LA CITÉ FUTURE DE CIBOURE EN 1926.
Dans les années 1920, de nombreux projets d'extension et d'agrandissement de communes voient le jour sur la Côte Basque.
Voici ce que rapporta La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, le 10 octobre 1926, au
sujet d'un projet pour Ciboure, sous la plume d'A Bion:
"La Cité Future de Ciboure.
...Transports en commun.
Comme on l’a vu, les tramways des V. F. D. M. desservent très bien la Ville de Ciboure au point de vue des relations extérieures. A l’intérieur, la ligne d’Hendaye longe la promenade maritime et passe au Socoa. Mais le nombre de trains sera forcément limité car le trajet desservi par chacun d’eux est assez long. II est prévu un tramway local qui empruntera le long de la baie la voie des V. F. D. M. passera à la plage pour suivre l’avenue de la plage, passera devant la gare, suivra le boulevard de la gare et empruntera ensuite la route nationale pour se raccorder de nouveau aux V. F. D. M.. Ce tramway reliera ainsi par un trajet circulaire le port, les halles et l'agglomération actuelle, la côte, la plage, la gare et les divers embranchements sur Hendaye, Ascain et Biarritz.
Eau et Egouts.
La Ville de Ciboure étant ainsi aménagée et son extension prévue dans le présent et dans l’avenir, il fallait assurer le développement en dotant cette ville d une distribution d'eau potable et abondante. Cette étude a d'ailleurs été faite en tout premier lieu et c’est elle qui se trouve à la base du présent projet, car c'est le manque d'eau potable qui a empêché Ciboure de se développer.
A cet effet, il est prévu le captage dans le bassin de la Rhune de plusieurs sources dont l’analyse a révélé la parfaite pureté. Cette eau sera amenée par simple gravitation dans un réservoir situé au point culminant du coteau de Bordagain. Toutes les parties de la Commune pourront ainsi être desservies. La population actuelle est de 3 000 habitants ; les prévisions et les calculs ont été faits pour 8 000 habitants et 230 litres par tête et par jour, soit 2 000 mètres cubes.
L’exécution de ce projet doit faire de Ciboure la ville la plus largement pourvue en eau potable de toute la Côte Basque. Ce projet approuvé et déclaré d’utilité publique est actuellement en voie de réalisation en ce qui concerne les parties principales et nécessaires aux agglomérations existantes. L’extension du réseau se fera automatiquement au fur et à mesure de l’extension des agglomérations et conformément aux prévisions établies.
La Ville de Ciboure n'a pas non plus d'égouts. Un réseau complet d’égouts basé sur le système unitaire a été étudié. Le territoire est divisé en cinq bassins ayant chacun leur émissaire en mer. Le bassin le plus important, celui du Socoa et du versant de Bordagain où doit s'élever la Ville nouvelle, a son débouché en pleine mer, derrière les falaises inaccessibles du Socoa. Il n’est pas à craindre ainsi que la plage soit souillée.
Les collecteurs des autres bassins beaucoup plus petits se déversent directement au milieu de la Nivelle au-dessus du niveau des plus bas ses eaux. Vu l’éloignement des points de déversement de la plage prévue, il n’est pas à craindre non plus aucun danger de contamination. Toutefois, si dans l’avenir le moindre inconvénient venait à se manifester de ce chef et dès que les finances de la Ville le permettraient, il serait facile de réunir ces quatre collecteurs par un émissaire unique et au moyen d’une usine élévatoire, rejeter les eaux résiduaires au même point que celles du premier bassin. Ce projet va recevoir incessamment un commencement d’exécution en ce qui concerne les collecteurs et émissaires et les réseaux secondaires des agglomérations existantes. L’extension du réseau se fera ensuite automatiquement, comme pour l’eau, au fur et à mesure de l’avancement des constructions.
VUE D'ENSEMBLE DE LA CITE FUTURE DE CIBOURE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Eclairage.
La Ville de Ciboure possède une usine à gaz et un réseau d’électricité. Toutes les voies et toutes les habitations pourront être pourvues de ces deux modes d’éclairage. On peut donc affirmer qu'à Ciboure on trouvera dans un avenir prochain tout le confort et toute l’hygiène nécessaires à la vie moderne.
Port.
Le port actuellement est en partie à sec à marée basse, l’entrée est également difficile, ce qui paralyse l’industrie de la pêche et nuit à son développement. Un projet a été étudié par les Ponts et Chaussées et qui figure sur les plans ci-joints. Ce projet prévoit l’approfondissement jusqu’à 2.00 et 2.80 au-dessous des plus basses eaux de façon que l’accès en soit possible en tous temps même aux chalutiers.
