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lundi 1 novembre 2021

LE DROIT D'AÎNESSE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

LE DROIT D'AÎNESSE AU PAYS BASQUE.



Au Pays Basque, pendant plusieurs siècles, c'était l'aîné(e), fille ou garçon qui héritait du patrimoine, et en particulier de la maison et de tous les biens y attenant.




pays basque autrefois maison aînesse
MAISON BASQUE EN 1892
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta le journal Regards, dans son édition du 19 juillet 1946, sous la plume de 

Jacques Méry :


"Le droit d'aînesse au Pays Basque.



"Chaque heure blesse, la dernière tue." C'est ce que rappellent les cloches des églises basques qui portent ces mots, gravés dans la pierre.




pays basque autrefois église labourd
CLOCHER DE L'EGLISE D'URRUGNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Est-ce le labeur acharné, la peine à laquelle les hommes sont condamnés qui ont inspiré cette pensée austère ? Sans doute... la terre est haute dans ce pays ! Les paysans doivent souvent disputer à la montagne leur nourriture, celle de leurs bêtes.



Les Basques (espagnols ou français) : un peuple. Il a son hymne, son drapeau ; il avait son arbre de la liberté. Ce peuple : une race. Fière, saine, fanatiquement attachée à sa terre, à ses traditions, à ses églises.



Et c'est très bien ainsi.



Mais à la condition que cet amour de la terre, ce respect du passé, cette piété ne réduisent pas les paysans basques à une vie dure sans espoir, et ne fassent pas le profit d'autres hommes.



Et c'est ce qui s'est longtemps passé.



Tradition basque : le droit d'aînesse subsiste encore, à la mort des parents, la ferme revient donc à l'aîné des enfants. En outre celui-ci est favorisé d'un quart de l'héritage en plus de sa part. Mais il doit indemniser ses frères ou ses sœurs, leur donner en argent leurs parts sur la valeur des terres. Souvent l'aîné d'une famille n'a pas cet argent. Il ne renonce pas à exploiter la ferme, la tradition — elle prévoit tout — le conduit chez le notaire. Automatiquement celui-ci avancera les sommes nécessaires. A un taux d'usure... traditionnel !



Les affaires réglées, notre jeune fermier se met au travail. Durement. De l'aube au crépuscule il laboure, fauche, ensemence. Il économise. Il mourra peut-être avant de s'être acquitté de sa dette au notaire. Toute sa vie aura été soumise à la bonne ou mauvaise volonté du créancier.



On l'a deviné : le notaire est l'homme politique de la région. Dans l'obligation de le ménager, "ses" paysans, le jour des élections, obéissent à ses consignes.



Ils votent contre ceux qui ont le souci de leur défense, contre leurs intérêts.



Ainsi la réaction est puissante au pays basque. Ainsi des fermes qui semblaient riches, prospères, étaient en réalité grevées d'hypothèque et des villages de la Basse-Navarre, par exemple, celui d'Irouléguy pour plus de précision, appartenaient à un notaire.



Aujourd'hui les fermiers basques ont pu — grâce à la guerre il faut bien le dire — se libérer de la dictature des notaires. Ils ont remboursé leurs dettes.



Demain ? 



Des hommes courageux se sont adressés aux paysans, ils ont dénoncé la manœuvre dont ils étaient les victimes.



Et ces hommes courageux ont été assommés !



Oui, au pays basque, les paysans acceptent leur condition avec la fatalité du fellah hindou, sans imaginer des possibilités d'une vie meilleure, en étant les artisans et les gardiens de leur mal. Le problème consiste donc à leur faire prendre conscience de leur vie, de leurs droits, de leur puissance.



... Au fait, la phrase inscrite sur les clochers : "Chaque heure blesse, la dernière tue" n'est-elle pas pour rappeler aux paysans une résignation totale, une soumission complète, garanties des privilèges des hobereaux de village ?



Ne pas désespérer : dans chaque village où enseigne un bon instituteur laïque, les fermiers commencent à distinguer les principes de la justice sociale. Aussi l'école communale subit-elle les attaques les plus violentes. Il est d'ailleurs regrettable qu'une politique juste corresponde, dans ces régions, à l'action anticléricale. Au pays basque, en effet, la puissance, l'influence de l'église sont celles de l'envoûtement.



Ne pas désespérer : la vérité chemine vers les villages les plus perdus de la montagne. Il suffit, pour le constater, d'observer les résultats des dernières élections qui marquent un net progrès sur le passé."




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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