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mercredi 10 novembre 2021

9ÈME ARTICLE LE PLUS LU DU BLOG : LE PREMIER TITRE DE CHAMPION DE FRANCE DE RUGBY EN 1913 POUR L'AVIRON BAYONNAIS AU PAYS BASQUE

PREMIER TITRE DE CHAMPION DE FRANCE DE RUGBY POUR L'AVIRON BAYONNAIS.


Après les débuts du rugby à Bayonne, en 1905 et 1906, il ne faut que quelques années pour que l'Aviron Bayonnais soit champion de France de Football Rugby de première Division.

aviron bayonnais 1913
AVIRON BAYONNAIS RUGBY 1913

En effet, dès 1913, l'Aviron Bayonnais l'emporte devant le S.C.U.F par 31 points à 8.


Voici ce qu'en rapporta La Petite Gironde, dans son édition du 21 avril 1913 :


"...Neuf heures trente, sur le quai de la gare Saint-Jean, devant le train spécial de la Petite Gironde Bayonne-Bordeaux-Paris, pour la finale du championnat de rugby : l’Aviron bayonnais contre le S. C. U. F. Ah ! les pèlerins passionnés ! Ils clament leur foi sportive, les "bérets bleus", avec des accents où passent tous les cailloux des gaves du pays. Bayonne n’est plus sur la Nive, il est tout dans le train. Et la plus jolie moitié de la population a suivi le mouvement. Des yeux en amande flamboient derrière les vitres ; des tailles se ploient aux portières ; une allégresse robuste et saine monte sous les fermes, où les clameurs, les appels se croisent et se heurtent avec un leitmotiv : la stridence des "irrintzinas". De minces cravates rouges éclairent des torses d’athlètes ; des corsages clairs moulent des formes entrevues. Que l’Aviron bayonnais triomphe ou non, Paris aura des visions d’art. Il aura aussi de la musique. 



Car on se montre çà et là les artistes de la Chorale, prêts à remplacer le "bag-piper" des Ecossais, tandis que deux "toun-toun" caresseront les oreilles des Bayonnais de leurs sonorités familières. La pelote basque a son chanteur de points ; pourquoi le noble rugby n’aurait-il pas ses chœurs, héritiers et successeurs du chœur antique qui se mêlait discrètement à l’action, consolant les vaincus et exaltant les vainqueurs ? 



Cet exode nous rappelle les beaux jours de l’antiquité où toute une province, toute une ville accompagnaient leurs champions aux jeux olympiques ; ou, mieux encore, le départ des croisés pour la conquête sainte. "Le Midi le veult ! Le Midi le veult !" Mais le Pierre l’Ermite de cette épopée nouvelle, celui qui jeta la parole de vie et enflamma les cœurs, Maurice Martin, n’est pas là. L’Apôtre du football ne bénira pas le train des bérets bleus comme il avait béni le train rose, le train spécial pour Toulouse. Il n’est plus prophète en son pays. D’ailleurs son œuvre est faite : le football est roi, et les Basques seront ses prophètes. 





aviron bayonnais 1913
AVIRON BAYONNAIS CHAMPION DE FRANCE RUGBY 1913



Et comme le train s’ébranle dans une tempête de chants et de clameurs, un refrain fameux de café-concert nous monte aux lèvres, accommodé à la circonstance :


C'est la Chorale Méridionale, Hardi les Biarrots, Vous serez nos héros ! C'est la Chorale Méridionale, Elevons nos cœurs Et chantons les vainqueurs ! 



Finale du Championnat de France de Rugby.


Une grande victoire provinciale.


L'Aviron bayonnais bat le S. C. U. F. par 31 points (7 essais, 5 buts) à 8 points (2 essais, 1 but)


La consécration !


Si rien n'est plus doux "que les premiers feux de la gloire" suivant le mot célèbre, ils éblouissent les gloires d’hier et aussi les envieux, les hiboux et les crapauds de "Chantecler". Puis, les yeux se font à la lumière nouvelle, et on rend hommage à la pureté, à l'éclat de l’étoile révélée. On nous pardonnera ce lyrisme familier en l’honneur de la jeune gloire de l’Aviron bayonnais. 




