Libellés

lundi 15 novembre 2021

UN RAPPORT DU GÉNÉRAL HARISPE ORIGINAIRE DE BAÏGORRY EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1835

UN RAPPORT DU GÉNÉRAL HARISPE EN 1835.


Jean-Isidore Harispe, né le 7 décembre 1768 à Saint-Etienne-de-Baïgorry (Basses-Pyrénées) et décédé le 26 mai 1855 à Lacarre (Basses-Pyrénées), est un militaire et homme politique français, maréchal de France.




pays basque autrefois harispe marechal
MARECHAL JEAN-ISIDORE HARISPE



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette nationale ou le Moniteur universel, le 25 octobre 1835 :



"...Quelques journaux s’étant opiniâtrés à publier des articles dans le but d’établir que l’esprit militaire et la discipline avaient éprouvé du relâchement sur plusieurs points, le ministre de la guerre a cru devoir donner dos instructions aux généraux commandant les divisions militaires et les divisions actives, pour qu’ils eussent à lui rendre un compte exact de la situation des corps placés sous leur commandement ; à ranimer, s’il en était besoin, l’esprit et les habitudes militaires ; à prendre enfin toutes les mesures que l’état des choses pourrait exiger. Presque tous ces officiers-généraux ont déjà fait connaître que les craintes que l’on avait cherché à inspirer étaient dépourvues de tout fondement. Parmi les rapports qui ont été adressés à ce sujet à M. le ministre de la guerre, nous transcrirons ci-après, comme offrant en quelque sorte le résumé de tous les autres, celui de M. le général Harispe, commandant la division active des Pyrénées-Occidentales. Le témoignage de cet officier-général, aussi distingué par son patriotisme que par ses talents militaires, est un des plus sûrs garants qui puissent être offerts au Gouvernement et à la nation, du bon esprit qui anime l’armée, de la stricte discipline qu’elle n’a cessé d’observer, et de l’union fraternelle qui règne entre les citoyens et les soldats. M. le général Castellane, qui commande la division active des Pyrénées-Orientales, ne rend pas un compte moins satisfaisant de la situation des troupes sous ses ordres, et c’est un résultat qu’il est juste d’attribuer en partie à la bonne direction qu’elles ont reçues du zèle de cet officier-général. 



MARECHAL BONIFACE DE CASTELLANE 1858



Division des Pyrénées-Occidentales. 

Quartier-général de Bayonne,

le 16 octobre 1835. 



Monsieur le maréchal, 



Au reçu de votre circulaire du 10 courant, je me suis empressé de rappeler, par un ordre du jour, à toute ma division, les devoirs imposés par les règlements ; mais je n’ai pu lui demander qu’une constante persévérance dans l’accomplissement de ces devoirs. 



Depuis trente ans que j’ai l’honneur d’être officier-général, et que je commande des troupes réunies en paix et devant l’ennemi, je n’ai jamais rencontré une plus complète régularité de conduite et de service, jamais une discipline plus exacte, une plus louable émulation dans l’observance et l’exécution des devoirs militaires. Si l’habitude de cette régularité a rendu le service facile, il n’en est pas moins strict et sévère ; mais cette sévérité se fait sentir à moins de monde, l’exemple de la masse servant à la fois à prévenir le mal et à entraîner au bien. 



J’ai des régiments de ma division qui sont disséminés jusqu’à occuper dix-sept cantonnements, d’autres réunis dans des places ; je viens de les examiner tous en détail dans une longue inspection, et je n’aurais pu faire de différence entre les régiments sortis de la caserne pour arriver sur le terrain, et ceux dont les compagnies s’étaient donné rendez-vous de cinq à six heures de distance. 




pays basque autrefois baigorry marechal harispe
MARECHAL HARISPE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Dans une situation où la division active que je commande occupe soixante-cinq cantonnements, l'harmonie règne à tel point entre la population et la troupe, que de tous côtés je reçois des demandes des conseils municipaux pour obtenir des troupes, et que lorsque je suis obligé d’en retirer par quelques mouvements, je reçois de toutes parts des réclamations pour les conserver. 



Et cependant, dans un tel état de choses qui indique la bonne conduite civile des troupes, la discipline militaire ne s’est point relâchée ; les compagnies sont prêtes au premier coup de tambour ; le service se fait comme devant l’ennemi, le sac au dos et le soldat prêt à partir ; les patrouilles, les reconnaissances, parcourent la ligne dans des montagnes escarpées, dans des chemins affreux, à travers toutes les intempéries des saisons, comme sur un terrain d’exercice.



Tel est le tableau fidèle de ma division ; et si j’ai été assez heureux pour obtenir l’approbation du Gouvernement, mon devoir est de lui en reporter tout le mérite. 



Quant au découragement et à l’altération de l’esprit et des habitudes militaires, je n’ai rien vu de pareil. Sans doute, nos officiers ont vu avec peine leur avancement suspendu depuis deux ans, mais ils n’ont point murmuré, et leur dévouement n’a point diminué. Moi-même, à trois inspections différentes, il m’a été pénible de porter dans quelques corps trois fois les mêmes sujets pour l’avancement, et de les trouver également méritants et sans récompense pendant trois ans. Mais cette nécessité a été comprise, bien plus même dans l’armée qu’au dehors, et je n’ai pas eu plus de démissions parmi les officiers, plus de congés pris parmi les sous-officiers. Quant au soldat, je ne l’ai jamais vu plus gai, plus content, plus heureux : jamais son bien-être n’a été plus assuré par le Gouvernement, et jamais il ne l'a mieux senti ; il arrive joyeux sous les drapeaux et en repart de même, c’est la règle naturelle. 


pays basque autrefois marechal harispe baigorry
MARECHAL HARISPE
PAYS BASQUE D'ANTAN


J’ai communiqué votre lettre aux maréchaux-de-camp sous mes ordres, et je ne doute pas qu’elle ne les confirme dans les excellentes dispositions dont ils donnent tous les jours des preuves ; ils sont tous deux au milieu des troupes, sur les points de la frontière les plus importants, où ils surveillent l’exécution de mes ordres. Quant aux fonctionnaires de l’administration, leur zèle constant est une des plus sûres garanties de l’ordre qui règne parmi nos troupes ; le résultat le prouve : dans nos deux inspections corrélatives, M. l’intendant Delasalle et moi nous n’avons pas trouvé un livret en défaut, pas un registre fautif, pas une réclamation relative à des deniers ; voilà pour l’administration des corps. Celle des matières avait, l’année dernière, faibli ; sur mon rapport, vous avez fait un exemple sévère, et tout marche à merveille aujourd’hui. 



Vos ordres seront suivis quant au port de l’uniforme. 



Tel est le compte que j’ai à vous rendre de la situation des troupes, Monsieur le maréchal : il est vrai, et je serais le premier à vous signaler le mal là où je l’apercevrais, comme je l’ai fait en plusieurs occasions, comme je le ferai encore pour quelques objets de détail dans mon compte rendu d’inspection. 



Agréez, etc. 



Le lieutenant-général commandant, 

Cte Harispe."







Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 600 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/

N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire