un comte de Trois-Villes, amoureux de la belle Marguerite d'Espeldoy, fit mettre à mort le Basque Berterretch, son rival. Dans le beau recueil des Chants populaires du pays basque, par M. J.-D.-J. Sallabery de Mauléon, on trouve à ce sujet une chanson très dramatique, mais assez peu claire. On n'y voit pas bien si Berterretch avait commis quelque crime donnant prise au Jaon Kunte.
Dans l'époque moderne, le "Mauvais Lion" a reçu garnison plus d'une fois ; du côté qui regarde la ville, on voit encore sa vieille enceinte flanquée de maçonneries modernes qui s'appuient à des talus. Le château fut un poste de défense pendant la retraite fameuse que Soult conduisit pied à pied à travers la contrée pyrénéenne, suivi par les soldats de Wellington.
Mauléon a ce cadre sombre que lui font ses hautes montagnes vertes ; c'est une beauté âpre et assez triste, qui offre un grand charme. Sur la rive gauche du Saison courent les jardins de ces maisons à vieux toits que nous avons vues du lit du Gave, et dont la façade principale s'ouvre sur une rue bordée de l'autre côté par ces grands murs de l'hôtel d'Andurrain, décorés des masques comiques. Une route y fait suite et s'enfonce dans la vallée. Sur la rive droite, il faut suivre le pied même des escarpements boisés, marqué par une autre route. Un chemin s'ouvre entre les clôtures de deux prairies et conduit à l'église. Encore, pour y arriver, faut-il traverser un de ces prés verts, et ce n'est pas tout simple. Nous frappons à la barrière ; une vieille Basquaise se dirige vers nous en clopinant ; elle va nous ouvrir. Ah ! bien, oui ! elle a perdu la clef.
Il faut attendre - à moins, nous dit un homme qui se tenait dans le chemin - à moins que vous ne passiez par la cour aux porcs. Singulier vestibule pour une église ! Nous suivons l'homme. Entre des masures basses, s'ouvre un cloaque immonde, et là, dans la fange, huit ou dix pourceaux énormes sont couchés, qui se lèvent avec des grognements menaçants. L'homme avait son bâton. - Oh ! dit-il, n'ayez peur, cognez ferme ! - Il en parlait à l'aise !
Mon compagnon, pour toutes armes, portait son crayon et son album. Moi, comme dans la chanson de Marlborough, je ne portais rien. Le mieux était de faire diligence et de franchir un petit mur qui arrêterait l'ennemi. Nous sautons ; il était temps : l'escadron de gros porcs chargeait. - Une fois hors de ses atteintes, je me mis à pester et à prêcher : Eh ! bonhomme, vous avez donc à Mauléon un maire pour rire. - Pour rire ? Oh ! là, non ! Il est plutôt bien sérieux comme un mur. C'est riche, ça n'a plus besoin de faire la belle mine au monde, ça ne rit point. - Si c'est un maire pour tout de bon, comment souffre-t-il tant de saleté dans sa commune, et cette infection si près de l'église ? - Bon ! c'est pas à lui, ce coin-là. Il ne s'en soucie guère. - Sans compter que si un enfant s'avisait d'entrer dans cette cour, il serait dévoré par ces affreuses bêtes. - Ben sûr ! Aussi c'est pas fait pour qu'on y entre. Et puis, faut pas s'en prendre aux pourceaux. Il sont chez eux, ces animaux-là !...
...Nous étions donc dans le cimetière enveloppant l'église branlante. Un porche surmonté d'un toit en auvent la précède. Il est pavé de pierres tombales ; d'autre tombes sont appuyées au mur extérieur de la nef, y formant un rebord qui offre comme un banc où les hommes, qui se tiennent, le dimanche, sous cette voûte, pendant la messe, ne font pas difficulté de s'asseoir. J'examine les inscriptions des sépultures. Voilà celles de deux archiprêtres ; puis celle d'une fille d'Andurrain, tante ou grand'tante, apparemment du maître de l'hôtel seigneurial de la place ; puis encore la tombe d'un juge. Ce porche ruiné recouvre des morts qualifiés, mais il s'abattra sur leurs restes.
CIMETIERE DE MAULEON SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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