PAYS BASQUE 1913
AVIRON BAYONNAIS RUGBY 1913


Quand le petit Club basque sortit de l'ombre pour tenir un rôle important dans la pièce nationale que fait jouer chaque année l'U.S.F.S.A., la surprise, l'incrédulité, le scepticisme systématique furent la réponse des "vieux" à cette audace. Même aux plus avertis, l'espoir des Basques parut excessif. Et la ferme confiance en soi de ces vaillants fut prise pour de l'orgueil. Il parut impossible que des hommes "ne sachant pas jouer" fussent un jour meilleurs que les tacticiens éprouvés et dogmatiques. 



Mais, aux bords de la Nive et de l’Adour, entre l'Océan et les cimes pyrénéennes, la race est riche d'énergie ! Selon le mot si juste de notre confrère Estrade, de l’ "Echo des sports", les Bayonnais sont "des forces qui vont"! 



Rien ne désagrégea leur phalange, rien ne brisa leur volonté. Groupés autour de ces apôtres que sont les Chorribit, les Chantillon, de ce chef aimé et vaillant qu'est le brun Fernand Forgues, ils sont allés vers la gloire de leur pas rapide et sûr de montagnards.



D'abord barrés par le terrible lion stadiste, à leur entrée sur la grande scène, après leurs triomphes en troisième et deuxième séries ils amassèrent dans le silence de formidables réserves d'endurance. Et comme une nouvelle route s'ouvrait à eux par la création d'un nouveau comité régional, ils parvinrent soudain jusqu'à la demi-finale.




L'an dernier, un peu ignorants encore, mais très redoutables déjà, ils résistèrent âprement à l'autre légion du Midi. Toulouse, par un seul coup de pied heureux, prit leur place sur la route du triomphe final.


Cette année, plus menaçants que jamais, ils commencèrent par se débarrasser de leurs vaillants adversaires basques, Béarnais et Landais ; puis culbutèrent les Tarbais, que certains prétendaient imbattables. Et, pour prouver que rien n'était dû au hasard, ils triomphèrent ensuite de Périgueux, puis de Bordeaux, dans un match fameux, de telle sorte que nul doute ne demeura : les Bayonnais étaient de grands Champions ! 



Aujourd'hui, enfin, luttant pour la victoire suprême, tendus de tous leurs muscles, de toute leur volonté vers le but si proche et si ardu, ils ont vaincu ! 




AVIRON BAYONNAIS 1913
AVIRON BAYONNAIS RUGBY 1913

Oui, les "Méridionaux de Paris", comme on a justement surnommé les si sympathiques Scufistes, se sont inclinés devant les enfants de l’Euskarra. La journée qui vient de finir fut pour les Basques celle au sacre ! 



Nous avons de nouveaux Maîtres, et ce sont bien des Maîtres. La confiance, la camaraderie, la "Foi" ont fait le miracle. 


Forgues, assez critiqué au cours de la saison qui s'achève, s’est bellement vengé. Sa méthode est la bonne, cette méthode absolument inédite qui fit bondir les théoriciens routiniers, parce qu’ils ne la comprenaient peut-être pas parfaitement. 



A l'aurore de cette saison, après le match qui opposa, à Toulouse, une équipe basque au jeune et courageux team du T.O.E.C., nous écrivions que ces hommes étaient pour l'heure invincibles. Mais nous n’osions pas penser qu’ils le resteraient jusqu’au bout. Nous n'étions pas assez confiants ; nous avions tort, car ils le furent. 



Ils le furent grâce à leur travail admirable et grâce à cette obstination de Forgues à faire jouer ses hommes non comme ceux-ci ou comme ceux-là, mais, seulement, et toujours, comme leur tempérament, leurs moyens exceptionnels leur permettent de jouer : à la "façon basque", enfin.



Et cette façon est bien la meilleure, comme ont pu s'en rendre compte les malheureux mais courageux scufistes et les vingt, ou trente mille spectateurs qui ont assisté à cette admirable démonstration d'addition de points au tableau.



Inaudi n’eût pas fait mieux pour résoudre ce problème ardu qui consistait à savoir comment quinze petits gars vaillants peuvent en quelques années devenir champions de France. 



Car ce fut, en effet, une partie superbe, admirable, éblouissante de brio, d’adresse, de vaillance, d'ardeur, menée de bout en bout en quatrième accélérée, et le fait d'avoir tenu sans faiblesse jusqu’au coup de sifflet final prouve le courage et la valeur des excellents scufistes. Ces derniers ont, en effet, fourni un match absolument remarquable, vraisemblablement leur meilleur, et j’avoue que jamais je ne les aurais crus capables d'un tel exploit après leur médiocre exhibition de Toulouse en demi-finale contre les Catalans. 