Deux digues convergentes sont prévues à l’entrée du chenal, ces digues devant produire l’effet de brise-lames et rendre plus praticables et moins dangereuses l’entrée et la sortie des bateaux. Enfin, des cales d’échouage et des quais en complètent l’aménagement.
PLAN EN RELIEF 1925 CITE FUTURE DE CIBOURE |
Habitations à bon marché.
Dans un programme comme celui-ci, qui par son exécution, va provoquer une hausse assez considérable des terrains, il est nécessaire de prévoir pour la classe ouvrière des emplacements pour habitations à bon marché.
Dès maintenant, il est prévu trois groupes. L’un au Socoa près du nouveau centre à créer, l’autre près du quartier industriel contre la voie ferrée et au sud de celle-ci, un troisième près de l’agglomération actuelle, entre celle-ci et Bordagain.
Ces groupes seront aménagés en cités-jardins et conformément aux prescriptions de l’hygiène moderne avec eau potable, égouts, installation du gaz et de l'électricité.
Programme financier et politique foncière.
Les différents programmes énumérés ci-dessus peuvent paraître bien importants, trop importants pour qu’une petite ville comme Ciboure puisse les réaliser même en une période très longue. Il a donc fallu avant la mise au point de ce projet, envisager les possibilités, de réalisation. Le gros effort est surtout au Socoa et à Bordagain où tout est à créer. L’établissement d’une plage, d’une gare, de voies larges et importantes ainsi que les installations d’eau potable, d’égouts, d’éclairage, etc., entraîne à des dépenses très élevées. Or, les premiers bénéficiaires de ces dépenses somptueuses sont les propriétaires des terrains qui verront les prix augmenter dans des proportions considérables.
Sans doute aurait-on pu faire jouer les lois de 1918 et 1921 sur les expropriations conditionnelles et les taxes de plus-values, mais quels auraient été les résultats pratiques de ces formalités ? Sans doute minimes et ils n'auraient pu procurer à la Ville de Ciboure les ressources suffisantes pour mener à bien un aussi vaste programme. La seule solution possible et rationnelle est celle qui consiste à établir tous ces aménagements aux frais de ceux qui doivent logiquement en profiter : les propriétaires.
PLAN GENERAL DE LA CITE FUTURE DE CIBOURE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Mais ceux-ci sont nombreux : Obtenir leur adhésion et leur participation est une entreprise téméraire et vouée à un échec certain. Ce qui n’est pas possible pour un ensemble de propriétaires le devient pour une seule personnalité.
Nous avons donc entrepris les démarches nécessaires près des divers propriétaires et, avec de la patience et de la ténacité et en offrant le prix fort pour des terrains de valeur à peu près nulle, sous ces perspectives de plus-values, nous avons obtenu des options sur la plupart des terrains qui doivent bénéficier de l’exécution de ces grands travaux.
Ces options nous permettent d'espérer de trouver une société financière qui va réaliser les acquisitions et qui, grâce à la perspective des bénéfices à escompter sur les plus-values, peut prendre à sa charge non seulement tout l’aménagement prévu à Socoa et à Bordagain, mais aussi l’installation de l’eau potable et des égouts dans toute la Commune et ceci, sous forme de concession faisant l’objet d’un contrat avantageux pour la Ville en même temps qu'intéressant pour le concessionnaire.
La viabilité intéressante de ce secteur sera établie aux frais de la société foncière ainsi que l’aménagement de la plage, la création de la gare, etc...
Il faut observer ici que pour les quelques propriétaires qui n’auront pas trouvé suffisantes les offres avantageuses qui leur ont été faites, ou qui plutôt, ayant eu vent des projets actuels, ont espéré bénéficier des plus-values importantes sans qu’il leur en coûte rien, et grâce aux initiatives et aux sacrifices des autres, il sera recouru après l’obtention du décret d’utilité publique, aux lois sur les expropriations.
La Ville s’engageant à accomplir les formalités, la société foncière se substituera ensuite à elle pour le paiement des indemnités.
En compensation, la ville donne la concession de la plage et le privilège exclusif, après l'érection de Ciboure en station climatique, de l’établissement d’un casino avec exploitation de jeux.
LA PLACE DU CASINO CITE FUTURE DE CIBOURE |
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