PREMIER TITRE DE CHAMPION DE FRANCE DE RUGBY POUR L'AVIRON BAYONNAIS.
Après les débuts du rugby à Bayonne, en 1905 et 1906, il ne faut que quelques années pour que l'Aviron Bayonnais soit champion de France de Football Rugby de première Division.
AVIRON BAYONNAIS RUGBY 1913 |
En effet, dès 1913, l'Aviron Bayonnais l'emporte devant le S.C.U.F par 31 points à 8.
Voici ce qu'en rapporta La Petite Gironde, dans son édition du 21 avril 1913 :
"...Neuf heures trente, sur le quai de la gare Saint-Jean, devant le train spécial de la Petite Gironde Bayonne-Bordeaux-Paris, pour la finale du championnat de rugby : l’Aviron bayonnais contre le S. C. U. F. Ah ! les pèlerins passionnés ! Ils clament leur foi sportive, les "bérets bleus", avec des accents où passent tous les cailloux des gaves du pays. Bayonne n’est plus sur la Nive, il est tout dans le train. Et la plus jolie moitié de la population a suivi le mouvement. Des yeux en amande flamboient derrière les vitres ; des tailles se ploient aux portières ; une allégresse robuste et saine monte sous les fermes, où les clameurs, les appels se croisent et se heurtent avec un leitmotiv : la stridence des "irrintzinas". De minces cravates rouges éclairent des torses d’athlètes ; des corsages clairs moulent des formes entrevues. Que l’Aviron bayonnais triomphe ou non, Paris aura des visions d’art. Il aura aussi de la musique.
Car on se montre çà et là les artistes de la Chorale, prêts à remplacer le "bag-piper" des Ecossais, tandis que deux "toun-toun" caresseront les oreilles des Bayonnais de leurs sonorités familières. La pelote basque a son chanteur de points ; pourquoi le noble rugby n’aurait-il pas ses chœurs, héritiers et successeurs du chœur antique qui se mêlait discrètement à l’action, consolant les vaincus et exaltant les vainqueurs ?
Cet exode nous rappelle les beaux jours de l’antiquité où toute une province, toute une ville accompagnaient leurs champions aux jeux olympiques ; ou, mieux encore, le départ des croisés pour la conquête sainte. "Le Midi le veult ! Le Midi le veult !" Mais le Pierre l’Ermite de cette épopée nouvelle, celui qui jeta la parole de vie et enflamma les cœurs, Maurice Martin, n’est pas là. L’Apôtre du football ne bénira pas le train des bérets bleus comme il avait béni le train rose, le train spécial pour Toulouse. Il n’est plus prophète en son pays. D’ailleurs son œuvre est faite : le football est roi, et les Basques seront ses prophètes.
AVIRON BAYONNAIS CHAMPION DE FRANCE RUGBY 1913 |
Et comme le train s’ébranle dans une tempête de chants et de clameurs, un refrain fameux de café-concert nous monte aux lèvres, accommodé à la circonstance :
C'est la Chorale Méridionale, Hardi les Biarrots, Vous serez nos héros ! C'est la Chorale Méridionale, Elevons nos cœurs Et chantons les vainqueurs !
Finale du Championnat de France de Rugby.
Une grande victoire provinciale.
L'Aviron bayonnais bat le S. C. U. F. par 31 points (7 essais, 5 buts) à 8 points (2 essais, 1 but)
La consécration !
Si rien n'est plus doux "que les premiers feux de la gloire" suivant le mot célèbre, ils éblouissent les gloires d’hier et aussi les envieux, les hiboux et les crapauds de "Chantecler". Puis, les yeux se font à la lumière nouvelle, et on rend hommage à la pureté, à l'éclat de l’étoile révélée. On nous pardonnera ce lyrisme familier en l’honneur de la jeune gloire de l’Aviron bayonnais.
AVIRON BAYONNAIS RUGBY 1913 |
Quand le petit Club basque sortit de l'ombre pour tenir un rôle important dans la pièce nationale que fait jouer chaque année l'U.S.F.S.A., la surprise, l'incrédulité, le scepticisme systématique furent la réponse des "vieux" à cette audace. Même aux plus avertis, l'espoir des Basques parut excessif. Et la ferme confiance en soi de ces vaillants fut prise pour de l'orgueil. Il parut impossible que des hommes "ne sachant pas jouer" fussent un jour meilleurs que les tacticiens éprouvés et dogmatiques.
Mais, aux bords de la Nive et de l’Adour, entre l'Océan et les cimes pyrénéennes, la race est riche d'énergie ! Selon le mot si juste de notre confrère Estrade, de l’ "Echo des sports", les Bayonnais sont "des forces qui vont"!
Rien ne désagrégea leur phalange, rien ne brisa leur volonté. Groupés autour de ces apôtres que sont les Chorribit, les Chantillon, de ce chef aimé et vaillant qu'est le brun Fernand Forgues, ils sont allés vers la gloire de leur pas rapide et sûr de montagnards.
D'abord barrés par le terrible lion stadiste, à leur entrée sur la grande scène, après leurs triomphes en troisième et deuxième séries ils amassèrent dans le silence de formidables réserves d'endurance. Et comme une nouvelle route s'ouvrait à eux par la création d'un nouveau comité régional, ils parvinrent soudain jusqu'à la demi-finale.
L'an dernier, un peu ignorants encore, mais très redoutables déjà, ils résistèrent âprement à l'autre légion du Midi. Toulouse, par un seul coup de pied heureux, prit leur place sur la route du triomphe final.
Cette année, plus menaçants que jamais, ils commencèrent par se débarrasser de leurs vaillants adversaires basques, Béarnais et Landais ; puis culbutèrent les Tarbais, que certains prétendaient imbattables. Et, pour prouver que rien n'était dû au hasard, ils triomphèrent ensuite de Périgueux, puis de Bordeaux, dans un match fameux, de telle sorte que nul doute ne demeura : les Bayonnais étaient de grands Champions !
Aujourd'hui, enfin, luttant pour la victoire suprême, tendus de tous leurs muscles, de toute leur volonté vers le but si proche et si ardu, ils ont vaincu !
AVIRON BAYONNAIS RUGBY 1913 |
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