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mercredi 5 juillet 2023

UN DRAME FAMILIAL À BRISCOUS EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1922

UN DRAME FAMILIAL À BRISCOUS EN 1922.


En 1922, la commune de Briscous compte un peu plus de 1 000 habitants et est administrée par son Maire David Amestoy.


QUARTIER DE L'EGLISE BRISCOUS
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-

Luz, le 28 avril 1922, sous la plume de Georges Blançon :



"Un parricide à Briscous.

Un cordonnier est tué par son fils pour 115 fr. —- Cyniques aveux du meurtrier.


Un crime épouvantable a été commis, mercredi, à Briscous, au quartier des Salines. Cette fois encore, la gendarmerie de Labastide-Clairence, qui eut à faire la première enquête dans l’affaire de l’assassinat du maquignon d’Ayherre, eut à se transporter encore sur les lieux du crime, et avec les gendarmes de Bayonne, procéda à l'arrestation de l’assassin. 



C’est un fils qui a tué son père pour lui voler une somme de 155 francs. Il l'a frappé si sauvagement à la tête, à coups de poing d’abord, à coups de sabots ensuite, que le visage ne formait plus qu’une horrible plaie. 



Après ce méfait sans nom, le meurtrier est allé à Bayonne et a passé la nuit à faire une "fête" crapuleuse. On l’a arrêté jeudi, sur les lieux du crime, alors qu’il tentait de faire croire qu'il n'y était pour rien. 



Voici, sur cette affaire, qui cause à Briscous et dans les environs une émotion intense. les renseignements que nous a vous pu recueillir.



La victime et son fils.


Sur la route de Bayonne à Briscous, quand on a passé les limites de la propriété de Souhy et lorsqu’on est sur le point de tourner à droite pour gagner le hameau des Salines, on voit un étroit chemin qui s’enfonce dans les champs. Sur ce chemin se trouve une habitation plutôt sordide. C’est là qu’habitait le cordonnier Jean-Pierre Orgambide, âgé de 62 ans. Son fils Bernardin, journalier, âgé de 28 ans, l’y avait rejoint récemment — il y a une quinzaine de jours. 



Bernardin qui est un blessé de guerre (il a été amputé d’un bras) est un mauvais sujet, paresseux, débauché et qui fut condamne déjà à six mois de prison pour vol dans une maison, d'accès très facile, de Biarritz. 



Le vieillard était veuf depuis deux ans.



Il vivait régulièrement. C'était un bon travailleur, encore vaillant et solide. 



Or, hier jeudi, vers une heure et demie, on entendit des cris, provenant de son habitation, des appels "au secours" poussés par son fils qui avait trouvé, expliqua-t-il aux voisins accourus, son père assassiné. 



Le vieillard, en effet, était étendu sur le sol. Sa face ne formait plus qu'une horrible plaie, le crâne était défoncé plusieurs dents avaient été brisées. 



L’enquête. — Les aveux.


Les gendarmes de Labastide-Clairence arrivèrent bientôt, puis ceux de Bayonne. On interrogea Bernardin pour savoir dans quelles conditions le crime avait pu être commis et comment il se faisait qu'il prévenait les voisins de sa découverte à ce moment seulement. Il expliqua alors qu'il avait été absent toute la nuit. Il dit qu’il avait fait un peu la fête la veille ; qu'il avait couché dans une maison hospitalière de la rue Marsan, au Petit-Bayonne. Il montra même une attestation signée d'une pensionnaire de cette maison Madeleine, dite Mado, déclarant qu’il avait passé la nuit dans cette maison. Les gendarmes téléphonèrent aussitôt à la police à Bayonne qui leur confirma la présence de Bernardin dans cette maison, mais à partir de 11 heures du soir jusqu'à 9 heures du matin. Et chose étrange, sorti à neuf heures, le fils du cordonnier s’y présentait à nouveau à dix heures, en disant : "Je reviens de Briscous, où l'un de mes amis a été victime d’un grave accident. Vous ne manquerez pas, n’est-ce pas, de certifier que j’étais chez vous, dès hier soir." 



Ce souci de faire attester sa présence â Bayonne, l'impossibilité où avait été Bernardin d’aller le matin à Briscous et d’en revenir en une heure (il y a une quinzaine de kilomètres à l’aller), confirmèrent les soupçons des gendarmes qui interrogèrent si bien Bernardin qu’il se troubla et entra bientôt dans la voie des aveux. Avec un cynisme révoltant, il fit le récit du meurtre dont il était l'auteur.



Le crime d'une brute.


"Dans la journée de mercredi, dit-il, j'avais été à Bayonne où j'avais fait la noce. J'avais trente-deux francs sur moi. J'allai dans un bar basque. Le soir, je n'avais plus le sou et j’étais un peu pris de boisson, mais pas assez cependant pour ne pas savoir ce que je faisais". (Textuel ) 



"Je revins donc à Briscous, pour y demander de l’argent à mon père. Mats il me répondit que j'étais assez grand pour me suffire à moi-même. Il refusa catégoriquement de me donner ce que je lui demandais. Ce n'était pas la première fois que je le sollicitai ainsi, et nous avions eu déjà des discussions à ce sujet ; mais jusque-là. je ne l'avais jamais frappé. 


Cette fois, il me fallait absolument de l'argent, je voulais continuer de m'amuser à Bayonne. J’insistai donc et comme il continuait de refuser, je lui portai à la tête plusieurs coups de poing. Il tomba à terre. Alors je pris un de mes sabots et le frappai encore sur le crâne et au visage. 


— Ne me tue pas ! me cria-t-il. je vais te donner de l'argent. 


Mais alors, je craignis qu’il me dénonçât et je continuai de frapper. Bientôt il ne bougea plus. 


Je fouillai ses vêtements, et, dans la poche de sa veste, je trouvai une somme de 115 francs. 


Je retournai à Bayonne, après avoir jeté à l’eau mes vêtements ensanglantés et en avoir mis d’autres. Je cachai aussi mon sabot plein de sang dans une grange. A Bayonne j’ai passé, à partir de onze heures, la nuit où je vous ai dit..." 



Ajoutons que le visage de la victime est horrible à voir. Le meurtrier a frappé avec un acharnement inouï. 


Bernardin Orgambide a été arrêté. 



Signalons encore le fait que, lorsqu'on lui parla du vol pour lequel il fut naguère puni au souvenir des circonstances dans lesquelles il s'était passé, il éclata de rire. 



Le parquet de Bayonne s'est rendu ce matin à Briscous. pour les constatations."




En août 1922, Bernardin Orgambide fut condamné aux travaux forcés à perpétuité.









Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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