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lundi 8 novembre 2021

LA LANGUE ET LA LITTÉRATURE GASCONNE EN 1938 (troisième et dernière partie)

L'ACADÉMIE GASCOUNE EN 1938.


Le 7 mai 1926, est fondée à Bayonne une association loi 1901 : "l'Académie Gascoune de Bayoune".


academie gascoune bayoune
ACADEMIE GASCOUNE BAYOUNE

Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 29 mars 

1938, sous la plume de Bernard-Hallet :



"Pour le rayonnement de la langue et la littérature gasconne



M. Carlito Oyarzun nous écrit.



Notre excellent ami Carlito Oyarzun nous fait le plus grand plaisir en collaborant à la Gazette et nous apporte son point de vue sur l'étude que nous avons consacrée à la question de la langue et de la littérature gasconnes à Bayonne :

 Cher Moussu, 

Qu'éy leyit dap for d’intérès Sus Le Gazète, lous dus bos articles p'ou rayounemen de le lèncou è de le litérature gascounes, dens lous nos cadre bayounés, è que t’ze féliciti de le boste iniciatibe.


Toutun, que m’excusi aouprés de bous de nou pas poude accepta lou titre poumpous qui m’abéts désernit ; que suy toustèm estat un for boun élèbe, mès que seri, qu’en suy segu, un for charre professur. Entremis lous membres de le noste Académie, qu’en counechi d’aouts qui soun melhe désignats que you per tine aquet emplee. 


Ne puch pas tapaouc accepta que’m coumporoussits à Raimu. Raimu qu’es un gran artiste — Carlito qu’es un amatur de chaborre. 


E, peé en rebine aou recrutemen dous élèbes désirous d’aprene le noste lèncou mayrane, que m’parech, sinou impoussible, aou mench h for dificile, aou momèn oun lou esports an arrecaptat toute le noste yoenesse. Lou recrutemen dous Bayounes gascounisènts qui bolen prene le paraoule en public, que l'es tabey aoutan. 


Quént aous programmes qui abem lou plési d'ofri aous fidèles abituats qui seguichemen for régulièremen tous nos Capitous, que soun généralemen coumpousats mitat sérious, mitat gaouyous. E si arribe cocops que le partide gaouyouse es mé impourtante que le résiouse ne caou pas tz'en estouna ; lous nos aouditurs qu’aymen melhe arride que ploura. Aou mitan dous soupics de le bite, n’es doun pas boun de tèms en tèms de s'dilata le méousse ? 


E puch, lous nos Capitous qu’an sustout un but caritadous. Despuch le sou foundacioun, en 1926, l'Académie Gascoune de Bayonne qu'a balhat mé de 30 000 lioures à les obres de bienfesènce de le bile. Que boulets de mé ? 


Credets, cher moussu, à toute le meye simpatie. 


academie gascoune bayoune
CARLITO OYARZUN ACADEMIE GASCONNE


En le remerciant très chaleureusement d'une contribution que nous nous félicitons d'avoir provoquée par nos précédents articles, nous exprimons notre conviction à M. C. Oyarzun, malgré sa modestie, serait un très distingué professeur. En tout cas, s'il ne voulait pas enseigner aux jeunes : grammaire, syntaxes théoriques de la langue mayrane, il serait un lecteur remarquable pour les travaux pratiques. Ainsi serait utilisé un talent hors de pair comme on le fait dans certaines Facultés françaises et étrangères où renseignement des langues vivantes comporte professeur et lecteur. Sa modestie encore empêche notre aimable correspondant de s’entendre comparé à Raimu même dans le cadre bayonnais seulement. Mais l’artiste n’est pas seul juge. L’admiration de tout Bayonne poserait un affectueux bâillon sur les lèvres du comique talentueux si elles s’ouvraient pour affirmer sérieusement qu'il n’est qu’un amateur "de chaborre". 



En ce qui concerne le recrutement des élèves désireux d’apprendre le gascon, je me permets de signaler à notre spirituel comique que la question a été déjà résolue favorablement : au Musée Basque, on voit, cette année, une quarantaine de jeunes élèves prendre les conférences régionalistes organisées à la gloire des 3 B pour prolonger les travaux de l’Exposition Internationale 1937. Cet auditoire nombreux a été automatiquement recruté ; il travaille à la satisfaction de tous et, ce qui est mieux, à la sienne propre.



En m’excusant, de répéter mes articles précédents, je pense que les Bayonnais qui veulent prendre la parole en public ne sont pas précisément le motif de nos soucis. Il ne s’agit plus de recruter des "artistes" pour un "public", mais des gens de bonne volonté pour guider patiemment des petits, des jeunes, au long d'une étude cordialement entreprise en chambre, si j'ose dire, et non sur tréteaux. Il est de plus en plus difficile de recruter des artistes, d’autant plus malaisé que sur nos plateaux bayonnais ils ont été précédés par des amateurs de grande classe et qu’au surplus nos cinémas nous apportent des ressources aussi nombreuses qu’indépassables en mise en scène, en attraits de toute sorte. Mais il ne s’agit pas de Théâtre. C’est en faveur du contraire que nous livrions au public les réflexions qui ont fait l’objet de nos articles précités. 



La question de programme est également importante sans doute quand il s'agit de théâtre. Mais j’ai écrit que l’Académie gasconne gagnerait cent pour cent à n’être assimilée à un théâtre, à n’avoir pas des programmes, des habitués, mais au contraire des auditeurs à titre permanent et plus fréquent tandis que le côté humoristique et théâtral serait l’objet de capitous — divertissements. 



C’est ainsi que nous entendons voir rayonner la langue et la littérature gasconnes et c’est d’ailleurs pour cette intervention que notre intéressant correspondant nous félicite dès les premières lignes de son texte. 



Nous avons bien ri à ces capitous ; — divertissements — car nous aimons le rire et nous voudrions que plus tard cette qualité de rire et de s’amuser ne se perde pas totalement. Nous avons donc de multiples raisons de voir se suivre encore longtemps ces capitous et ne serait-ce, mais bien sûr, que pour les recours considérables, 30 000 francs, nous rappelle-t-on, que ce bonheur des uns a permis d’apporter pendant douze années au malheur des autres. 



Donc, ce que nous voulons de plus c’est très exactement ce que nous essayons de dire une deuxième fois sous une autre forme et que nous avons exposé dans deux articles précédents : l’Académie gascoune (et à son défaut, les sociétés savantes de la ville et le cas échéant l’Université au titre de cours complémentaires, tel que celui que M. le Maire de Bayonne a fait créer au Lycée et qui, animé par M. René Cuzacq, intéresse énormément l’histoire locale des jeunes fervents et tout aussi brillants sur les terrains sportifs) devront entretenir la flamme du parler gascon et de ses textes, recruter les coureurs capables de recueillir le flambeau. 



Nous pensons que les hommes passent et que leur plus noble mission sur la terre est d’assurer la vie continuelle de ce qui ne peut pas périr. Ce qui ne nous empêche nullement de trouver des sujets de rire çà et là avec des jouets appropriés, comme récréation des heures moroses de l’existence. C’est là tout ce que nous voulons de plus ; pour le moment. Pour le rayonnement de la langue et de la littéraire gasconnes."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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