DANSES BASQUES EN 1927.
Les danses Basques constituent une partie très importante de la culture Basque et la base de son folklore.
Voici ce que rapporta le Bulletin du Musée basque N° 3-4, en 1927, sous la plume de Sauveur
Harruguet :
"La farandole.
Comme pittoresque, la farandole - dantza luzia ou dantza khorda - ne le cède en rien à la danse des volants. L'élément féminin qui y participe y apporte peut-être plus de gracieuseté. Certains y ont vu une soeur jumelle de l'aurresku des pays basques-espagnols. Bien que les musiques de ces danses n'offrent que peu d'analogie, il est dans la cadence, dans les évolutions, certain air de famille. Toutes deux ont, en outre, même cachet de pompe rituelle.
En tête, un jeune homme s'avance, tenant haut dans une main, un rameau vert, un pied de maïs, ou une gerbe enrubannée. A son autre main, s'enroule un mouchoir dont une jeune fille tient l'extrémité. Un deuxième mouchoir établira la liaison entre celle-ci et un autre jeune homme qui, comme le premier, entraînera une cavalière.
Garçons et filles alternant ainsi, une longue file s'organise ; un jeune homme, porteur aussi d'un branche verte, clôt le monôme.
Aux accords d'une musique des plus caractéristiques, la file s'ébranle et décrit, en cadence, à l'initiative du danseur de tête, des cercles multiples et imprévus, serpente autour des groupes, décrit des arabesques. La chaîne s'enroule sur elle-même, se détend, met, en de multiples évolutions, sa cohésion à l'épreuve. Enfin, rompant les liaisons établies, et comme manifestant leur joie d'avoir atteint par l'union un but recherché en commun, danseurs et danseuses, reprenant leur liberté individuelle, exécutent une série délirante de pas et de sauts, aux appels d'une musique au rythme précipité.
L'honneur d'ouvrir la file, de porter le rameau, se payait jadis : il en était de même de l'honneur moindre attaché aux places suivantes s'échelonnant à tarifs graduellement diminués.
Cette note de vénalité se retrouvait dans un autre usage aujourd'hui délaissé appelé l'aguela.
Quand la présence d'une personnalité de distinction - ou de générosité escomptée - était signalée sur la place des réjouissances, l'orchestre descendait de son estrade et s'acheminait en jouant vers le personnage, précédé par un groupe de jeunes gens.
L'un de ceux-ci présentait un verre sur une assiette, offrait du vin, pendant qu'un autre exhibait sur un plat semé de quelque monnaie d'argent, une orange dont la crête était piquée d'une fleur, et dans les flancs de laquelle s'enfonçaient quelques pièces d'or.
Cela constituait un appel à la bourse de l'assistant ainsi honoré.
Telle qu'on la danse actuellement, la farandole se compose de quatre figures. Elle en comptait jadis un plus grand nombre aujourd'hui oubliées. Le ou les ménétriers qui s'en étaient fait une spécialité ont-ils négligé d'en faire perpétuer la vogue par leurs successeurs ?...
Les quadrilles et les danses modernes.
Par rang d'ancienneté, viennent ensuite les quadrilles.
QUADRILLE A ISPOURE BASSE-NAVARRE |
QUADRILLE A LICQ ATHEREY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Entre la farandole qui ouvrait le bal, et les sauts basques qui le clôturaient, l'après-midi de danse comprit, durant de longues années, uniquement des quadrilles du cru.
Au cours de tous ces quadrilles, une figure, le "chilo" (trou), d'une musique et d'un caractère très particuliers, était invariablement exécutée.
Danseurs et danseuses se montraient réfractaires aux danses nouvelles.
La polka polonaise fit une timide apparition : longtemps, on l'exécutait une fois dans toute une séance de quadrilles.
POLKA BEARN D'ANTAN |
Plus tard, quadrilles et polkas alternèrent. Enfin, brusquement, mais bien après la grande vogue que ces danses eurent à la cour de Napoléon III, schottischs, valses, mazurkas hongroises, firent irruption, élargirent la brèche ouverte par la polka.
Récemment, le fandango vint d'Espagne, l'arin-arin de Saint-Jean-de-Luz, et, aujourd'hui, des orchestres modernisés, vulgarisent à qui mieux mieux les danses du jour, d'Amérique, du Congo ou d'ailleurs. Qu'ils soient loués toutefois, puisque, parfaite à l'engouement pour les nouveautés, ils savent réserver aux danses de la tradition basque la place de faveur qu'elles méritent.
Considérations générales.
La prime musique qui anima la danse fut celle du galoubet, chirula ou flûte à trois trous. Elle s'accompagnait du tambourin, petite caisse longue et étroite, sur l'une des faces de laquelle des cordes étaient tendues au-dessus d'une ouverture ronde. Le musicien la maintenait dans le bras coudé dont la main tenait le chirula.
L'autre main, frappant les cordes avec une baguette, provoquait les résonances qui constituaient un accompagnement en sourdine.
Dès qu'apparurent les danses nouvelles, le violon, arrabita, détrôna le chirula de sa royauté jusque là indiscutée. Il se prêtait mieux à leur exécution, et, par surcroît, s'adaptait bien les sauts basques.
Surgit le piston dont les sons éclatants n'avaient pas besoin pour diminuer le tumulte des danseurs, de tomber en pluie, comme ceux du violon, du haut d'une barrique dressée sur bout ou de dessus une estrade.
Quand le cuivre s'allia avec le le tambour et la grosse caisse, quand enfin la clarinette leur prêta main forte, le violon mourut étouffé.
Comment eût-il réagi, alors que des orchestres modernes ne peuvent rien contre cette coalition, malgré les efforts d'instrumentistes de choix, malgré leur composition dosée et savante garantie d'harmonies suaves ! Ceux-ci n'arrivent pas à conquérir la faveur des couples, à contrebalancer l'effet produit en plein air par leurs plus rudes confrères basques dont les accords sont soutenus par les fortes vibrations des caisses génératrices d'un entrain irrésistible.
De ce court exposé résulte que, pour la danse, il existe en Basse-Navarre, comme dans tout le Pays Basque, une tradition à défendre.
Il n'y a plus de chirularis : le tambourin a disparu.
LE TXISTULARI PAR TREBLA |
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