L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.
C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.
Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article
sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 25 janvier
1934 :
"... Le successeur de Tissier.
La procédure de révocation introduite contre Gustave Tissier, ex-directeur du Crédit municipal, a été notifiée à l’inculpé à la Maison d’arrêt.
M. Baratchart, receveur municipal de Bayonne, auquel la gérance provisoire du Crédit municipal avait été offerte ces jours derniers, et qui avait réservé sa réponse, a finalement accepté de remplir ces délicates fonctions.
Un mot de M. Gibert.
Nous avons dit hier que M. Gibert, commissaire de police, proteste contre la mesure prise à son endroit et veut saisir de son cas le Conseil de discipline.
A un envoyé du Petit Parisien qui lui disait : "— On vous reproche de n'avoir point avisé de ces faits la Sûreté générale." M. Gibert aurait répondu : " — Tous les parlementaires qui sont en même temps maires de leur commune comprendront mon abstention."
"Par ordre de Paris, silence à Bayonne !"
M. d’Uhalt a été "invité" à ne plus rien dire aux journalistes.
"Par ordre de Paris, silence à Bayonne !" c’est le titre d’un article adressé par son envoyé spécial à L'Echo de Paris. Nous le reproduisons ci-dessous, à titre documentaire :
En vous annonçant, il y a quelques jours que trois inculpations nouvelles étaient prochaines, je ne devançais que de peu les événements.
Ce soir, en effet, fort tard, à la suite de l’interrogatoire de Tissier, un mandat d’amener a été transmis télégraphiquement à Paris contre M. Guébin, directeur de la Compagnie d’assurances La Confiance. Nous ne savons pas ce que le juge a demandé à Tissier et moins encore ce que Tissier a répondu mais cette dernière inculpation, qui était d’ailleurs prévue depuis le début de l’affaire n’a surpris personne ici.
Il est à présumer que M. Guébin sera amené ici très rapidement.
S'il est un reproche que l'on peut adresser à la justice en cette affaire, ce n’est certainement pas celui de se livrer à une action précipitée. Nous ne méconnaissons pas les difficultés que présentent deux instructions, l’une menée à Paris, l'autre subordonnée à la première et qui se déroule à Bayonne. Cependant, du train où vont les choses, si l’on ne change pas de méthode, il faudra des mois et des mois pour que les principaux bénéficiaires des escroqueries de Stavisky viennent payer leur dette à Bayonne.
Ce n’est pas précisément ce que demande l’opinion publique. Tout se passe comme si on voulait, en haut lieu, faire traîner cette enquête et provoquer la lassitude. Déjà, l’enquête s’enfonce dans les méandres dc la procédure. On pense dégoûter les chroniqueurs en leur donnant chaque jour des bribes de renseignements, des rogatons, des miettes... Eh bien, tant pis ! tant pis ! Cela nous oblige à chercher ailleurs. Et c’est peut-être la vérité qui y gagne...
Entre le silence imposé et les erreurs volontaires.
M. d’Uhalt a reçu des ordres venus de très haut. Plus un mot aux journalistes. La consigne est que le public ne doit rien savoir. Le juge n’est pas personnellement responsable de ce qui se passe. Mais on lui a rappelé une certaine circulaire que tout le monde avait oubliée et qui le contraint, paraît-il, à une réserve très stricte.
Il ne faut plus que des curieux viennent poser des questions. L’affaire Stavisky doit se régler entre initiés, sans frais et sans fracas. Quel besoin a le public de se mêler d’une affaire dont il sera simplement appelé à payer les frais ? A-t-on idée d'une impudence pareille ?
D’ailleurs pourquoi aurions-nous des renseignements à Bayonne ? Est-ce que l’affaire Stavisky n’est pas instruite à Paris ? Et à Paris seulement ? Par la Sûreté et le Parquet ?
Est-ce que ce soir le mandat d'arrêt contre Guébin n’a pas été demandé par Paris ? Alors que M. d’Uhalt était occupé avec Tissier au Crédit Municipal à compter des petites boîtes contenant, croit-on, des bijoux, à vérifier si les scellés étaient intacts, à inscrire des numéros d'ordre sur de gros registres, un substitut du Parquet de Bayonne est arrivé tout essoufflé. Paris demandait que l’on interrogeât immédiatement Tissier. M. d’Uhalt a été bien embarrassé. Car il y a la loi. Cette loi s’opposait précisément à cc que Tissier toit interrogé. Il fallait l’assentiment de Me Delmas qui, pour des raisons qui lui sont personnelles, accepta. Une heure plus tard, le mandat d’amener contre M. Guébin, qui était à ce moment entendu en tant que témoin à Paris, était signé.
M. Garat est très déprimé.
Le correspondant de la "Petite Gironde" écrit :
Un des gardiens de la prison a déclaré : "Joseph Garat est une ruine. Vous ne le reconnaîtriez pas, lui qui avait l’air si terrible, avec sa moustache en crocs, il ne se rase plus, il ne se débarbouille plus, il pleure toute la journée. Quand il ne reste pas couché, il se tient la tête entre les mains, assis sur son lit. Il est absolument effondré."
A Paris.
Quelques questions.
C’est "La Liberté", de Paris, qui les pose, soit personnellement, soit en citant d’autres journaux :
I. — Les comptes en banque de Stavisky.
Est-il exact que l’un des comptes en banque les plus importants de la Société Alex ait été ouvert à la Banque Française d’Outre-Mer, 43, avenue de l’Opéra ?
Est-il exact que Stavisky ait opéré, en personne, dans cet établissement de crédit d’importants mouvements de fonds ?
Est-il exact que la Sûreté ait, jusqu’ici, "négligé" de prendre connaissance, dans celte banque, des bénéficiaires des chèques tirés par Stavisky ? Nous posons ces questions pour aider la justice à faire toute la lumière sur les compromissions révélées autour de Stavisky.
II. — Les références de l'escroc ?
L'"Agence Radio" a publié hier l’information suivante :
"Le baron Koranyi, ancien ministre hongrois à Paris, déclare : "Etant donné le préjudice qui leur a été causé, les optants hongrois ont perdu tout espoir d’obtenir réparation des pertes qui leur ont été causées..." — c’est le texte exprès du ministre hongrois — "... Par l'action d'hommes qui étaient venus vers eux nantis de lettres de recommandation signées par des personnes très illustres."
Lue à la tribune par M. Philippe Henriot, cette déclaration a produit une vive sensation. Mais aucun des personnage très illustres ne s’est levé de son banc pour revendiquer la paternité des références fournies à l’escroc. Auront-ils aujourd’hui plus de courage ?
III. — Et M. Bonnet ?
GEORGES BONNET MINISTRE DES FINANCES 1934 |
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