Ils ont même dominé assez souvent, mais on n'a jamais eu, il faut le dire, l'impression qu'ils pouvaient triompher des démons basques. Quand il attaquaient, il semblait en général que c’était plus une défensive qu'une offensive, chaque homme paraissant plus viser de ne pas être pris par l’adversaire que de l'éviter pour aller à l'essai. 



En somme, le Scuf a semblé dominer souvent sans jamais réussir à imposer son jeu et a brillé plus par des exploits individuels vraiment jolis parfois que par une tactique bien définie et par un vrai jeu d'équipe. Pourtant, il méritait bien ses deux essais, et son courage lui valait bien de sauver l’honneur. 



Les Bayonnais, au contraire, après un quart d'heure d’étude, mirent l'admirable rouage en mouvement, et profitant de toutes les occasions qui se présentaient, et qu’ils faisaient naître, partaient à l'attaque "à la basque", chaque homme jouant pour tous, et jouant bien, très bien, et ils donnaient alors l'impression très nette qu'ils étaient d’une classe bien supérieure à leurs braves adversaires filant, crochetant, passant avec une rapidité, un brio enfin qui, malgré son aspect un peu fou tant il était fait de vitesse, était réfléchi, raisonné, savant.



En un mot, un vrai bouquet de feu d'artifice. 



Ah ! le beau team et le beau jeu, et comme ce quinze admirable méritait bien le championnat qu’il vient de remporter si brillamment et de si loin ! 



Le drapeau de victoire flotte donc à Bayonne au vent des Pyrénées et de la Côte d'Argent. Sa hampe est fichée dans la terre solide et généreuse de notre chère Gascogne. 



C’est une fois de plus le triomphe de la Province, mais c’est, surtout, la consécration de l’admirable "team" bayonnais.

 


Et si, ce soir, "on pleure dans les chaumières," là-bas, dans ce beau pays basque, ce seront de douces larmes de joie. 




Dans la Capitale, quelques pleurs ont dû être amers... Mais chassons les papillons noirs. Quand on a eu, comme nous, le spectacle réconfortant de l'allégresse, plutôt bruyante, des chants de victoire de tous ces braves "supporters" basques après le triomphe de leurs champions ; celui, aussi, de la joie muette, mais qu’on sentait sincère et vivante, de Forgues le Silencieux, il ne reste au fond du cœur et sur les lèvres qu’un sentiment : la joie, et qu’un cri : bravo !


Avant le Match.


Au mauvais temps de ces jours derniers a succédé une après-midi ensoleillée, prometteuse de beaux exploits sportifs. Dès une heure, la foule afflue à Colombes, et, tandis que le match des équipes troisièmes se déroule, des milliers de spectateurs s’entassent aux tribunes et autour des touches. 



A deux heures un quart, tout est envahi, Il n'y a plus une place libre. Brennus, affolé, donne l’ordre de fermer les portes, et on annonce l'arrivée de deux nouveaux trains spéciaux. Où va-t-on caser tous ces sportsmen ? 



Les bérets basques sont nombreux aux tribunes et sur les touches ; on remarque aussi de nombreux scufistes arborant fièrement les couleurs noires et blanches.



Dès deux heures et demies, les portes ayant été refermées, 5 000 personnes stationnent devant l’entrée du Stade. Une poussée furieuse se produit ; les barrages cèdent, et c’est l’invasion du terrain. 



On monte sur les toits du Stade, sur les arbres qui environnent le terrain; des barrières arrachées ont fait des échafaudages. Tout est utilisé par les milliers de spectateurs avides d’assister aux phases du grand match. Lorsque le coup d envoi est sifflé, il y a 20 000 personnes présentes.



Les Equipes :


AVIRON BAYONNAIS 

Arrière : Lasserre. 

Trois-quarts : Charley, Poeydebasque, Foueillassard, Labaste. 

Demis : Hedembaigt, Roë. 

Avants : Fortis, Iguinitz, Vigneau, Lissalde, Bascou, Jules Forgues, Domercq, Fernand Forgues (cap.). 



SPORTING-CLUB UNIVERSITAIRE 

Arrière : Semmartin. 

Trois-quarts: Buscail, Brisé, du Souich, Larmier. 

Demis : Theuriet (cap.), Besset. 

Avants : Montaud, Anduran, Farré, Mialle, Cadenat, Moure, Fusier, Eutrope jeune."









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